Le 29 mars 1974 – au conseil municipal de Châteaubriant, il a été question de l’affaire « Berge » au sujet du chemin de Launay MM. Berge appellent la commune devant les tribunaux pour obtenir :
1 – la restitution d’un terrain usurpé à leur détriment, (disent-ils)
2 – une indemnité de 200 frs pour réparation du préjudice.
Ils font valoir que : « l’administration municipale aurait entrepris des travaux sur le chemin de Launay, en l’absence des propriétaires sans aucune autorisation de leur part, sans avertissement ni aucune formalité préalable. Elle aurait fait abattre un fossé et une haie appartenant à MM. Berge et se serait emparé d’une lisière de terre de 1 à 2 m de large sur une longueur de 218 mètres.De plus on aurait coupé quelquesunes des racines principales de trois chênefutaie qui se trouvaient sur cette lisière de terre et d’un quatrième qui déborde un peu sur la nouvelle rigole du chemin et que, par là, on aurait rendu nécessaire sa destruction ».
Le Maire explique que le chemin étant impraticable, il était urgent de l’améliorer, que ce chemin n’a été restauré que sur 6 m de large, que l’alignement suivi est régulier et qu’il fallait de toute nécessité empiéter sur les terrains riverains pour donner au chemin la largeur réglementaire de 6 m.
Le Conseil municipal manifeste son étonnement de voir une semblable difficulté soulevée par MM. Berge qui sont les plus intéressés à l’amélioration de ce chemin et qui depuis longtemps la demandent avec insistance. Il espère qu’en présence des grands avantages que leur propriété doit retirer de la construction de ce chemin MM. Berge ne persisteront pas dans leur réclamation. Il autorise le maire à nommer un expert pour estimer contradictoirement avec MM. Berge le dommage causé et à s’arranger à l’amiable si faire se peut.
Enfin le Maire fait part au Conseil des propositions faites par Monsieur Guéguen au sujet de la future usine à gaz
2 avril 1874 :le maire réclame le certificat de recrutement de M. Meslet Pierre-François, natif de Rougé, ayant obtenu le n°73 au tirage du canton de Châteaubriant pour la classe 1872 et qui n’a pas encore été appelé « j’ai besoin de ce certificat pour l’exemption de son frère qui fait partie de la classe 1873 » Il réclame, pour la même raison, le certificat constatant la présence sous les drapeaux de M. Poisson René « maréchal en pied au 4e régiment du train des équipages » à Villeneuve l’Etang (Seine et Oise).
2 avril 1874 – En réponse au mémoire adressé au Préfet par MM. Berge, le maire précise : « Depuis plusieurs années la mairie, sur les fonds des ateliers de charité, fait travailler au chemin rural de Launay. Ce chemin, très-mauvais, l’était devenu encore davantage par les charrois de pierre extraite pour la mairie dans les champs de M. de Tugny. Les propriétaires et les fermiers riverains en demandaient avec insistance la réparation. Il était de conséquence, il était bien entendu, bien exprimé, que la réparation ne serait pas entravée par le refus de petits alignements. Dans l’état de classement des chemins ruraux de la commune, approuvé par le Préfet, le chemin de Launay était porté à six mètres de largeur, il a été facile de le refaire sur le terrain communal en donnant 4 mètres pour la voie et 2 mètres pour les rigoles. Il y a eu nécessité de réserver les haies de pied trop étendues sur le chemin et pour faire les rigoles de couper des racines s’étendant par dessous.
M.Berge était venu sur les lieux, il avait permis d’abattre un arbre écarté de la vieille haie, il avait voulu que quatre autres arbres dans la même position fussent conservés. C’était rendre difficile l’établissement des rigoles. M. Berge à son retour a été mécontent. Ces quatre arbres devaient être abattus et il serait encore bon de les abattre »
(ndlr : le 27 avril le maire demandera à MM. Berge de nommer un expert)
2 avril 1874 : le maire demande au Sous-Préfet l’autorisation de réunir le conseil municipal en session extraordinaire le dimanche suivant (c’est-à-dire le 5 avril). « J’ai besoin de lui demander de voter, s’il le veut bien, mille francs pour ateliers de charité. Les mille francs seraient exclusivement employés à la construction du chemin de la Ville Marie qu’il est bien utile de faire et il me permettrait de faire travailler quelque temps encore les ouvriers. Jusqu’ici l’église, les chemins de fer n’ont pas donné beaucoup à gagner, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour surmonter [mot manquant] et je suis convaincu que le Conseil voudra bien venir au secours des ouvriers ».
