sommaire général — Sommaire "Histoire"
Les pompes à bras
Un compagnon de Molière
Moines et ribaudes
Les pompiers à Châteaubriant
Souvenirs, souvenirs
Le pendu et le poulet
Le feu à Maganis ...et les nuages toxiques
Le feu à l’abattoir
Les hommes tout terrain, toutes catastrophes
Des stages de médecine de catastrophe
Un VSR, deux VSAB, trois MPR
Grandeur et misère des pompiers
LE FEU : Celui du soleil, celui des entrailles de la terre, le feu des orages et des douces soirées d’automne.
LE FEU, celui qui cuit la nourriture, réchauffe l’homme et fond le métal.
LE FEU, symbole de vie. Symbole de mort aussi lorsqu’il se déchaîne en incendie.
LE FEU, celui que Prométhée ravit aux dieux pour l’offrir aux hommes ; celui que Lucifer, de toute éternité, attise pour tourmenter les dames.
LE FEU : le plus grand ennemi des pompiers.
Dès la plus haute antiquité, les hommes ont su qu’il fallait se protéger des incendies. Ils avaient remarqué que la pluie éteignait le feu et que les lacs et rivières stoppaient sa progression. Mais qui le premier eut l’idée de projeter de l’eau sur le feu ? Les Chinois ? Les Romains ?
Les Romains, autrefois, utilisaient des « siphones », des sortes de grandes seringues qu’ils remplissaient d’huile bouillante pour asperger leurs ennemis. L’idée leur vint un jour de se servir d’un tel « siphon » pour éteindre les incendies.
Le système fut perfectionné par Ctesibius (d’Alexandrie), dans les années 130 avant Jésus-Christ : une grande pompe aspirante et refoulante, composée de deux corps de pompe cylindriques avec des pistons verticaux. Des barres manœuvrées par plusieurs hommes permettaient d’abaisser et de relever alternativement les pistons.
Il a fallu attendre le XVIIe siècle pour que la seringue soit perfectionnée. Mais c’est un allemand, Hautsch de Nuremberg qui mit au point la première machine à laquelle le hollandais Jan Van der Heide apporta un complément important : une tuyauterie de cuir flexible permettant de fournir de l’eau à distance. Ainsi naquirent les « pompes à bras » dites « pompes hollandaises ».
Les premières pompes à bras ont été fabriquées en France à partir de 1710, à l’initiative de Dumouriez, sociétaire de la Comédie Française et compagnon de Molière. Rapidement, les grandes villes se dotent des pompes : Rouen (1729), Orléans, Lyon (1735), etc... Partout il se crée des corps de « garde-pompe », les secours sont professionnalisés et proches des lieux éventuels d’intervention. De plus, ils sont gratuits. En effet, auparavant, les sinistrés devaient payer l’intervention des secours ce qu’il fait qu’ils essayaient d’abord d’éteindre le feu par eux même et n’appelaient les garde-pompe que trop tard, quand l’incendie avait pris une ampleur considérable.
La « Pompe à vapeur » a été inventée par l’américain Abel Schwak en 1860. Elle est introduite en France en 1867 par Thirion. Ce sont encore des pompes attelées et ce n’est que vers 1904 que les engins automobiles apparaissent. En 1914-1918 le fourgon pompe succède aux pompes à vapeur.
Les premières grandes échelles datent de 1833. Elles sont dotées de la traction électrique vers 1902 et deviennent pivotantes vers 1921.
Par la suite, avec l’évolution foudroyante des techniques, les pompiers sont équipés de matériels très performants :
é**d’un côté, des véhicules à tout faire (fourgons-pompe, échelles, voitures de secours aux asphyxiés et blessés)
-**d’un autre côté, des véhicules hautement spécialisés : camions citernes pour feux de forêts, véhicules de secours routier (avec désincarcérateurs, réanimation, etc), fourgons-pompe tri-extincteurs (eau, poudre, mousse), etc...
