Des difficultés avec le maire
L’histoire se passe en février 1835. La mairie se trouvait alors à la Porte Neuve, par suite d’un bail signé avec Martin Connesson. Le maire de l’époque était M. Lebreton.
En pleine réunion de Conseil Municipal, M. Connesson se plaint « des difficultés qu’il a avec le maire ». Il dit que le 26 janvier 1834, quand il a renouvelé le bail au profit de la mairie, il a posé une condition « qu’on ne dansât pas comme on le faisait depuis quelques temps et qu’on ne fit pas d’assaut d’armes ».
Oui mais voilà, Martin Connesson constate que depuis un an les bals ont continué et qu’au Carnaval « une société de jeunes habitants y ont mangé et dansé pendant 48 heures, à en faire trembler la maison ! » que des spectacles y ont été établis et qu’il est arrivé que même le soir les spectacles finissent à 9 heures. « Une dame de noces a même demandé de rester jusqu’au matin ! »
Insécurité !
Martin Connesson demande au Conseil de se mettre à la place des autres locataires de la maison « qui ont droit à la tranquillité et à la sécurité » et dont le repos se trouve continuellement troublé « et même la vie compromise car, le feu ayant pris dans le foyer de la Salle du Conseil, on découvrit que 50 à 60 kg de poudre étaient renfermés dans un placard adossé à cette salle, ce qui était suffisant pour faire sauter la maison ! »
Martin Connesson ajoute que le maire a autorisé un comédien ambulant à donner des représentations dans la grande salle. Il insiste, il dit qu’il défend les intérêts des locataires, et les siens, en demandant que cette maison soit, ce qu’elle aurait toujours dû être, « une maison d’ordre dont la mairie doit la première donner l’exemple ».
Le maire se défend ! dit que ces plaintes sont exagérées et que, en permettant de danser dans la grande salle, il n’a fait que suivre ses prédécesseurs ! M. Ballais, le maire précédent, dit que, lui, pendant son mandat, il n’a donné qu’un seul bal de souscription pour les pauvres, avec l’accord du propriétaire et que, une autre fois, un professeur de musique y a donné deux concerts, toujours avec le consentement du propriétaire, et que d’ailleurs « il n’a jamais cru avoir le droit de le faire d’autorité ! »
M. Connesson ajoute que, M. Delourmel (qui fut maire aussi) ne l’avait permis qu’une seule fois en deux ans, et que M. Bivaud, adjoint, ne l’avait jamais permis !
Curieux de bas étage
Un autre membre du Conseil donne son point de vue : il est peu digne d’une mairie d’affecter les appartements à des danses de noce et autres divertissements « corrélatifs ». Il précise quand même qu’il ne se passe rien d’indécent dans la salle même, mais ajoute qu’il n’en est pas de même des abords et des vestibules « où une foule de curieux de bas étage viennent s’établir, sauter et danser, et que les individus se répandent dans les escaliers jusqu’à la porte du locataire supérieur et qu’il s’y passe d’étranges choses, sans compter les ordures dont ils garnissent l’escalier ».
La discussion a encore continué quelques temps et Martin Connesson a invité le Conseil à lui déclarer s’il garderait la mairie. Le Conseil a décidé d’aller visiter l’hôtel du Boisdulier afin de se faire une idée des lieux et de voir si la mairie pourrait s’y établir ....