(ndlr : le conseil approuvera et, le 9 avril, le maire demande au Préfet l’ouverture du crédit « indispensable en ce moment »)
6 avril 1874 : « la conduite et les antécédents de M. Belet sont très satisfaisants et je ne vois aucun inconvénient à lui accorder le débit de boissons actuellement géré par la veuve Leroux, qu’il doit épouser le 15 de ce mois et ce à partir de la célébration du mariage »
8 avril 1874 : lettre au commandant du recrutement à Nantes pour demander un certificat constatant « la position sous le rapport du recrutement de M. Robin François, qui a obtenu au tirage du canton de Châteaubriant pour la classe 1872 le numéro 110. Son frère qui fait partie de la classe 1873 réclame l’exemption comme frère de militaire en disponibilité et non encore appelé »
16 avril 1874 : le maire renouvelle sa demande du 29 décembre 1873 demandant une autorisation de mariage pour Joseph Garnier, militaire (en congé de semestre, libérable le 30 juin prochain), avec Marie Chailleux lingère.
23 avril 1874 : le Préfet a autorisé à Châteaubriant un cercle dit « de l’union ». Le maire écrit à M. Drouard, imprimeur à Châteaubriant, pour obtenir deux expéditions des statuts « pour les bureaux de la Sous-Préfecture et de la Mairie »
27 avril 1874 : Dans l’affaire Berge, le Préfet a autorisé le règlement à l’amiable de cette affaire. Le maire prie MM. Berge de nommer un expert qui se réunira à celui nommé par la commune. « Si ces deux experts ne tombent pas d’accord, vous voudrez bien autoriser, d’avance, votre expert, ainsi que j’autoriserai celui de la commune à nommer entre eux un troisième expert pour terminer le différend »
Impressionisme
Avril : un groupe d’artistes alors presque inconnus, Degas, Pissarro, Monet, Renoir, Cézanne, Sisley, organise une exposition dans la galerie du photo-graphe Nadar. Un critique les baptise ironiquement « les impressionnistes » à cause du titre d’un tableau de Claude Monet : Impression, soleil levant.
Le soleil est sans aucun doute le point central de la composition. Il se distingue par ses teintes chaudes et sa netteté, au milieu de l’atmosphère froide et brumeuse du port. Claude Monet, qui a grandi au Hâvre, n’hésite pas à représenter non pas une falaise ou une plage, mais un port, véritable représentation de la Révolution Industrielle alors toute récente, et qui fascine bien des artistes.
Les fumées des usines brouillent ainsi la lumière du soleil naissant, modifiant atmosphère et couleurs, et donnant cette impression de fog londonien. Dans la masse, on aperçoit des cheminées d’usines fumantes ou de bateaux à vapeur, les gréements de bateaux à voiles, mais aussi, sur la droite, des grues typiques des docks.
Dans le bas de la toile, sur l’eau, de longues touches contrastantes, représentent les mouvement de l’eau.
28 avril 1874 : Louise Mille, âgée de 66 ans, a obtenu des moyens de transports pour se rendre à Châteaubriant, son pays natal. « Elle a été condamnée par le tribunal du Mans à 8 jours de prison pour mendicité et par le tribunal de Châteaubriant à 5 francs d’amende pour homicide par imprudence – faute de soins – un enfant confié à sa charge a été brûlé. Son mari sacristain au Couvent des Oiseaux à Paris, mais infirme et conservé par charité, a promis de lui envoyer 5 francs par mois ». Le maire ajoute : « Louise Mille aura besoin de beaucoup s’ingénier pour trouver les moyens de vivre ».