Pour découvrir ces matériels, rendez-vous au Centre Principal de Châteaubriant, le jour de la Ste Barbe, pour des démonstrations.
Moines et ribaudes
Dans la Rome Antique, le service de lutte contre l’incendie était assuré par des esclaves publics puis par des entreprises privées. L’empereur Auguste créa le Corps des Vigiles composé d’affranchis qui avaient reçu la promesse d’obtenir le « droit de cité » (c’est-à-dire d’être citoyen à part entière) après 6 années de service.
Au Moyen-Age, la lutte contre le feu était laissée aux volontaires et surtout aux Moines et aux ...prostituées.
En 803, Charlemagne prescrivit pour chaque ville la désignation d’habitants devant veiller à la sécurité de tous pendant la nuit. En 1254, Louis IX (dit « Saint Louis ») institua le « guet bourgeois » assuré par divers corps de métiers. Ce sont les « quarteniers », chargés de la surveillance d’un quartier.
En 1363 et 1367 apparut le « guet assis » : postes de garde à certains carrefours. En cas d’incendie, le tocsin alertait les habitants désignés pour combattre le feu et faire la « part du feu », c’est-à-dire détruire, autour du foyer d’incendie, tout ce qui pourrait l’alimenter.
Charles V prit en 1371 diverses mesures de prévention : fermeture des soupiraux, interdiction de travailler à la lumière après le « couvre-feu », obligation de placer des seaux d’eau à l’entrée des maisons.
Les premiers pompiers de Paris étaient les moines des ordres mendiants : Capucins, Cordeliers, Jacobins, Augustins et Carmes. « Ces religieux se portaient avec une agilité extrême, malgré leur lourde robe de bure, sur le théâtre des incendies. Chacun d’eux portait une hache à la ceinture et deux seaux doublés de cuir. Quelques-uns traînaient des échelles. Leur tête rasée n’était pas pour défendue par un casque de cuivre et leurs sandales légères livraient leurs pieds nus aux brasiers de l’incendie ».
Les moines étaient assistés par les prostituées, celles qu’on appelait des « Ribaudes » : « toutes les femmes de joie doivent porter des seaux vers les feu » dit un arrêté royal du 8 décembre 1472.
Les moines et les Ribaudes étaient les plus précieux auxiliaires de la lutte contre l’incendie, parce que les premiers étaient faciles à joindre dans leurs abbayes et que les secondes étaient presque toujours chez elles pour exercer leur « métier ». En ce temps-là, un feu nécessitait beaucoup de main d’œuvre pour faire la chaîne et porter les seaux d’eau nécessaire et qu’il fallait souvent faire venir de fontaines éloignées.
« On peut éteindre n’importe quel feu dans sa première minute avec un verre d’eau, que dans la deuxième il faut un seau, dans la troisième un tonneau et qu’ensuite il faut des torrents... ou encore prendre la fuite » disait Louis Lépine, préfet de Police parisien et inventeur du « Concours Lépine ».
Le plus souvent, les volontaires pour la lutte contre le feu, étaient recrutés chez les artisans et ouvriers du bâtiment : maçons, menuisiers, charpentiers, plombiers :
On pensait que ces citoyens « sauraient mieux manier la hache, percer un mur et découvrir un toit, et qu’ils seraient plus hardis que d’autres à monter sur le faîte des édifices et dirigeraient mieux l’action de la pompe que le maçon n’abattrait pas inconsidérément un jambage de porte ou une cloison portant plancher, que le charpentier n’attaquerait pas les pièces de charpente qu’on appelle tyrans, arbalétiers ou la pièce de faîte au risque d’écraser un bâtiment qu’on peut conserver et qu’enfin le couvreur serait plus adroit à s’élancer sur d’un toit à un autre pour diriger la pompe » disait le Comité de Sûreté Générale de Paris dans les années 1790-1800.
