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Livre - Pierre Piétin

  Sommaire  

 

 Pierre Piétin

Le jeune Pierre PIETIN avait dit que jamais il ne partirait travailler pour l’Allemagne et qu’éventuellement il s’évaderait. En 1942, arrêté par les autorités de Vichy et amené à Nantes, il est retenu durant trois jours au château des Ducs, à Nantes, avec 800 autres jeunes, dont Raymond Prod’homme de Juigné.

Sa soeur Thérèse, courageuse et énergique, emprunte un vélo à une amie à St Julien de Vouvantes, à l’insu de ses parents, et se rend à Nantes. Elle arrive, épuisée, démoralisée, sachant seulement que son père a, dans cette ville, un copain de la guerre de 14-18. Dans cette ville inconnue, elle réussit à le retrouver et découvre où est emprisonné son frère. Au nez et à la barbe des gardiens nazis, elle apporte à Pierre de la nourriture et des lames de scie pour couper les planches du wagon qu’il prendra.

Le lendemain, Thérèse et son père, venu lui aussi à Nantes, rencontrent un agent de la SNCF, Monsieur MABON, qui accepte d’aider Pierre à s’évader. Sur son conseil, Pierre monte, lors de l’embarquement, dans le dernier wagon à bestiaux du train, qui se trouve parallèlement au boulevard Stalingrad, face à la Manufacture des Tabacs. « Je tremblais de tout mon corps, dit Thérèse BARTHELEMY-PIETIN, car il y avait des Allemands partout, avec des mitraillettes ». Les jeunes sont restés dans le train, en gare, toute la journée. Le soir, quand le train démarre, Pierre saute par une porte du wagon et monte dans un wagon vide de la rame voisine. Raymond Prod’homme le suit.

Thérèse sort de la gare par la sortie des marchandises. Une sentinelle nazie lui sourit, elle réussit à lui rendre son sourire, apparemment calme, et le tour est joué. Tel frère, telle sœur. « Mais aussitôt que j’ai été hors d’atteinte, je me suis mise à courir, je ne pouvais plus me contrôler » dit-elle.

Pierre PIETIN et Raymond Prod’homme sortent au moment propice de leur cachette, avec l’aide de l’agent SNCF, au cours d’une manœuvre volontaire de la rame.
Pierre PIETIN se réfugie d’abord chez Victor REDUREAU à La Coletière en Erbray, puis vient de plus en plus souvent à la ferme des Mortiers, chez son père, à St Julien de Vouvantes.

Le 19 juillet 1944, Raymond Prod’homme vient lui rendre visite accompagné d’un dénommé PENAGUIN qui, affirme-t-il, s’est évadé du même train à Nantes. Cela paraît louche à Pierre. Pour autant, il se refuse à partir de chez lui, craignant des représailles sur sa famille.

Le 21 juillet 1944, à 5h50 du matin, venant du village de La Teillais en Juigné, des nazis encerclent la ferme des Mortiers. Dans une traction avant, il y a Raymond Prod’homme (attaché), Jacques VASSEUR, PENAGUIN et deux autres hommes (d’Angers). Les voyant arriver, Thérèse se précipite pour prévenir son frère. « Les Allemands ont sans doute cru que je voulais m’enfuir. Ils m’ont battue, me jetant de mains en mains ». Pierre PIETIN, qui a vu la scène, s’avance alors, les mains en l’air. Aussitôt VASSEUR et PENAGUIN lui reprochent son évasion du train à Nantes, le rouent de coups, le jettent à terre, le relèvent, en lui répétant toujours la même phrase : « Tu t’es évadé du train ... ». « Ils étaient comme fous, dit Thérèse, se relayant, manches retroussées, lui frappant la tête contre le mur ». La mère de Pierre est enfermée dans la maison ; dehors, le père et un commis sont tenus en respect, les bras levés le long du mur, sa sœur Thérèse est là impuissante : que faire contre des hommes si nombreux et armés ?.

Tout-à-coup, VASSEUR saisit Pierre PIETIN par les épaules, le bouscule et l’entraîne derrière une meule de paille. Quatre coups de feu, puis une seule détonation : VASSEUR s’est chargé du coup de grâce. Trois balles dans le cœur, deux balles dans la tempe, Pierre PIETIN, 22 ans, est tué par des miliciens français pour n’avoir pas voulu se soumettre au joug hitlérien. En 1962, Mme Piétin dira : « Les soldats allemands avaient honte, ils baissaient la tête ». Les miliciens, eux, pour poursuivre leur sinistre besogne, recherchent Pascal POULIER, ami de Pierre Piétin et de Raymond Prod’homme. Mais par un pur hasard il est déjà parti travailler dans les champs. Il échappe ainsi à la mort. En partant, VASSEUR dit à la famille, pétrifiée de douleur : « A l’avenir, ne ramassez pas de réfractaire, ou je vous passe par les armes avec votre famille, et je brûle votre ferme »

La Libération de Châteaubriant et de la région subviendra le 4 août 1944. VASSEUR n’aura plus l’occasion de sévir.

°°°

VASSEUR, après la guerre, se réfugie en Allemagne, à Heildeberg, où il reçoit 179 marks par mois. Condamné à mort par contumace, le 11 septembre 1945, il réussit à revenir en France et reste caché 17 ans chez sa mère, sans quitter la maison. Il n’est arrêté qu’en novembre 1962. A son procès, 196 personnes qu’il a torturées, témoignent contre lui : supplice de la baignoire, nerfs de bœuf, seins ou paupières brûlés par des cigarettes, fesses brûlées au chalumeau. Condamné à mort en 1965 par la Cour de Sûreté de l’Etat, il est gracié par De Gaulle en 1966 et condamné à perpétuité. Mais en 1969 sa peine est ramenée à 20 ans. Il sort de prison en 1984.

PENAGUIN qui n’avait que 18 ans au moment des faits, et qui avouera percevoir 5000 francs de l’époque pour chaque gars qu’il faisait abattre, est condamné à la Libération, puis gracié par le Général de Gaulle.... Ce qui ne l’empêche pas de participer à l’attentat du Petit-Clamart contre le Général de Gaulle. Il est alors exécuté.

Voir aussi : Bout-de-forêt


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Texte du livre "Telles furent nos jeunes annees", telechargeable ici : http://www.journal-la-mee.fr/IMG/pdf/LivreMee.pdf

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