Des prières publiques pour l’assemblée
2 octobre 1872 : le maire écrit une nouvelle fois en faveur du sieur Pétrel Omer, lettre adressée au général commandant la 15e division militaire à Nantes, en y joignant un certificat « en faveur de la jeune fille que Pétrel recherche en mariage ». Demande d’autorisation de mariage « qui permettra à ce jeune homme de s’établir immédiatement »
De pavés et de sable
3 octobre 1872 – Rue des Vieilles Halles (ou place de la Pompe), le dossier d’adjudication date du 6 juillet 1871. Le maire était alors M. Lucien Delourmel de la Picardière. Il s’agissait de « redresser le nivellement de la place de la pompe » et de paver les rues qui y aboutissent. Les plans et devis ont été dressés par M. Morin conducteur de travaux, le 15 mai 1871, et approuvés par le Préfet le 22 juin 1871.
« Nous avons déposé cacheté sur le bureau un minimum de rabais » dit le compte-rendu. Puis les concurrents ont été invités à déposer leurs soumissions. Il n’y en a eu qu’une : celle de M. Hiroux Louis, demeurant à Châteaubriant. « Aucune autre soumission n’ayant été présentée, nous avons ouvert celle-ci et constaté qu’elle n’offrait aucun rabais sur le prix d’adjudication. Nous avons alors ouvert le pli cacheté contenant le minimum de rabais, dont il a été donné lecture, ce rabais était de zéro franc zéro centime ». Le sieur Hiroux a été déclaré adjudicataire pour 2171,44 frs
Le devis descriptif précise :
démolition des bordures placées
placement des bordures suivant les nouveaux plans
pavage de la Grande Rue, de la Rue de Couëré et réfection d’une partie du pavage de la Basse Rue.
« Les pavés vieux qui ont été retaillés par les soins de la mairie de Châteaubriant seront d’abord employés. Il ne sera employé de pavés neufs que lorsque les vieux seront épuisés. Les pavés neufs auront une couronne de 0,16 m et une hauteur d’au moins 0,20 m. Ils seront pris dans les carrières du pays, dans les meilleurs bancs et exempts de fils. Le sable proviendra des sablonnières du pays, il sera pris dans les bancs les moins terreux et le plus grenu. Les dalles de couronnement, les bordures de trottoirs proviendront des carrières de Nozay, elles seront de bonne qualité et exemptes de fils. Le mortier sera composé de deux parties de sable et d’une partie de chaux hydraulique, le tout mesuré au volume »
« Prix estimé : 2171,44 frs pour 160 m de bordures de trottoir (partie droite), 18,20 m de bordures (partie courbe), 440 m2 de pavés (dont 100 m2 de pavés neufs et 340 m2 de vieux pavés), 90 m2 pour réfection du pavage de la Basse Rue » Enfin il est prévu un aqueduc près le trottoir Balzer.
3 octobre 1872 pour les travaux de la Place des Vieilles Halles, M. Hiroux a versé un cautionnement de 200 frs en juillet 1871. Les travaux ont été effectués conformément aux plans et devis et le maire adresse au Sous-préfet le certificat de réception définitive en demandant au Préfet l’autorisation de rembourser son cautionnement à M. Hiroux.
5 octobre 1872 : le projet de pont de M. Legal a été soumis à enquête publique,
5 octobre 1872 – au directeur de l’Ecole normale de Savenay : « j’ai remis au jeune Gastineau son avis d’admission en tant qu’élève maître à l’Ecole normale de Savenay. Gastineau est un excellent élève de l’école communale de Châteaubriant où il occupait une position première et hors concours. A tous égards il est digne de la faveur qui lui est accordée et il mérite d’être soutenu pendant ses années d’études et de sacrifices. Sa famille fournira un trousseau mais elle est incapable de payer tout ou partie de la pension. Le père est un simple ouvrier sans aucune fortune. A force d’ordre, de travail et d’économies, le père et la mère sont parvenus à élever leurs quatre enfants et ils ont le mérite d’avoir un ménage propre et bien tenu mais c’est la vie au jour le jour et sans réserves disponibles et puis les bénéfices diminuent avec le poids des années. Il y aurait lieu, M. le Directeur, d’accorder une bourse entière à ce sujet distingué admis dans les premiers rangs et qui par ses qualités fera honneur à l’école que vous dirigez ».
