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Accueil > Poésie et contes > Euroka

Euroka

(Bruxelles, 31 décembre 1998, 13 heures, naissance de l’Euro

Euroka criaient-ils n’en pouvant plus de joie
Excités comme jamais et fiers faisant des lois
Et ils déblatéraient ils narraient expliquaient
A qui voulait entendre aux radios aux télés
Que l’étape est franchie que la marche est montée
Que l’Europe est en route pour la stabilité
La croissance et l’emploi et un monde meilleur
Où il fera bon vivre beau temps belle mer bonheur
Que s’ouvre désormais une ère vraiment nouvelle
Où les euros se ra-masseront à la pelle

Euroka criaient-ils et ils téléphonaient
Importants à Paris où tous se trémoussaient
Dans les salons dorés de notre République
Champagne coulant à flots caviar toasts et musique
Ronds de jambes de femmes vivant de politique
Le petit doigt levé et le rire hystérique
C’est merveilleux ma chère cette monnaie unique
Ca oblige au calcul et à l’arithmétique
Et ça met le vison hier coûtant quatre briques
A sept et mille euros voyez comme c’est comique

Coincé dans mon duvet le cul sur un carton
Au pied du Menkenpiss je ronfle comme un con
J’ai trois litres de vin au fond de l’estomac
Et Robespierre mon chien dort à côté de moi
Entre deux rots sonores et un flot de jurons
Une goulée de rouge un enième roupillon
Je rêve de quatre murs d’une famille et d’un toit
De ce que j’ai perdu en paumant un emploi
Je rêve d’une orgie au fond d’une charcuterie
Saucissons et boudins saucisses et salamis

Euroka criaient-ils et ils m’ont réveillé
Fait déguerpir au loin me filant des coups de pieds
Et ils déblatéraient ils narraient expliquaient
A qui voulait entendre aux radios aux télés
Que l’Europe se construit à la force du poignet
Que l’euro c’est génial que le monde va changer
Et qu’il est sans doute même en train de s’arranger
Que dans libéralisme il y a liberté
Que s’ ouvre désormais une ère vraiment nouvelle
Que les euros se ra-masseront à la pelle

Hors-sujet hors-circuit mais ayant tout compris
Du pied du Menkenpiss j’ai donc déguerpi
J’y rêvais d’une orgie au fond d’une charcuterie
Saucissons et boudins saucisses et salamis

J’ai trois litres de vin au fond de l’estomac
Et Robespierre mon chien hurle à côté de moi
Mais chacun a ses rêves et chacun ses combats

Léopold