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Eglise de Béré : Visite par l’intérieur
Entrer ensuite dans l’église par le porche sud.
- Chapitreau - Porche Sud
- En premier plan : un gros pilier de schiste vert
Le carré du transept se compose de 4 arcades à triple voussures, dont l’arc est légèrement brisé
Ces arcades à arêtes vives reposent sur des piles rectangulaires accostées de colonnettes surmontées de chapiteaux et tailloirs. Sur l’un des chapiteaux on voit une crosse abbatiale. Sur une autre : un cheval.
Une coupole octogonale, montée sur trompes, recouvre la croisée du transept
Autrefois, l’autel de l’église St Jean de Béré était très simple, seulement décoré de deux lourds chandeliers d’étain. Il était éclairé par les oculi, fermés de vitraux de couleur représentant divers saints dont St Martin. Au dessus apparaissait un "ciel de lit" avec rideaux à franges rouges ou simples toiles blanches ; sous lequel était suspendu le "sacraire" (tabernacle mobile qui se descendait avec une corde) . Un peu plus tard le sacraire devint fixe et on y montait par un petit escalier placé derrière l’autel.
Il n’y avait pas de sacristie, mais de grands coffres en bois contenant les habits sacerdotaux, linges et vases sacrés. Le Doyen Blays a fait construire les sacristies en 1678
- Retable de Gaspard Robelot
- Retable de Gaspard Robelot, la partie supérieure
Le retable du maitre-autel, (décor qui surmonte la table de l’autel) est dû au sculpteur d’Angers, Gaspard ROBELOT, Il a été construit entre 1659 et 1665. Conçu comme un décor de théâtre, son but est d’exalter l’Eucharistie face à la "Réforme" (protestante) et aux thèses des Protestants qui ne croyaient pas au Christ présent dans l’hostie et qui contestaient le culte de Marie accusé de porter ombre au culte du Christ.
Ce retable est l’un des plus beaux de Bretagne. Il est fait de tuffeau et de marbre (noir, gris, rose) venu de la région de Laval.
Pour éclairer ce retable, le doyen Blays a fait ouvrir une fenêtre de chaque côté.
Le tableau central de ce retable représente le Bon Pasteur.
Les deux statues les plus basses sont St Jean Evangéliste (aigle) et St Jean Baptiste (mouton) à qui est dédiée l’église de Béré. Au sommet du retable, la Vierge (avec l’Enfant) et Saint Pierre (clés) et St Paul (l’épée de son martyre) qui sont les deux grands fondateurs, les deux colonnes spirituelles de l’Eglise.
- Décor du retable
Dans ce retable baroque, voir les couleurs des marbres (gris, rose, noir), et la décoration très abondante : guirlandes, rinceaux (= ornements sculptés en forme de rameaux feuillus enroulés en volutes) et des "puttis" (c’est-à-dire des têtes d’angelots)
Sur la gauche en regardant le maître-autel, voir le vitrail qui évoque le transfert d’une parcelle de la vraie Croix, le 31 janvier 1686 au cours d’une procession qui rassembla plus de 20 000 personnes à Châteaubriant. Sous ce vitrail se trouvait le placard à reliques, fermé par une porte en bois peint représentant St Victorien.
En face, un double vitrail sur St Jean Baptiste : les promesses, la naissance de Jean, la prédication, le baptême de Jésus, la décollation et enfin "Salomé" la fille d’Hérodiade qui aurait demandé la tête de Jean Baptiste, sur un plateau, en remerciement pour avoir bien dansé.
Dans le bras Nord du transept : l’autel de la Vierge, édifié par le Doyen Blays en 1658.
- Oeuvre de Groaters, église de Béré
Dans le bras Sud du transept, une "descente de Croix" du sculpteur Groaters (1842), ou plutôt sa maquette grandeur nature. On y trouve, sous l’autel, avec une évocation du tombeau du christ, trace de ce qu’était le sol autrefois avec carreaux de faïence rouge.
- La flagellation, église de Béré
A gauche on voit la flagellation du Christ, et à droite le Couronnement d’épines. Rappelons que les retables ont un caractère d’enseignement.
- Hagioscope ?
