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Date de mise en ligne : lundi 24 octobre 2005
10 juillet 1793 : Danton est exclu du Comité de salut public par un vote de défiance de la Convention relatif à la politique extérieure.
13 juillet : assassinat de Jean-Paul Marat par Charlotte Corday
17 juillet : exécution de Charlotte Corday à Paris et décret abolissant les privilèges féodaux.
22 juillet 1793, il est question de la contribution mobiliaire des aubergistes de la ville. On découvre alors qu’il y a de nombreuses auberges à Châteaubriant : Le Lion d’Or, la Tête Noire, le Chêne Vert, la Torche, la Croix Verte, la Maison Neuve, La Pompe d’Argent, la Boule d’or, Le Pigeon Blanc, Le Boeuf couronné, Le Cheval Blanc, Les Trois Croissants et l’Aigle d’Or .
26 juillet 1793 : De nombreux citoyens sont réunis « en assemblée primaire » suite au décret de la Convention Nationale du 27 juin précédent organisant le plébiscite constitutionnel : les 124 présents, à l’unanimité, acceptent l’acte constitutionnel « garant inviolable du bonheur, de la gloire et de la prospérité nationale ».
31 juillet : sur rapport de Bertrand Barère, la Convention décrète que les tombeaux et mausolées des « ci-devant rois », élevés dans l’église Saint-Denis, « dans les Temples et autres lieux », dans toute l’étendue de la République, seront détruits le 10 août qui suit.
1er août 1793 : la couverture et la charpente du maître-autel de la Chapelle St Nicolas ont un urgent besoin de réparations : « il mouille sur la dite voute ce qui pourrit la maçonnerie laquelle tombera sur le dit maître-autel ce qui causera une très grande dépense s’il n’y est pas remédié ». Décision de faire faire un devis estimatif.
1er août 1793 : la Convention Nationale ordonne de détruire la Vendée en pratiquant la tactique de la terre brûlée. 18 000 hommes, de la garnison de Mayence, sous les ordres de Kléber, y sont envoyés
4 août 1793 : l’assemblée du Conseil Général de la Commune se demande où elle doit établir l’autel de la Patrie . Il est question du « Champ de Mars » ???? qui apparemment est distinct de la Place St Nicolas. Il est prévu pour le 10 août u ne grande fête : « les commandants de la Garde et de la Gendarmerie Nationale seront convoqués à se trouver avec leurs troupes en armes sur la Place St Nicolas, aux 10 heures du matin ». Les troupes « se rendront sur le Champ de Mars sur lequel sera dressé l’autel de la Patrie. Les drapeaux déployés, elles iront au Bruit des Tambours meslés par intervalles de couplets de l’hymne des Marseillais et celui de la Réunion. Elles y prêteront le serment de maintenir la liberté, l’égalité, la sûreté des personnes et des propriétés, la République une et indivisible ».
Les boutiques de la ville devront être fermées de 10 heures du matin à une heure de l’après-midi. Les Corps constitués prêteront le même serment.
9 août 1793 : le citoyen qui fournit de la viande à l’hôpital demande qu’on la lui paie 10 sous la livre, au lieu de six sous. Le Conseil Général de la commune accepte « considérant qu’il est de la connaissance publique que les bestiaux ont augmenté de près de moitié » depuis la dernière décision prise à ce sujet.
La fête du 10 août
10 août : fête solennelle à Paris pour le premier anniversaire du 10 août de 1792, le jour où le peuple donna l’assaut aux Tuileries et où l’Assemblée Législative décréta la suspension du roi et la convocation d’une Convention
Guerre totale en Vendée
14 août : les Vendéens sont gravement battus devant Luçon après deux jours de combat. Ce sera leur dernière tentative.
20 août 1793 : le Corps de Garde de Châteaubriant demande qu’on lui achète un poêle à la Vente du Boisdulier.
23 août : la Levée en masse du Peuple Français est décrétée par la Convention. » Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances ; les femmes feront des tentes et serviront dans les hôpitaux ; les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l’unité de la République » . Ce décret ne sera appliqué que très partiellement mais son effet psychologique sera grand. Outre le ton épique de sa rédaction, c’est la première fois dans les temps modernes que toutes les ressources d’une nation en guerre sont mises sous la main du gouvernement.