En 1716, DUMOURIEZ, sociétaire de la Comédie-Française, créa un corps de 60 « gardes-pompe » : ce fut l’embryon du Corps des « Sapeurs-Pompiers » qui ne prit ce nom qu’en 1821 lorsque Napoléon militarisa le Corps des Pompiers : c’était quelques années après l’incendie de l’ambassade d’Autriche qui avait fait de nombreuses victimes et avait failli coûter la vie à l’impératrice Marie-Louise.
En 1822 un premier « Congrès des Pompiers de France » demande la création de pensions pour les veuves et les orphelins de pompiers morts au feu, l’obligation pour les communes de prévoir un corps de sapeurs-pompiers, et...la dotation des sapeurs-pompiers du fusil nouveau modèle dont, bien sûr, ils ne se serviraient que pour un service d’ordre et la défense de la patrie.
Le 5 avril 1884, reprenant un texte du 24 août 1790, une loi rendit les maires responsables de « faire cesser les accidents et fléaux calamiteux, tels que les incendies, les inondations, etc » mais sans entraîner l’obligation de mettre sur pied une organisation. Ce n’est que depuis le décrêt-loi du 12 novembre 1938 que les communes doivent prendre en charge les dépenses de personnel et de matériel relatives aux services de secours et de défense contre l’incendie.
Si les maires prennent en charge ce minimum de dépenses pour les secours, ils n’ont pas toujours compris l’importance de la médicalisation de ces secours. En Loire-Atlantique, c’est à trois hommes que l’on doit d’avoir une organisation au « top niveau » : d’abord au Docteur GAUTIER, médecin colonel des Pompiers qui a fait comprendre l’importance d’une couverture médicale la plus complète possible, même pour des régions comme la nôtre, éloignée des grands centres. Il a été suivi et soutenu par Xavier HUNAULT et Charles Henri de COSSE BRISSAC qui ont su avoir une vue prospectrice de l’organisation des secours. C’est grâce à eux si l’ensemble du département est doté d’hommes compétents et de matériel performant. (texte écrit en mars 1988)
Pompiers de Châteaubriant
De quand datent les premiers pompiers de Châteaubriant ? Sans doute d’assez loin comme partout en France. Voici seulement quelques points de repère :
Châteaubriant s’était dotée d’une moto-pompe, en cuivre rouge s’il vous plaît. Elle a servi jusqu’à la première guerre mondiale environ. Elle était logée dans un local qui se trouvait, près de l’église de Béré, dans l’angle du cimetière et de la rue Armand Franco (là où se trouvent maintenant des toilettes publiques). Les soldats du feu étaient dotés de casques en cuivre, avec jugulaire en écailles de cuivre aussi. Le casque arborait un plumeau dont la couleur variait selon le grade du pompier. Ces casques, gravés « sapeurs-pompiers de Châteaubriant » ont été jetés lors de l’arrivée des premiers casques en aluminium, et des castelbriantais ont eu récemment la surprise d’en trouver à vendre, qui en Allemagne, qui en Angleterre, à des prix faramineux, chez des antiquaires.
Les pompiers étaient armés de sabres. Certains ne servaient que pour la parade, d’autres étaient destinés au service d’ordre lors des incendies, pour écarter la foule toujours avide de voir. En 1888, les pompiers ont été dotés de fusils « Remington, modèle égyptien avec sabre-baïonnette ».
Volontaires pour porter secours à leurs concitoyens, les pompiers avaient sans doute de solides qualités sportives mais ils avaient aussi un bon coup de fourchette, si l’on en juge par le menu de la Ste Barbe :
Potage perlé
Bœuf à la jardinière
Canard aux Navets
Chevreuil sauce vapeur
Oie aux marrons
Gigues de Chevreuil
Dindes-Poulets
Salade
Galantine
Choux de Bruxelles - Haricots
Desserts
Vins Blancs et Rouges
Madère - Bordeaux
Champagne
Café
Punch
Sept sortes de viandes, sept légumes et plusieurs desserts. De multiples vins, café et pousse-café...
