L’appel du Général de Gaulle
18 juin 1940 : c’est l’appel du Général DE GAULLE « quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». De rares Castelbriantais entendent l’appel de ce général inconnu : les postes de radio ne fonctionnent plus car le courant électrique est défaillant. [ Au cours des années suivantes, les Castelbriantais possédant l’électricité, (ce qui n’était pas général dans les années 40) et un poste de TSF, écouteront, malgré les brouillages allemands, l’oreille collée au poste, la BBC, radio interdite, avec le célèbre indicatif de Maurice SCHUMAN (à ne pas confondre avec Robert) : « Ici Londres ! Les Français parlent aux Français ». On pourra entendre une allocution du Général DE GAULLE, les messages codés à destination de la Résistance, ou encore le célèbre Pierre DAC rappelant : « Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand »].
L’armistice
21 juin 1940 : Hitler remet aux négociateurs français les conditions de l’armistice. dans le wagon de Rethondes, celui-là même où fut signé l’armistice de 1918.
22 juin 1940 : avec l’accord du maréchal Pétain, le général français Hutzinger et le maréchal allemand Keitel, signent la convention d’armistice franco-allemande. Bref soulagement : la guerre est finie, il n’y aura plus de morts, croit-on. Mais vite le soulagement laisse place à l’angoisse et à la colère : la France a perdu la guerre. Les hommes sont prisonniers, les deux tiers du pays sont occupés. Les frais d’entretien des troupes d’Occupation incombent à la France (celle-ci doit verser 400 millions de francs par jour à la Wehrmacht, 10 000 têtes de bétail et 1000 tonnes de beurre par semaine, 700 000 tonnes de charbon par mois). Les usines d’armement, les aciéries, l’industrie automobile et les houillères doivent travailler pour le Reich. Les réfugiés politiques allemands doivent être livrés au Reich.
12 août 1940 : le Conseil Municipal de Châteaubriant accorde à 116 nouveaux réfugiés l’aide médicale gratuite et des assurances sociales. Les boulangers sont « mobilisés » pour fournir du pain aux prisonniers de guerre. Il a fallu réquisitionner plusieurs wagons de blé.
5 septembre 1940 : une indemnité spéciale de 10 francs par jour est attribuée aux soldats démobilisés qui n’ont pu être réembauchés par leur employeur et aux ouvriers licenciés par manque de travail.
23 septembre 1940 : apparition des cartes de pain et de viande.
3 octobre 1940 : le gouvernement de Vichy promulgue la loi sur le statut des Juifs. (une nouvelle loi sera publiée le 2 juin 1941)
24 octobre 1940 : entrevue de Montoire entre Hitler et Pétain. Celui-ci espère obtenir des concessions en échange de la politique de collaboration. Il n’obtient rien. Laval dira le 23 mai 1941 « l’émouvante surprise » qu’il a ressentie lors de cette entrevue. « La collaboration est dans l’ordre naturel des choses. Elle est indispensable à la France comme elle est utile à l’Allemagne »
30 octobre 1940 : Pétain proclame : « J’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration ».
9 novembre 1940 : dissolution de la CGT.
10-11 novembre 1940 : cinq Anciens Combattants castelbriantais placent un drapeau tricolore au Monument aux Morts (voir pages 35 et D10).
4 décembre 1940 : Sept prisonniers de guerre sont embauchés à l’hospice de Châteaubriant. Des chômeurs, armés d’un bâton, sont affectés au gardiennage des ponts, chacun à raison de deux heures par nuit, pour empêcher les « sabotages » et éviter aux castelbriantais, obligés de circuler, de tomber dans l’eau. (Du fait du couvre-feu et de la « défense passive » les becs de gaz ne sont plus allumés à partir de 22 heures).
Décembre 1940 : une page ronéotypée de l’Humanité comporte la déclaration de Jacques Duclos : « Jamais le peuple de France ne sera un peuple d’esclaves ». « C’est le signal d’une réorganisation de la cellule du Parti Communiste à Châteaubriant , mis à mal au début de la guerre avec la répression et le départ au front de plusieurs de ses membres » raconte Michel Prodeau. Mis à mal aussi par l’attitude pour le moins surprenante de « l’Humanité clandestine » qui, le 9 juillet 1940, par exemple, écrivait : « Il est particulièrement réconfortant en ces temps de malheurs, de voir de nombreux travailleurs parisiens s’entretenir amicalement avec les soldats allemands, soit sur la rue, soit au bistro du coin. Bravo, Camarades, continuez, même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants ».
C’était le temps d’un débat intense au sein du Parti : les staliniens de la direction clandestine (Jacques Duclos), croyaient en la possibilité d’une prise de pouvoir, et imposaient une ligne neutraliste qui ne recueillait pas l’approbation d’autres communistes viscéralement antifascistes, comme Benoît FRACHON (dirigeant de la GCT) et Charles TILLON. Celui-ci écrit, le 18 juillet 1940, dans le manifeste du PCF de la région de Bordeaux : « Notre devoir est de nous unir pour conquérir notre patrie, de nous unir pour libérer son territoire » (cité dans le manuel d’histoire de F. Lebrun, pour les classes de Terminale, Ed. Belin 1983).
23 juin 1940, de Gaulle lance un nouveau message radiodiffusé : « il faut qu’il y ait un idéal. Il faut qu’il y ait une espérance. Il faut que, quelque part, brille et brûle la flamme de la résistance française ». Le 28 juin 1940 un communiqué du gouvernement britannique reconnaît le Général de Gaulle comme « chef de tous les Français libres ».
10 juillet 1940 : l’Assemblée Nationale vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain pour promulguer une nouvelle Constitution de l’Etat Français (il n’est déjà plus question de République), garantissant les droits du travail, de la famille et de la patrie. En septembre Pierre LAVAL déclarera au journal Belge « la Légion » : La République a cessé d’exister en France