Ecrit le 6 septembre 2017
Histoire de la commune de Châteaubriant du 1er avril 1870 au 30 juin 1870
5 avril 1870, à Châteaubriant deux individus sont toujours soumis à la surveillance de la haute police. La conduite de ces deux condamnés n’a donné lieu pendant le trimestre à aucun reproche.
8 avril 1870 le maire M. Béchu du Moulin Roul, remercie le préfet d’avoir bien voulu faire admettre à l’Hôtel-Dieu de Nantes la jeune Rose C. atteinte de la teigne. Cette jeune fille de Sion n’était pas domiciliée à Châteaubriant mais elle y était un grand embarras. « Après ce bienfait, écrit le maire, il m’est pénible de venir si tôt pour demander un autre de même genre. Depuis quatre ans, Monsieur D. scieur de long et sa femme, originaires d’Ille-et-Vilaine, sont venus demeurer à Châteaubriant avec leur fils unique actuellement âgé de 16 ans. Ce jeune homme est atteint d’épilepsie ainsi que le constate le certificat du Docteur Gémin. Je l’ai vu moi-même, c’est un idiot à la tête difforme tombant à chaque heure dans les rues et lieux publics, objet d’horreur et d’effroi pour la population qui se plaint, dangereux dit-on pour les personnes impressionnables. Cet état de choses ne peut pas persister. L’hospice de Châteaubriant ne reçoit pas les épileptiques et nous n’avons d’autre espoir que la charité puissante de M. le préfet ».
Traitement de l’épilepsie
L’épilepsie, dit Georget, est une maladie très-fâcheuse, qui jusqu’à présent a résisté à tous les moyens employés pour la guérir. En effet, nous convenons avec lui que celles qui sont héréditaires ou de naissance, celles qui suivent l’abus de la masturbation et celles qu’on rencontre dans les individus tombés dans l’idiotisme et la démence, sont incurables. On a essayé contre cette maladie toutes les espèces de poisons, les opérations chirurgicales les plus douloureuses, telles que l’ustion de la peau, les cautères, les sétons, etc. Aux uns, on a fait prendre la râclure du crâne humain, à d’autres on a fait boire le sang chaud des décapités ; on en a jeté d’autres, par surprise, à l’eau, dans une rivière, à la mer, avec des moyens préparés pour les sauver, etc. Nous ne compterons pas toutes les conjurations et les invocations adressées par tous les hommes à leurs divinités, selon leurs croyances. Les moyens que les bons praticiens conseillent dans les cas d’épilepsie susceptible de traitement peuvent se réduire aux bains tièdes, aux saignées locales et à l’application soutenue de l’eau glacée et de la glace pilée sur la tête. Pendant les attaques, on aura soin de contenir les malades de manière à ce qu’ils ne puissent se faire aucun mal.
[Source : dictionnaire de la conversation, 1868 - tome 08 page 678]
11 avril 1870, la liste électorale de Châteaubriant compte 1344 électeurs.
16 avril 1870, lettre adressée au sous-préfet : « le bureau de bienfaisance de Châteaubriant a accepté le legs fait par Mlle Houizeau au profit des pauvres »
L’humanité et la politique
« Mlle Houizeau était sage-femme, très employée à Châteaubriant et c’est ici qu’elle a gagné son aisance. Elle y était née en 1803. Ses père et mère étaient l’un et l’autre originaires de Châteaubriant. Ils s’y étaient mariés en 1803. Son père est mort en 1827 à l’hospice de Châteaubriant. Le 10 août 1869, Mlle Houizeau décède en son domicile de Châteaubriant, laissant un testament contenant des dispositions en faveur des pauvres ».
Le maire explique alors : « Le bureau de bienfaisance a pensé que, en droit, en équité dans les intentions de la testatrice, les pauvres de Châteaubriant qu’il représente étaient appelés à recueillir les avantages du testament ».
« Vous savez, M. le préfet, que les ressources de notre bureau de bienfaisance sont très minimes, insuffisantes, et qu’il est dans la nécessité de faire appel à la charité publique par une loterie que vous favorisez de votre influence et de vos dons, que sans le produit de cette loterie, il serait impossible de faire face aux dépenses qui augmentent.
