Fernand GRENIER
Né le 9 juillet 1901, Fernand GRENIER travaille dans une fonderie dès l’âge de 12 ans. Puis la première guerre mondiale le prend de plein fouet : le chômage d’abord, l’arrestation de son père par des gendarmes allemands ensuite. Son père meurt en prison. Premier contact avec la guerre.
1928, 1932, Fernand GRENIER qui écrit « l’Avant-Garde » est emprisonné à la Centrale de Loos près de Lille, pour agitation politique.
1936 : Fernand GRENIER se présente aux élections en face de Jacques DORIOT, créateur du PPF (Parti Populaire Français) auquel adhére alors le sinistre Pierre PUCHEU. Jacques DORIOT, rappelons-le, est partisan de la collaboration avec l’Allemagne nazie, et combattra avec l’armée allemande sur le front russe.
Elu député communiste de Saint Denis en 1937, Fernand GRENIER est mobilisé à Bergerac en Dordogne, puis à Metz et Laval, où il apprend que la Chambre des Députés a prononcé sa « déchéance » en février 1940. Muté ensuite à Grenoble, il y restera mobilisé jusqu’à la débâcle en juillet 1940.
Sans un sou, il travaille chez des paysans avant de pouvoir revenir à Saint Denis et de participer à la parution de « l’Humanité » clandestine. Pourchassé par la police allemande et ses complices français, il doit changer de domicile chaque jour jusqu’à ce matin du 5 octobre 1940 où il est arrêté et conduit au stade Jean-Bouin avec trois cents autres militants, tous communistes connus.
Aincourt, la centrale de Fontevraud, le bagne de Clairvaux, et, en mai 1941, le camp de Choisel à Châteaubriant. Il s’évade le 18 juin 1941 avec l’appui de quelques castelbriantais : le dentiste Roger PUYBOUFFAT, le cheminot Jean LE GOUHIR (qui fut conseiller municipal de Châteaubriant à la Libération, avec Paul HUARD), et le boulanger Jean TROVALET de Treffieux.
Caché un temps à Nantes et Vertou, il gagne Paris en août 1941, pour y apprendre que des militants communistes sont condamnés à mort et exécutés parce qu’ils distribuent des tracts anti-hitlériens, ou même simplement parce qu’ils disposent d’une ronéo chez eux.
Le 22 octobre 1941, il apprend l’exécution des 27 Otages du Camp de Choisel, dans la carrière de la Sablière. « Assommé », Fernand GRENIER continue le combat dans la clandestinité, voyant, autour de lui, des camarades arrêtés, torturés, exécutés.
Printemps 1942 : De Gaulle cherche la liaison avec les communistes, un contact a lieu entre le Colonel REMY et Fernand GRENIER.
Le petit bateau « Les deux anges » conduit Fernand GRENIER de Pont-Aven aux îles Scilly où une vedette anglaise l’emporte jusqu’à Falmouth. A Londres, Fernand GRENIER, en qualité de délégué du Parti Communiste à « La France Combattante » et représentant du Comité National des FTP (Francs-Tireurs Partisans, lancé par Charles TILLON) rencontre Pierre BROSSOLETTE, puis le colonel BILLOTTE et enfin Charles DE GAULLE.
Une partie de l’activité de Fernand GRENIER consiste alors à parler aux Français à partir de Radio-Londres, cette radio que l’ennemi pourchasse, sur le sol de France, brouillant ses émissions, arrêtant les possesseurs d’un appareil radio. Ces émissions soutiennent le moral des Français sous l’Occupation. Le 18 février 43, F. GRENIER évoque les exécutions de la Sablière ; le 20 juin : hommage au Paris résistant ; le 10 juillet : conseils aux clandestins ; le 17 août il raconte l’enfer d’Auschwitz et des camps de concentration.
Fernand GRENIER est chargé aussi du soutien à la Résistance : aide financière, parachutages d’armes. Les difficultés énormes qu’il rencontre montrent que les services britanniques, mais aussi certains membres de l’entourage de De Gaulle (comme le colonel Passy), sont hostiles à toute lutte armée sur le territoire de la France.
Le droit de vote des femmes
28 octobre 1943, Fernand GRENIER est à Alger. 3 novembre 1943, l’Assemblée Constitutive Provisoire se met en place et propose au Comité Français de Libération Nationale, comme aide à la Résistance, les mesures nécessaires pour liquider le régime de Vichy et les grandes réformes à accomplir à la Libération. Cette assemblée décide aussi, le 22 mars 1944, d’accorder le droit de vote aux femmes, après un vigoureux plaidoyer de F. GRENIER.
Le 4 avril 1944, Fernand GRENIER entre au Gouvernement Provisoire de la France, sous la direction du Général De Gaulle, en tant que Ministre de l’Air. Il introduit de nombreuses réformes : il crée des « Comités Mixtes à la Production » (sortes de Comités d’Entreprise), il donne le droit de vote à tout le personnel, sans tenir compte des races, il met fin à la discrimination de salaires entre les « Français » et les « indigènes », et permet à ces derniers de manger dans le même réfectoire que les Français.
Juillet 1944 : la tragédie du Vercors. Fernand GRENIER, tenu jusque là dans l’ignorance de la situation, met en cause le Gouvernement Provisoire pour n’avoir pas apporté aux FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) l’aide qu’ils réclamaient. Puis il démissionne et rentre en France au moment de la Libération de Paris (août 1944). Ensuite élu aux deux Assemblées Constituantes, il conservera son siège de Député jusqu’en 1968.
Jusqu’à sa mort le 12 août 1992 il sera Président de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé qui, chaque année, garde vivace le souvenir des 27 otages.