« S’il ne pouvait en être ainsi je vous serais obligé de me l’écrire et il ne faudrait pas que pour quelque argent ce jeune homme manquât la carrière de dévouement à laquelle il se destine et qui doit exciter les sympathies charitables publiques et privées »
5 octobre 1872 au directeur de l’Ecole normale de Savenay : « j’ai remis à Leseur Armand l’avis que vous m’avez transmis de son admission à l’Ecole normale de Savenay en qualité d’élève maître. Ce jeune homme est digne de la faveur qui lui est accordée et je suis convaincu qu’il deviendra un excellent instituteur. Sa famille fournira le trousseau réglementaire mais elle est dans l’impossibilité de payer tout ou partie de la pension. Le père, menuisier, imposé à la cote personnelle et à la cote mobilière, dispensé de la patente comme incapable de payer, a bien de la peine à subvenir aux besoins de sa femme, de sa fille âgée de 17 ans et de son fils candidat reçu à l’école normale. Il est nécessaire que celui-ci obtienne une bourse entière ou qu’il soit fait appel à la charité publique et privée pour que ce jeune homme puisse suivre la carrière utile et méritoire à laquelle il se destine. »
- Savenay, l’Ecole Normale
7 octobre 1872 au major de la division de Lorient : j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me faire parvenir un certificat constatant la présence sous les drapeaux de M. Boulo Georges actuellement en congé renouvelable à Châteaubriant engagé volontaire pour 7 ans le 14 septembre 1867. Cette pièce est nécessaire pour le Conseil de révision où M. Boulo doit se présenter comme jeune soldat de la classe 1871.
11 octobre 1872 : le maire avait demandé, le 2 octobre, une autorisation de se marier pour Omer Pétrel. « Cette autorisation ne m’étant pas parvenue, je viens vous supplier, Monsieur le Général, de vouloir bien me l’adresser le plus tôt possible » (adressée au général de division à Nantes).
23 octobre 1872 à l’agent-voyer en chef : « Nous avons pris le 11 septembre dernier une délibération relative aux chemins de petite vicinalité. Nous avons demandé le classement dans le réseau subventionné des chemins :
n°4 de Béré à Paluel
n°5 de la Ville en Bois au chemin de grande communication n°41
n°7 des Vozelles
Le conseil a maintenu son vote de 3 centimes extraordinaires jusqu’à la confection totale des chemins ; mais il a pensé qu’il ne devait pas créer de nouvelles charges, attendu que tous les ans il est obligé, pour donner de l’ouvrage aux ouvriers, d’établir sur les chemins vicinaux des ateliers de charité. C’est ainsi que l’année dernière 4000 frs et plus ont été employés notamment sur le chemin de Béré à Paluel et qu’en ce moment on procède sur ce même chemin à la construction de deux ponts adjugés 4374 francs. En tout cas nous insistons pour que le chemin de Béré à Paluel soit compris dans le réseau subventionné suivant la délibération ci jointe en date du 1er novembre 1871, délibération à laquelle il n’a pas été fait droit jusqu’ici ».
25 octobre 1872 au Sous-préfet : Rose Cherhal, âgée de 10 ans, originaire de Sion, canton de Derval où demeure son père, est réfugiée à Châteaubriant chez sa sœur mariée à Charron ouvrier-tanneur. Cette jeune fille est atteinte de la teigne et en 1870 elle avait été admise à l’hospice de Nantes. Elle fut renvoyée prématurément pour faire place aux soldats blessés. La guérison n’était pas opérée et la teigne a reparu. La femme Charron, mère de deux enfants en très bas âge, craint la contagion et elle demande instamment que sa sœur soit soumise au traitement nécessaire. Dans l’intérêt public et pour prévenir le développement d’une maladie contagieuse et funeste, je vous prie, monsieur le Sous-préfet de solliciter de M. le Préfet l’admission de la jeune Rose Cherhal à l’hôtel-Dieu de Nantes.