Notre ville est principalement peuplée d’ouvriers et de malheureux des pays voisins qui viennent y chercher refuge, travail, assistance. Dans ce centre de population relativement considérable, l’humanité et la politique font un devoir de distribuer des secours aux malheureux, des remèdes aux malades sans ressources pour se les procurer.
Par toutes les considérations qui précèdent, nous sollicitons la bienveillance de l’administration supérieure »
20 avril 1870 : à Paris, un sénatus-consulte de 44 articles est publié, partageant le pouvoir législatif entre les deux Chambres et restituant à la nation sa part de pouvoir.
26 avril 1870, lettre au commissaire de police : « je vous prie de faire l’enquête prescrite et d’y joindre le certificat du médecin concernant les renseignements demandés par M. le Sous-Préfet au sujet du jeune D.
Si M. de la Picardière, médecin de l’hospice, refuse ce certificat, vous prierez M. le docteur Gémin, qui a vu le jeune D, de bien vouloir constater son état ».
23 avril 1870 : l’Empereur Napoléon III souhaitant faire un plébiscite, un décret convoque les électeurs pour répondre à cette question : « le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la constitution depuis 1860 par l’empereur avec le concours des grands corps de l’État et ratifie le sénatus-consulte ». Une circulaire aux fonctionnaires explique le sens du vote : « Voter oui, c’est voter pour la liberté ». Le Centre Gauche appelle à voter oui, mais la grande masse des républicains conseille de voter non. Le clergé est partagé. Le 29 avril 1870 le maire de Derval écrit : « II est aujourd’hui plus que probable que le clergé et les légitimistes s’abstiendront ou feront voter non. J’apprends à l’instant qu’ils refuseront les journaux qui engagent à voter oui. »
26 avril 1870, lettre au maire de Martigné-Ferchaud, disant : « Jean-Baptiste D. scieur de long et Jeanne Marie sa femme, l’un et l’autre originaires de Martigné-Ferchaud, demeurent depuis quelques années à Châteaubriant. Ils ont un fils atteint d’épilepsie et il y a nécessité de le faire admettre à l’hospice de Nantes ».
« M. le préfet de Loire-inférieure me demande des certificats constatant les ressources tant du malade que des membres de sa famille auquel des aliments pourraient être réclamés aux termes des articles 205 et suivants du code Napoléon ». Il demande aussi des certificats du percepteur de domicile et de la situation des biens constatant « la quotité des contributions payées par les père et mère, aïeuls et aïeules, frères et sœurs » et enfin l’acte de naissance du jeune D. délivrée sur papier libre si la famille de cet individu est dans l’indigence.
27 avril 1870, lettre au sous-préfet au sujet du plébiscite : « je pense qu’il serait bon de faire pour le plébiscite ce que nous faisons pour les élections et d’établir une section à Béré afin de favoriser le vote des habitants de la campagne. Beaucoup d’entre eux pouvant assister aux offices religieux dans l’église de Béré ne viennent pas les jours de fête jusqu’à Châteaubriant ».
8 mai 1870 : 7 358 000 oui au plébiscite contre 1 572 000 non, il y a deux millions d’abstentions. Napoléon III est heureux « Mon enfant, dit-il au prince impérial, tu es sacré par ce plébiscite » et il déclare au Sénat : « Maintenant, nous pouvons envisager l’avenir sans crainte ».
Dans notre région, les votes positifs l’emportent largement dans les arrondissements à prédominance rurale, c’est-à-dire dans l’ordre : Ancenis (79,7 %), Châteaubriant (74,6 %), Paimbeuf (67,3 %), et Saint-Nazaire (64,5 %), tandis que l’arrondissement de Nantes, malgré ses cantons ruraux du nord et du sud de la Loire, n’atteint que 48,7 %. La palme appartient à la commune de Jans (405 inscrits) qui atteint le pourcentage de 97,7 % de oui.