- La petite fenêtre est en réalité une porte qui donne sur l’escalier caché par derrière
En face, un petit perron en hauteur (c’est un hagioscope : qui permet de voir les choses sacrées) : lieu d’où une personne de haute condition (?) pouvait assister à la messe sans se mêler à la foule des paroissiens ordinaires. On y accède par l’étroit escalier qui monte au clocher.
L’un des vitraux, (à côté de la descente de croix) évoque la donation du couvent St Sauveur aux moines de Marmoutiers, par Brient et Innogwen. Il porte le blason de Châteaubriant :
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- en dextre, armes des Condé, derniers barons de Châteaubriant : 3 fleurs de lys d’or sur fond bleu
- en senestre : armes de Bretagne (hermines)
- en abîme : armes de la famille de Chasteau-Brient : fleurs de lys d’or sans nombre, sur fond rouge (fleurs de lys sans nombre sur champ de gueule ) (champ = fond) (gueule = rouge)
(ces armes ont vraisemblablement été données au Baron Geoffroy de Chasteau Brient entre 1230 et 1250 par le roi St Louis (Louis IX) avec la devise : notre sang teint les bannières de France)
La nef
- Eglise de Béré : la voûte en berceau
Regarder ensuite vers le fond de l’église. On s’aperçoit que la nef est déviée de 3° vers la gauche, ce qui fait 1,33 m au fond de l’église. Erreur de construction !
La nef est en voûte de bateau, retenue par des tirants de bois. Elle est tout lambrissée. Regarder la pression qu’elle exerce sur les murs latéraux et la tendance qu’ont ceux-ci à s’écarter ... d’où l’obligation de contreforts à l’extérieur.
A droite, côté Nord, l’autel de l’ECCE HOMO, chapelle créée par le Doyen Blays en souvenir du Christ souffrant. (1686) . Les fonts baptismaux s’y trouvent maintenant. Au fond, la pierre tombale du Doyen Blays (gravée en 1706, à la mort du Doyen Blays).
- La porte en bois sur laquelle est peint St Victorien
Voir aussi la porte en bois, (représentant St Victorien), de ce qui était le placard aux reliques
- Placard aux reliques
Au verso, peinte sur le bois de la porte, la liste des reliques qui s’y trouvaient encore au moment de la Révolution : le corps de Saint Victorien, le chef de Sainte Lucile avec sa machoire, la moitié de l’os de la jambre de St Nazaire, et des reliques de Saint Blaise, Sainte Emerence, St Félix, St Concorde, St Symphorien, St Blaise, St Benoist, St Christophe, St Julien, St Anastaise (sic !), St Vincent, St Honoré, Sainte Constance. Ces reliques ont été données au Doyen Blais, recteur de Béré, par Messire Jean Luette, natif de Châteaubriant et Curé de Saint-Yves-des Bretons à Rome. Elles ont été reamenées à Béré par un jeune homme qui apprenait le métier de cordonnier et "que le désir de voir du pays portait à voyager en Italie, à la faveur de sa profession" (comme dit l’Abbé Goudé). Les reliques arrivèrent en trois fois, 1674, 1680, 1684. Une "translation" solennelle vers l’église St Jean de Béré eut lieu le 31 janvier 1686, en présence de 20 000 personnes. Le vitrail qui se trouve dans le choeur, côté Nord, évoque cette translation.
L’abbé Goudé raconte : "Une compagnie de la plus belle jeunesse, au nombre de plus de deux cents, marchait au son des tambours. Suivait la bannière de Saint Victorien, où il était représenté d’un côté dans son martyr, et de l’autre dans la gloire. Elle était suivie de celle des paroisses. On voyait ensuite une compagnie de jeunes enfants et une autre de petites filles vêtus en anges. Venaient ensuite deux autres troupes l’une de jeunes garçons en habits de bergers, et l’autre de jeunes filles vêtues de blanc"
Les statues :
- Ste Elisabeth de Hongrie
Ste Elisabeth de Hongrie, en pierre peinte et dorée, XVIII° siècle. Cette sainte (1207-1231), fille du roi André II de Hongrie, et veuve à 20 ans, est entrée dans le tiers-ordre de St François et a consacré sa vie à l’hôpital de sa ville, Marburg. La statue est très belle, évoquant, par son attitude, une femme du monde. Remarquer le manteau décoré de fleurs de lys (ce qui est tout-à-fait déplacé pour la fille d’un roi de Hongrie !), le tombé des vêtements, la frange dorée du manteau, le geste du bras qui retient le manteau. Ste Elisabeth de Hongrie a le pouvoir de transformer les buissons d’épines en bouquets de roses ... qu’on voit dans sa main.