4 mai 1874 : Au commandant du dépôt de recrutement à Nantes. « Le jeune Genet Jean Marie, admis par le conseil de révision comme propre au service, est un menuisier excellent et chef d’atelier. Il vous prie, M. le commandant, de vouloir bien le classer dans une compagnie d’ouvriers constructeurs, à Rennes de préférence, il est prêt à partir et vous disposerez de lui à votre gré. Ce jeune homme ne vous avait pas fait sa demande comme il aurait dû le faire, pensant qu’il avait droit à une dépense légale »
4 mai 1874 : Le jeune Céberet Jean-Marie, militaire, est décédé à Besançon le 25 février 1874 laissant pour héritier M. Pierre Fouchard son grand père maternel, propriétaire au Faubourg de la Torche à Châteaubriant. Le maire demande au sous-intendant militaire à Besançon de faire parvenir à ce monsieur la somme de 8 francs laissée par son petit-fils.
4 mai 1874 : Harel Alexandre, soldat, a reçu son congé de libération le 14 février dernier. « Ce congé porte qu’il a reçu un certificat de bonne conduite. C’est une erreur, il n’a encore rien reçu ». Le maire demande pour lui ce certificat « dont il pourra avoir besoin pour solliciter une position »
5 mai 1874 : lettre à M. Hardy propriétaire agriculteur et à M. Lemonnier agriculteur. « M. le géomètre en chef de la compagnie d’Orléans sera à la mairie samedi 9 mai à une heure après-midi pour procéder au classement des terrains nécessaires à l’établissement du chemin de fer de Nantes à Châteaubriant. Il me prie de lui procurer le concours de deux classificateurs pris parmi les agriculteurs les plus intelligents de la commune. J’ai pensé, monsieur, que par vos connaissances en agriculture et par votre expérience, vous convenez parfaitement pour remplir la mission indiquée. Je viens vous prier de vouloir bien l’accepter et à cet effet d’assister à la réunion qui aura lieu à la mairie le 9 mai à une heure de l’après-midi ».
Le géomètre en chef avait précisé : « il ne s’agit pas, bien entendu, d’estimer les propriétés traversées ; néanmoins, comme le classement deviendra l’une des bases essentielles de l’estimation qui sera ultérieurement faite » il est préférable que les classificateurs ne soient pas pris parmi les intéressés que vous croiriez « susceptibles de se laisser influencer par leur intérêt personnel » .
[Ndlr : l’expropriation immédiate, pour cause d’utilité publique, au profit de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, des terrains et bâtiments nécessaires a concerné en tout 65 213 m2. Sont ainsi touchés Pierre Damicourt à Fercé pour 8046 m2 situés aux Ebats à Châteaubriant ; Thérèse de Fermon et Charles de Tugny pour 45 179 m2 au lieu-dit « Lande de la Garenne », le marquis de Préault pour 10 303 m2 à La Garenne, ainsi que Prosper Guimené et Jean-Baptiste de Fermon, pour de petites parcelles.]
5 mai 1874 : Il est dû au nommé HUBERT Joseph, brigadier au 1er régiment d’artillerie, parti en congé le 19 septembre 1869 (sic) et classé dans la réserve, un résidu de masse de 8,81 frs. Le maire les réclame pour lui. « Hubert est actuellement ouvrier chapelier à Châteaubriant, marié et père de famille. Cette petite somme lui serait très utile en ce moment ». Lettre adressée au 1er régiment d’artillerie.
5 mai 1874 : au sujet du même Hubert, une autre lettre est adressée au 1er régiment du train d’artillerie, disant que ce jeune homme a été rappelé le 21 juillet 1870 et renvoyé dans ses foyers le 22 juillet 1871 ; « Il dit qu’il lui est dû, à raison de 17 francs par trimestre, une somme de 68 francs, attendu qu’il n’a rien touché pendant le temps qu’il a passé au régiment. Il a reçu son congé de libération le 31 décembre 1871 »
8 mai 1874 – le bureau de bienfaisance demande au sous-préfet l’autorisation de vendre du bois de chauffage venant de la métairie de La Laye.
8 mai 1874 l’hospice a pris une délibération le 7 mai, demandant au Préfet de l’autoriser à démolir un bâtiment et de le faire reconstruire dans le jardin.
Il demande aussi l’autorisation de faire réparer une maison, dépendant de l’hospice, située sur le bord de la route nationale n°163 dans la traverse de la ville de Châteaubriant et les bâtiments de la métairie de la Chevière, située à Martigné Ferchaud et lui appartenant.