23 août 1793 : lecture à Châteaubriant d’un Décret de la Convention Nationale du 30 mai précédent, touchant la réquisition de la force armée publique « dans les diverses circonstances qui en sollicitent l’emploi ».
24 août : Le Conseil Général de la commune arrête « qu’il sera formé un rôle de tous les citoyens lequel servira de nouvel état de population qui contiendra le nom, l’âge des hommes, leurs qualités d’homme marié ou célibataire, le nombre d’enfants qu’ils auront ».
25 août 1793 : « il a été donné lecture d’un arrêté des représentants du peuple près l’armée des Côtes de Brest ». Suite à quoi, tous les habitants en état de porter des armes, sans exception, sont convoqués le lendemain à 8 heures du matin place St Nicolas « pour aviser aux moyens de faire le recrutement de 54 hommes » pour garder la rive droite de la Loire. Par la suite, des groupes de « 54 hommes » seront recrutés régulièrement pour assurer la relève des précédents.
Il s’agit en effet de faire face à la révolte des Vendéens. Ceux-ci passent la Loire à Varades en octobre 1793, parviennent à Laval par Candé, Segré et Château-Gontier. Ils occupent Fougères en novembre, mais ne réussissent pas à s’emparer de Granville, ni d’Angers. Mais le 10 décembre 1793 ils prennent Le Mans, dont ils sont délogés deux jours plus tard. Ils s’enfuient vers Ancenis, par Craon, Pouancé et St Mars la Jaille. Certains franchissent la Loire, d’autres se regroupent à Blain. Finalement l’armée républicaine, conduite par Kléber et Marceau est poussée vers les marais de la Grande Brière. Peu de Vendéens en réchappent. Ainsi finit tragiquement l’aventure de la Grande Armée Catholique et Royale qui occasionna la présence de nombreuses troupes à Châteaubriant, ce qui ne fut pas sans poser de gros problèmes.
En ce début septembre 1793 nous sommes en pleine guerre contre les Vendéens dont la Grande Armée Catholique et Royale mène des actions non loin de Châteaubriant : Ancenis, Angers, Blain. Les Vendéens circulent dans la région, obligeant Châteaubriant à prendre de nombreuses mesures pour se protéger des « brigands » d’autant plus qu’elle se sait dans un pays hostile puisque d’importants rassemblements d’insurgés ont eu lieu en mars 1793 à Rougé, Soudan, Derval, mais surtout à Issé et Moisdon et dans la Forêt de Juigné. La crainte est de voir les insurgés de mars 1793 rejoindre les Vendéens. La période de septembre 1793 à fin décembre 1793 est donc marquée par l’importance des mesures de protection décidées en ville et par la présence de nombreux hommes de troupe.
2 septembre 1793 : l’hôpital n’a plus de subsistance que pour 2 jours, « il n’a plus de grain, et plus de numéraire pour lui en procurer ». L’hôpital manque aussi de bois, de beurre et de toutes les denrées nécessaires aux pauvres et aux malades et « si les administrations ne viennent pas de suite au secours de l’hôpital, il faut mettre dehors les pauvres et les malades à moins qu’on ne les y laisse périr de misère ». La municipalité réitère les demandes qu’elle a déjà présentées au Comité de Secours Publics et au Ministre de l’Intérieur, mais dit aussi que la manufacture de l’hôpital doit avoir des fonds considérables « et qu’il est d’usage immémorial que dans les temps de détresse cette manufacture prête des sommes pour la subsistances des pauvres et des malades ». La directrice de l’hôpital, la citoyenne Gallouïne est donc priée de rendre des comptes (actif et passif).
5 septembre 1793 : à Paris, les Sans-Culottes envahissent la Convention qui les accueille pacifiquement. Robespierre accepte d’entériner une bonne partie de leur programme : arrestation des suspects et épuration des comités révolutionnaires chargés de les rechercher. Création d’une armée révolutionnaire de 6 000 hommes et 12 000 canonniers. Remaniement du Tribunal Révolutionnaire, promesse d’un « maximum » général sur les denrées et sur les salaires. La « Terreur » est à l’ordre du jour.
