La mémoire de l’avenir
Evocation 2003
1re partie (noir et blanc) " la mémoire "
Je me souviens ...Je me souviens du tocsin ce trois septembre 1939.
Je me souviens qu’à Châteaubriant personne ne voulait y croire mais pourtant tout le monde s’y attendait
... Je me souviens qu’à l’époque il y avait un peu plus de 8000 habitants dans la ville ... Je me souviens dès le début 39 de l’arrivée des premiers réfugiés espagnols. Ils fuyaient le régime franquiste.
Je me souviens que toute la cité devint vibrante, qu’elle se pencha vers toute cette misère humaine, qu’elle ravitailla cette foule qui avait faim, qu’elle réchauffa ceux qui avaient froid et mit de la tendresse au cœur de ces épaves.
Je me souviens que bientôt à la fin 39, d’autres réfugiés arrivèrent à Châteaubriant : des Parisiens, du personnel de santé militaire, des Polonais aussi, fuyant l’invasion de leur pays par le 3e Reich allemand. Je me souviens que ces officiers polonais, logés chez l’habitant, s’exerçaient au tir dans la Carrière de La Sablière
.....Je me souviens en mai 1940 que l’exode amena des Français du Nord et de l’Oise, des Belges, des Parisiens encore et des Normands. Je me souviens que des cantines furent installées pour eux à la mairie ou le long des grand’routes.
Et puis je me souviens qu’à leur tour les Castelbriantais s’enfuirent. Que devant cette débandade, le maire Ernest Bréant, siégea jour et nuit à la mairie, attendant les ordres, prêt à prendre les mesures qui s’imposaient, par exemple : réquisitionner les boulangers pour pouvoir nourrir toutes ces populations - Réquisitionner aussi plusieurs wagons de blé. Je me souviens qu’une chanson anonyme léguée par les communistes allemands arrêtés en 33, au moment de la prise du pouvoir par Hitler, se fredonnait dans les cœurs.
CHANT DES MARAIS
(Sophie Mignot, accompagnée par Robert Suhas)
« Loin dans l’infini s’étendent
Les grands prés marécageux ... »
Je me souviens du 17 juin 1940, lorsque l’armée française en déroute traversa Châteaubriant où circulaient les plus folles rumeurs :
A Rennes, un train de réfugiés et un train de troupes
ont sauté. On dit qu’il y a 6000 victimes.
Ce fut le répit. Un bref répit. 24 heures seulement.
... Je me souviens de l’arrivée des troupes allemandes. Elles s’emparèrent de la mairie, de la poste, des banques. Elles coupèrent les lignes téléphoniques. Châteaubriant fut isolé du reste de la France.
Non ! Ils avaient oublié de couper le téléphone de la gare. C’est de là que le Sous-Préfet, Bernard LECORNU put alerter la préfecture.
Les troupes passèrent. Seuls restèrent une vingtaine de gendarmes et quelques soldats allemands. Je me souviens ... Tout le monde se souvient qu’ils avaient installé leur « feldgendarmerie » à la banque Couchot, rue Aristide Briand.
En quelques jours, les troupes allemandes pillèrent la ville, bas de soie, étoffes fines, parfums, vins, vivres ... Je me souviens...
Au cours de leur avancée, les Allemands firent prisonniers les derniers soldats de l’armée française. Oui, je me souviens, tous les soldats ramassés dans les casernes de Nantes et des environs, dirigés sur Châteaubriant. La population de la ville enfla alors jusqu’à 60.000 personnes dont environ 45.000 prisonniers.
Je me souviens que dès la fin 40, des évasions commencèrent.
« LES ALLEMANDS ETAIENT CHEZ MOI »
(chanté par Dany Coutand)
« Les Allemands étaient chez moi, ils m’ont dit résigne-toi,
mais je n’ai pas pu, et j’ai repris mon arme ... »
Les prisonniers furent parqués dans 4 camps. Indochinois, Marocains, Africains, Français au Moulin Roul, dans le camp "A". Chaque groupe construisit des guitounes en branchage.
