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Date de mise en ligne : lundi 24 octobre 2005
La chute de la royauté
Le début de l’année 1792 fut relativement calme. On vit travailler en parallèle deux institutions : le Conseil Général de la Commune, et « les Amis de la Constitution », ayant à leur tête quasiment les mêmes personnes, mais avec un rôle différent. Le Conseil Général de la Commune (on dirait maintenant le Conseil Municipal) ayant un rôle plus administratif (et moins passionnant) et « Les Amis de la Constitution » ayant un rôle plus politique.
2 janvier 1792 : Une motion des Amis de la Constitution demanda à l’administration du District (= de l’arrondissement) et du département la délivrance des cloches provenant des « églises inutilles », pour être converties en canons destinés à la Garde Nationale de la ville. La motion fut combattue par un autre membre qui fit remarquer que la Garde Nationale à Châteaubriant n’avait pas plus de 25 hommes à se proposer de manoeuvrer le canon, dont encore plusieurs avaient des travaux journaliers.
Le 9 janvier 1792, l’assemblée de la municipalité reçut 3000 livres du département pour poursuivre « l’applanissement des douves et terrasses de Châteaubriant » par les ouvriers de l’Atelier de Charité
Servilement
Le 23 janvier 1792, Les Amis de la Constitution entendirent le rapport d’un des leurs qui affirmait que certaines personnes étaient des « supots de la féodalité » sous le masque du patriotisme. « Ils continuent à administrer les biens de Louis Joseph de Bourbon, prince français émigré, ennemi déclaré de la Patrie, pendant trois, quatre et cinq jours par semaine, et en même temps ils sont parvenus à accaparer les suffrages dans les élections, destinées à remplir touttes les places administratives et judiciaires ». « Ils reçoivent des appointements de la nation pour un temps qu’ils emploient aux affaires des seigneurs émigrés. Peuvent-ils donc juger avec impartialité les droits des particuliers opprimés et en même temps être les deffenseurs et les agens des opresseurs ? Il leur faudrait des qualités surnaturelles qu’on ne peut leur reconnaître » Pétition fut donc faite à l’Assemblée Législative pour « interdire aux agens du despotisme la faculté de remplir les fonctions publiques tant et si long-temps qu’ils serviront servilement nos ci-devant seigneurs ».
La misère de l’hôpital
Le 24 janvier 1792, l’assemblée de la municipalité présenta une demande à l’Assemblée Nationale afin d’obtenir pour l’hôpital de la ville « une juste indemnité ». Elle fit valoir que le dit-hôpital « est propriétaire de 10 maisons en la ville et faux-bourgs de Châteaubriant, qui sont vieilles et caduques et entraînent annuellement des réparations considérables ». Que de plus l’hôpital était privé des ressources qu’il avait autrefois (par exemple les droits attribués à l’abatteur du papegault, et les rentes foncières dues par le Prieuré de Béré, prieuré devenu bien national et vendu à différents propriétaires), que l’hôpital devait recevoir, nourrir et élever les enfants trouvés et les bâtards abandonnés.
Dans cet hôpital, il y avait 13 lits dans la salle des hommes, 12 lits dans la salle des femmes, et dans la chambre des garçons, 14 couchettes sans rideaux. Dans la salle des hommes, 8 lits étaient occupés par 8 hommes reçus à vie, les 5 autres étant conservés pour les malades et pour les militaires de passage . Dans la salle des femmes, les 12 lits étaient occupés par 8 femmes reçues à vie, les quatre autres par des malades. Les enfants mâles étaient au nombre de 28 et couchaient 2 par 2 « ce qui est contraire à leur santé et à leur avantage ». Les enfants femelles étaient au nombre de 20 et il n’y avait que 15 couchettes.