11 mai 1874, le maire de Châteaubriant demande, au maire de Nantes, copie de l’acte d’engagement de Prosper Ligoy et de Emile Demongodin. « Ces jeunes gens ont dû contracter leur engagement vers le 18 ou le 20 avril. Ces pièces sont exigées par le Conseil de Révision »
11 mai 1874 : le maire de Châteaubriant demande au maire du 5e arrondissement de Paris s’il aurait eu connaissance du décès d’un nommé Julien LEBLAYS, époux de Marie NIGLAIS, décédé il y a 8 ou 9 ans rue de la Clefs. « J’aurais besoin d’une copie de cet acte ou d’un certificat attestant le décès pour produire au Conseil de Révision à l’appui d’une demande d’exemption formulée par Auguste LEBLAYS, fils du décédé, en qualité de fils unique de veuve. Peut-être pourrait-on obtenir des renseignements à la paroisse où un sacrement religieux a été fait. Je ne puis rien préciser, ce jeune homme était jeune à la mort de son père, la mère est aliénée »
16 mai 1874 : le maire réclame au commandant du recrutement à Nantes, le certificat de bonne conduite d’Alexandre HAREL, promis depuis le 31 octobre 1873.
17 mai 1874 : le maire réclame au colonel-président du Conseil d’Administration du 1er régiment d’artillerie de Bourges, un « mandat de masse » de 86 frs pour Joseph HUBERT : une somme de 68 frs et une somme de 18 frs pour « un semestre passé chez lui lorsqu’il fut rappelé pour la guerre le 21 juillet 1870 »
« Cette somme lui serait bien utile : il est ouvrier chapelier, marié et père de famille. Ce serait un grand secours pour lui ».
20 mai 1874 : au Sous-Préfet : « M. Hamon, maïtre d’hôtel rue du Pélican, tient très bien sa maison. Je suis persuadé que M. et Mme Hamon s’appliqueront à mettre aussi sur de très bons errements (sic !!) l’hôtel qu’ils créent rue de la Vannerie et, dès lors, je ne vois pas d’inconvénient à accorder, si vous le voulez bien, l’autorisation de transférer le débit de boissons dans le nouvel établissement ».
20 mai 1874 : « un aubergiste logeur rendrait des services dans le quartier du marché aux chevaux. Le sieur Chevrel, sur lequel je n’ai que de bons renseignements, tient un établissement de ce genre, faubourg de la Barre. Je vous prie, Monsieur de Sous-Préfet, de lui accorder l’autorisation de s’établir faubourg des Loges »
Renouvellement Maire et adjoints
La loi des maires est une loi française de la IIIe République, adoptée par l’Assemblée nationale le 20 janvier 1874, elle est promulguée le lendemain puis publiée le surlendemain au Journal officiel de la République française. Elle prévoit la nomination, par le président de la République, du maires et des adjoints des communes chefs-lieux de département, d’arrondissement ou de canton ; et leur nomination, par le préfet, pour les autres communes. Ils seront pris dans le conseil municipal ou en dehors.
C’est en vertu de cette loi et du décret du 26 mars 1874 que M. Hippolyte Béchu du Moulin Roul est nommé maire, se succédant à lui-même. Les adjoints sont Alexandre Coirre et Michel Grimault.
Une commission de cinq membres est nommée pour étudier les documents budgétaires. Par ailleurs le Conseil donne l’autorisation d’ester en justice au cas où MM. Berge intenteraient un procès à la commune.
26 mai 1874 : la vente de la coupe des herbes de la promenade rapporte 25 frs à la commune.
27 mai 1874 : une famille a obtenu une concession de 3 m2 au cimetière de Châteaubriant. M. Mousset père y a été inhumé.
Selon le règlement du 27 août 1849, le maire demande :
pour les 3 m de terrain : 153 frs
droit d’inhumation de M. Mousset 60 frs
frais d’acte, enregistrement, timbre 11,60 frs
27 mai 1874 : lettre à l’économe de l’hospice général de Nantes : « Mme Babonneau est parfaitement solvable et il est inutile de demander des engagements à d’autres qui n’ont aucune raison d’en contracter. M. Artur est du reste un homme très honorable de notre ville qui a toujours rempli ses obligations ».