Ces résultats ne doivent pas masquer l’importance des abstentions. Noyal sur Brutz (canton de Rougé) détient le record du civisme avec 140 votants sur 140 inscrits. Mais l’abstention monte à 13,4 % à St Julien de Vouvantes, à 28 % à Châteaubriant, à 34 % à Moisdon.
Avec 60,5 % de oui, les électeurs de la Loire-Inférieure ont approuvé assez largement la politique libérale de Napoléon III et du premier ministre Emile Ollivier. Tous les rapports de l’époque insistaient sur le sentiment de satisfaction de la population : « les esprits sont parfaitement rassurés... » « Les femmes, surtout, manifestent leur confiance. » « Le commerce et l’industrie se réjouissent de l’heureux résultat... on espère que tout va rentrer dans l’ordre et que les affaires vont reprendre leur cours... »
10 mai 1870 le maire de Châteaubriant au sous-préfet : l’administration de l’hospice a délibéré au sujet de l’acquisition d’un pré fait au profit de l’hospice par la Supérieure de l’établissement sur don manuel de M. le Pays de la Riboisière. Le maire demande l’approbation du préfet.
10 mai 1870, les gardes nationaux mobiles Gillot Jean-Marie et Barré Louis de la classe 1864 reçoivent « leurs congés à libération ».
10 mai 70 au sous-préfet : « je vous adresse une délibération de l’administration de l’hospice priant l’administration supérieure de prescrire les formalités à remplir pour parvenir à la vente publique d’une propriété de l’hospice occupée par M. et Mme Halbert et dont ceux-ci offrent 25 000 frs »
.
13 mai 1870 au sous-préfet : « François Thienfaine, à mon grand regret, n’a pas pu être admis à voter pour la raison péremptoire qu’il n’était pas porté sur la liste électorale arrêtée le 31 mars dernier servant à l’élection. Thienfaine était inscrit autrefois, il fut radié ayant quitté Châteaubriant pour aller s’établir à Châtellerault. Depuis son retour, sa réinscription n’a pas été faite, elle aura lieu l’année prochaine. Il est impossible de ne pas faire des omissions malgré tous les soins apportés à la confection des listes.
Cette année nous n’avons eu que quatre réclamations, les membres du bureau ont trouvé ce nombre très minime et se sont plu à reconnaître le succès de notre travail ».
Le prix du pain
13 mai 1870 au sous-préfet : le prix de la taxe officieuse du pain à Châteaubriant est le même que le prix de la taxe officieuse à Nantes. « Pour la taxe officielle, nous suivions à Châteaubriant la taxe de Nantes avec une réduction de dix centimes par kilogramme. Si la taxe était rétablie, il est douteux que cette réduction de dix centimes put être maintenue. Elle avait pour raison principale le prix des grains plus bas à Châteaubriant qu’à Nantes. Maintenant la boulangerie n’opère plus que sur les farines dont les cours sont plus uniformes. En ce moment la liberté de la boulangerie est admise par l’opinion publique ».
Les plaintes qui s’étaient élevées d’abord à raison de la vente par les boulangers, toujours au-dessus de la taxe, ont cessé. « Le pain est plus cuit et de meilleure qualité. Plusieurs ménages font la concurrence et continuent de boulanger le pain qui leur est nécessaire. Je dois encore signaler une autre concurrence faite par un fabricant de pain de ménage vendant les six kilos dix centimes au-dessus du cours des boulangers ».
Tant de pauvres
16 mai 1870 le maire au sous-préfet : les recettes et dépenses de la société de charité maternelle pour l’année 1869, sont 798 frs en recettes et 798 frs en dépenses. « Cette oeuvre est très utile dans notre ville où il y a tant de ménages pauvres et il serait bien à désirer que les recettes plus considérables permirent de secourir plus de besoins ».
17 mai 1870 le pré acheté par l’hospice est situé sur le bord de la route de Saint-Aubin section E. numéro 42 du plan cadastral. Le maire demande à l’architecte de la ville de fournir le plan et l’estimation du prix.