Autrefois l’hôpital bénéficiait d’aumônes considérables, mais à cette date il n’en avait plus, et l’hôpital manquait de linge, les couvertures pour les lits étaient entièrement usées et laissaient les malades, les pauvres et les enfants exposés aux froids de la saison. La manufacture de serge qui se tenait au dit hôpital n’allait plus pouvoir suffire pour entretenir les vêtements des pauvres de l’hôpital. La municipalité écrivit donc aux administrateurs du District de Châteaubriant pour leur faire part de l’état de l’hôpital en ajoutant que la situation devenait de plus en plus critique.
Pas d’école
Le 24 janvier 1792, une réunion extraordinaire de la municipalité, fit savoir au Ministre de l’Intérieur qu’il n’existait àChâteaubriant aucun établissement d’éducation et d’instruction et qu’il y avait nécessité d’en créer un. Mais que, depuis la suppression des octrois, la ville n’avait plus la possibilité de verser un traitement au Maître de latin,obligeant ainsi la municipalité « à abandonner avec chagrain les écoliers » . De plus, « la ville n’a plus aucun maître capable d’apprendre médiocrement à lire et écrire aux enfants. Depuis plusieurs années, aucun maître capable n’a résidé à Châteaubriant pendant plus d’un an, ce qui a mis les habitants
de Châteaubriant dans la nécessité de confier leurs enfants à des inconnus dont ils ne connaissent pas la capacité ou, s’ils sont riches, de les envoyer à Nantes ou Rennes » mais que les artisans et les indigents qui ne vivent qu’aux dépens de leurs bras et de leur industrie ne pouvaient procurer aucune éducation à leurs enfants, ni même leur apprendre à lire et à écrire, puisque la ville était au moins le tiers du temps sans maître, « ils oublient en 4 mois ce qu’ils ont appris en huit ». Lors des assemblées de la municipalité, sur 400 personnes, il ne s’en trouva que 60 à 80 qui savaient lire, les autres ne sachant ni lire, ni écrire, ni même signer. (ils s’agit pourtant de citoyens « actifs », c’est-à-dire ayant un certain degré de fortune, NDLR).
La municipalité précisa encore « qu’il n’y a personne en cette ville pour instruire les jeunes filles ; hormis une école dite « charitable » fondée par le prêtre Olivier en 1716, pour que les jeunes filles indigentes puissent apprendre à lire, et porter à des paroles de consolation aux malades et aux vieillards indigens ».Cette école disposait d’une maison de peu de valeur située sur la Place de la Motte « mais elle a été détruite par deux filles fortunées qui se sont emparées de l’administration de cette école, et ont fait édifier un assez bel édifice ». « Ces deux filles sont très nuisibles à la ville en y attirant un grand nombre de pauvres des paroisses voisines, en transformant leur école en hôpital, en y exerçant la médecine, la chirurgie et la pharmacie. Qu’il leur est arrivé différents accidents. Qu’elles privent l’hôpital de cette ville des aumônes qu’elles font recueillir chez les habitants, qu’elles arrachent par ce moyen le pain de la main des pauvres malades pour le distribuer à des pauvres ».
La municipalité, qui avait déjà demandé la suppression de cette école dite charitable le 19 janvier 1786, renouvela sa demande, d’autant plus que les filles qui s’en occupaient avaient refusé de prêter le serment civique.
La municipalité estimait à l’époque que le District pouvait subvenir aux frais d’éducation de 600 étudiants, que cette instruction devait être gratuite, et porter sur les premiers principes de la langue latine, jusqu’à « la Phisique inclusivement et même les mathématiques et l’hydrographie ». « Surtout c’est un moyen de faire gouter de plus en plus aux pauvres comme aux riches les bienfaits dont nous sommes redevables à notre Constitution ».
Accouchements difficiles
3 février 1792 , une citoyenne entra dans l’assemblée des Amis de la Constitution et demanda la parole. Elle fit remarquer qu’une femme de la ville était soupçonnée d’avoir mis un enfant au jour sans avoir fait constater lanaissance, et que si le soupçon était réel, l’exemple serait bien dangereux et rendrait incertain l’état civil des citoyens.
Ce même jour un autre membre des Amis de la Constitution proposa de mettre en place un « comité de surveillance et de censure » « étant donné que de nombreuses lois ne sont pas exécutées ». Ce comité fut mis en place le 6 février 1792, « l’an 4 de la Liberté ».
