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Livre - Les bombardements de Châteaubriant

Les bombardements de Châteaubriant

Châteaubriant ne connaît pas de grands bombardements comme Nantes, mais un pilonnage incessant de « mosquitos », des « moustiques » anglais et américains qui survolent sans cesse la ville au point de traumatiser les enfants. « Nous avions construit un "abri" dans le fond du jardin » se souvient Paulette Blond. Bien piètre abri, creusé dans le poulailler, et utilisant le fossé du voisin.

Les mitraillages visent les ponts (ponts de la Grenouillère, pont de Chécheux) et la gare SNCF ou plutôt l’important dépôt SNCF où transitent des trains de marchandises et de munitions pour les Allemands (notamment pour ceux qui tiennent la région de St Nazaire). Parfois les trains s’arrêtent en gare d’Issé ou de St Vincent des Landes et ces communes, à leur tour, connaîtront les mitraillages.

Le débarquement allié en Normandie a lieu le 6 juin 1944. Le 7 juin 1944, vers 19h30, des avions survolent Châteaubriant, de très haut, venant de Rennes en suivant la voie ferrée. « Nous étions dans le jardin à parler avec des voisins. Quelqu’un a dit : "Tiens, ils lancent des tracts". Nous ne nous sommes pas affolés » dit Paulette Blond. Mais en réalité ce sont des bombes qui visent le Pont de Chécheux (et le ratent !). Les vitres des maisons vibrent et se cassent. Un nuage de poussière et de terre se lève quand les bombes tombent sur le jardin Chaplais et à proximité de la scierie James. On compte ce jour-là, selon le conseil municipal du 20 juin 1944, sept morts et une vingtaine de blessés. Un homme affolé sème la panique autour de lui. « Il y a des morts partout » dit-il. Nombre de castelbriantais fuient chez des parents ou des amis dans les bourgs voisins. Ils y dorment la nuit et reviennent le jour.

Le lendemain, 8 juin 1944, alors que l’usine Huard est désertée de ses ouvriers, a lieu un autre bombardement allié vers 9 h du matin. Il vise la gare et les ponts de la Grenouillère. Une douzaine de bombes tombent sur l’usine Huard qui semble largement dévastée car les verrières des bâtiments jonchent le sol. (En réalité la plupart des matériels pourront être récupérés). Le bombardement est si violent qu’une vis de pressoir, de plus de 2 m de long, d’environ 200 kg, « vole » et s’écrase contre la maison d’un voisin de l’usine (la maison a tenu !). Michel CHARRON, venu avec son père pour inspecter l’usine, échappe miraculeusement à la mort. Un éclat d’obus sera retrouvé à proximité de la rue de la Barre.

10 juin 1944 : nouveau bombardement, cette fois entre Noyal et Villepôt. S’il avait fait sauter tous les dépôts de munitions enterrées en forêt d’Araize, les bourgs de Villepôt, Noyal et Martigné auraient été soufflés (voir le livre page 61)

15 et 16 juin 1944 : bombardements à Martigné-Ferchaud.

« Le Courrier de Châteaubriant » affirme qu’il y eut un bombardement à Châteaubriant le 24 juin 1944.

Photo : tombe à Issé, d’un des prisonniers nord-africains chargé du déblaiement des décombres de la gare Tombe à Issé

Le bombardement d’un train de 32 wagons a lieu à Issé le 27 juin 1944. Le soir douze avions alliés survolent l’objectif, le temps de laisser aux habitants la possibilité de fuir. Puis ils ouvrent le feu : « ce fut titanesque, dit-on. Les wagons explosèrent. Obus, torpilles, fusées éclairantes, sautèrent pendant une nuit et un jour. Les explosions succédèrent aux explosions. Dans le bourg d’Issé, il n’y avait plus une vitre intacte. Les plafonds des caves s’étaient soulevés, des murs avaient été soufflés ». Heureusement les vents n’ont pas permis que l’incendie détruise la commune.

Document vidéo : Bombardement en gare d’Issé

D 11

6 juillet 1944 : nouveau bombardement à Châteaubriant « Il dura environ une heure et demie et sema sur la ville un grand émoi » écrit le Courrier de Châteaubriant en date du 14 juillet 1944. Ce jour-là, d’après ce journal, une bombe est tombée près de la gare de Châteaubriant, détruisant une aile du château (tout près, sous un banc, Emile Letertre assistait à cet effondrement). La même opération détruit complètement « la villa Saint Michel » que tout le monde appelait le château de Renac (résidence du sénateur Gustave Gautherot). Tout le quartier est sinistré : chemin de Launay, rue d’Angers, rue de Laval, rue de la Gare, rue Kléber, rue des Vauzelles.

Les bâtiments sinistrés doivent être évacués : les services du Tribunal de Châteaubriant sont transférés à l’école de la Trinité (rue de Rennes). La Gendarmerie quitte le château pour le 11 rue Aristide Briand. Le Syndicat agricole de la rue d’Ancenis s’installe au 9 place de l’Hôtel de Ville.

Par ailleurs, entre les bombardements, des mitraillages atteignent la ligne Châteaubriant-Segré, à St Vincent des Landes, St Mars la Jaille, Grand Auverné, St Julien de Vouvantes, Moisdon .

16 juillet : des bombes tombent sur la forêt de la Guerche.

28 juillet : nouveau bombardement, cette fois à Issé et à St Vincent des Landes (La Magdeleine). A chaque fois, les Alliés visent les lignes SNCF pour empêcher les Allemands d’acheminer du matériel vers le front de Normandie.

Le 15 août a lieu un dernier bombardement allié entre Châteaubriant et St Julien de Vouvantes.
(sources : archives de Michel Charron)

°°°

Les bombardements qui se succèdent entraînent la mise en place de mesures particulières concernant les secours (Croix Rouge) et la défense passive :

A Châteaubriant, le lundi 10 juillet 1944, Georges VETELE, responsable local de la Croix-Rouge, réunit la soixantaine de jeunes qui, depuis quelques temps, suivent les cours de brancardage et de secourisme donnés, tant à l’hôpital qu’aux Fougerays, sous la direction de MM. le Dr Bernou, Delajousselinière et Bouchard, et de Mlle Varidel infirmière aux Fougerays. Le cercle Catholique est le siège de la Croix Rouge, Les secouristes ont mission de s’y rendre en cas de bombardement et aussitôt la fin de l’alerte. Les membres sont répartis en trois équipes comprenant chacune : un chef, un sous-chef, huit brancardiers, deux infirmières. On étudie le moyen de constituer des équipes d’urgence qui pourraient se porter au secours des localités voisines non munies de centre de Croix-Rouge.

La défense passive, (voir document D 37), sous la direction de M. GOUPIL, est renforcée dès la fin juin : le maire propose l’installation d’une popote qui assurerait la nourriture des 33 pompiers et 9 membres de la Défense Passive du service de permanence. Le Conseil Municipal vote la somme de 350 000 francs pour la période du 7 juin 1944 au 20 juillet 1944 pour régler d’une part, les dépenses des travaux de déblaiement effectués par les requis, la SNCF et les ouvriers des Mines de la Brutz, et, d’autre part, les indemnités journalières à verser aux équipes de permanence des pompiers et de la Défense Passive.

(page suivante : le témoignage de Guy Alliot)


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Texte du livre "Telles furent nos jeunes annees", telechargeable ici : http://www.journal-la-mee.fr/IMG/pdf/LivreMee.pdf

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