26 mai 1870, lettre à M. Giboire qui a demandé un emploi de cantonnier : « M. le préfet fait connaître qu’il a été pris note de votre demande comme postulant à l’emploi de cantonnier mais que vous ne pourrez être nommé, lorsqu’il se produira des vacances dans le personnel, qu’autant que vous aurez travaillé sur les chantiers de l’administration ce qui permettra à M. l’ingénieur de juger votre aptitude pour vous proposer, s’il y a lieu, lorsque les circonstances le permettront ». C’est en fait un appel au bénévolat !
Chemin de fer
29 mai 1870, le Conseil municipal réuni sous la présidence du maire, donne son approbation au legs de Mlle Houizeau fait aux pauvres, pour le bureau de bienfaisance, dans son testament du 18 avril 1863.
Le maire entretient le Conseil des projets de chemins de fer. L’un provient de la Société anonyme du Crédit Parisien, il consiste à joindre Châteaubriant à Saint-Nazaire d’un côté, et de l’autre côté Nozay à Avessac près Redon. Le Conseil fait des vœux pour l’exécution de ces projets et espère que les conditions financières proposées seront acceptées par le Département.
Cet avis toutefois n’est pas exclusif d’une décision qui lui est demandée par le comité formé à Blain pour parvenir à l’exécution d’une ligne de Savenay à Châteaubriant. « Cette seconde ligne, comme la première, desservirait des intérêts de premier ordre et le conseil ne peut que former des vœux pour leur exécution ».
Une autre proposition concernant, cette fois, un projet de chemin de fer d’Ancenis à Châteaubriant est soumise au Conseil municipal. « Celui-ci ne peut voir dans ce projet que des avantages considérables tant pour Châteaubriant et Ancenis que pour d’autres communes situées entre ces deux chefs-lieux et lui donne en conséquence un chaleureux appui ».
Ces projets ne font pas oublier au Conseil les études ordonnées par le ministre des travaux publics entre Châteaubriant et la ligne de Redon à Rennes. « La jonction si facile de Châteaubriant au point de Fougeray par exemple, établirait à peu de frais des communications rapides entre Châteaubriant d’un côté, Rennes, Redon, et la ligne du midi de la Bretagne de l’autre. Le conseil municipal remercie donc M. le Ministre des travaux publics de l’étude ordonnée par lui et espère que cette ligne officiellement étudiée sera avant peu l’objet d’une concession, concession que les compagnies de l’Ouest auront tout intérêt à exécuter ».
Sur la proposition de M. le maire, le conseil municipal demande que l’injonction faite au receveur municipal par le Conseil de Préfecture relativement à une somme de 108 frs, résultat de non-valeur, inscrite seulement en recettes et non en dépenses, soit levée, « attendu que ça vient d’une irrégularité d’écriture qui n’a porté aucun préjudice à la commune ».
M. Bressin demande à construire sur les douves, une maison faisant suite à celle qu’il occupe et dont les assises porteraient en partie sur le mur occidental du pont de l’hôtel de ville. Le conseil donne un accord de principe.
Enfin le maire met sous les yeux du Conseil, qui l’adopte, un nouveau plan du prolongement de la maison d’école.
30 mai 1870 le maire a envoyé directement à l’Empereur l’adresse du Conseil Municipal de Châteaubriant s’associant aux sentiments et aux vœux que la France adresse de toutes parts à sa Majesté.
Propositions pour l’école
5 juin 1870 le conseil municipal donne un avis favorable à la vente, sur la mise à prix de 25 000 frs, d’un immeuble appartenant à l’hospice, occupé par les époux Halbert, et situé rempart de l’Eperon à Châteaubriant. Le prix de 25 000 frs. déjà offert est très avantageux
Le conseil municipal donne un avis favorable à l’acquisition par la fabrique de Saint-Nycolas (sic) d’une maison appartenant à M. de St Andiol. Il y a nécessité de faire cette acquisition pour compléter l’emplacement de l’église à construire.