11 septembre 1793 : décret de la Convention instituant le maximum des grains : c’est la généralisation du décret du 4 mai 1793.
17 septembre 1793 : la loi des suspects est adoptée par la Convention Nationale. C’est de cette loi qu’on peut dater le début de l’application pratique de la Terreur.
Suspicion
Sont suspects : ceux qui se sont montrés partisans de la tyrannie et du fédéralisme ; ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; les émigrés ; les ci-devant nobles et parents d’émigrés qui n’ont pas manifesté leur attachement à la Révolution ; et tous ceux qui ne peuvent pas justifier de leurs moyens d’exister et de l’acquit de leurs devoirs civiques. Ce texte est suffisamment vague pour justifier tous les excès .
11 octobre 1793 : une seconde division de 54 hommes est levée à Châteaubriant pour remplacer pendant 15 jours, à Ancenis, sur la rive droite de la Loire, ceux qui sont déjà partis. Les citoyens sont convoqués pour établir ainsi un tour de rôle tous les quinze jours, sans pouvoir refuser.
23 septembre 1793 : réquisition de foin et d’avoine dans les campagnes. Les propriétaires et fermiers qui ont des grains doivent en faire la déclaration au greffe de la municipalité.
27 septembre 1793 : état et estimation des chevaux de trait et des chevaux de selle de la commune , « autres que ceux qui sont employés à l’agriculture ». Il est décidé de faire « marquer au col et dans la figure, d’un bonnet de la liberté, les chevaux sujets à réquisition ».
Par ailleurs est demandé un nouvel état de la population.
3 octobre 1793 : ordre du Département « de requérir sur le champ tous les laboureurs et charretiers du territoire de la commune ayant boeufs et charrettes pour qu’ils aient à partir sur l’heure et se rendre à Nantes », munis de 8 jours de nourriture pour eux et pour leurs bestiaux : pain, farine, grains et foin. Il s’en trouva 63 à partir ainsi .
4 octobre 1793 : la loi du 11 septembre 1793, qui fixe un maximum du prix des grains, farines et fourrages, vient de parvenir à Châteaubriant. Elle est mise en application immédiatement « le grain ne pourra être vendu à compter du prochain marché que le prix fixé par la loi ».
Calendrier républicain
5 octobre 1793 : la Convention adopte un nouveau calendrier, qui débute au 22 septembre 1793. Chaque mois fait désormais trente jours, et est divisé en trois décades. Chaque décade comporte dix jours appelés Primedi, Duodi, Tridi, Quartidi, Quintidi, Sextidi, Septidi, Octidi, Nonedi et Décadi.
Les mois de l’année sont :
En Automne :
- Vendémiaire : Premier mois
- Brumaire : Deuxième mois
- Frimaire : Troisième mois
En Hiver :
- Nivôse : Quatrième mois
- Pluviôse : Cinquième mois
- Ventôse : Sixième mois
- Au Printemps :
- Germinal : Septième mois
- Floréal : Huitième mois
- Prairial : Neuvième mois
- En Eté :
- Messidor : Dixième mois
- Thermidor : Onzième mois
- Fructidor : Douzième mois.
Douze mois de trente jours, ça fait 360 jours.
Mais comme la terre tourne autour du soleil en 365 jours environ, le calendrier républicain a donné un nom particulier à ces cinq derniers jours : ce sont les Fêtes Sans-Culotides, de la Vertu, du Génie, du Travail, de l’Opinion et des Récompenses.
Le Dimanche n’existe plus. Le jour de repos des fonctionnaires publics est désormais fixé chaque Décadi, les autres citoyens peuvent prendre un jour par décade, celui qu’ils veulent, « pour leurs délassements et leur repos ».
Une seule cloche
8 octobre 1793 : par décret de la Convention du 23 juillet 1793, il est décidé de ne laisser qu’une seule cloche par paroisse. Le Conseil Général de Châteaubriant décide de conserver celle de la Chapelle St Nicolas.