5000 hommes, dont un petit lot d’Anglais, cohabitèrent et constituèrent le camp "B", à la Courbetière.
Mais les pluies diluviennes de juin 41 inondèrent ces deux camps. Il fallut les évacuer.
Le camp "S", à la Ville en Bois renferma jusqu’à 7000 hommes ...dans des cabanes disjointes, faites de pièces et de morceaux, de vraies cages à lapins ...Chacun savait que là, les détenus étaient très malheureux.
Le camp le plus important et qui demeurera jusqu’à la fin de la guerre, ce fut Choisel, sur la route de Fercé.
Le pain et l’eau seront difficiles à trouver pour approvisionner les camps de prisonniers. Les corvées d’eau seront l’occasion d’échanger du courrier ...et permettront aussi les évasions.
... Aux usines Huard, je me souviens, on habillait les prisonniers de « bleus » donnés par les ouvriers et à 11h 45, on déclenchait la sirène de l’usine. Les prisonniers sortaient dans le flot des ouvriers...et adieu ...les Allemands ne les trouvaient plus...
... Je me souviens, un prisonnier français se trouvait à la Ville en Bois, sur la route de Nantes, avec sa brouette. De l’autre côté de la route, une sentinelle allemande. Passe un car de transport en commun qui s’arrête juste entre les deux. Quand il est reparti, l’Allemand s’est retrouvé seul, un peu éberlué...
Mais le 14 janvier 41, les prisonniers sont tous embarqués en direction du Hanovre en Allemagne. Le camp de Choisel est vide.
Vide ! Pas pour longtemps. Dès mars 41, il devient camp d’internement pour les Nomades et en avril 41, pour les prisonniers politiques : ce sont des Communistes, Syndicalistes, Patriotes entrés dans la résistance contre le régime de Vichy dès 1940.
Et où vont les Nomades ?
A la Forge, à Moisdon La Rivière.
Commence pour eux, un enfer épouvantable ! Le froid, la faim, les mauvais traitements, rien ne leur sera épargné.
MARIA SUZANNA
(chanté par Dany Coutand)
« Oh, Maria-Suzanna où es-tu, dans quelle nuit t’es-tu perdue,
Reste-t-il pour croquer ta vie manouche,
quelques dents dans ta bouche ? »
1941 ! Ah, l’année maudite !
C’est l’année du recensement des Juifs.
C’est l’année de l’ouverture de Drancy.
C’est l’année du premier gazage à Auschwitz.
C’est l’année de la loi sur les otages.
C’est l’invasion de l’URSS par l’armée allemande. Les Etats-Unis entrent en guerre.
(Une jeune fille de 16 ans) : Moi Jacqueline, fille de J.P. TIMBAUD, je me souviens. Début octobre. J’avais 12 ans. Mon père m’a dit : « Ma chérie, tu m’as toujours vu en costume ou en bleu de travail. Il se peut qu’un jour, tu me voies en prison dans un vêtement de détenu. Si cela arrive, il ne faudra pas avoir honte...si l’on me prive de liberté, ce sera pour avoir défendu les ouvriers... Peu de temps après, mon père était arrêté et emprisonné à la Centrale de Clairvaux...Il était habillé en bagnard ! Le 15 mai 1941, il fera partie des 99 prisonniers - responsables syndicaux et politiques transférés au camp de Châteaubriant »
(Une femme) : Oui, Jacqueline, on se souvient ...
Très vite d’autres les rejoignent et parmi eux beaucoup de femmes originaires de la région, de Bretagne ou d’ailleurs, mais une grande majorité de la région parisienne.
De mai 41 à juillet 41, pendant trois mois, je me souviens de tous ces prisonniers qui venaient en corvée en ville. On les rencontrait, on les connaissait. Beaucoup d’amitiés se créèrent avec la population. Les castelbriantais venaient jusqu’au camp pour leur porter du courrier clandestin.
