Les neuf de la Blisière
15 décembre 1941
A la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages.(1). Neuf seront pris dans le camp de Choisel. Au matin du 15 décembre 1941, les Allemands vont reconnaître les lieux de l’exécution : en plein milieu de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière.
Il est midi quinze. Les feldgendarmes se présentent au Camp de Choisel. Les neuf otages retenus ont la mine altière : "allons-y les gars, c’est pour la France" , dit le Docteur Babin, ce qui ne manque pas de surprendre les Allemands. Puis tout le camp se met à chanter la Marseillaise et la ville, alertée par ce chant, sait qu’il se prépare un nouveau massacre.
Mais cette fois, pas question de traverser Châteaubriant. Les Allemands partent donc par la route de Fercé, empruntent le chemin de la Baguais puis la route de Vitré jusqu’au Val Fleury. Ils tournent à droite en direction du Moulin de Crocfer et du bourg de Soudan.
A Soudan, lors de leur passage, les camions croisent un enterrement. Le Chant de la Marseillaise révèle à tous la raison (la déraison) de ce sinistre convoi. .
La Gare de Soudan, puis la route de Chanillet jusqu’aux Quatre Routes. Le convoi se dirige vers le Sud, et emprunte la route qui mène à la guinguette de l’étang de La Blisière. Dans cette baraque de fête, les otages écrivent leur dernière lettre : « Les feuilles d’automne sont jaunes et tombent comme les vies humaines dans la tragédie sinistre qui se joue » écrit l’un d’eux, Adrien AGNES, ingénieur agronome. « Résident » de la baraque 19, il avait échappé au massacre du 22 octobre 1941.
L’exécution a lieu à 15 heures : Adrien Agnès, Louis Babin, Paul Baroux, Fernand Jacq, Raoul Gosset, Georges Vigor, Maurice Pillet, Georges Thoretto, René Perrouault. Ce dernier écrit : « J’avais très consciemment suivi la route de l’émancipation humaine. Toute ma vie je l’ai consacrée au service de la liberté et du progrès humain. (...). Des jours meilleurs se lèveront demain sur le monde délivré des chaînes du capitalisme ».
Dans ce lieu isolé, le crépitement des balles retentit au loin. Le peloton d’exécution est venu de Nantes, apportant des cercueils vides. Il les remporte avec les corps. Au retour, les exécuteurs s’arrêtent non loin de Soudan, au lieu-dit "Le Châtaignier Carré" où il y a une buvette. Le sang coule des camions, tachant la route, jusqu’aux cimetières des communes de Casson, Fay de Bretagne et Notre Dame-des-Landes.
(d’après Alfred Gernoux : Châteaubriant et ses martyrs)
Le propriétaire de la forêt de Juigné a fait peindre en Bleu, Blanc, Rouge, le tronc des arbres qui ont servi de poteau d’exécution aux martyrs de la Blisière. C’est un jeune peintre de Pouancé, M. Calmel qui s’en est chargé. En 2012 le tronc est toujours en tricolore, l’impact des balles a créé de profondes crevasses.
Dix détenus du Camp de Choisel seront fusillés à Nantes le 7 mars 1942, le 7 avril 1942, le 23 avril et le 29 avril 1942 comme otages, encore.
La Résistance se renforce à Châteaubriant
Au lendemain du 22 octobre 1941 où 27 détenus du Camp de Choisel sont assassinés par les Allemands, à la suite des différentes exécutions qui se signalent à la ville par le chant de la Marseillaise, la Résistance active s’amplifie à Châteaubriant