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La ferme expérimentale (2) -

Ecrit en mars-avril 1986

 Connent les essais de Derval peuvent modifier la gestion de la région

40 habitants au km2, est un seuil, pour les économistes, au-dessous duquel l’aménagement se trouve compromis. On ne peut maintenir une qualité des services (voirie, transports, écoles, santé) qu’au prix d’impôts grandissants. Hélas, l’hémorragie rurale dure depuis près d’un siècle. Lentement, mais sûrement, le capital humain déménage au profit des métropoles, emmenant avec la richesse de ses cerveaux, la part de patrimoine qui lui revient. Les villes captent toutes les énergies : épargne, investissements, commerces, services, emplois, etc. Exemple, sur le canton de DERVAL, les résultats sont alarmants : en 47 ans, le canton a perdu 22 % de la population totale. Au moment où l’on parle d’aménagement rural, la réalité est au déménagement.

En dehors du canton de Châteaubriant, les autres cantons sont au-dessous du seuil critique de 40 habitants au kilomètre carré.

Sauf Châteaubriant, tout l’espace castelbriantais a vu cette densité se réduire depuis 1968.

Lorsqu’en 1973 la Chambre d’Agriculture s’installe comme locataire dans la ferme de Derval, c’est pour réaliser un programme qui avait une grande longueur d’avance sur les besoins qui s’exprimaient dans les foires et Comines de l’époque. Il a fallu aux responsables agricoles une singulière audace pour conduire, sur les techniques nouvelles, des essais qui vont déranger les mentalités, peu « amoureuses » jusque là, des changements. Pourtant l’heure est venue d’analyser la situation castelbriantaise pour stopper les déménagements que tout le monde peut observer.

Tant qu’il ne s’agissait que des cultures et des élevages traditionnels, on savait que c’était parce que leur degré de mécanisation n’était pas suffisant et on ne cherchait même pas à savoir qui était responsable de cette situation d’exode rural.

Mais déménager plus de la moitié des actifs agricoles en moins de 20 ans et, avec eux, déstabiliser tout l’espace rural castelbriantais déjà insuffisant en densité de population pour supporter la charge des services minimum (voirie, écoles, transports, santé, etc.) aurait justifié un peu plus de rigueur de la part de ceux qui avaient en charge la gestion de cette région.

Si GERER consiste à tirer le meilleur parti, sur un territoire donné, des moyens disponibles (sols, climat, capitaux, techniques, hommes), il est temps de RESTRUCTURER le peu qui nous reste sur les créneaux pointus qui vont, demain, concentrer les richesses autour des pôles aptes à supporter les nombreuses transformations technologiques qui arrivent.

 La distillation du lait ou du soja

Ces technologies nouvelles vont modifier les aires de production et les marchés actuels : fleurs, fruits, légumes, vont connaître des mutations nombreuses mais d’autres plantes sont également capables de dégager de bonnes valeurs ajoutées, comme les protéagineux, la création et la préparation des graines et plants futurs qui vont mettre sur la touche toute une génération de producteurs attardés, accrochés à leurs habitudes. Ce n’est pas pour rien que des sociétés pétrolières comme ELF-Aquitaine investissent dans les bio-technologies de l’agriculture. Le « Vert » est en effet bien plus juteux que ce qui sort des usines où l’on pratique le cracking du pétrole ordinaire. Ce sont des milliers de corps simples et de molécules nouvelles, que l’on peut ensuite conditionner au gré des clients solvables, que l’on obtient en distillant du lait ou du soja.

Certes il est déjà tard de vouloir greffer sur une population agricole vieillie et incapable de se renouveler, des modifications de systèmes de culture et d’élevage qu’annoncent et entraînent les techniques essayées à la ferme expérimentale de DERVAL. Mais, pour pouvoir intégrer le coût qu’entraîne la maîtrise de l’eau (drainage + irrigation) il faut un taux de croissance que l’arrivée des quotas laitiers ne permet plus. Pourtant la région a atteint un seuil de désertification que la pyramide des âges révèle à tous ceux qui veulent l’analyser et qui a des conséquences incalculables. Il n’est plus possible de reporter à plus tard les décisions qui s’imposent : une loi d’airain implacable frappe aujourd’hui cultures et élevages traditionnels, faute d’une mécanisation suffisante.

Faut d’analyser, de mesurer exactement l’économie et les valeurs ajoutées du Castelbriantais, faute aussi d’imaginer à temps les voies de l’avenir qu’attendaient les jeunes, notre région s’est asphyxiée irrémédiablement. Mais qui peut préparer et conduire la mutation nécessaire ?

 Des équilibres nouveaux à rechercher

Trop axés sur la Production agricole, les quotas de production mis en place à Bruxelles stoppent net l’économie de la région. Pour changer la vocation fourragère des terres du Castelbriantais, il aurait fallu drainer, comme cela s’est fait dans les autres pays du Nord de l’Europe. Tant que cela ne sera pas fait, il sera difficile de modifier les cultures.

Il faut d’abord conforter l’agriculture par des travaux d’infrastructure : remembrement, drainage, desserte et réseaux. Il faut ensuite greffer des usines de transformation des produits pour conserver sur place toutes les valeurs ajoutées possibles.

C’est donc à une PLANIFICATION de l’Espace Rural qu’il faut se préparer, en se méfiant des pièges des Filières. Ces dernières poussent à des spécialisations rapides en éliminant les agriculteurs qui ne sont pas assez performants.

Se méfier aussi des concepteurs qui restent dans les bureaux Parisiens et souhaiteraient que, dans les campagnes, on exécute les ordres.

Enfin, il ne faudrait pas exclure ceux qui parient sur la poly-activité car elle est souvent nécessaire pour préparer la mesure des moyens à engager dans la spécialisation.

Tanneries : article déplacé