Taxe sur la boucherie
27 mai 1874 : en réponse au maire de Redon, « j’ai demandé au Commissaire de Police un rapport sur nos affaires de boucherie. La concurrence serait la meilleure chose mais elle est difficile à faire. Je remarque qu’ici on se plaint des prix élevés et qu’en même temps on ne se détermine pas à acheter chez ceux qui vendraient bon marché. C’est une affaire difficile et la taxe ne satisfaisait pas davantage »
[NDLR : depuis le 7 février 1874, selon un décret du gouvernement de la défense nationale, la réquisition des grains et farines est levée de même que la réquisition des chevaux, ânes et mulets. Toute réquisition, toute interdiction de vente des animaux de boucherie et des vaches laitières est levée.
Il se pose alors la question des prix, sont-ils régulés par la concurrence ou par une taxe ? A Paris par exemple, « les bouchers ne pourront vendre qu’au prix de la taxe, qui sera établie tous les quinze jours d’après la moyenne des prix de vente sur le marché de la Villette. Tant que cela sera nécessaire, les boucheries municipales établies et fonctionnant par les soins des maires d’arrondissement seront maintenues en nombre suffisant Elles seront approvisionnées et la distribution des viandes et autres aliments continuera d’y avoir lieu, sur la présen-tation des cartes de boucherie, dans les conditions de prix et de quantités déter-minées par les autorités municipales »].
4 juin 1874 à une dame de Montreuil : « Votre frère Emile Cochais ex-cantonnier chef, entré à l’hospice pour une plaie qui ne peut être guérie entièrement, en a été congédié et a recommencé à travailler d’une manière peu lucrative. Depuis la semaine dernière il est placé en qualité d’ouvrier peintre et s’il peut conserver cette position il sera un peu plus à l’aise. Il est misérable à Châteaubriant, vous lui rendriez service de lui procurer meilleure vie »
5 juin 1874 : le maire transmet un avis du Sous-Préfet à M. Martin, photographe à Châteaubriant et à M. Drouard imprimeur-libraire.
10 et 12 juin 1874 : le maire demande une dispense de service pour Joseph ROLAND et un congé de semestre pour Charles GRANDIN dont le père « atteint de rhumatismes, est obligé de ne pas travailler à son état de serrurier qui est toute la fortune de la famille »
16 juin 1874 : contestation Berge. M. Berge n’a pas « acquiescé à la proposition de remettre le jugement de cette affaire minime à des arbitres qui auraient tout pouvoir de la terminer et a fait notifier le 15 juin au maire assignation devant le tribunal ».
16 juin 1874 : au Sous-Préfet : le lavoir public situé à côté de la demeure de M. Chérel, a toujours été très bien tenu. Il est écoulé tous les huit jours, lavé et nettoyé. En sortant de la réunion du conseil d’hygiène, je donnai des ordres spéciaux et prescrivis de veiller à la propreté des canaux d’écoulement surtout dans la partie publique qui longe l’habitation du docteur Gemin. J’ai aussi engagé M. le Commissaire de Police à faire exécuter continuellement, et suivant les règlements, les mesures sollicitées par le Conseil d’hygiène. L’administration municipale doit faire nettoyer le canal qui passe sous la voie publique. Les particuliers sont obligés de curer le long de leurs propriétés.
17 juin 1874, au directeur des Postes à Nantes : « Monsieur Bégaud appartient à une honnête famille de cette ville, il est intelligent et capable de bien faire et je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il soit admis à prendre part aux opérations du service des postes suivant la demande de M. le Receveur des Postes »
20 juin 1874 : le maire adresse au Sous-Préfet une statistique des hôtels, auber-ges et maisons garnis existant sur la commune. [ndlr : un document non daté relève 95 personnes : 59 aubergistes, 17 cafetiers, 7 cabaretiers, 6 maîtres d’hôtel, 6 débitants dont 2 débitants d’eau de vie]
20 juin 1874 : rétribution scolaire due par les élèves de l’école communale pendant le 2e trimestre de 1874 :
Elèves de la commune : 362 frs
Elèves étrangers : 222
Elèves gratuits 88,50 frs
21 juin 1874 : le Conseil municipal exprime le désir qu’une parcelle de terrain fut achetée dans l’étang de la Torche pour rectifier l’alignement de la promenade. M. Artur consent à céder 600 m pour le prix de 600 frs. Par ailleurs le Conseil prend une position de principe sur une future usine à gaz pour l’éclairage de la ville..