Le 3 février 1792, deux femmes, venant du Collège de Chirurgie de Rennes, vinrent dire au Corps Municipal que plusieurs personnes « se mettaient d’acoucher, sans avoir suivi aucun cours et sans avoir les connaissances suffisantes dans les enfantements laborieux, que ce défaut de connaissances fait souvent périr les mères et les enfants ; que cela nuit beaucoup à la société en se chargeant de filles qui accouchent chez elles et on ne sait pas ce que deviennent les enfants ».
Le Corps Municipal revint alors sur le cas de Madeleine Préau, « de l’école dite charitable » dont on dit qu’elle administrait des tisanes à des femmes en couches, des sangsues à « la femme du cordonnier Demaillé » et qu’elle faisait traiter des femmes « par des échauffants » au lieu d’utiliser « des émoliants ». Sur ce témoignage la municipalité dénonça la Dame Préau auprès du Juge de Paix du canton de Châteaubriant.
17 février 1792, Les Amis de la Constitution de Châteaubriant apprirent tout heureux que leur société était enfin acceptée par le Club des Jacobins. « Affiliation accordée : Société des Amis de la constitution, Vivre libre ou mourir » depuis le 27 janvier 1792.
23 février 1792 : l’aplanissement de la place des Terrasses n’était toujours pas terminé et la municipalité n’avait plus d’argent « afin de faire subsister les indigens de cette ville ». Le département ne voulait rien accorder de plus. La municipalité demanda l’autorisation de prendre 300 livres dans sa caisse et de vendre pour 400 livres les pierres retirées du chantier, afin de continuer à payer les ouvriers. « La vente des pierres est d’autant plus pressante qu’elles sont volées et que si on continue à les laisser sur la voie publique, il n’y en aura plus dans 6 mois ».
24 février 1792, le Corps Municipal fit arrêter le seul prêtre non conformiste de la ville, le sieur Fouché, ainsi que le sieur Le Métayer ex-curé de la paroisse de St Aubin des Châteaux qui occupait un appartement au faux-bourg de la Torche.
Pois blanc, pois noir
24 février 1792, on apprend que certaines personnes ont été admises au nombre des Amis de la Constitution par un vote fait avec des pois déposés dans un vase. Par exemple M. de Cathelinays père recueillit 42 pois blancs et 2 noirs.
Pendant de nombreuses séances, les Amis de la Constitution lirent des papiers publics et « notamment le discours sur la guerre » adressé par le Club des Jacobins. Robespierre, hostile à la guerre, y dissertait sur les moyens de sauver l’Etat et la Liberté : épurer les cadres de l’armée, mettre les sections en permanence, unir les patriotes de Paris et des départements.
27 février 1792, deux hommes furent surpris à abattre chacun un chêne de « un pied et demi de tour » dans le parc de Châteaubriant proche La Maison Rouge appartenant à Louis Joseph de Bourbon Condé. Ils seront poursuivis devant le juge de paix, la municipalité déclarant que les bois du Prince de Condé sont sous les mains de la nation, que ces bois entretiennent trois usines ou forges « qui font subsister 1000 hommes et qu’ainsi il est très important de les conserver et de prévenir leur dévastation ».
13 mars 1792, un membre de la Municipalité remarqua que la sûreté publique était menacée à Châteaubriant parce que la ville n’avait aucun moyen de défense, qu’elle n’avait ni poudre ni plomb et qu’il était nécessaire d’en acheter et d’en tenir dans l’arsenal de la municipalité. De plus, il n’existait plus que deux caisses pour les tambours, bien que la Garde Nationale soit composée de 6 compagnies. Le Conseil Général de la Commune autorisa le tambour-major de la Garde Nationale à faire réparer les tambours en mauvais état
16 mars 1792, un membre des Amis de la Constitution déclara qu’il était probable que le corps législatif réduirait le trop grand nombre des tribunaux et des administrations de districts, « que ceux de cette ville pourraient être supprimés si l’on ne faisait connaître leur utilité, la situation de Châteaubriant, son éloignement des autres villes ». Une pétition fut donc faite en ce sens. (On peut noter que 200 ans plus tard, les mêmes problèmes demeurent !)
