L’histoire racontée par Bruno Leroy
« Une toute petite histoire de Châteaubriant en Bretagne et dans la grande histoire de France » : le livre que vient de publier Bruno LEROY se veut modeste, mais il se lit comme une chevauchée fantastique sur grand écran où apparaissent simultanément l’histoire de la France, du Duché de Bretagne et de Châteaubriant . C’est une sorte d’épopée, complétée en fin de livre par un tableau synoptique bien pratique, où sont brossés à grands traits les événements qui ont marqué notre pays, depuis l’arrivée des Celtes jusqu’à la dernière guerre mondiale. L’auteur ne nous perd pas dans les méandres des alliances, mésalliances, vainqueurs et vaincus, combinaisons politiques et religieuses, combats et conquêtes, règlements de compte et tueries, il trace son chemin, notre chemin, jetant, comme le Petit Poucet, des points de repère à partir desquels chacun pourra aller vagabonder pour approfondir tel ou tel point d’histoire.
Le fil d’Ariane, dans ce dédale de plusieurs siècles, c’est bien sûr Châteaubriant : castelbriantais d’origine, « amou-reux de sa ville, de son château, de ses rues, de son âme », Bruno Leroy replace sa « petite histoire » dans la grande histoire de France, et le lecteur s’apercevra, s’il l’a oublié, que cette petite histoire épouse de très près la grande histoire, que les seigneurs de Châteaubriant, hommes et femmes, y ont contribué et que cette petite bourgade longtemps rurale, a vraiment une personnalité.
Gens de peu
S’il a parlé des « grands » de chez nous, Brient 1er, Françoise de Dinan, Jean de Laval, les Princes de Condé, et tant d’autres, Bruno LEROY n’a jamais oublié les « gens de peu », le peuple : ils sont au détour de chaque récit et l’on sent que l’auteur a une chaude sympathie pour eux, pour « ces petits qui restent des petits », pour « ces paysans pauvres et craintifs, abandonnés et soumis à la férocité des terribles envahisseurs Vikings », pour ce peuple à qui « nul ne demande son avis et [qui] n’est là que pour faire, une fois de plus et comme de toujours, les frais de la guerre ». Tandis que les « grands » organisent tournois et réceptions, croisades aventureuses et construction de superbes châteaux au service de leurs ambitions personnelles, pendant que certains doivent mettre fin à leurs rêves de grandeurs en échange d’une fortune colossale (il est bien connu que la paix n’a pas de prix !, commente Bruno Leroy), « les castelbriantais vivent dans la peur et la pauvreté. Non seulement ils se voient obligés d’approvisionner en vivres les troupes de la garnison, mais il leur faut, de plus, payer de lourdes taxes ». Ils paient, ils paient encore et toujours, « alors que les classes privilégiées jouissent, pour leur part, de nombreuses prérogatives » et avantages. « Ainsi en est-il, parfois, des relations des puissants avec leurs sujets ».
A la lecture du livre, on sent que ce « parfois » a un petit air de « toujours » et on sait de quel côté penche, viscéralement, le cœur de l’auteur. « Ambition démesurée, rêve de grandeur et de gloire, désir de pouvoir, corruption, intolérance, racisme, fanatisme religieux, chômage, misère et révolte sont, comme au temps jadis et pour ne pas changer, les ingrédients jamais démodés de la comédie humaine »
Ce livre n’a donc rien d’un manuel scolaire, ni d’un ouvrage d’historien (l’auteur s’en défend), ce n’est pas non plus une œuvre littéraire, ni un guide touristique, C‘est un livre au vocabulaire simple et courant qui doit permettre aux Castelbriantais « de connaître et d’aimer un peu plus leur ville et de s’approprier son histoire même énoncée de façon succincte. Quant aux autres, gens de passage, ils pourront ainsi garder un souvenir écrit de leur découverte de Châteaubriant » et voir passer, dans le vent de l’histoire, les personnages de cette région, gens de cour et gens de peu.
Comme dit Yves Cosson, qui signe la préface, cette approche joint la précision à la concision, bannit toute prétention et tout ennui. « Des séquences brèves et fortes s’enchaînent comme des flashes ». « une belle vigueur, une fresque fascinante » à mettre entre toutes les mains, « ouvrage de vulgarisation qui s’adresse à tous, petits et grands, de 12 à 92 ans et plus ».