29 juin 1874 : le maire ne voit aucun inconvénient à ce que le nommé Moquet Jean, demeurant faubourg de la Torche, fut autorisé à tenir le débit de boissons, établi au même lieu, en remplacement de la veuve Gautier sa belle-mère. « Je n’ai que de bons renseignements à donner sur la moralité et l’honorabilité du sieur Moquet qui appartient à une honnête famille de Châteaubriant »
29 juin 1874 à Monsieur Duliège constructeur d’usine à gaz - « Le Conseil dans sa séance du 21 juin dernier après avoir entendu le rapport de la commission nommée à cet effet, a admis en principe l’établissement d’une usine à gaz à Châteaubriant d’après le mode que vous avez indiqué lors de votre passage. Il est disposé à vous concéder l’établissement de cette usine pour une période de 50 ans.
Une enquête a eu lieu pour savoir approximativement le nombre de personnes qui auraient l’intention de s’éclairer au gaz. Je vous transmets un plan de la ville qui vous indiquera à peu près le nombre de lanternes nécessaires à l’éclairage public et le nombre de mètres à canaliser. "
Auberges, cafés, billards
De tous temps les routes ont été jalonnées de tavernes et d’auberges où le voyageur a pu trouver gîte et couvert. En ville le "débit de boissons" était source de ressources complémentaires pour une famille, qu’il soit autorisé où ponctuel. Souvent, dans les petites communes, quelques femmes ouvraient leur maison, après la messe, pour offrir le café aux femmes attendant que leur époux veuille bien quitter le cabaret voisin.
Lieux de vie intense, les cafés où les classes populaires passent, s’entassent, discutent, refont le monde, sont un maillon commercial, un point d’animation pour une rue. Prestigieux, humbles ou mal fréquentés, ces établissements jouent également un rôle social impor-tant et les pouvoirs publics en réglementent la fréquentation.
« Il est défendu aux cafetiers, cabaretiers, et autres, de recevoir des personnes âgées de moins de 16 ans qui ne seraient pas accompagnées de leurs parents ou tuteur. Il leur est également interdit de recevoir les jeunes gens qui fréquentent les cours d’adultes, pendant la durée de ces cours et une heure avant leur ouverture. La plus grande surveillance devra être exercée les dimanches et jours de fête, pendant les offices, à l’égard des cafés, cabarets et autres lieux de réunions publiques, surtout s’ils sont placés près des églises » dit un arrêté non daté signé du maire M. Béchu du Moulin Roul,
Le 5 février 1873 le cabaret du sieur Poirier, situé à La Fayère est fermé. Selon le Sous-Préfet : « le cabaret est le rendez-vous des gens abonnés à l’ivrognerie qui sont certains d’y être servis après l’heure réglementaire de fermeture des lieux publics ». Le 3 février 1873, en sortant de ce cabaret « des individus sont rentrés dans la ville de Châteaubriant et s’y sont livrés à un tapage nocturne propre à troubler la tranquillité publique et des réverbères ont été brisés »
Un arrếté du 9 avril 1873 (signé Béchu du Moulin Roul) concernant les « auberges, cafés, billards, cabarets, débits de boissons, bals et autres lieux de réunions publiques » fixe l’heure de fermeture à dix heures du soir, sauf pour les cafés-billards pour lesquels c’est dix heures et demi. « Les personnes étrangères aux établissements ci-dessus désignés qui y demeureront après les heures fixées pour leur fermeture encourront les mêmes poursuites que ceux qui les tiennent et procès-verbal sera également dressé contre elles. Les mêmes défenses sont applicables aux hôteliers et aubergistes en ce qui concerne les individus autres que les voyageurs qui descendraient chez eux.
Il est défendu aux cabaretiers, cafetiers et débitants etc, de tenir chez eux aucun jeu de hasard, d’y laisser chanter des chansons licencieuses ou politiques. Les cabaretiers ou débitants sont tenus d’avertir l’autorité des scènes de désordre qui se produiraient dans leurs établissements ».
