Berceuse des enfants d’Europe
Dors dans ta faim. Dors dans tes larmes.Dors, mon tout jeune. Dors, tout beau.Dors dans le bruit lointain des armes.Dors, né trop tard, dors, né trop tôtDors pour les rois. Dors pour les gueux.Dors pour le ciel des mauvais signesPour l’océan rouge de feu.Dors pour la sombre farandoleDes bataillons morts et maudits.Tu peux dormir : la terre est folle.C’est ta mère qui te le dit.Dors pour le monde sans merveillesPour les moulins sans grains de bléDors pour les caves sans bouteillesPour les granges qui ont brûlé.Dors pour les villes sans lumières ;Pour les boutiques sans rubans,Pour les cadavres sous les pierresPour les naufragés titubants.Dors pour les gares sans voyagesDors pour les plages sans enfantsDors pour le siècle des grillagesEt des silences étouffants.Dors pour le lit qui t’a vu naître,Où je maudis le froid perçantLa nuit, j’y vois la mort des traîtres.J’y fais des rêves pleins de sang.Quand la victoire grise et aigreViendra frapper à nos carreaux,Je te prendrai dans mes bras maigres ;Tu les verras, tous les héros.L’aube sera de pure nacre.Mais avant que sonne midiIl y aura de grands massacresC’est ta mère qui te le ditLouis Cauchois(extrait de le Sang des Poètes ,Anthologie de poèmes de la RésistancePubliée en 1946 à Bucarest)
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69 - Livre - Poèmes 2
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Texte du livre "Telles furent nos jeunes annees", telechargeable ici : http://www.journal-la-mee.fr/IMG/pdf/LivreMee.pdf