- La Vierge Hanchée
La Vierge Hanchée, du XV° ou XVI° siècle : visage très fruste évoquant les statues bretonnes. Vierge au corps en arc de cercle pour porter l’enfant Jésus. Elle n’a pas la rigidité qu’auront les statues plus tard
En face St Augustin (évêque), pierre peinte du XVIII° siècle. Voir la richesse des habits, et notamment du surplis blanc. C’est un évêque portant mitre
- St Julien
St Julien, pierre polychrome du XV° siècle. Ce n’est pas le St Julien qu’on vénère à St Julien de Vouvantes et qui était l’objet d’importants pélerinages au Moyen Age et où se rendaient les Ducs de Bretagne.
- Le Père Eternel
Le Père Eternel, sculpture sur bois du XVII° siècle : provenant d’un ancien retable. Admirer la majesté du geste de celui qui tient un flambeau (la foudre) dans la main droite, et un globe terrestre dans la main gauche. Sur le fond : des anges.
- L’annonciation
- L’archange Gabriel, et Marie
Au fond de l’église , deux bas reliefs en tuffeau qui se trouvaient sous l’auvent de "l’autel du Dieu de Pitié" (à l’extérieur)
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- L’un, du XIV° siècle, évoque l’Annonciation : l’archange Gabriel vient dire à Marie qu’elle va enfanter d’un fils qu’elle nommera Jésus
- La Visitation
- Marie, sa cousine Elisabeth et le Magnificat
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- L’autre, du XVI° siècle rappelle la Visitation : Marie va voir sa cousine Elisabeth qui, elle même, et de façon inespérée, est enceinte d’un fils qui sera Jean Baptiste (auquel est dédiée l’église de Béré). Les deux femmes entonnent un chant d’action de grâces : le Magnificat.
- Sainte Rita
Ste Rita, statue en bois du sculpteur Jean Fréour, ami de René Guy Cadou, a été offerte en 1950 à l’église de Béré par une famille de Gitans internée dans un camp de Châteaubriant lors de la dernière guerre. C’est la patronne des cas désespérés. (la statue de Ste Rita, a été sculptée dans une poutre venant de la Maison du Sabot Rouge, Grand Rue, lorsque celle-ci a été démolie). Elle est très sollicitée.
L’histoire de Ste Rita racontée par l’Office de Tourisme :
LES PETITS AUTELS
Enfin, deux petits autels :
- Autel St Blaise
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- côté nord, l’autel de St Blaise est du XVII° siècle ; il fut élevé à ses frais par la Compagnie St Blaise en 1693. On y remarque en haut la statue de St Blaise, à gauche celle de St Michel (terrassant le dragon = le protestantisme), à droite celle de St Victorien. Sous la table de l’autel un bas relief représente le purgatoire avec un ange qui présente la croix.
St Blaise est le patron des peigneurs de laine, confrérie bien représentée à Châteaubriant. Il a été martyrisé en l’an 316, en déchirant son corps avec des ongles de fer.
- Autel St Louis
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- côté sud, un autre autel, datant de 1865, est une pâle copie du précédent. Il est dédié à St Louis (= exaltation de la royauté). A gauche St Augustin, à droite St Charles (Borromée) : docteurs de l’Eglise.
Contes et légendes
En pays de la Mée, pays pauvre, où les landes et les forêts couvraient largement le pays, les gens vivaient pauvrement (hormis le luxe des châtelains et des seigneurs). Les seules distractions étaient les fêtes religieuses, pélérinages et processions, la traditionnelle Foire de Béré et les veillées qui réunissaient les gens d’un même village autour de l’âtre où brûlait une bonne fouée de menues racines. Là se transmettaient les contes et légendes du pays de Châteaubriant.
Il y était question d’animaux fabuleux ou effrayants (le serpent de la Forêt Pavée, les loups-tigres de la forêt de Domnesche, les garous : hommes le jour, loups la nuit). Il y est question de trésors cachés, de sorts et de sorciers, de filles qui disparaissent ou apparaissent tout soudain....