L’arrivée des Allemands
10 juin 1940, le gouvernement décide de quitter Paris qui, le lendemain, est déclarée « ville ouverte ». 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans Paris.
14 juin 1940, des troupes anglaises passent par Châteaubriant, remontant vers le Nord. La ville respire ... et se laisse à nouveau gagner par la panique quand les Anglais redescendent le lendemain et le surlendemain, en direction du port de Saint-Nazaire, abandonnant et brûlant des camions sur le bord des routes, et en particulier en forêt du Gâvre.
Le 16 juin 1940, le maréchal Pétain demande l’armistice. Une réunion de crise se tient à la sous-préfecture de Châteaubriant, avec une délégation d’Anciens Combattants venus voir s’il faut, ou non, engager les Castelbriantais à rester sur place. Alors, selon les dires du Sous-Préfet Lecornu, le Chef d’Etat-Major de la Région demande à être reçu en même temps que les Anciens Combattants. Il a ordre, dit-il, d’organiser « le réduit breton », « le premier récif sur lequel viendra déferler la première vague d’assaut allemande ». Avec quelles armes ? « Vous prendrez vos fusils de chasse, vous mettrez en travers de la route les charrues, tracteurs agricoles, tous les obstacles lourds que vous pourrez trouver ». Il envisage d’édifier des barrages de bottes de paille aux entrées de la ville et de les enflammer pour barrer la route aux Allemands. Cette idée provoque la colère des Anciens Combattants qui savent qu’on ne résiste pas ainsi et que ces bottes de paille donneraient au contraire l’idée de mettre le feu à la ville. La proposition tourne court. Bientôt le « réduit breton » est abandonné : le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux.
Le 17 juin 1940, un bombardement allemand coule le Lancastria dans le port de Saint Nazaire, faisant 4000 à 7000 morts. Ce navire a quitté Plymouth le 15 juin 1940 avec mission d’embarquer des troupes anglaises et polonaises, mais aussi des civils. A 15h48 l’attaque aérienne allemande envoie une salve de bombes ; l’une d’elles tombe dans la cheminée et explose dans la salle des machines où un incendie terrible se déclare, une nappe de mazout se propage sur l’eau. Le Lancastria gîte, chavire et coule en 24 minutes. Le sauvetage est extrêmement difficile. Dans l’eau, le mazout est partout, collé aux vêtements, aux cheveux ; il s’incruste vers le haut des narines et dans les poumons. L’horreur la plus terrible : l’avion de la Luftwaffe continue à mitrailler les survivants dans l’eau et sur le bateau qui coule. Les jours suivants, les noyés arrivent "par grappes" sur les plages du littoral. Ils sont inhumés au cimetière militaire (The war Cimetery) à Pornic. Des rescapés du Lancastria, débarqués à Saint-Nazaire, sont capturés par les Allemands et internés. D’autres réussissent à s’échapper. Marie ROLLAND, de Guémené Penfao, par exemple, recueille et cache 47 membres de l’équipage. Ces 47 hommes regagnent l’Angleterre par petits groupes, aiguillés par sa main ferme.
Documents récents sur le Lancastria
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Le 17 juin 1940, l’armée française en déroute passe jour et nuit par Châteaubriant où circulent les plus folles rumeurs : « A Rennes, un train de réfugiés et un train de troupes ont sauté : 6 000 victimes » colporte-t-on.
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain demande à l’adversaire « les moyens de mettre un terme aux hostilités ». Jean HUARD se souvient : « Cétait la consternation à la maison ». Jean Guéhenno, dans son « Journal des années noires », écrit ce jour-là : « Voilà, c’est fini. Un vieil homme qui n’a même plus la voix d’un homme, mais parle comme une vieille femme, nous a signifié à midi trente que cette nuit il avait demandé la paix … Je ne croirai jamais que les hommes soient faits pour la guerre. Mais je sais qu’ils ne sont pas non plus faits pour la servitude ». Le soir même Churchill s’adresse à la nation anglaise : « Désormais nous sommes les seuls champions du monde qui restent sous les armes pour défendre la cause du monde ».
18 juin 1940, vers 9h30, deux side-cars allemands arrivent à Châteaubriant par la route de Vitré. Les jours suivants viendront des colonnes blindées, bruyantes mais disciplinées, arrivant par les routes de Rennes, de Vitré et de Laval, et même un détachement de cavalerie avec de lourdes voitures à cheval. Une Kommandantur est établie à Treffieux, et une autre à Châteaubriant. Dans cette ville les Allemands s‘emparent de la mairie (où le drapeau français est amené par l’agent de ville Jean BOUCHET), de la gendarmerie, de la poste, des banques, de la perception, des écoles, de tout ce qui assure la vie sociale et économique de la ville. Bruits de bottes.
Ils envahissent aussi la Sous-Préfecture. « Deux motocyclistes paraissant surexcités se présentent devant la porte en fer du logis de Sous-Préfet. La porte ne s’ouvrant pas assez vite, ils se jettent dessus avec leur moto » se souvient Georgette CASSIN qui en était terrorisée. Un officier allemand s’installe au rez de chaussée du logis.
Le drapeau du IIIe Reich flotte sur la mairie. Le drapeau français est désormais interdit. Les Allemands coupent les lignes téléphoniques. Châteaubriant est isolée du reste de la France. « Non, se souvient M. HUARD, ils ont oublié le téléphone de la gare. C’est de là que le Sous-Préfet, M. Lecornu, peut alerter la Préfecture ».
Une affiche allemande rappelle que « le territoire français, occupé par les troupes allemandes, est placé sous l’administration militaire allemande. (...). Les troupes ont reçu l’ordre de ménager les populations et leurs biens si elles restent tranquilles (...). J’attends de la sagesse et de l’intelligence de la population qu’elle s’abstienne de toute action irréfléchie, de sabotage de toute nature et de résistance passive ou même active contre l’armée allemande ».