30 juin 1874 : le maire a fait remettre, le 29 juin, les ordres d’appel destinés aux six jeunes gens « compris dans la 2e portion de la classe 1872 » « Ce matin ces jeunes gens se mettaient en route à 7 heures pour Ancenis. Aucune récrimination n’a été formulée par ces jeunes gens qui paraissent tous animés de sentiments patriotiques – ce que je me plais à constater »
10 juillet 1874 – lettre à l’inspecteur primaire à Châteaubriant : « Je désire que pour les prix du concours des écoles, il soit donné quelques exemplaires de l’histoire de Châteaubriant par l’abbé Goudé. Ce livre est bien fait, de beau format, bien imprimé. Il deviendra rare et précieux quand l’édition sera épuisée. Il sera impossible alors de se le procurer. Dans cette prévision, il est bon de le répandre dans le pays qu’il concerne »
13 juillet 1874 – le maire demande l’autorisation de réunir le Conseil Municipal au sujet du violon. « M. le gardien-chef refuse de recevoir les délinquants et de cette mesuprécipitée il résulte des difficultés de police dont M. Le lieutenant de gendarmerie et M. le Maréchal des Logis m’ont fait part » - Par ailleurs le maire a « un projet de pont à construire à la Mare Guérin (chemin n°1) »
19 juillet 1874 au Conseil Municipal
Sur le chemin n°1 de Béré à la mare
Guérin, il a été question de construire un pont avec un devis de 500 francs.
M de Villemorge propriétaire d’immeubles voisins du chemin en exécution avait offert 600 frs pour la construction de ce pont et de ses abords. Cette somme est plus que suffisante. De son côté la commune de Rougé a reçu 300 frs de M. de Villemorge et cette somme doit être employée à la construction du pont. Le Conseil pense donc qu’il ne doit pas contribuer aux frais de construction de cet aqueduc. Lecture d’une lettre du jeune Leseur élève maître de l’école normale de Savenay qui annonce que sa bourse a été complétée le 1er juillet 1874. il écrit n’avoir point oublié que c’est grâce au conseil municipal de Châteaubriant qu’il a pu rester dans l’établissement où il se trouve.
Le conseil accepte ce témoignage de reconnaissance avec satisfaction…
« La lettre du jeune Leseur lui apprend. que ses bienveillantes dispositions ne se .sont pas égarées sur un sujet indigne de les apprécier »
Société des courses : le conseil muni- cipal maintient la subvention de 200 frs.
Chambre de sûreté
Le conseil municipal est convaincu que sa délibération du 22 février 1874 est conforme l arrêté ministériel du 20 octobre 1810 qui a organisé les prisons. Cet arrêt dispose que dans les villes où il y a une maison d’arrêt, la maison de justice municipale peut y être placée dans un quartier distinct et séparé..
La gendarmerie qui fait le service de la chambre de sûreté désire que celle ci ne soit pas éloignée des brigades.. Le gardien-chef dit que si une porte indépendante était ouverte il y aurait à faire dans le local actuel deux violons et que des cléfs pourraient être remises aux agents de police.
Le conseil municipal prie Monsieur le Préfet de vouloir bien prescrire l’application de ce système..Il y aurait plus de facilité pour le service de police et « cette faveur peut être accordée à la commune qui a fait dans le passé des avantages bien supérieurs pour le service de la prison et de la gendarmerie »
28 juillet 1874 : le maire transmet au Sous-Préfet le questionnaire demandé par la commission parlementaire « qui est chargée du projet de loi concernant la protection des enfants du premier âge »
31 juillet 1874 – à Monsieur le Directeur des domaines de Paimpont, au sujet de Julien Menuet « Le sieur Julien Menuet, ancien militaire, ancien garde de Monseigneur le Duc d’Aumale, est ainsi que sa femme, de conduite sans reproches. Ils ont élevé une nombreuse famille, cinq garçons et une fille. La fille demeure avec ses parents et leur donne ses soins. Trois des garçons sont militaires. Les deux autres sont ouvriers. S’ils travaillent à Châteaubriant, ils vivent chez leurs parents et je pense qu’ils viennent à leur secours, mais sans doute comme la plupart des ouvriers dans une mesure précaire et bornée. Quand ils seront mariés, les besoins des jeunes ménages absorberont tout ce qu’ils gagneront.