14 octobre 1793 : pour renforcer la protection de la ville contre les brigands, trois « guérittes » sont placées, l’une à la porte du receveur, l’autre à celle de la prison et la troisième à celle du Corps de Garde.
14 octobre aussi : il est décidé de constituer un « comité de surveillance » composé de 12 membres « qui ne peuvent être choisis ni parmi les ecclésiastiques, ni parmi les ci-devant nobles, ni parmi les ci-devant seigneurs et leurs agents » (conformément à la loi du 21 mars 1793).
14 octobre : pour bien distinguer le lieu des séances du District et de la Municipalité, il sera fait deux drapeaux tricolores , et une « fête pour solenniser » cette installation, au son des tambours, avec toutes les troupes en marche et aux cris répétés de « Vive la Nation, vive la République »
Plus de savon
24 octobre 1793 : il n’y a plus une livre de savon chez tous les marchands de la ville. Le Corps municipal de Châteaubriant demande à la municipalité de Nantes un permis de sortir deux caisses de savon. Ce savon sera distribué entre tous les chefs de famille par deux commissaires nommés à cet effet.
Le même jour le Conseil Général de Châteaubriant passe commande à Rennes de 10 000 « billets de logement et de bons d’étape pour la troupe ». Ces « bons d’étape » dont il sera souvent question par la suite correspondent aux rations quotidiennes des soldats.
24 octobre 1793 : « échange d’assignats contre de gros sous, à tous les chefs de famille et de maison ».
27 octobre : brûlement sur la place St Nicolas, en présence des corps constitués, et des gardes nationaux, des titres féodaux et archives de Châteaubriant « et autour du feu ont été chantés des hymnes patriotiques ».
3 novembre 1793 : il est décidé de faire murer la Porte St Michel et la Porte de la Poterne, toujours par mesure de sécurité.
5 novembre 1793 : ordre à tous les citoyens, en cas d’attaque, de sortir de leur maison et de tenir ouvertes les issues et portes qui aboutissent aux remparts, pour permettre aux troupes et à la Garde de se déplacer rapidement.
18 brumaire (8 novembre 1793) : c’est la première fois qu’on voit apparaître le nouveau calendrier républicain dans le cahier des délibérations de Châteaubriant . Ce jour-là on apprend que la citoyenne Gallouïne, directrice de l’hôpital s’est enfuie sans rendre des comptes et que l’hôpital est totalement abandonné au soin d’une simple domestique depuis le 29 octobre dernier. La citoyenne Marteau demande à être nommée directrice en disant « Je n’ai de fortune que celle de mon travail. Et je suis chargée d’un loyer de 110 livres et j’ai un père âgé de 81 ans que je ne puis abandonner et qui doit nécessairement me suivre ».
Mais, coup de théâtre, voilà que la citoyenne Gallouïne, faisant valoir que son départ n’était pas une fuite mais « une retraite dictée par le Général (il s’agit sans doute du Conseil Général de la Commune) et approuvée par les représentants du peuple », revient prendre son poste de directrice.
Réveil de la Société Populaire
22 brumaire (12 novembre 1793) : le citoyen Méaulle, député de Châteaubriant, réunit un grand nombre de citoyens de la ville. Il exprime sa douleur « sur la dissolution de l’ancienne société populaire » ; « J’ai commencé dans cette ville la Révolution. Les patriotes m’ont aidé à la soutenir. Sans société populaire la chose publique ne peut aller à son but. Il faut que celle de Châteaubriant reprenne ses activités ».
La société populaire de Châteaubriant décide de se réunir à nouveau, sous le nom des « Amis de la République » et de reprendre contact avec le Club des Jacobins de Paris « le vrai point central d’où jaillissent les rayons de la liberté », et de garder un contact régulier avec Méaulle.
Ce même jour, les membres de la Société Populaire estiment que « la ville de Châteaubriant a un nom qui contrarie les principes actuels qui sont ceux de la simplicité » : pétition est faite auprès de la Convention pour que le nom de Châteaubriant soit changé en celui de Montagne sur Chère « pour effacer toute idée qui pourrait rappeler la plus faible image du despotisme ».