[Ndlr : Connues depuis l’Antiquité, les teignes sont toujours d’actualité et continuent à se propager malgré l’utilisation de traitements efficaces. Elles résultent de l’atteinte du follicule pileux et du poil par certains champignons (dermatophytes Microsporum et Trichophyton) qui pénètrent le cheveu. Il existe des teignes tondantes
et des teignes suppuratives. En raison de la contagion, l’enfant doit être isolé chez lui et éviter le contact avec ses frères et sœurs].
Quatre ans après leur découverte par Rontgen en 1895, un médecin eut l’idée d’utiliser les rayons X. La durée d’hospitalisation passa alors de 730 jours à 134 jours mais la radiothérapie, utilisée jusqu’en 1960, eut bien d’autres inconvénients, tumeurs, cancers, etc. On utilise maintenant un traitement antimycosique rapide, efficace, indolore et sans effets secondaires. Mais le traitement peut durer 4 à 8 semaines.
29 octobre 1872 : ça y est, la collection de livres accordée par Monsieur le Ministre de l’instruction publique et des cultes, est arrivée à Châteaubriant.
31 octobre 1872 : le maire demande une autorisation pour Flamont Louis, soldat, qui souhaite contracter mariage avec Mlle Chénel Aline « dont l’honorabilité ne laisse rien à désirer »
4 novembre 1872 au Maréchal des Logis de Gendarmerie : « J’ai fait publier que vous vous exercerez au tir à la cible le jeudi 7 novembre dans la butte du Bois Hamon à 7 heures du matin. J’ai recommandé à la population de ne pas aller de ce côté, je vous prie de prendre, en ce qui vous concerne, les mesures nécessaires pour éviter tout accident »
7 novembre 1872 : le maire adresse au Sous-préfet le livret de Victorine Guérin, fille-mère secourue, « Son enfant, né à Nantes le 8 janvier 1871 est enregistré sous le nom de Audivert Victorine, ayant été reconnu par son père. Aujourd’hui l’enfant est légitimé par le mariage de ses père et mère qui a eu lieu à Rouen le 12 octobre dernier » Le maire demande donc pour elle le secours de 60 frs accordé par l’art. 21 de l’arrêté préfectoral du 21 octobre 1861.
8 novembre 1872 : à la demande du Préfet le maire indique qu’il y a deux aliénés placés à l’asile St Jacques de Nantes : Mahé Louise femme Simon et Niglais Marie veuve Leblais. « La pension de ces deux aliénées est supportée en partie par la commune de Châteaubriant. La situation pécuniaire de leurs familles ne s’est point améliorée jusqu’à présent et la part contributive de la commune reste la même »
9 novembre 1872 : le maire demande un congé d’un mois pour Louis Rouessard, chauffeur à bord du vaisseau Le Renaudin à Brest, « pour liquider la succession de son père et celle de sa sœur »,
Prières publiques
13 novembre 1872 : assemblée nationale, prière publique. Le maire autorise le capitaine commandant la compagnie de sapeurs pompiers de Châteaubriant à faire prendre les armes à la compagnie qu’il commande, « dimanche prochain pour assister aux prières publiques demandées par l’assemblée nationale » - « Nous nous réunirons à l’hôtel de ville à 9 heures et demi pour aller, en corps, nous joindre à Monsieur le Sous-préfet »,
14 novembre 1872 : lettre au secrétaire de la société de secours mutuels de Châteaubriant pour inviter les sociétaires à cette prière publique. « mais attendu l’exiguïté de l’église St Nicolas, je pense que les conseillers seuls pourront être admis dans l’enceinte réservée »,
NDLR : Les prières publiques avaient pour but de réaffirmer – comme un rappel des promesses – l’échange des consentements et la force de l’union entre Eglise et Etat. Implicitement elles rappelaient (aux autres religions ou doctrines) le caractère et la primauté de religion d’Etat du catholicisme. C’était une demande formelle et collective adressée à Dieu afin qu’il daigne bénir tel chef d’Etat, tels travaux législatifs ou universitaires ou qu’il accorde une victoire, la paix, ou même la fin du mauvais temps ! C’est ce que l’on nommera l’effet performatif des prières.