Le 7 avril 41, 1250 enfants de St Nazaire sont accueillis par Châteaubriant en raison des bombardements aériens qu’a subi le port.
Le maire de châteaubriant, Ernest Bréant, qui a démissionné, est prié, le 20 juin 41 de poursuivre sa tâche. Il obtempère, mais devant son hostilité, on nomme à sa place, le 13 octobre 41, Maître Maurice Noël, mutilé de guerre, rallié au gouvernement de Vichy.
Et le 20 octobre 1941, au lever du jour, à 7 h 46, le chef de la Kommandantur de la région de Nantes : Karl Hotz est abattu.
Dès le soir, on annonce « des otages » en représailles.
Le couvre feu est décrété.
Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits.
A Nantes, la population est fébrile.
Des renforts de police française et allemande sont exigés.
On procède à de nombreuses arrestations.
Nantes est en état de siège.
Dès le lendemain, de Paris, on annonce que 50 otages seront fusillés en expiation de ce crime.
A Châteaubriant, c’est sur la baraque "19" du camp de Choisel que va se nouer une partie du drame.
Pucheu, le ministre de l’intérieur et Chassagne, son secrétaire, appuieront fortement pour faire fusiller des Communistes.
Oui ! On sait que la liste était prête depuis plus d’un mois !
Il y aura donc des fusillés à Châteaubriant. Mais il faut aussi punir Nantes et puisqu’il y a des Nantais à Paris, la liste sera facile à compléter. Un calcul sinistre : 27 à Châteaubriant - 5 au Mont Valérien et 16 à Nantes.
(Un prêtre s’avance alors) : Je me souviens moi l’abbé Moyon, avoir passé trois-quarts d’heure avec les 27 martyrs dans la baraque "6". « Monsieur le curé, me dirent-ils, nous n’avons pas vos convictions, mais nous nous rejoignons dans l’amour de la patrie. Nous allons mourir pour la France, c’est à elle que nous faisons le sacrifice de notre vie. Nous voulons mourir pour que le peuple français soit le plus heureux ...
C’est jour de marché à Châteaubriant. La ville est bouclée. Trois camions partent de Choisel, longent la mairie, remontent le faubourg de Chécheux et viennent ici à La Sablière.
Le commandant allemand Kristukat témoignera lui-même dès le lendemain au Sous-Préfet Lecornu :
« Une fois rassemblés dans les 3 camions, ils ont chanté La Marseillaise. Les autres internés du camp ont repris votre hymne national. Pendant tout le trajet jusqu’à la carrière de Soudan, ils n’ont cessé de chanter : L’Internationale, Le Chant du Départ et encore La Marseillaise... Ils ont refusé qu’on leur bande les yeux et se sont placés eux-mêmes devant les poteaux. Avant chaque salve, ils criaient « Vive la France ! »
Les corps sanglants furent amenés au château.
Puis le lendemain, les Allemands inhumèrent les martyrs dans neuf communes qui reçurent chacune trois cercueils.
Erbray, Lusanger, Moisdon La Rivière.
Noyal sur Brutz, Petit Auverné, Ruffigné.
St Aubin des Châteaux, Sion les Mines et Villepôt.
Toute manifestation ou attroupement furent interdits dans les cimetières.
Malgré la terreur qui pesait sur la ville, la foule de Châteaubriant et des environs se porte dès le lendemain 23 octobre vers La Sablière. A l’emplacement des neuf poteaux d’exécution, des fleurs en nombre considérable sont déposées. A la Toussaint suivante, la route est noire de monde.
Et 1941 s’achèvera dans le sang ! Le 15 décembre, une nouvelle fois, les nazis viennent chercher des otages dans le camp de Choisel. Neuf militants sont emmenés et fusillés à la Blisière en même temps que plus de 80 autres résistants abattus ce même jour en divers lieux de la France occupée.