25 brumaire (15 novembre 1793) : la société populaire de Châteaubriant prend diverses décisions concernant les cultes religieux . Par exemple : « la république n’admettant plus de culte dominant, ainsi nul ministre de peut à l’extérieur porter un costume distinctif ». Les ecclésiastiques pourront être admis à la société des Amis de la République, à condition qu’ils n’occupent aucune place dans l’ordre politique et qu’ils mettent sur le bureau « leurs lettres de sacerdoce pour être consultées ».
Un nouveau règlement interne est élaboré pour ce qui devient « La société républicaine de Châteaubriant ». L’article premier retient le grand principe « que nous ne devons pas faire à autrui ce que nous ne voulons pas qui nous soit fait ». L’article 2 dit que « les membres de la société passeront l’un après l’autre au scrutin épuratoire ». Les Présidents de cette société continueront à être élus tous les mois, les séances seront publiques et auront lieu à 5 heures du soir le jour de l’arrivée des courriers. Tous les membres prêteront le serment « d’être fidèles à la République, de maintenir de tout leur pouvoir et jusqu’à la mort son unité, son indivisibilité, de faire une guerre éternelle aux rois, à la tirannie, à l’aristocratie et au fédéralisme, de garantir la sûreté des personnes et des propriétés et de défendre la liberté et l’égalité »
26 brumaire : la société républicaine de Châteaubriant demande à la Convention l’autorisation de brûler les archives des Evêchés et des officialités. (En fait on apprend qu’un tri a été effectué et que des papiers ont déjà été brûlés ). La lettre à la Convention dit ceci : « La société républicaine de Montagne sur Chère ci-devant Châteaubriant te prie de détruire jusqu’aux dernières traces du fanatisme. Elle voit à regret les archives des Evêchés et des officialités. Elle désire qu’il en soit fait des autodafés pour réchauffer les sans-culottes, à moins qu’on ne veuille les conserver pour écrire l’histoire critique du clergé ; mais les anciens nous ont appris qu’il ne fallait pas troubler les cendres des morts ». Et c’est signé de Louard, président.
Un membre demande que de part et d’autre du fauteuil du Président de la société républicaine de Châteaubriant soient placés le drapeau tricolore et le Bonnet de la Liberté.
La société républicaine de Châteaubriant demande à la Municipalité de se réunir une fois par jour pour délibérer sur les affaires d’urgence . Elle décide en outre de nommer en son sein un « Comité de sûreté générale » et de porter désormais le nom de Société Républicaine de Montagne sur Chère.
Réquisitions et réclamation
26 brumaire (16 novembre 1793) : les troupes casernées à Châteaubriant viennent réclamer du bois, du sel et du « ritz ». Le Conseil Général de la Commune estime que c’est au Directoire du District de nommer des « commissaires de guerre » et des fournisseurs pour délivrer à la troupe ce dont elle a besoin. Le même jour le Directoire du District fait faire une réquisition des selles, brides, bottes, sabres, pistolets, du foin et de l’avoine appartenant aux particuliers de la commune et décide que « ceux qui seront trouvés bons pour le service de la cavalerie seront estimés et payés ». Les habitants qui ne se conformeront pas à cet ordre de réquisition seront considérés « comme de mauvais citoyens et mis en état d’arrestation jusqu’à la paix »
L’avoine est aussi réquisitionnée : 40 000 quintaux sont imposés dans le district de Châteaubriant. Le Conseil Général de Châteaubriant estime que c’est impossible mais décide que, s’il s’y trouvait une telle quantité, le surplus devrait servir à ensemencer, « nourrir les bestiaux de la cavalerie qui passe de temps à autre à Châteaubriant » et fournir aussi de l’avoine aux messagers et voituriers publics.
Considérant par ailleurs que la sécheresse de l’été passé a fait manquer de foin dans le district de Châteaubriant, le Conseil Général arrête que tout le foin qu’on trouvera « sera mis à disposition des agents militaires ».
Plus de 15 000 hommes
Le logement et la nourriture des militaires sont un problème permanent pour Châteaubriant à cette époque. De plus les troupes ont le plus grand besoin de chaussures. Il est demandé à tous les républicains de la commune qui ont plusieurs paires de souliers de les apporter au District qui en comptera le prix.