Le 1er août 1872 l’assemblée nationale décida officiellement que le premier dimanche suivant la rentrée parlementaire des « prières seront adressées à Dieu dans les églises et dans les temples, pour appeler ses secours sur les travaux de l’Assemblée », Le 13 novembre 1872 avait lieu la rentrée parlementaire et l’annonce des prières publiques pour le dimanche suivant.]
17 novembre 1872 – conseil municipal à Châteaubriant. Monsieur le Maire soumet à l’approbation du conseil municipal le tracé du chemin des Vauzelles reliant le faubourg de la Barre à celui de Saint-Michel [NDLR : l’ancienne écriture, Vozelles, utilisée jusqu’ici, est donc devenue Vauzelles, ce qu’elle est encore de nos jours].
Un des avantages principaux de ce chemin est de servir de débouché provisoire au chemin de grande vicinalité n°41 en attendant que la commune ait des ressources lui permettant d’acquérir les terrains nécessaire à l’achèvement de ce chemin n°41.
[NDLR : le chemin n°41, qui est de nos jours la départementale D 41, vient de Fercé jusqu’à la mairie de Châteaubriant et on le retrouve au sud vers Erbray. Le chemin des Vauzelles, aboutissant à la route de Nantes, est l’actuelle Rue de Provence]
Le conseil municipal rejette ensuite une demande de la commune de Rougé touchant l’établissement de deux foires annuelles qui se tiendraient l’une le 3e jeudi d’avril, l’autre le 1er jeudi de septembre. Il donne la même réponse pour la commune de Ruffigné proposant la tenue d’une foire pour le samedi d’après les Rogations.
Par ailleurs ...
Le Conseil municipal prend en sérieuse considération la demande des jeunes Leseur et Gatineau nouvellement admis comme demi-boursiers à l’Ecole Normale de Savenay et se réserve de leur allouer un secours suffisant pour leur permettre de continuer les études.
Sur la demande de M. le curé de Béré, réclamant comme très urgentes des réparations à l’église et à la cure de sa paroisse, le Conseil décide qu’un acompte de 300 francs sera versé en janvier 1873 et le paiement parfait au courant de l’exercice sur les 600 francs votés pour solde des terrains entrés dans chemin numéro 4 de Béré à Paluel.
M. le Maire soumet au conseil municipal la demande de M. le Sous-préfet réclamant la pose d’un réverbère dans les cours du château. Le Conseil répond : « Considérant que le château n’est point une propriété de la commune mais bien du Département [depuis 1853], il n’a point à s’immiscer dans son administration. A son point de vue la demande, bien fondée du reste, devrait être adressée à M. l’architecte du Département. »
L’Audays
La commission du chemin du Moulin Neuf expose qu’après avoir relié la Haute et la Basse Audays [orthographe de l’époque] au village du Moulin Neuf au moyen d’une voie pour l’établissement de laquelle les riverains paraissent disposés à s’imposer des sacrifices, il n’y aurait pas lieu de prolonger le chemin du Moulin Neuf jusqu’à la route de St Aubin des Châteaux.