Le 19 mars 1792, Les Amis de la Constitution considérèrent que les habitants des campagnes manquaient de
prêtres « dans un temps où ils sont le plus nécessaires », et en demandèrent au District de Châteaubriant.
9 avril 1792 : les habitants du Grand Rigné demandèrent aux Amis de la Constitution de les autoriser à faire partie de la paroisse de St Jean de Béré, « vu qu’ils ne sont éloignés que d’une demi-lieue de Châteaubriant alors qu’il leur faut faire une lieu et demi pour aller à Rougé ».
15 avril 1792 : fête de la Liberté à Paris. la devise choisie pour la fête fut : « Liberté, égalité, fraternité ».
20 avril 1792, malgré l’opposition de Robespierre et de Marat, la France déclara la guerre « au roi de Hongrie et de Bohême », montrant, par cet intitulé que la nation révolutionnaire entendait faire la guerre à un monarque et non aux peuples allemands.
25 avril 1792 : à Strasbourg, Rouget de Lisle écrivit son « Chant de Guerre pour l’armée du Rhin » qui deviendra La Marseillaise.
L’arbre de la liberté
7 mai 1792, « Dans les grands moments de crise où nous sommes, rien n’est plus important que de tâcher de réunir tous les esprits pour ne leur faire soutenir qu’une seule et même cause » dirent Les Amis de la Constitution estimant « qu’une fête donnée à propos, pouvait beaucoup contribuer à ranimer dans tous les coeurs le feu sacré du patriotisme ». Un membre expliqua que dans un grand nombre de départements on avait déjà planté l’arbre de la Liberté, exemple qui ne pouvait trouver trop d’imitateurs. Les Amis de la Constitution envoyèrent donc deux commissaires à la municipalité pour l’inviter à instituer une telle fête patriotique. Celle-ci eut lieu le 17 mai 1792, sur la place St Nicolas ... ce qui entraîna la destruction de la charpente du puits public situé sur cette place ! Il fallut bien faire réparer !
17 mai 1792, arriva sur le bureau de la municipalité un exemplaire de la déclaration de guerre du 25 avril, au Roi de Hongrie et de Bohême, avec demande de proclamation solennelle .
3 juin 1792 il s’agissait d’élire un maire et un procureur de la ville de Châteaubriant . Margat fut réélu maire. Pendant ce temps-là se déroulait à Paris une « Fête de la loi » avec comme mots d’ordre : « Liberté, Egalité, Propriété ».
7 juin 1792, ce fut la Fête-Dieu à Châteaubriant, « il convient que la municipalité y assiste ainsi que la Garde
Nationale, la Gendarmerie, les Corps Administratifs et judiciaires, que les pavés soient nettoyés et les rües tendües, et qu’en cas qu’il y eut quelques personnes à ne pas tendre et nettoyer la rüe, elles soient condamnées en une amande de dix livres ».
7 juin 1792 un membre des Amis de la Constitution estimant que la Patrie était en danger « et que les ennemis de la chose publique semblent vouloir se réunir dans la capitale pour être plus à portée d’y renverser les bases de notre constitution » proposa : « nous ne devons pas balancer un instant à sacrifier nos fortunes et nos vies pour arrester les nouvelles tentatives ». Il ajouta que « malgré les infirmités de son âge il était toujours prest à marcher en tête pour braver tous les dangers ».
Les Amis de la Constitution décidèrent d’inscrire les noms de ceux qui désireraient à la première réquisition, voler au secours de la patrie, et de recevoir les souscriptions de ceux qui se trouvant dans l’impossibilité d’offrir leurs personnes voudraient au moins contribuer aux frais d’armement et de voyage.