L’école communale des garçons est située place des Terrasses, elle s’est déjà agrandie par l’achat du jardin de Mme veuve de la Touche Virginie, Legeard de la Dyriais [revoir au 26 août 1866]
- La Place des Terrasses en 1866
1 – l’école communale
2 – le jardin de Mme veuve La Touche
La route vers la gare n’est pas encore réalisée
5 juin 1870 Le maire donne communication d’une lettre de M. Legal, commandant des pompiers, et négociant à Châteaubriant. M. Legal est désireux de voir compléter l’école communale dont l’installation actuelle, dit-il, nuit au développement de l’instruction primaire et de celle des adultes parmi lesquels il compte un grand nombre d’ouvriers de son importante usine.
Sachant de plus que l’état des finances de la commune ne lui permet pas d’exécuter ce travail aussi promptement qu’il est désirable, il fait au Conseil la proposition suivante :
il se chargerait d’exécuter dans un bref délai, avant la fin des vacances prochaines, et s’il est autorisé à temps pour le faire, le plan de complément de l’école communale tel qui vient d’être adopté par le conseil, au prix porté au devis.
la commune n’ayant pour le moment de disponibles que 6000 frs environ, il s’engage à faire l’avance du reste dont il lui sera payé intérêt à 5 %. Il exécuterait gratuitement le prolongement de la maison telle qu’elle figure au plan adopté jusqu’au mur de clôture du jardin de M. Guibourg, suivant un plan accessoire dressé par les soins de la mairie.
Mais ce prolongement, élevé à la hauteur de la maison, et percé symétriquement, ne se composerait que des murs de la charpente et de la toiture sans finition de portes et de fenêtres. Ce prolongement servirait de préau à l’école qui en manque aujourd’hui et pour lequel il avait été mis au chapitre additionnel de 1870 une somme de 1500 frs qui serait ainsi épargnée.
Un autre avantage résultant de cette proposition serait de pouvoir remporter sous le hangar, ou préau couvert, l’escalier qui figure sur le plan de l’allongement de l’école. Cette translation très facile, donnerait environ 3 m de plus à la classe projetée.
Le Conseil, reconnaissant de la proposition qui lui est faite, l’accepte à l’unanimité en votant des remerciements à M. Legal. « L’économie de 1500 frs au moins qui résultera par suite du prolongement de l’édifice jusqu’au jardin de M. Guibourg, représente une somme bien supérieure au rabais que l’on aurait pu proposer en mettant en adjudication la construction projetée. Ce prolongement pourrait très facilement, plus tard, être garni de deux planchers et transformé à peu de frais en adjonction à l’école ».
« Enfin l’offre de M. Legal de prêter à la ville le complément du prix du devis, complément qu’elle n’a pas à sa disposition pour le moment, est une nouvelle raison d’accepter une proposition aussi généreuse ».
Le conseil municipal espère que le Préfet appréciera les raisons ci-dessus, « raisons puisées uniquement dans l’intérêt de l’instruction primaire, combiné avec les considérations financières d’une importance réelle », et qu’il accordera les autorisations nécessaires.
400 messes
Toujours le 5 juin 1870, le conseil municipal donne un avis favorable à l’acceptation par la fabrique de Saint-Nicolas d’un legs de 400 messes (sic !) fait par Mlle Houizeau, sage-femme décédée à Châteaubriant en août 1869.
Le Conseil autorise la vente des boues provenant de la répurgation de la ville.
Le Conseil émet un avis favorable à une demande de la municipalité de Derval tendant à fixer au premier mardi du mois de mai la foire qui se tient actuellement le mardi qui suit la Trinité.
Par suite d’un alignement, M. Robin Pierre, maître d’hôtel dans cette ville, a cédé à la voie publique dans la rue Basse une parcelle de terrain de 9,73 m2. Le Conseil l’indemnise pour 8,38 frs. et demande à être dispensé des formalités de purge des hypothèques légales. Par suite d’un alignement, M. Aubin propriétaire a cédé à la voie publique dans la rue de Couëré une parcelle de terre de 2,05 m2, le Conseil l’indemnise pour 12,30 francs.