La commission propose un tracé, bien qu’il soit moins direct, à partir du nouvel abreuvoir, « bordant le chemin nouvellement terminé, empruntant le chemin qui dessert le bois de la Ménisterie. Au sortir du bois, laisser à gauche le talus séparant les terres de M. Dupré, traverser au midi l’aire de la Haute Audays et prendre le vieux chemin conduisant à la Basse Audays ». « La nature rocailleuse du sol, la largeur des anciens chemins, permettent de créer un peu de frais, sur tout le parcours de la ligne, une bonne voie de communication réclamée très instamment par la population de cette partie de la commune »
[voir carte de nos jours]
22 novembre 1872 : Jean-Baptiste Cottrel a cédé du terrain à l’Etat pour rectification de la route nationale n°163. « Monsieur Cottrel et Marie Rose Leray sa femme, ont acquis ce terrain de M. Jean Soulard menuisier et de Joséphine Guibert sa femme, suivant acte de Me Foutrel-Gaugy notaire à Châteaubriant le 6 juin 1867. Les époux Soulard l’avaient acquis de M. Victorien Hervochon, médecin à Châteaubriant suivant adjudication reçue par Me Foutrrel-Gaugy le 1er septembre 1862. M. Hervochon en était propriétaire comme l’ayant recueilli de la succession de son père décédé il y a 28 ans »
29 novembre 1872 : le maire envoie au Procureur de la République à Châteaubriant les extraits de décès de 68 militaires de la commune décédés pendant la guerre de 1870-1871.
29 novembre 1872 ; le maire transmet au Sous-préfet, avec pièces à l’appui, la délibération du Conseil Municipal approuvant les plans et nivellements du chemin de petite communication n°7 dit des Vauzelles. « Il rendra de grands services et il ne sera pas dispendieux, plusieurs propriétaires renonçant à toute indemnité notamment le plus intéressé, M. de Villemorge dont la propriété est traversée ».
30 novembre 1872, M. Bourdier membre du bureau de bienfaisance a donné sa démission. Pour le remplacer le maire propose, par ordre de préférence : M. Rouxel avoué membre du Conseil Municipal, M. de la Provôté receveur de l’enregistrement et membre du Conseil Municipal, et M. Guérin Maximin. « Ces trois candidats sont très convenables. Je présente en première ligne M. Rouxel par ses connaissances en droit, il peut être d’une utilité spéciale dans les affaires de donation en faveur des causes (sic). Je vous serais très reconnaissant, Monsieur le Sous-préfet, de solliciter de M. le Préfet une prompte nomination : il est bon que la commission soit complète pour la solution des affaires difficiles ».
Histoire de caves
1er décembre 1870 : conseil municipal extraordinaire pour délibérer sur la maison d’école. En effet M. le Maire expose au Conseil que les fondations des murs des nouvelles classes seront plus profondes qu’on ne l’avait cru, que cet excédent de fondations a fait naître l’idée d’en profiter pour y établir des caves. Celles qui existent sous la maison d’habitation paraissent insuffisantes. Il explique que les terres végétales qui seraient enlevées pourraient être vendues et que leur produit viendrait compenser l’augmentation sur les prévisions du devis, augmentation que M. l’architecte estime à 145 frs pour l’excédent de fondation et 450 francs pour l’établissement des caves.
Tout en reconnaissant l’exiguïté de la cave de M. l’instituteur, M. Salmon observe qu’il lui paraît superflu de pratiquer des caves sur toute l’étendue des deux classes mais le maire répond que la municipalité a l’intention d’en affecter une partie pour déposer certains instruments de travail propriétés de la ville. Le Conseil municipal décide qu’il y aura des caves sous les deux classes.
11 décembre 1872 : à la demande du Sous-préfet, le maire envoie « les noms des imprimeurs en lettres et des libraires de la ville » :
Drouard Pascal (imprimeur libraire)
Chirade Alexandre (libraire)
Grandin Frédéric (libraire)
« Il n’existe point dans la commune d’établissement créé en vertu du décret du 10 septembre 1870 »,
[Ndlr : sous le Second Empire les affaires d’Imprimerie, de Librairie, et de Presse, dépendaient de la Direction de la Sûreté générale. Des brevets avaient été institués : imprimeurs et librairies, imprimeurs-lithographes, imprimeurs en taille douce. Le décret du 10 septembre 1870 redonna la liberté à l’imprimerie en supprimant la nécessité de brevets]
11 décembre 1872 au Procureur de la République à Châteaubriant : « J’ai l’honneur de vous informer que selon acte reçu par moi, à la mairie, ce jour, le sieur Peltier Jean-Baptiste âgé de 39 ans, maçon, demeurant à Soudan, a reconnu l’enfant inscrit sur le registre de naissance de cette commune le 9 avril 1852 sous les noms de Henry Marie comme fils naturel de Jeanne-Marie Gandubert. Mention de cette reconnaissance a été faite en marge de l’acte de naissance sus énoncé.