Un citoyen se plaint de ce que des militaires ont logé chez lui en son absence, alors qu’il avait été envoyé par la Municipalité à Rennes. « en travaillant gratuitement pour la municipalité, je croyais avoir quelque droit à la reconnaissance ». Il ajoute : « Plus de 15 000 hommes des troupes républicaines viennent de passer en cette ville. Une partie des militaires a logé chez l’habitant et un grand nombre dans les édifices publics. Lorsqu’ils ont passé et séjourné en cette ville, j’étais absent. Personne n’ignore que je suis seul et que si je m’absente les portes de mes appartements sont fermées, je laisse mes clefs chez le citoyen Ballais, procureur de la commune. Mon absence et surtout les motifs qui l’avaient déterminée devait m’exempter du logement. (...) Comme les portes étaient fermées, les militaires se préparaient à les enfoncer mais pour donner une apparence de régularité à cette action, un officier municipal se présenta afin d’autoriser l’entrée des militaires ». Ce citoyen rend d’ailleurs hommage à Mme Ballais, la femme du procureur, qui prit le soin de mettre à couvert « mes papiers et autres effets fragiles ». « Ainsi est entré dans ma maison un grand nombre de militaires ; leur affluence a été prodigieuse, il n’y avait aucun chef de maison. Je ne me plains point de leur conduite, ils m’ont fait la grâce de me bien accueillir à mon arrivée »- « Je prétends seulement me mettre à couvert des poursuites que l’on pourrait intenter contre moi en cas de perte de quelques papiers relatifs soit à mes fonctions publiques, soit à mes affaires particulières ».
27 brumaire (17 novembre 1793) : La société républicaine de Montagne sur Chère demande de faire couper un nombre suffisant d’arbres dans les différentes forêts nationales des environs « afin de proposer aux tanneurs du paÿs le tan nécessaire à la fabrication des cüirs ».
Le curé de la paroisse ayant demandé de prier pour la puissance temporelle, la société estime que « la puissance temporelle ne convient qu’à la tirannie. Aussi ne doit-on pas employer cette expression devant un peuple libre ».
L’arbre de la Liberté
La société républicaine de Montagne-sur-Chère trouve que l’arbre de la Liberté qui existe sur la place publique n’est décoré d’aucuns des attributs de la liberté. il faut le remplacer par « un arbre nouveau décoré de tous les signes civiques » et pour cela organiser une « auguste cérémonie » : « les citoyennes de la commune sont invitées d’ajouter à l’ornement de la fête par leur présence. Elles auront soin de préparer les signes et emblèmes patriotiques que la délicatesse du goût leur suggérera »
Le 1er frimaire (21 novembre 1793) : Rendez-vous est donné à tous dans la salle commune, « Ensuite nous sommes allés sur le rempart St Michel d’où nous avons fait conduire l’arbre de la liberté jusqu’à la place destinée à sa plantation et nous avons fait attacher au dit arbre un drapeau tricolore avec cette inscription : notre union fait notre force, et ensemble un bonnet de la liberté. Le dit arbre avec sa décoration civique a été élevé au son des tambours, des acclamations du peuple, et des cris mille fois répétés de Vive la République. Le dit arbre a été arrosé par le commandant de la force armée et le citoyen maire ». Pour finir tout le monde a dansé autour de l’arbre de la liberté en chantant des chants patriotiques et républicains. La cérémonie s’est terminée par un discours.
2 frimaire (22 novembre 1793) : il est dressé un tableau des différentes communes « qui sont dans l’usage de fréquenter le marché » de Châteaubriant. On en trouve 41 .
3 frimaire (23 novembre 1793) : il fait froid. Le Corps municipal demande autorisation à l’administration du district de couper trente quatre cordes de bois dans les forêts nationales pour chauffer le tribunal, le comité de surveillance, la Maison Commune et le Corps de garde.
3 frimaire : La société républicaine de Montagne sur Chère demande à la municipalité de « faire toutes les diligences convenables pour l’exécution pleine et entière de la loi sur le maximum des denrées et archandises ». Il y a urgence, sans doute puisqu’un membre signale qu’un marchand de la commune de Châteaubriant refuse de vendre la chandelle de suif au prix du maximum.