Le Conseil municipal rappelle qu’un terrain communal situé près de la mairie au nord de la maison Richet, 480 m2, a déjà été mis en adjudication et aucune enchère n’a eu lieu sur la mise à prix de 6000 frs. Le Conseil municipal considère qu’il importe de vendre ce terrain pour la commune qui a un pressant besoin d’argent et invite le maire à mettre à nouveau en adjudication en abaissant la mise à prix à 4000 frs.
Les habitants de Béré demandent qu’une boîte supplémentaire de la Poste aux Lettres soit établie. Ils exposent qu’ils sont à plus de 1500 m du bureau de poste et qu’il suffirait que la boîte qu’ils réclament soit levée une fois par jour. Le Conseil municipal prie l’administration d’accueillir favorablement cette demande et s’engage à payer les frais de la boîte sur le crédit des dépenses imprévues.
Le Conseil municipal se plaît toujours à exprimer sa vive reconnaissance envers le gouvernement de l’Empereur pour la concession de la voie ferrée de Nantes à Sablé par Châteaubriant et pour la subvention accordée qui permet une exécution prochaine. La Compagnie d’Orléans n’a encore pris aucune disposition. La Compagnie de l’Ouest travaille aux études définitives du tracé et elles sont très avancées. Le Conseil émet le vœu que les travaux commencent le plus tôt possible, entre autres raisons, pour donner de l’ouvrage dans cette année qui sera difficile.
Enfin le Conseil décide l’achat de 20 exemplaires de l’histoire de Châteaubriant. L’auteur n’est pas indiqué.
Les deux bras
10 juin 1870 au sous-préfet au sujet de la rivière de Chère. « Le trouble apporté à l’écoulement réglementaire des eaux de la Chère à partir du pont Glémois est réparé. Maintenant les eaux se partagent régulièrement entre le bras droit qui alimente le lavoir du quartier et le lavoir de l’hospice, et le bras gauche qui passe à la tannerie de Monsieur Basile.
Dans la pénurie d’eau que nous éprouvrons et croyant ainsi y remédier, Monsieur Basile avait jugé à propos de faire de son chef creuser le lit de la rivière et d’enlever des décombres provenant des travaux qu’il avait exécutés. Monsieur Basile ne s’était pas donné l’abondance qu’il espérait mais il était parvenu à priver d’eau totalement le lavoir du quartier et celui de l’hospice. Après plusieurs jours de cet état de choses et de plaintes publiques, j’ai dû rétablir les niveaux afin d’obtenir un peu d’eau pour le Pont Glémois et, selon le droit de tous, partager l’écoulement entre les deux bras de cette partie de la Chère »
- Sur ce plan on voit le Pont Glémois, qui est le pont de l’ancien hôpital, et le bras de la Chère qui se divise en deux, bras nord et bras sud. La situation est la même en 2017.
12 juin 1870 le maire évoque une lettre reçue le 7 juin, copie de la circulaire confidentielle de son excellence le ministre de l’intérieur en date du 23 mai dernier : « J’aurai soin, M. le sous-préfet, de me conformer aux prescriptions que con-tiennent ces deux documents ».
[NDLR : nous n’avons pas le contenu de cette circulaire confidentielle ! Ce genre de pratique n’est pas extraordinaire puisque, dans une étude parue sur Jacques Corbière, ministre de l’Intérieur entre 1821 et 1828 on peut lire ceci : Corbière envoyait des circulaires confidentielles aux préfets pour leur donner les « vrais » ordres : on peut même se demander si certaines circulaires officielles ne sont pas envoyées « pour la forme », tant les instructions données dans les circulaires confidentielles divergent »]…
13 juin 1870 à M. Augeard, fabricant de meubles. « M. Gendry se plaint de ce que vous faites exécuter sur votre propriété, près le ruisseau de Choisel, des travaux qui ont pour résultat de rétrécir le lit de ce ruisseau et d’empêcher les eaux de son moulin [Moulin de Choisel] de s’en aller librement comme elles le faisaient autrefois. Je vous prie, Monsieur, de me donner des renseignements à cet égard ».
14 juin 1870, Monsieur de la Picardière a été élu membre du conseil général et M. Masson élu comme conseiller d’arrondissement.