Je vous prie, Monsieur le Procureur, de faire mettre pareille mention sur le registre déposé au greffe »
16 décembre 1872 : rôle dressé par M. Delaunay instituteur communal à Châteaubriant pour le 4e trimestre de 1872 :
Elèves de la commune : 252 frs
Eleves étrangers à la commune : 172 frs
Eleves gratuits 48,50 frs
Le complément de traitement dû pour les élèves gratuits est de 137 frs,
Total 609,50 frs
27 décembre 1872 : pour la fourniture de denrées pour 1873 l’hospice a procédé à une adjudication. « Les deux séances consécutives des bouchers ont élevé des prétentions exagérées et l’administration a cru devoir les refuser. Personne ne s’est présenté pour les autres fournitures : céréales et bois ». La commission administrative sollicite du Préfet l’autorisation de traiter de gré à gré.
27 décembre 1872 le maire demande l’autorisation de réunir le Conseil Municipal en session extraordinaire « afin de délibérer sur les suppléments de pension à payer pour Gâtineau et Leseur, élèves à l’école normale de Savenay, suppléments que les familles de ces jeunes gens, faute de ressources, ne peuvent acquitter ».
Sources :
Archives de la mairie de Châteaubriant, 1 D 20 (Conseil Municipal) et 2 D 12 (courriers) et 5M1 (Haras) ; - Internet et notamment Wikipédia
Gloria Victis Gloire aux vaincus
Sculpture deAntonin Mercié
réalisée en 1872, après la défaite des soldats français contre l’armée prussienne.
Elle personnifie la France vaincue mais héroïque.
Elle se trouve au Musée du Petit Palais à Paris.
Les démons
Paru en 1872 le roman Les Démons de Dostoïevski a marqué de nombreuses générations. Il a été repris au théâtre par Albert Camus et au cinéma en 1988 par Wajda sous le titre « Les Possédés » ;
Veules, médiocres, obscurs, les acteurs de ce drame – une sombre conspiration nihiliste dans une quelconque ville de province – gravitent autour de la figure de Stavroguine, démon baudelairien, « homme de l’orgueil, homme du défi – mais d’un défi dans le vide ». Car ce roman (dit le traducteur) « n’existe finalement que pour semer le trouble, égarer, emporter, faire tournoyer, attraper des éclairs, et, à la fin, après plus de mille pages de cyclone, par une espèce de bouffonnerie indifférente, pas même grimaçante, non, grotesque, abandonner le lecteur, essoufflé, avec rien. Possédé ».
Dostoïevski, devenu conservateur et nationaliste convaincu, voulait exprimer dans ce roman sa crainte des révolutionnaires à travers une fiction mettant en scène les héros (les conservateurs) face aux « ennemis de la Russie » (les socialistes, les nihilistes) ; il souhaitait de plus montrer la filiation directe entre le libéralisme des années 1840 et le nihilisme russe des années 1870, comme il l’écrit dans sa lettre au futur Alexandre III.