Et début 42 encore 20 autres.
L’AFFICHE ROUGE
(chanté par Sophie Mignot accompagnée par Robert Suhas)
« Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant »
1942 ! La Résistance se développe.
Ah ! Si toutes les mémoires pouvaient ici se rassembler pour évoquer tous les actes de résistance.
A l’époque nous n’avions pas conscience de faire partie d’un mouvement national. Résistance morale, attitude face à l’occupant, réflexions pour aider à faire prendre conscience. Au début c’était ça la résistance.
Après les premiers bombardements alliés et les premiers revers allemands, une femme Mme Berthe Binesse a dit : "C’est bien fait pour eux" Pour cela elle fut arrêtée et mourut en déportation.
Résister c’était organiser des coups de main comme les jeunes Guerteau, Taillandier, Pelon et Bonvalet qui allaient faucher aux Allemands les armes entreposées au château.
Résister ! La population rurale se fit généralement complice pour cacher les clandestins, alors qu’elle n’ignorait pas les représailles comme l’incendie de la maison ou la déportation.
A Châteaubriant, un réseau de renseignements, appelé F2, servait de boîte aux lettres, entre les agents de la région de St Nazaire et le responsable de Rennes qui transmettait à Londres. C’était chez M. et Mme Paul Huard.
Et puis résister, c’était trouver des terrains de parachutage, permettre aux jeunes d’échapper au STO, comme le fit Michel de Pontbriand, maire d’Erbray, ou encore de cacher des émetteurs radio comme le fit également l’abbé Hervouet à St Julien de Vouvantes ...
Châteaubriant et sa région fut bien un nid de Résistants organisés ou individuels. Mais le plus dur peut-être, c’était de garder la clandestinité. Il y eut des indiscrétions, involontaires sûrement, mais aussi des délateurs, des mouchards, des indicateurs de la Gestapo ...
La Résistance devait s’organiser à plus grande échelle. C’est alors que, début 43, se propage en France cet hymne à la résistance écrit par Maurice Druon, Joseph Kessel et Anna Marly :
LE CHANT DES PARTISANS
(chanté par Dany Coutand)
« Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines
Ami entends-tu le cri sourd du pays qu’on enchaîne ... »
1943 ! C’est la fin de la bataille de Stalingrad et la capitulation du maréchal allemand Von Paulus. Beaucoup d’hommes sont emprisonnés, ceux-là principalement qui avaient dirigé les luttes du Front Populaire. Alors ... Alors les femmes prennent le relais.
Les femmes sont entrées en résistance dès le début de la guerre. Les agents de liaison, bien sûr, mais aussi celles qui cachent des enfants juifs et celles, toutes celles qui remplacent les hommes.
Le 28 janvier 1943 après deux semaines d’un semblant de procès, le conseil de guerre allemand, réuni au Palais de Justice de Nantes, condamne 37 résistants à la peine de mort. Trois hommes ainsi que deux femmes seront déportés. Ce "procès des 42" est suivi d’un second en août, où 13 des 16 inculpés sont exécutés.
1943 ! L’époque de la résistance organisée est en marche.
L’espoir change de camp, c’est la création du Conseil National de la Résistance : le C.N.R. Jean Moulin, chargé par le Général de Gaulle d’unifier la résistance, est nommé président du C.N.R. Le 27 mai, il réunit les différents mouvements de la résistance qui décident de tout faire pour la libération de notre pays. Mais peu après, par trahison, Jean Moulin est livré aux Allemands.
A Châteaubriant, le réseau Buckmaster "Oscar" se met en place.
Savoir où étaient les dépôts de vivres, de munitions,
d’essence.? Qui commandait ces dépôts ?
Signaler les changements d’état major, les mouvements
de troupe, les déplacements de véhicules allemands.
Transmettre tout cela à Londres.