Le livre est en vente au prix de 10 euros., à la librairie Lanoë (Grand Rue),
à La Cave (près de l’étang de la Torche), au Mott’Pressing de la place de la Motte et à l’Office de Tourisme. (02 40 28 20 90)
Une toute petite histoire de Châteaubriant en Bretagne et dans la grande histoire de France, par Bruno Leroy. Prix 10 €.. Tél 02 40 81 03 52
Histoire et Patrimoine
Le premier numéro de la revue Histoire et Patrimoine, est sortie pour la Foire de Béré. Sur 96 pages, il se présente en trois parties :
Un dossier : Le pays de Châteaubriant, histoire et identité, par Ch. Bouvet
Des études : le pays de Châteaubriant des origines à la clairière médiévale (J.Claude Meuret) - La baronnie de Châteaubriant au milieu du XVIe siècle (A. Pacault) - Le Pays de Châteaubriant en 1793-95 (Maryvonne Bompol) - Rayonnement et heures sombres de l’abbaye de Melleray 1789-1875 (Ch. Bouvet) - Restaurer un patrimoine industriel, la Hunaudière en Sion-les-Mines (J. Franco) - Le décor renouvelé de St Jean-Baptiste de Béré (Fr. le Bœuf).
des témoignages : Nozay dans le premier tiers du XXe siècle (Asphan) - les premières années de l’entreprise Huard (manuscrit inédit de Francis Huard) - Vivre à la ferme à Soudan entre 1924 et 1929 (Francis Renaud).
L’ouvrage est illustré de nombreuses reproductions de documents dont, ci-contre, un extrait de la carte Bretagne (1927) où Nantes est représentée par ses conserveries de poisson, où Guérande est caractérisée par le sel, où Rennes, Vannes et Ploërmel dansent, et où l’on festoie dans le pays de Châteaubriant (à la Foire de Béré ?).
L’ouvrage se veut un ouvrage de spécialistes destiné au grand public, « aux personnes qui veulent comprendre l’histoire et œuvrer pour mettre en valeur le patrimoine du Pays ». Contrôlé par un comité scientifique et par un comité de rédaction, un numéro paraîtra chaque année pour la Foire de Béré.
En vente à la Librairie Lanoë : 15 euros.
L’évêque est mort, vive l’évêque
Philippe Gabe, de Châteaubriant, vient de publier un nouvel article dans une revue s’intéressant à l’histoire médiévale. Après l’histoire de Grégoire de Tours (relire La Mée du 7 août 2002), c’est à Guillaume Le Maire qu’il s’est intéressé. Evêque d’Angers de 1291 à 1317, sous le règne de Philippe IV le Bel, il appuiera son souverain dans sa démarche de confiscation des biens des Templiers qui mènera finalement à la dissolution de cet ordre.
Mais ce n’est pas pour cela que Philippe Gabe « ressuscite » Guillaume Le Maire, mais pour le livre qu’il écrivit durant son épiscopat « et offre des tranches de vie et des tableaux paroissiaux parfois savoureux ». Ce livre a été publié en 1872 seulement et s’ouvre par la description du rituel funéraire utilisé pour l’enterrement de Nicolas Gellent évêque d’Angers étendu « sur une litière funèbre couverte d’un coussin de soie surmonté de deux pans d’étoffe de soie dorée et joints ensemble, avec la mitre, le bâton pastoral et l’anneau pontifical ». Cortège « plein de respect », et diverses stations, emmènent le corps jusqu’à la cathédrale, porté par les hauts dignitaire de l’église et Gui de Chemillé, seigneur angevin, « second baron de la crosse ». La cérémonie dura un temps infini : à partir du mardi 30 janvier à l’aube, processions, messes, vigiles, tierce, sexte et vêpres se succédèrent, dans une débauche de cierges autour du chœur, du pupitre ou de l’estrade, du maître-autel et de chacun des autres autels, « et en outre avaient été allumées autour du corps vingt-quatre nouvelles torches ». ce n’est que le jeudi 1er février 1291 que l’évêque trouva le repos éternel après trois jours de cérémonies !
Le livre de Guillaume Le Maire décrit aussi la coutume et le rituel dans son diocèse, « mettant en scène de simples roturiers, de modestes chevaliers, de pauvres clercs et moines qui côtoient, de l’autre côté du miroir de la société, le haut clergé où les abbés, les évêques et les dignitaires peuvent rivaliser de richesses et de privilèges, et les grands seigneurs, fiers de leurs droits, de leurs territoires et de leur puissance »
Article de Philippe Gabe à lire dans le numéro 34 de « Histoire Médiévale » qui comporte aussi un dossier sur l’art campanaire au Moyen-Age. Prix 5,95 €. En vente chez l’éditeur http://www.harnois.fr