La société républicaine se soucie des femmes : les citoyennes qui assisteront aux séances de l’assemblée occuperont l’intérieur du parquet de la salle, les membres affiliés de la société se placeront ensuite.
Un membre se plaint de ce que, en ville, dans l’enceinte des murs et sur les remparts, retentissent des coups de fusils et autres instruments à feu et demande que ces excès soient réprimés. Les contrevenants seront poursuivis et seront « responsables des actes de leurs enfants que l’âge met à l’abri de poursuites criminelles ».
L’instruction publique exige qu’il soit donné lecture à jour et heure fixes des lois et papiers publics. « Il y a aussi des précautions à prendre pour que des malveillants n’arrachent pas les loix qui sont affichées ».
5 frimaire (25 novembre 1793) : voilà que le citoyen Delaporte a pratiqué un passage de son jardin sur celui de l’hôpital, en déracinant une partie de la haie sur une largeur d’environ 3 pieds. Le Corps municipal décide de faire « toutes les suites convenables contre les hauteurs et fauteurs de la dite voie de fait ». (le citoyen qui tient le registre municipal a écrit « les hauteurs » au lieu des « auteurs » !).
5 frimaire : il est à nouveau question d’organiser la garde nationale et de partager la commune en 5 quartiers. Des lieux de réunion sont attribués :
- Ceux du quartier de la Barre dans la salle verte du ci-devant Château
- Ceux de la Place de la Liberté dans la salle publique du Tribunal
- Ceux du quartier de la Grande Rue dans la salle Basse de Duhamel
- Ceux du quartier de la Torche dans la grande salle de Boisdullier
- Ceux du quartier de Couéré dans l’église de Béré.
7 frimaire ( 27 novembre 1793) : Sur proposition d’un membre de la Société Républicaine de Montagne-sur-Chère, il est décidé que les sociétaires se tutoieront les uns les autres et que ceux qui ne s’y conformeront pas seront rappelés à l’ordre. Questions plus matérielles : la société envisage de se pourvoir d’un poêle et d’une certaine quantité de bois pour la commodité des sans-culottes qui assisteront aux séances.
9 frimaire (29 novembre 1793) : on annonce l’arrivée du 10e bataillon de la garde nationale parisienne, 2500 hommes sous les ordres d’un général de Brigade. Des mesures sont prises pour permettre la libre circulation d’une certaine quantité de savon et autres objets pour l’usage et les besoins pressants de la commune. Ce passage d’hommes à Châteaubriant désorganise les choses au point que la municipalité ne peut pas organiser la Garde Nationale comme elle l’avait décidé les jours précédents. Elle décide donc d’y procéder le 22 frimaire.
19 frimaire (9 décembre 1793) : départ du contingent pour la défense d’Ancenis (toujours 54 hommes). Lecture d’une lettre du citoyen Méaulle sur la situation politique où se trouve la République et « sur la supercherie du prêtre ». Lecture d’une lettre du ministre de la guerre qui contient un exemplaire de la loi du 19 brumaire laquelle invite les citoyens à faire des offrandes à la patrie « en chemises, bas et souliers ».
23 frimaire (13 décembre 1793) , la société républicaine de Montagne sur Chère demande à la municipalité de pourvoir à la propreté des rues. Elle signale aussi que le passage de l’armée, et son casernement au château, obligent à faire des réparations. De plus les armées ont consommé une grande quantité de bois, plusieurs particuliers ont vu disparaître en un instant leur provision pour l’hiver. Elle suggère donc de faire le plus vite possible des coupes de bois pour permettre aux habitants de s’approvisionner ... mais il faut pour cela l’autorisation du département !
Gare aux brigands
24 frimaire (14 décembre 1793) : les troupes de Kléber et Marceau ont infligé une sévère défaite à l’armée vendéenne au Mans. Les fuyards se dirigent vers Ancenis par Craon, Pouancé et St Mars la Jaille, ou se réfugient dans les forêts comme celle de Juigné. A Châteaubriant il est décidé d’organiser la permanence d’au moins deux personnes dans la maison commune. C’est la mobilisation : tous les citoyens sont tenus d’illuminer sur le champ leurs maisons, pour qu’il n’y ait pas d’ombre propre à cacher les brigands. Tous les habitants qui ont des militaires chez eux doivent les avertir de se rendre sur le champ sous les galeries du château.