Et puis il y avait des missions... Comme ces officiers américains abattus au-dessus de Lorient. Ils venaient de Rennes par le train. Ils étaient recherchés par la Gestapo. Ils ont été cachés chez Charles Besnard et ils ont filé par Nantes pour l’Espagne et Londres.
Avec le réseau "Buckmaster" ont été mis en place divers groupes.
A Châteaubriant avec les Letertre, les Besnard.
A Rougé, le groupe animé par Pierre Morvan.
A Sion les Mines par Célestin Deroche.
A Fercé par Jules Cavé....
Et les Francs-Tireurs partisans avec François Debray.
Le réseau "Buckmaster", avait pour programme de constituer des groupes de résistance le long d’une ligne St Malo - Rennes - Châteaubriant - St Nazaire pour pouvoir contenir les Allemands dans la Bretagne.
"Le Foujon est une rivière très poissonneuse"
"Le Foujon est une rivière très poissonneuse" !
Le premier parachutage d’armes eut lieu le 13 octobre 43.
"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses".
Le second parachutage, le 12 novembre 43.
"Elle a vécu Myrto, la jeune tarentine".
Armes, munitions et tabac. Il fallait planquer les containers et les parachutes. Dans la nuit, dans le froid, dans la boue ... puis vers 3 - 4 - 5 h du matin, regagner son logement en évitant les patrouilles.
Mais le 30 novembre 1943 ... Le réseau est démantelé. Les Marcel Letertre, Pierre Morvan, Roger et Félix Levêque, Célestin Deroche sont déportés. Tous les prisonniers sont torturés.
Et le 21 janvier 44, une nouvelle vague d’arrestations suivra, parmi lesquelles figureront : Quentin Miglioretti, Robert Monin, l’abbé Hervouët, Michel de Pontbriand et plus tard Raoul Giquel, Germaine Huard et bien d’autres,...Tant d’autres qu’on ne peut pas tous les citer ici ... C’est le terrible épisode des camps de concentration.
NUIT ET BROUILLARD
(chanté par Sophie Mignot, accompagnée par Robert Suhas)
« Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans des wagons plombés... »
2e partie (en couleur) : "La solidarité pour l’avenir"
Se lève alors un adolescent (15 ans).
Il attache un foulard rouge autour de son cou.
(Le jeune) : 1943 - 2003 ! Il y a 60 ans !
Je suis cet enfant du maquis de Teillay et de Saffré, de tous les maquis de la liberté. Je me suis levé avec d’autres camarades ... insurgés... contre l’occupant, contre le STO, contre la barbarie, pour la dignité de vivre.
Parce que nos pères et nos frères, parce que nos copains se sont levés, se sont battus, ont souffert, furent déportés et torturés.
Parce que le prix de leur vie nous a légué l’héritage de la liberté
Parce que sans cesse dans ma mémoire résonne le chant d’espoir universel qu’ils ont gravé à l’avenir...
Camarades, jeunes gens, filles et garçons d’aujourd’hui, ensemble, debout, poursuivons dans la solidarité de leur noble combat, l’œuvre de paix et d’amour qu’ils nous ont léguée.
QUE C’EST BEAU LA VIE, de Jean Ferrat
(chanté par Dany Coutand)
Arrivent de partout des jeunes lycéens du lycée Guy MOQUET,
des collégiens du collège de la VILLE AUX ROSES
et des élèves de l’école élémentaire des TERRASSES.
Ils sont habillés de vêtements très colorés ...
Ils envahissent l’espace avec joie.
Parce qu’ici, à la Sablière, nos aînés sont dans nos sourires.
Parce que notre monde était avant le leur.
Parce que toute liberté est fragile.
Parce que ce sont leurs luttes qui se poursuivent dans les nôtres.
Parce que tout combat n’est pas vain.
Parce que les ronces de l’extrême droite poussent encore
dans les jardins.
Parce que moi aussi je tenterai de les arracher.
Parce que j’aurais très bien pu être cet humain d’hier.