8 juin 1792, pétition des Amis de la Constitution auprès de la municipalité pour l’inviter à organiser définitivement la garde nationale conformément à la loi et ordonner aux chefs de la Garde actuelle de faire faire l’exercice tous les dimanches et fêtes « pour apprendre à porter les armes et à combattre les ennemis en cas de besoin ».
12 juin 1792, la municipalité décida de convoquer tous les citoyens sur la place St Nicolas, pour le 24 juin à 8 heures du matin, « à l’effet de la formation de la Compagnie et à la nomination des officiers » de la Garde Nationale. Il était prévu de former une compagnie de grenadiers ne pouvant dépasser 80, de ne pas admettre des hommes de moins de 18 ans ou de plus de 60 ans.
20 juin 1792, à Paris la foule envahit les Tuileries. Louis XVI se laissa coiffer du Bonnet Rouge déjà porté par de
nombreux patriotes comme marque distinctive de tous les patriotes.
2 juillet 1792 : on a perdu la clef du placard de l’église paroissiale de St Jean de Béré, où se trouvent les reliques de Saint Victorien. Il y avait trois clefs pourtant, l’une pour le Curé, l’autre pour le procureur fiscal, mais ces deux personnes sont absentes et il y a tout lieu de croire qu’elles ont emporté les clefs. Et la troisième est perdue : le Corps municipal décida de faire changer les serrures et de faire refaire trois clefs neuves données l’une au maire, l’autre au marguillier et la troisième au procureur de la commune.
2 juillet 1792 : Le cahier des Amis de la Constitution de Châteaubriant s’interrompit. Il ne reprendra que le 26
septembre .
6 juillet 1792, « la cloche qui se trouvait au dessus de la chapelle du château a été volée depuis quelques temps ». Enquête fut lancée.
La Patrie en danger
10 juillet 1792 : l’Assemblée Nationale proclama LA PATRIE EN DANGER, mais le décret ne fut lu sur les places
publiques que le 21 juillet.
13 juillet 1792 : le procureur de la commune de Châteaubriant dit qu’il voyait les hérauts de la ville vêtus de mauvais habits blancs pour faire les proclamations des arrêtés du Corps municipal, alors qu’ils en avaient des bleus assez propres.... ce qui provoquait l’insulte de quelques Gardes Nationaux de la ville qui trouvaient que ces habits étaient trop ressemblants aux leurs. Alors, pour les différencier davantage, le corps municipal décida « qu’au lieu du parrement roüge, il y soit substitué un parrement blanc et que deffense soit faite à toutes personnes de les insulter sous prétexte que leur habit est différent de celuy des Gardes Nationaux ». A quoi tiennent les choses ... !
14 juillet 1792, la Fête de la Fédération sera organisée à Châteaubriant « comme à l’accoutumée » , donc comme celle qui a été organisée le 14 juillet 1791. Sauf que, cette fois-ci, la Fête aura lieu aux dix heures et demie du matin, sur la place nouvellement aplanie près du Château et qu’elle rassemblera les gardes nationales des différentes municipalités du ressort du District. L’autel de la patrie fut prévu sur la place du Marché (place de la Motte) et les citoyens de Châteaubriant furent invités à donner des témoignages d’amitié et de fraternité aux citoyens des campagnes, et même à les inviter chez eux.
25 juillet 1792 : de Coblence, le Duc de Brunswick qui commandait les armées austro-prussiennes lors de la guerre contre la Révolution Française, lança son fameux « Manifeste », prévoyant de « faire cesser l’anarchie dans l’intérieur de la France, d’arrester les attaques portées au trône et à l’autel, de rendre au roi sa liberté ». Il demandait aux Parisiens de se soumettre immédiatement et sans condition sinon ils subiraient « une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville à une exécution militaire et les révoltés aux supplices qu’ils auront mérités ». Le Manifeste de Brunswick produisit sur le peuple un résultat diamétralement contraire à celui qu’avaient escompté ses rédacteurs.