15 juin 1870 projet d’acquisition d’une maison appartenant à M. Andeol par la fabrique de l’église Saint-Nicolas pour agrandir l’église.
16 juin 1870 envoi au sous-préfet des pièces concernant Louis Freulon, aliéné.
17 juin 1870, cafouillage sur les titres de pension ? Le maire écrit au sous-préfet qu’il n’a pas pu remettre à M. Elie Chatelais le titre de pension numéro 55 063 car cette même personne a déjà obtenu le titre de pension numéro 25 561 le 15 août 1869. En revanche « nous avons quelques militaires non pourvus, entre autres M. Tessier François qui a fait la campagne de Russie et de Waterloo, médaillé de Sainte-Hélène numéro 249 805. Un dossier contenant les documents qui le concernent a été transmis le 24 juillet 1869. M. Tessier est très méritant et dévoué au gouvernement » [Ndlr : M. Elie Chatelais mourra en décembre 1870, sa pension était de 250 frs comme ancien militaire de la République et de l’Empire].
18 juin 1870 au capitaine de la compagnie des sapeurs-pompiers : « Je vous invite à donner les ordres nécessaires pour que la compagnie des sapeurs-pompiers prenne les armes dimanche prochain 19 juin à l’effet d’assister à la procession de la Fête-Dieu »
22 juin 1870 inspection des viandes de boucherie. Le maire écrit au Sous-Préfet : « à Châteaubriant il y a pas d’abattoir. L’inspection des viandes de boucherie est confiée aux soins spéciaux du commissaire de police. Jusqu’ici nos commissaires de police ont exercé une surveillance active surtout ce qui concerne les boucheries (tenue, propreté, salubrité) sur la qualité des animaux et aussi des viandes introduites en ville par les bouchers étrangers. La population se prête bien à donner des renseignements et quand il y a des difficultés, il est nécessaire de recourir aux vétérinaires ».
23 juin 1870 le maire transmet au sous-préfet le dossier relatif au testament de Mlle Houizeau sage-femme à Châteaubriant. Celle-ci a fait des legs divers qui sont contestés par Renée Poirier veuve Fournel. Le maire précise : « le Conseil municipal donne un avis favorable à l’acceptation par le Conseil de Fabrique du legs de 400 messes fait à Châteaubriant par Mlle Houizeau. La commission administrative du bureau de bienfaisance accepte le legs fait aux pauvres et une délibération du Conseil municipal approuve cette décision. Mlle Houizeau, née-décédée à Châteaubriant où elle exerçait la profession de sage-femme, s’était créé une petite aisance.
Elle n’entretenait pas de relations avec ses parents, tous collatéraux et de degrés éloignés. Le conseil municipal et les commissions administratives ont pensé qu’il y avait lieu de respecter les volontés et la liberté de Mlle Houizeau d’employer en œuvres pies, de laisser aux pauvres ce qu’elle avait gagné à Châteaubriant par son travail et son économie. Mlle Houizeau n’avait rien reçu de sa famille et son père dans l’indigence est mort en 1827 à l’hôpital de Châteaubriant ».
23 juin 1870 au sous-préfet : l’adjudication tentée sur la mise à prix de 6000 frs. pour un terrain communal près les halles n’a produit aucun résultat. Le conseil municipal a proposé de baisser les prix à 4000 frs, je vous prie de prier M. le préfet de vouloir bien nous y autoriser .
23 juin 1870 au sous-préfet : l’établissement d’une boîte à lettres à Béré serait une satisfaction pour les habitants de Béré et le Conseil municipal désire qu’elle leur fut accordée. Ce ne sera pas une complication grande pour le service des facteurs et j’espère que l’administration des postes si obligeante n’y mettra pas opposition.
27 juin 1870 au sous-préfet au sujet de la route numéro 163 : « la parcelle de terrain cédée à l’État par Guibert Auguste, forgeron à Béré, pour rectification de la route impériale n°163 lui appartient, pour l’avoir recueillie de la succession de Jean-Baptiste Guibert son père, décédé à Châteaubriant le 7 octobre 1834 ».