L’histoire ne dit pas si nos ancêtres mangeaient effectivement tous les plats.
Mais il est sûr qu’ils savaient faire la fête et goûter les plaisirs de la table.
(Menu de la Ste Barbe 1893, tel qu’il a été rapporté par la presse de l’époque) - archives de Michel Charron.
Au début du siècle, le premier commandant du Corps des Pompiers de Châteaubriant fut le Commandant BACHELLERIE, un commerçant en tissus de la place de la Motte. Dans les années ? , le capitaine des Pompiers était Lucien MENUET, un serrurier qui avait son atelier rue de la Vannerie. La plupart de ses ouvriers étaient pompiers aussi : Bernard BRAUD, Jean GUILLET, le père MICHEL, les deux fils MENUET (Maurice et Georges). Quand un feu était signalé, toute l’entreprise se portait au secours, appelant les autres pompiers à l’aide du clairon ou des cloches de l’église.
Le ferronnier Arsène LOUIS était pompier aussi, avec ses ouvriers et son gendre Louis GOIZET. Tous, ils avaient le souci de la Sécurité Publique avant celui de leur entreprise artisanale.
Après le décès de Lucien MENUET, la responsabilité du corps des Pompiers fut assumée par Victor MARTIN puis par Arsène LOUIS.
Vers 1932,35, le maire Ernest-BREANT décida de structurer les Pompiers et il chargea un employé municipal, Georges GALLAIS, de la comptabilité et du secrétariat. Il fit voter des crédits et des subventions pour le service de secours et donna des primes aux pompiers.
Après la seconde guerre mondiale, en 1949, le maire Paul HUARD fit appel à un officier, le Lieutenant Henri LABROUSSE qui était pompier de Paris depuis 15 ans. LABROUSSE, venant d’un corps militaire (parce que les pompiers de Paris sont des militaires, c’est pourquoi on les appelle des « sapeurs » comme les soldats du Génie) avait l’habitude du commandement et savait organiser rationnellement la formation des hommes, l’entretien du matériel et l’organisation des secours. C’est à partir de cette année-là (1949), que le groupement des pompiers volontaires devint progressivement un Centre de Secours puis un Centre de Secours Principal.
Après Henri LABROUSSE, il y eut LE CHEVALIER puis le capitaine BERTONNEAU, ensuite le capitaine Michel GABé, puis le lieutenant Pierre DESCAMPS, auquel a succédé le lieutement Patrick Descamps en juin 2001, lui même remplacé par Antoine Monteiro le 3 janvier 2005
Souvenirs ... souvenirs
Il y a de tout dans le souvenir des pompiers de la région : des récits douloureux, d’autres touchants ou tragi-comiques et des actions de grande envergure.
Douloureux, le cas de ces puisatiers de Conquereuil, en 1955, qui vit s’écrouler sur lui le puits qu’il creusait. Il fut impossible aux pompiers de Châteaubriant de déblayer les tonnes de roche et de terre qui l’envelissaient : il n’y avait pas à l’époque les moyens mécaniques actuels. Les pompiers et le prêtre appelé en renfort, n’ont pu qu’assister le gars dans...la mort. On dit qu’Arsène LOUIS, responsable des pompiers, ne s’est jamais remis de ce drame. Il est mort quelques temps après.
Autres souvenirs douloureux : ceux de la dernière guerre, des bombardements à Châteaubriant et surtout de Nantes où il y eu 4000 morts la première fois et 1500 morts la deuxième fois. Les pompiers castelbriantais, appelés en renfort, s’en souviennent bien.
Il y a aussi les trop nombreux accidents de la route, le vendredi soir en particulier—et les jeunes qu’il faut aller « décrocher » parce qu’ils ce sont pendus un soir de désespoir. Il y a aussi le souvenir du crime raciste de la rue de Couëré, commis dans un café turc, en novembre 1984, par un jeune qui « n’aimait pas les étrangers ».