27 juillet 1792, le Conseil Général de la Commune contrôla les débitants de poudres et autres munitions de guerre : quantité, qualité et leur enjoignit de ne vendre « qu’aux personnes munies de certifficats de la municipalité ». Par ailleurs les citoyens furent tenus de déclarer le nombre et la nature de leurs armes et munitions, sous les 3 jours, sous peine de prison. Il fut ordonné à toute personne de porter la cocarde nationale. Et il fut demandé des volontaires pour la « deffense de la Patrie ».
1er août 1792 : décret de l’Assemblée Nationale chargeant les municipalités de faire fabriquer des piques.
3 Août 1792, six Dragons à cheval furent annoncés à Châteaubriant « pour protéger les porteurs de contraintes » c’est-à-dire pour protéger le recouvrement des impôts qui se faisait difficilement. La ville se demanda où les loger. Au Château peut-être, sachant qu’il y a une écurie pavée située dans la première cour ? Les Dragons s’estimèrent satisfaits. Les officiers municipaux s’occupèrent de leur trouver trois lits complets avec draps, une table, deux bancs, « une marmitte », « un seau avec une corde de puits, une cuillère à pot, six cuillères à bouche, une gamelles, deux ballais et trois naperons qui seront renouvelés toutes les semaines » ; sans oublier un sac de toile, un seau d’écurie, une éponge et deux brocs de fer. (NDLR :on se demande pourquoi trois lits alors qu’il y avait six Dragons ...).
8 août 1792 : ce n’est plus 6 mais 9 dragons qui furent annoncés. Du coup la municipalité parla de fournir 5 lits
complets, neuf cuillères à bouche, etc ...
10 août 1792 : à Paris, prise des Tuileries par le peuple. Louis XVI se réfugia auprès de l’Assemblée Nationale. Il fut enfermé au Temple avec sa famille.
23 août 1792 : les Prussiens envahirent Longwy
24 août 1792, un arrêté du Conseil du District de Châteaubriant demanda de prêter le serment « de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir pour leur deffense ».
26 août 1792, les citoyens de Châteaubriant se réunirent à la Chapelle St Nicolas pour élire 4 députés à la
Convention Nationale. Furent élus : Delourmel, Méaulle, Le Minihy et Louard.
Le 28 août 1792 le Conseil Général de la Commune demanda « le maintien des Droits de l’homme et du citoyen, dans toute leur intégrité », et demanda en même temps « la suppression de tout article de loi qui y serait contraire, parce qu’il serait attentatoire à ces droits et qu’il aurait été surpris à l’assemblée nationale constituante ».
Valmy
Ce même jour le Conseil Général de la Commune de Châteaubriant déclara aussi que le Droit de Veto donné à
Louis XVI n’était pas mauvais, en lui-même « mais qu’il lui a été conféré trop tôt et qu’il ne devait lui être donné que pour en faire usage dans un temps où la Constitution et toutes les lois réglementaires nécessaires eussent été parachevées, perfectionnées » . Ce temps paraissait encore éloigné c’est pourquoi le Conseil Général de la commune demanda que soit suspendu ce droit de veto donné au roi. ... (On peut noter que cette prise de position est bien tardive : cela fait huit mois qu’à Paris on proteste contre Monsieur Veto).
Le Conseil Général de Châteaubriant demanda aussi que les représentants de la nation réduisent leur traitement de moitié, que les fonctionnaires publics soient réduits au nécessaire, que les administrations de District et les tribunaux soient réduits à trois ou quatre au plus par département, etc, etc. de façon à réduire les dépenses publiques, se mettant ainsi en contradiction avec la pétition des Amis de la Constitution en date du 16 mars 1792.
30 août 1792 : les Prussiens investirent Verdun.
2 septembre 1792 : Discours de Danton à l’Assemblée Nationale : « Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge contre les ennemis de la Patrie. Pour les vaincre il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la Patrie est sauvée ».
4 septembre 1792 : l’Assemblée Nationale jura « une haine éternelle à la royauté ». Les Prussiens investirent
Thionville.
14 septembre 1792 : les forces françaises firent retraite sur Châlons sur Marne.