Parce que je ne suis que celui d’aujourd’hui.
(Mais) Parce que plus encore je serai celui de demain.
Je me souviendrai
Pour que la solidarité naisse de notre mémoire commune.
(Emmanuel - Terminale )
Je voudrais répandre de l’amour dans l’air.
Je voudrais que les pays s’entraident,
Je voudrais que les guerres s’arrêtent
Je voudrais que les peuples soient solidaires.
(Florent-Troisième)
Se tenir la main quand tout va mal,
Compatir au malheur des autres,
Se sentir concerné même si cela ne nous touche pas,
Lutter contre l’exclusion de la différence,
Agir face à une injustice,
Soutenir un ami dans le besoin,
Protéger l’inconnu qui n’a plus la force de lutter,
Réapprendre au blessé de la vie à sourire, se serrer les coudes et garder la tête haute dans l’adversité,
Ne pas regarder en arrière sans rien oublier du vécu,
Ne pas ignorer le passé tout en regardant droit devant,
vers le futur,
Un petit rien, qui, si tout le monde s’y met devient un grand tout,
Aimer malgré la médisance,
Penser par soi-même et ne pas se laisser influencer,
Parfois tout simplement avoir un peu de temps
à consacrer à autrui.
(Audrey - Première)
Je voudrais que les gens se solidarisent
Je voudrais que les Palestiniens et les Israéliens se soudent
Je voudrais que ces peuples s’unissent
Je voudrais que les religions se réunissent
Je voudrais vivre sans la peur. je voudrais vivre heureuse.
(Anaïs - Troisième)
Solidarité d’hier, combat de tous les jours,
La résistance a rallié les hommes et les femmes.
Côte à côte, ils ont combattu
Et gagné ensemble leur liberté nouvelle.
Solidarité d’aujourd’hui, existe-t-elle encore ?
Après les évènements de cet été,(1) la question peut être posée !
Il faut tout de même garder espoir,
Car elles existent, ces personnes qui
Quotidiennement ont rendu visite à leurs aînés
Pour leur apporter un soutien lors de la canicule.
Solidarité de demain
Agissons ensemble pour que notre si belle Europe
Se rende enfin compte que les pays du Sud
Ne sont pas des fournisseurs de main d’œuvre moins chère
Mais tout simplement des pays qui ont besoin de soutien.
Faisons tous de la solidarité, un devoir quotidien.
(Manon-Première)
Je voudrais un monde multicolore,
Je voudrais un monde multiethnique
Je voudrais un monde sans conflit
Je voudrais un monde construit
Je voudrais un monde réuni
Je voudrais un monde soudé
Je voudrais un monde à rêver
Un jour on osera , un jour on se regardera
Un jour on se sourira, le sourire ne coûte rien
Et son souvenir est parfois éternel
Grande est la chance de celui ou celle qui le donne
Et de ceux qui savent le recevoir
Ni une taxe ni une redevance, il est au bon vouloir
Et reste essentiel. Je crois que la vie c’est aider
Je crois que la vie c’est oser, je crois que la vie c’est penser
Je crois que la vie c’est s’engager, se sentir concerné
Sans s’oublier. Je crois que la vie c’est aimer, savoir donner
C’est aussi savoir recevoir
Et toujours vouloir comprendre et nous améliorer.
(Marion - Troisième)
Un jour, j’ai rêvé : Tu me prenais la main
et tu m’aidais à traverser la vie, ça paraissait plus simple.
Un soir, j’ai rêvé : Tu changeais, on a changé, évolué ensemble, Sans te laisser je me suis adaptée.
Une nuit, j’ai rêvé : On se battait, ensemble, contre les injustices, Pour une vie meilleure.
Un matin, je me suis réveillée, et j’ai pensé que ce rêve
pouvait être réalité, notre vie, une vie sans limite.
(Chloé - Première)
Mais pourquoi dans la nuit, des noirs et des blancs sont amis.