« Menuet est de plus en plus dans une position nécessiteuse. Depuis plusieurs années atteint de la goutte et de rhumatismes, il travaillait encore dans l’intervalle des accès. Maintenant il est entièrement paralysé, sans mouvements, sans ressources. Par suite de la vente du parc de Châteaubriant que regrette la population, profondément attachée à Monseigneur le Duc d’Aumale, le vieux garde du parc, Jager, depuis 50 ans au service des Princes, aura besoin d’être soutenu dans son extrême vieillesse si, à son sujet, aucune condition n’a été imposée à l’acquéreur »
8 août 1874 : au sous préfet de Châteaubriant – « Caroline Marmel, tailleuse, veuve de Auguste Brossard, entrepreneur, sollicite un bureau de tabac vacant à Ancenis. Sans ressources à la mort de son mari, elle s’est réfugiée à Châteaubriant avec son frère ouvrier fondeur chez M. Franco. Cet estimable ouvrier a soutenu et soutient sa sœur avec dévouement et désintéressement mais tout ce qu’il peut faire est insuffisant et le travail de Mme veuve Brossard est trop peu productif pour la mettre à même d’élever ses quatre enfants tous en bas âge. Les ressources extraordinaires que lui procurerait un bureau de tabac lui seraient bien nécessaires. Le droit à obtenir cette faveur résulterait des services militaires de son mari, ouvrier attaché à l’arsenal de Rennes, blessé en exécutant un travail commandé »
10 août 1874 au maire de Rennes au sujet d’une taxe sur la viande. « Si l’administration municipale de Rennes rétablit les taxes sur la viande, cette mesure aura une très grande influence à Châteaubriant.
Si les prix de Rennes sont élevés, nos bouchers voudront en profiter pour nous faire payer cher. S’ils sont bas, nous leur demanderons de ne pas les dépasser et de ne pas même les atteindre. En ce moment ils vendent : Le boeuf 1,20 fr le kilo – Le veau 1 fr le kg – le mouton 1,60 fr le kg. Ces prix ne sont pas hors de proportion avec la valeur actuelle des bestiaux sur pied. Je craindrais que la taxe n’eut pour résultat de donner droit à des prix plus élevés et je ne voudrais pas concourir à cette mesure, peut-être préjudiciable, sans prendre préalablement l’avis du Conseil Municipal. »
[NDLR : le Conseil s’inquiétera plus tard du prix du pain- voir au 29 août 1874]
Sources :
Archives de la mairie de Châteaubriant, 1 D 20 (Conseil Municipal) et 2 D 12 (courriers)
Internet et notamment Wikipédia
Le capitaine Fracasse
- Illustration Gustave Doré
Il aura fallu trente ans à Théophile Gautier pour achever ce chef-d’œuvre discret, immédiatement plébiscité par la critique et le grand public. Baudelaire, a salué les "beautés étonnantes" du texte, et Zola, a loué ses "grâces étranges"
C’est un livre sentimental dans le meilleur sens du terme. Il pince à chaque page une nouvelle corde de votre sensibilité, et va chercher des émotions qui n’avaient pas été sollicitées depuis longtemps. C’est une lecture qui vous ramènera sans doute vers l’âge de dix ou douze ans, quand vous lisiez des romans de cape et d’épée, la bouche un peu ouverte d’étonnement devant l’incroyable déroulement de l’action, et au mépris des fourmis qui s’attaquaient à tous vos membres (car à cet âge-là, on lit dans des positions plutôt inconfortables, en tailleur, allongé sur le sol, voire à califourchon sur une branche).
Mais le livre n’est pas destiné uniquement aux enfants. On peut l’apprécier à de nombreux niveaux.
Le texte est des plus impurs, des plus bigarrés, des plus baroques. Il est tout en fantaisie, et c’est la personnalité profonde de son auteur (enthousiaste, idéaliste, jouisseur mais aussi mélancolique) qui s’y exprime librement. Avec lui, tout est grave et rien n’est grave. C’est cette humanité que l’on aime chez Théophile Gautier.
Livre à lire ou à relire sur le site de Gallica, ou à télécharger sur tablette via l’application du même nom.
© Matthieu Garrigou-Lagrange- France Culture