27 frimaire (17 décembre 1793) : l’armée manque de souliers. Injonction aux habitants d’apporter des souliers à la maison commune. « pour être fait estimation et le prix payé à ceux qui l’exigeront ».
29 frimaire (19 décembre 1793) : des commissaires sont chargés de faire des visites chez tous les habitants du canton de Châteaubriant, d’y saisir tous les souliers qui s’y trouveront, de faire l’état des cordonniers et des tanneurs.
29 frimaire : la Convention décide de créer des écoles primaires obligatoires, gratuites et laïques.
3 nivôse (23 décembre 1793) : les débris de la Grande Armée Vendéenne sont anéantis à Savenay. C’est la fin de la Grande Guerre de Vendée. Mais les guérillas et exactions de la Chouannerie dureront encore bien longtemps.
4 nivôse (24 décembre 1793) : le citoyen Turoche, curé constitutionnel de la paroisse de Châteaubriant déclare que 200 hommes des armées de l’Ouest et du Nord ont logé dans son presbytère et ont presque tout volé en son absence (notamment un ornement brodé de soie de toutes couleurs).
5 nivôse (25 décembre 1793), lecture, lors d’une réunion de la société républicaine de Montagne-sur Chère, de deux lettres « très intéressantes » relatives aux victoires remportées sur les brigands par les armées de la république.
9 nivôse (29 décembre 1793) : lecture de la loi sur la libre circulation des grains et sur l’approvisionnement des marchés. « les boulangers ne pourront faire et vendre qu’une seule espèce de pain. La mouture sera uniforme et il ne pourra être extrait plus de 15 livres de son par quintal de toute espèce de grain. Cependant, tout citoyen qui ne sera pas boulanger pourra faire moudre ses grains plus économiquement et en fera extraire moins de son ».
9 nivôse : le trésorier de l’hôpital informe le Conseil Général qu’il n’a de pain que pour deux jours et demande, vu le défaut d’approvisionnement en grain des marchés, à être autorisé à en prendre chez les particuliers qui en ont à vendre.
9 nivôse : on annonce « la reprise de Toulon par les armées républicaines, (qui s’est produite 10 jours plus tôt) et la prise des armées combinées, anglaises, espagnoles et napolitaines ». « Le corps municipal dans le saint anthousiasme d’une victoire qui va rétablir la paix dans la France et fonder à jamais la République une et indivisible » arrête de faire connaître cette heureuse nouvelle à son de tambour dans tous les endroits accoutumés de la ville.
10 nivôse (30 décembre 1793) : « Cette joie ne doit pas rester concentrée, elle doit être marquée par tous les signes extérieurs qui sont en notre puissance’ ». Considérant que le lendemain est jour de marché et qu’il ne faut pas nuire aux marchands et aux ouvriers, le Corps municipal décide de faire un feu de joie « sur la place neuve du château », que ce feu de joie sera précédé et suivi d’hymnes à la liberté et à l’égalité. Manque de chance, la Convention a décidé qu’il y aurait une fête nationale à une date unique pour la France entière. La fête est donc différée.
10 nivôse : Un citoyen se plaint de ce qu’il est boulangé du pain « au grand four » qui n’est pas fabriqué comme le pain ordinaire « et qui se vend au delà du maximum ». La société demande aux officiers de police « de ne pas souffrir qu’il soit fait, pour vendre, d’autre pain que celui d’égalité ».
Post-scriptum :
Sources :
Archives municipales séries 1 D et 1 S
Almanach de la révolution Française (Ed Encyclopaedia Universalis)
Les Brigands du Roi, par Alain Racineux
(1) District : on dirait aujourd’hui arrondissement
La commune est administrée par un « Conseil Général »
Le rédacteur des cahiers hésite sur l’orthographe, il parle aussi bien d’un « hauteurs » d’un délit pour désigner les auteurs de ce délit