« C’est vrai que, des fois, on a envie de pleurer, ou de gueuler contre tout ce qui provoque ces détresses. Mais sur le coup, on n’y pense pas : on porte secours ».
Le pendu et le poulet
Il y a quand même des souvenirs plus heureux : celui de cette jeune fille tirée in extremis de la mare où elle s’était jetée par chagrin d’amour. Ou celui de ce castelbriantais, commerçant sur le marché, « miraculé », sauvé de l’asphyxie au gaz par les efforts acharnés des pompiers. Une fuite de gaz au sous-sol, une chute, l’accidenté était déjà tout bleu. Il a fallu plus de deux heures de réanimation pour le sortir de ce mauvais pas.
Il y a aussi des épisodes tragi-comiques. Les pompiers, un jour, sont appelés pour un gars qui s’était pendu au bout des brancards d’une charrette à cheval. Dans le hangar, la femme et la fille du gars sont en train de plumer chacune un poulet. Un pompier demande une élastique. « T’as une lastique la mère ? »—« Non, j’en ont point besoin ». La mère et la fille continuent à plumer la volaille. Les pompiers ressuscitent le gars et demandent où le mettre. Ils se dirigent vers la chambre. « Ah dame point, il nous a assez embêtées comme ça ». Et la mère et la fille continuent à plumer leur poulet... Les pompiers sont rentrés hilares chez eux. Quinze jours après, le gars se pendait à nouveau. L’histoire ne dit pas si la femme et la fille lui ont fait une belle oraison funèbre.
Il y a des « sorties » plus touchantes, quand il faut aller récupérer, au bord d’une fenêtre, ou dans un endroit dangereux, un gamin qui risque de tomber... ou un chat qui miaule désespérément. A Paris il arrive que les pompiers soient appelés pour sauver un moineau englué sur une branche par le goudron qu’il a aux pattes.
Il y a les gestes ordinaires, routiniers presque, des pompiers appelés pour un feu de cheminée, ou l’inondation d’une cave ou même pour un nid de guêpe qui, en une matinée, s’est fixé sur la porte d’une habitation (c’est arrivé à Châteaubriant dans le quartier de Renac). Dans ces cas-là, pas de caractère de gravité, donc pas de stress.
« Savez-vous que la maladie des pompiers c’est l’infarctus ? nous a-t-on dit, mais pas à cause des efforts physiques, à cause du stress ».
Souvenirs ... souvenirs
Le feu à Maganis
Dans la mémoire des pompiers de la région, il reste le souvenir de certains grands feux :
le feu de la forêt d’Araize, juste après la guerre. Les gars puisaient de l’eau dans les trous laissés par les bombes de la guerre, pour arroser le pied des arbres à protéger. Du sol partaient régulièrement de courtes flammes, comme des fusées. Intrigués, les pompiers se sont tout-à-coup aperçus qu’ils étaient au bord d’anciens entrepôts de munitions laissées là par les allemands (des tonnes paraît-il) qui avaient aussi semé des mines dans la forêt. C’est un miracle s’il n’y a pas eu de blessés par bombe !
le feu du Collège Ste Marie (vers les années 1920) n’a pas été oublié non plus, pas plus que celui qui prit un soir de Noël à la patisserie Janin. « on nous a appelé pendant la messe de Minuit. J’ai descendu la grande nef de l’église en courant...ce que je n’aurais jamais fait en temps ordinaire. Il nous fallait faire vite car il y avait un dépôt de butane-propane dans le magasin d’à côté ».
il y eu aussi le feu de la Galissonnière en 1965 (qui avait pris dans les poulaillers du château)—et celui de la minoterie d’Erbray « où un pompier s’était rendu si vite qu’il avait mal enfilé ses bottes et mis deux bottes gauche ». Et puis, il y eut le violent feu de Maganis.