Et dès qu’arrive le petit jour, découvrant leur couleur,
Leur amitié ... effacée !
Nous sommes tous des frères.
Les premiers êtres humains ont fait des enfants.
Alors, nous sommes tous de la même famille.
Alors, c’est la faute au pays, à la langue et au soleil
qui nous a rendus si différents...
Et qui dans la lumière du jour a changé notre amour.
Avant je disais « en paix », aujourd’hui je dis « ami »
Demain je dirai « amour », mais jamais je ne dirai « à mort » !
’Eglantine-Sixième)
AMSTRONG
(chanté par Sophie Mignot, accompagnée par Robert Suhas)
« Au delà de nos oripeaux
Noirs et Blancs seront ressemblants
Comme deux gouttes d’eau »
J’ai vu des hommes dépasser les limites de l’extrême
J’ai vu des hommes aller sur la lune
J’ai vu des hommes mourir au combat
Pour la gloire de leur pays
J’ai vu des hommes bâtir un mur
Pour séparer deux idées
J’ai vu des hommes se donner la main
Pour aller tous ensemble vers un monde meilleur.
(Pol - Troisième)
Je rêve d’une vie plus humaine, dans laquelle la solidarité serait une valeur présente chez tous les individus.
La solidarité n’est-elle pas essentielle à la vie en communauté ?
Toute vie, toute personne a le droit à la dignité.
Nous, citoyens des pays riches,
Ne devons-nous pas vivre en pensant aux plus démunis ?
Penser et surtout agir, ne pas rester passifs !
La solidarité n’est-elle pas un devoir social ?
Elle fait reculer l’individualisme, améliore la vie de toute collectivité et sauve les « laissés pour compte » de l’oubli !
Avec un cœur, une conscience, une âme,
On ne peut pas être indifférent à la pauvreté, à la guerre,
A tout ce qui peut nuire à la vie.
Agissons ! Exprimons-nous !
Luttons contre toute forme d’injustice ! Nous serons solidaires !
(Marie - Première)
Je me souviens de ce jour d’avril 2002
Où la peste brune avait envahi mon pays
Nous, lycéens, nous nous étions unis pour la combattre.
J’ai cru à la solidarité.
Et puis il y a eu cet été 2003
Où tant d’anciens ont péri sous la chaleur (1)
Et les morts anonymes...
J’ai douté de la solidarité.
Ce même été, j’ai vu les pompiers et les civils lutter
Main dans la main au péril de leur vie
Pour arrêter le feu ! J’ai reconnu la solidarité.
Aujourd’hui, je sais les Cubains se nourrissant de rats
Les peuples affamés nargués par les pays dans l’opulence
Je cherche la solidarité.
(Anne-Sophie - Terminale)
Je rêve d’un monde soudé. Je rêve d’un matin bien éveillé
Je rêve d’une terre sans guerre, je rêve d’un bel univers.
Je rêve que l’on s’entraide comme des frères
Je rêve d’une terre solidaire.
(Thomas - Troisième)
Dans un monde à l’heure de l’individualisme,
Un jour peut-être la richesse portera la pauvreté,
Un jour peut-être le sourire répondra au sourire,
Un jour peut-être les frontières s’ouvriront aux exclus,
Un jour peut-être les préjugés s’effondreront,
Un jour peut-être le malheur né de l’égoïsme s’effacera,
Un jour peut-être...
Mais pour l’instant, cet homme tombé devant moi,
Je lui tends la main.
(Jean-François - Première)
Et si c’était vrai que tous les peuples se levaient
Qu’ils regardaient devant et disaient « en avant » !
Que les blacks, les blancs, les beurs,
Main dans la main et sans peur
Se disaient à jamais que pour vivre en paix
Il leur faudrait sûrement plus de livres que d’armements !