27 juin 1870 lettre au Préfet : « nous tenons à grand honneur de vous recevoir solennellement et selon le décret des préséances, à votre première entrée dans notre ville. Ces hommages à tous égards justement prescrits, nous serons heureux de les rendre avec respect et dévouement à vous M. le préfet représentant de l’Empereur, premier magistrat du Département, notre plus puissant protecteur.
Dans ces sentiments je viens vous prier, M. le préfet, de vouloir bien vous rendre à nos vœux et de nous informer par l’intermédiaire de M. le sous-préfet à qui j’ai adressé la même prière, du jour et de l’heure probable de votre entrée ».
Récapitulation scolaire
28 juin 1870 le maire écrit au sous-préfet au sujet du prolongement de la maison d’école (voir conseil municipal du 5 juin 1870) et des propositions de M. Legal.
« Nous avons acheté de Mme de la Touche le terrain nécessaire pour une somme de 3900 frs qui a été payée cette année à l’échéance du terme fixé. La commune n’avait pas de ressources disponibles, elle était grevée du prix de cette acquisition, et aussi des acquisitions à termes des maisons Thuau et Boutruche, comprises dans les vieilles halles, dont M. le préfet avait autorisé la démolition.
Pour effectuer l’agrandissement de la maison d’école, il y avait nécessité de recourir à des centimes additionnels. Cette mesure proposée causa dans le Conseil une grande froideur et de l’opposition parmi les plus imposés qui ne se rendirent pas en nombre suffisant à la convocation.
Depuis, deux ans se sont passés en vains efforts et sans parvenir à rassembler les ressources suffisantes même pour une construction réduite. Mais pendant ce temps la commune a payé, aux termes stipulés, ces dettes d’acquisition. Maintenant la situation financière est parfaitement limpide. Elle a pour ressources :
les excédents de l’exercice clos s’élevant à près de 6000 frs.
un terrain communal estimé à 6000 frs, réduit à 4000 frs pour tenter une nouvelle adjudication. [ce sera en réalité 6510 frs, voir au 15 juillet].
il y a lieu d’espérer quelque boni de l’exercice courant, le budget de l’année 1871 se soldant par un excédent de recettes de 2000 frs.
Dans une position telle, l’autorisation d’emprunter quelque 1000 frs complémentaires ne nous serait pas refusée.
Avec l’agrément du conseil municipal et suivant ses indications, j’ai fait dresser un plan de prolongement de la maison d’école et un devis s’élevant à 11 000 frs. Cette somme dans laquelle est compris un à-valoir de 800 frs et qui à l’adjudication pourrait être réduite d’un rabais de 6 à 10 %, n’excède pas les possibilités de la commune.
Ce plan et le devis venaient d’être approuvés par le Conseil quand M. LEGAL capitaine des pompiers et conseiller municipal, fit une proposition écrite qui fut acclamée et qui a donné lieu à la délibération ci-jointe ». Le maire demande des instructions « pour que nous ayons à nous y conformer ».
27 juin 1870 le maire transmet au sous-préfet l’engagement pris par Mme Freulon répondant pour tous les membres de la famille, de payer la somme de 120 fr. par trimestre de 30 fr. à la caisse de M. le trésorier payeur général de la Loire-Inférieure pour part contributive dans la pension à l’asile Saint-Jacques à Nantes du sieur Louis Freulon son mari.
27 juin 1870 rétribution scolaire due par les élèves de l’école communale pour le deuxième trimestre de 1870 :
élèves de la commune : 360 frs
élèves étrangers à la commune : 108 frs
rôle des élèves gratuits : 63 frs
Total : 531frs
La peinture en 1870
1870 est une année faste :
Paul Cézanne peint L’Estaque.
Gustave Courbet : La falaise d’Etretat après l’orage.
Edgar Degas peint Les Blanchisseuses.
Edouard Manet peint La leçon de musique.
Claude Monet peint L’Hôtel des Roches Noires à Trouville.
Alfred Sisley peint Vue du canal Saint-Martin.