Le feu à Maganis (le magasin portait alors le nom de Nouvelles Galeries). C’était en janvier 1964. Le feu avait pris un vendredi vers 16h30, dans le magasin qui venait juste d’être rénové. Vers 20 h le sinistre était maîtrisé mais, vers une heure du matin, il reprit : « imprévisible, incroyable, inconcevable, tragique » disait la presse de l’époque. Les flammes étaient aperçues à des kilomètres aux alentours et la fournaise laissait échapper des nuages incandescents jusqu’à la flèche de l’église Saint Nicolas. Tout le quartier était menacé. Des secours venaient de partout, de Rougé, de Moisdon, de Pouancé, avec l’aide de l’inspecteur départemental des services de secours, venu tout exprès de Nantes. Il fallut 3 heures de travail et 1000 m3 d’eau pour venir à bout des flammes. On ne compta pas de victimes et les maisons voisines , tout en ayant souffert, avaient globalement été épargnées. Le quartier avait eu « chaud ». Les pompiers aussi, qui avaient lutté au coude à coude, pendant des heures, farouchement solidaires.
Plus récemment, les pompiers se souviennent du feu dans la forêt de Domnaiche, à Lusanger, en août 1976, l’année de la grande sécheresse. Plus de 400 hectares en feu, 300 hommes mobilisés pendant 3 semaines. Le plus grand sinistre qu’ait connu cette forêt après ceux de 1936 (180 hectares en feu) et de 1944 suite à des combats pour la Libération.
A peine fini à Domnaiche, le feu prenait à Caratel et menaçait jusqu’à saint Vincent des Landes. Ensuite, le feu prit dans la forêt de Juzet, à Guémené. Dure période où les pompiers de la région furent sans cesse mobilisés, avec l’appui de ceux de Nantes et de l’Ille et Vilaine.
Et les nuages toxiques
Si les grands feux, heureusement, se font plus rares, on trouve maintenant davantage de « risques technologiques ». Le cas le plus spectaculaire a été celui du nuage toxique de Nantes en octobre 1987 : un nuage de 5 km de large, toxique à un haut degré. 25 000 personnes ont dû être évacuées et n’ont subi aucun dommage, mais de nombreux animaux ont été retrouvés morts chez des particuliers, victimes du chlore et du peroxyde d’azote qui composaient le nuage. « Si l’ensemble du stock d’engrais avait brûlé, il y aurait eu de quoi faire un nuage de deux mètres d’épaisseur, sur une longueur de 300 km et il aurait été impossible à quiconque d’y rester plus d’un quart d’heure sans risquer sa vie » ont dit les chimistes de la Faculté des Sciences de Nantes.
Ce que l’on ne sait pas, c’est que ce genre de risques est plus fréquent qu’on ne le croit. Il y a quelques années, Châteaubriant a connu un début de nuage toxique quand le feu a pris dans le magasin d’engrais situé dans la rue de Belêtre. La commune de Pierric, quelques temps avant Nantes, a connu une fuite d’ammoniaque dans la citerne d’un agriculteur : tout a été brûlé dans un rayon de 75 m autour et il a fallu l’intervention des pompiers pour stopper la fuite. « C’est pourquoi les pompiers doivent être formés à toutes les techniques d’intervention. On ne peut plus faire d’amateurisme » nous a-t-on dit.
Pas d’amateurisme
Les risques sont tout proches de nous, y compris dans nos maisons habillées de polystyrène. Ce matériau isolant, quand il brûle, dégage du chlore. Qui le respire n’en est pas durablement incommodé mais, quelques années plus tard, il ne faut pas être étonné si des petits trous apparaissent au poumon...
C’est pourquoi les pompiers insistent fortement sur la prévention, la formation des hommes et leur entraînement à l’utilisation des matériels. Etre pompier, c’est un bénévolat exigeant.
Le feu à l’abattoir
Les hommes tout terrain, toutes catastrophes
Des stages de médecine de catastrophe
Un VSR, deux VSAB, trois MPR
Grandeur et misère des pompiers