Les démons est un livre pamphlétaire (1000 pages !), un brûlot antirévolutionnaire où l’auteur se désolidarise de la pensée néo-libérale qui s’abat sur la Russie de l’époque. Pour lui, rien de bon dans ce libéralisme fascisant et dangereux, ce libéralisme totalitaire qui s’apparente à une marche inéluctable et fatale à laquelle ceux qui n’adhèrent pas doivent mourir. Pas de compromis pour ces révolutionnaires en herbe qui gagneront leur crédibilité par le sang d’un des leurs. Pas de pitié pour cette bande d’étudiants bourgeois possédés tel le troupeau de moutons de l’épigraphe tiré astucieusement de l’Evangile selon Saint-Luc. C’est avec une plume des plus sanguinaires que Dostoïevski va tout bonnement massacrer ces jeunes loups… Le livre se révèle cependant une critique clairvoyante de toutes les idéologies. Aujourd’hui, cet ouvrage est considéré comme un classique de la littérature.
Les fleurs du mal
Charles Baudelaire
Cet ensemble de 127 poèmes, publiés dans la seconde partie du XIXe siècle, porte un titre provocateur : les fleurs du mal.
Fleur, fait penser à beauté, parfum.
Le mal évoque le sombre, le hideux.
Et voici que Baudelaire semble affirmer que misère et beauté, déchéance et pureté se mêlent et fusionnent. En quelque sorte inséparables, comme l’ombre accompagne la lumière.
Le mal, chez Baudelaire, revêt toutes les formes de souffrance et de misère. Mal social : les êtres déchus peuplent l’univers du poète. Mal moral : sadisme et goût du crime hantent les âmes. Mal physique : souffrance du corps et des nerfs du poète. Mal métaphysique : celui d’une âme angoissée par l’absence de Dieu, er assaillie
pourtant par le tourment du péché et de la damnation.
L’ouvrage est divisé en six sections, comme les étapes d’un voyage explorant la misère de l’homme.
— Le poème liminaire (hors section) montre l’homme en proie à tous les vices, poursuivi par cette curieuse incarnation du Satan moderne qu’est l’Ennui. Le poète invite le lecteur à reconnaître le mal et à ne pas fermer les yeux.
— « Spleen et idéal » : montre l’homme assailli par l’angoisse, parce qu’il porte un désir d’infini, de bonheur absolu. que rien ici-bas ne peut contenter.
— « Tableaux parisiens » renvoie au poète l’image multipliée de sa détresse : partout des infirmes. des exilés. des êtres déchus.
— « Le vin » : recours des désespérés (chiffonniers, assassins) ou des idéalistes (artistes, amants). il symbolise une première voie d’évasion vers "l’ailleurs".
— « Fleurs du mal » : la luxure et les amours interdites (homosexualité féminine). autre évasion, quête sublime et ténébreuse, vouée à l’échec.
— « Révolte » les tentations charnelles assouvies, il reste la tentation suprême, de nature spirituelle : se révolter contre Dieu et se tourner vers Satan, prince des déchus.
— « La mort » : « C‘est la Mort qui console. hélas l et qui fait vivre » : ce premier vers de La mort des pauvres exprime
le paradoxe baudelairien. qui place dans la mort le dernier espoir des hommes.
- Charles Baudelaire
Le grand poème final. « Le voyage » est un texte-bilan répondant à la fresque d’ouverture à l‘issue du périple dans l‘Enfer moderne. La leçon est implacable :
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui
Hier demain toujours nous fait voir notre image
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !
Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps !
Il est, hélas ! des coureurs sans répit.
La mort offre alors, à son tour. la promesse d‘un voyage. mais d‘un voyage autre, qui soulagera peut-être le « feu » qui « nous brûle le cerveau » : la mort, « au fond de l’lnconnu ». révélera-t-elle du « nouveau » ?
La puissante structuration du recueil n’aboutit donc pas à un dépassement des antinomies (spleen/idéal, salut/damnation). Les Fleurs du mal s’achèvent sur une ouverture à l‘incertain.
Faut-il dire combien est bouleversant. à l’issue d’une quête lucidement désespérée, cet espoir, ardent. mais fragile, en « l’Inconnu » ?
(source : Itinéraires littéraires,
Hatier 1990)
- Œuvre de Yvan Kramskoi 1872
Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
et qu’il faut employer la pelle et les râteaux,
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
– O douleur ! Ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
(Baudelaire, Spleen et Idéal)