Que vous tous qui vivez dans la masse
Entraînée par des gouvernements archaïques
Qu’en pensant vous vous dites : ne serais-je pas devenu mouton
Utilisé comme un pion à renverser mes frères
Qui se battent sur leur terre
A servir une cause qui, cachée par la prose,
N’est autre que celle du plus fort comme d’habitude et encore !
La haine est derrière, devant, elle attend
Tentez de l’éradiquer, elle rejaillira révoltée !
Essayez de la comprendre
Et peut-être se laissera-t-elle prendre.
Mais ne vous trompez pas : chacun d’entre nous l’a en soi.
Plus ou moins enfouie dans nos cœurs de brebis.
(François - Première)
Il y a notre présence sur terre, nous les hommes,
Bâtisseurs de murailles et de frontières sanglantes,
Il y a notre présence, il y a notre souffrance et nos guerres.
Nous sommes les créateurs de l’exclusion,
Bête noire régalant nos entrailles de racisme et d’intolérance.
Mais nous sommes aussi la vie.
Alors, ce matin j’ai écrit sur les frontières que l’on avait dressées,
Toute la vérité, celle de notre histoire,
Celle de la solidarité et de notre amour,
Et celle dont on a honte, celle qui raconte les souffrances
Que l’on a fait endurer dans le monde entier.
Les frontières sont cassées, brisées, et on se tient par la main,
Le pays où nous vivons est le pays de tous les hommes.
(Pauline - Quatrième)
Je voudrais que chaque homme découvre l’autre
Comme un être digne d’amour et de considération
Qu’on respecte sa culture, ses croyances
Sans exclusion ni intolérance.
Je voudrais que tous les grands ne soient pas méchants
avec les enfants et qu’ils écoutent leurs rires
comme des jets d’eau qui rafraîchissent l’humanité.
Je voudrais que tous les garçons et toutes les filles,
des plus jeunes aux adolescents,
s’endorment de l’or sous les paupières et fassent de jolis rêves sans craindre les sévices et les violences. *
Je voudrais chez chaque être humain, un regard, un sourire,
une main tendue pour aider et protéger les plus faibles,
guérir les malades, soulager les handicapés,
accompagner les personnes âgées...
Je voudrais que sur tous les quais du grand chemin de la vie
On soit gentil et respectueux
Qu’on dise merci et s’il vous plaît
Tout autour de la terre.
Je voudrais que dans toutes les maisons,
ça sente bon le pain, le vin et le jambon
qui se balance au plafond.
Je voudrais poursuivre le combat de la Résistance
Comme une école de la citoyenneté,
pour améliorer les conditions de vie de tous les hommes.
Je voudrais que tous les clochards, les Sans domicile fixe,
Les Sans papiers puissent chanter
Tôt le matin et tard le soir sans être inquiétés.
Je voudrais une lutte quotidienne
contre toutes les formes de racisme
contre toutes les inégalités et les injustices.
Je voudrais que du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest
on fasse pousser des fleurs en pagaille
entre les ennemis pour éviter la bataille.
Je voudrais que dans tous les cœurs
batte le petit tambour de l’amour
qui rythme le bonheur
et qu’on chante à tue-tête
Pas de SOLIDARITE sans GENEROSITE
Pas de CITOYENNETE sans LIBERTE
Pas de LAICITE sans EGALITE
Pas d’ HUMANITE sans FRATERNITE
(*) (Sources : Jacques BREL - Paul FORT -
Jacques PREVERT) Elèves de CM1/CM2)
L’AGE D’OR
(*) (Sources : Jacques BREL - Paul FORT -
Jacques PREVERT) Elèves de CM1/CM2)(chanté par Sophie Mignot - Dany Coutand
et tous les participants)
« Nous aurons l’amour jusque dans nos problèmes
Et tous les discours finiront par je t’aime »
LA MARSEILLAISE
« Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs ! »
Evocation écrite et mise en scène par le Théâtre Messidor, avec participation de comédiens issus de la population castelbriantaise.
19 octobre 2003
Commémorations de la Sablière
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