20 septembre 1792 : l’attaque prussienne ordonnée par Brunswick reflua, avant même de combattre, devant
l’attitude des troupes françaises commandées par Kellermann, qui criaient « Vive la Nation ». Ce fut la victoire de Valmy. « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l’histoire du monde » écrivit Goethe, témoin oculaire.
Ce 20 septembre fut le dernier jour de l’Assemblée Législative, qui établit l’Etat-Civil et le divorce avant de se
séparer. Le lendemain se réunira La Convention pour la première fois. Sa première décision sera de décréter que « La royauté est abolie en France ».
26 septembre 1792 : L’Assemblée de la Municipalité prit connaissance de cette déclaration qui abolissait la royauté en France, décida de tirer le canon et demanda aux citoyens d’illuminer leurs maisons de 8 heures à 10 heures du soir.
Le même jour, les Amis de la Constitution reprirent leurs séances à Châteaubriant « l’an 1er de la République » et décidèrent de s’appeler « Les Amis de la République, de la liberté et de l’égalité »
Les billets de confiance
7 mai 1792, « dans les villes du département on voit circuler des billets de confiance » qui ont été établis pour faire fleurir le commerce et soulager les malheureux. Le système n’a pas cours à Châteaubriant mais « on ne devrait pas faire difficulté de recevoir ces cartes quelles qu’elles fussent, et de quelques départements qu’elles provinssent ». Le but : s’opposer au progrès que l’agiotage ne cessait de faire de jour en jour et « faire le bonheur du citoyen en opprimant l’avarice ».
8 mai 1792, le Conseil Général de la Commune décida donc de faire imprimer pour 10 000 livres de « billets de
confiance » en échange d’assignats. En fait il s’agissait de mettre en place de la petite monnaie puisque ces billets étaient de trois, cinq et sept sols. Il fut prévu
- 16 000 billets de 5 sols,
- 20 001 billets de 3 sols et
- 8 571 billets de 7 sols.
- (une livre fait 20 sols)
« Nul se sera obligé de prendre des Billets de confiance, qui ne pourront avoir cours que de gré à gré, mais les
citoyens seront invités à les accepter comme monnaie, étant donné que le Conseil Général demeure caution » .
Il sera cependant demandé 3 sous par assignat de cent sous, pour compenser les frais d’impression de ces « billets ».
18 juin 1792, le corps municipal fut saisi d’un problème d’agiotage : des commerçants faisaient des difficultés pour accepter les assignats et les « billets de confiance ».
23 novembre 1792, on apprit que les billets de confiance seraient supprimés à compter du 1er janvier prochain. « ils resteront aux mains des ouvriers, des journaliers. Les habitants pauvres n’en auront point assez pour les convertir en gros assignats. D’ailleurs ils n’auront pas de correspondants pour les faire passer dans les lieux où ils ont été émis, et pour en recevoir le remboursement en assignats ». Le citoyen Régnier demanda qu’une pétition soit envoyée à la Convention demandant une loi qui établisse dans chaque chef-lieu de district un bureau pour échanger les billets de confiance contre les petits assignats et qui ordonne que ce bureau se fasse rembourser en assignats le montant des billets par ceux qui les ont émis.
9 décembre 1792 : le procureur de la commune évoqua une loi du 8 novembre 1792 concernant « les billets au
porteur, billets de confiance, patriotiques ou de secours ». Il estima que beaucoup de pauvres n’en possédaient que pour une très modique somme et qu’il serait impossible à la municipalité de les retirer avec des assignats de 100 sous. Il demanda que le trésorier du district soit autorisé à délivrer des pièces d’un sou et des assignats de six et quinze sous pendant le temps que durerait l’échange. Un menuisier et un serrurier furent requis pour fabriquer une boite à deux clefs pour renfermer les billets de confiance.
Finalement, le 19 décembre 1792, la quasi totalité des billets de confiance ont été rendus. Le Conseil Général
décida de les brûler publiquement le dimanche suivant en présence de la municipalité.
Post-scriptum :
Sources : registres municipaux de Châteaubriant
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