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La Torche ! Quel nom étrange. Il évoque ces "tortis" de paille qui servaient, autrefois, à protéger les arêtes des pierres de taille pendant leur transport, puis ces torsades de bois résineux dont on faisait un flambeau grossier, et même ces bouchons de paille et de papier dont on "torchait" les assiettes (d’où le mot "torchon") ... ou les fesses des enfants : le grand Rabelais en 1489 célébra "l’esprit merveilleux de Gargantua" qui sut utiliser un oison comme "torchecul".
- Promenade au bord de la Torche - 2005
Pourquoi "l’étang de la Torche" ?
Autrefois, on arrivait à Châteaubriant par ce qui est maintenant la "Rue des Déportés Résistants" et la Rue de Rigale. (la Rue du Château n’existait pas) . Venant de Paris, la route descend et fait un coude au niveau de l’étang du Château, ce qui présentait un grand danger pour les voyageurs. D’où la nécessité de placer, en entrée de ville, une torche pour signaler le danger. D’où le nom : l’étang de la Torche.
- Laveuses à la Torche - 2005
Les Peigneurs de Laine
La Torche, c’était à Châteaubriant, le symbole, la gloire de la Confrérie des Maitres Peigneurs de Laine Cette confrérie, créée en 1678, et qui avait choisi St Blaise pour patron, portait une "torche" en procession, le jour de la Fête-Dieu., entre les années 1680-1730.. C’était un cierge colossal, "comme le Cèdre du Liban", sculpté sur quatre faces, décoré à la base de franges d’or, d’étoffes de satin à fleurs, et de brocard., et abrité sous un dôme. Au fil du temps, cette torche fut accompagnée de personnages en cire, habillés selon leurs rôles, et évoquant l’enfant prodigue, le martyre de St Blaise, l’enfer avec ses flammes et ses anges noirs. Les artistes étaient si inventifs que l’Eglise s’en émut et que la dite Torche dut être présentée au procureur fiscal de la Baronnie, le matin de la Fête Dieu, pour qu’on s’assurât que le sujet ou le mystère représenté était bien convenable à la religion, aux bonnes moeurs et à l’édification du public.
Le saut dans l’étang
La Torche, c’était une autre tradition, celle du saut dans l’étang. Autrefois la Chère baignait la tour Nord du Château de la famille Brient et de ses successeurs. Au Moyen-Age, une chaussée artificielle a été créée pour retenir l’eau et quand la ville s’est dotée de remparts, vers les années 1250, une porte de la ville a été construite au niveau de cette chaussée : elle s’est appelée la "Porte de la Torche" (au niveau de l’actuelle Rue de Rigale). Elle était entourée de deux tours : la Tour du Moulin et la Tour de la Poudrière . Chaque année, le lundi de Pâques, avait lieu à la Torche une cérémonie bien réjouissante . On se souvient qu’en ces temps anciens, tout le monde respectait le temps du Carême et l’interdiction de manger de la viande. Le poisson était autorisé, mais il n’existait pas, comme maintenant, des poissonniers capables de vendre du poisson frais pêché et les gens de la ville devaient se contenter de poisson sec, morue ou hareng . Alors, tous les lundis de Pâques, le Seigneur de Châteaubriant réunissait les marchands de poisson sur la chaussée de la Torche, et leur ordonnait de se jeter à l’eau, non sans avoir prévu un bateau pour les repêcher, et une petite réception au coin du feu, pour les réchauffer, avec "une pièce de boeuf et du vin". Ces pratiques avaient encore cours en 1786.
- Hygiène (spectacle 2005)
Radio La Torche
La Torche, par la suite, ce fut, à l’égal du Rollard, du Deil et de la Chère, le grand dépotoir des eaux usées de la ville et il était habituel de voir, le matin, les femmes y vider les seaux de nuit . On dit que ces "promenades" étaient occasions de rencontres et d’échange d’informations. "La gazette de la Torche" en quelque sorte !
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La Torche, de nos jours, n’est plus le cierge des peigneurs de laine, ni la revanche des castelbriantais dégoûtés du poisson, ni le lieu de rencontres hygiéniques et matinales, c’est un paisible étang au pied du château et qui ne se fait menaçant que lorsque les eaux du ciel gonflent la rivière en amont.
- Palis de schiste
- Rue des Remparts
Non loin de la Torche
Jusqu’en 1991, la ville n’était propriétaire que de la rive sud de l’étang de la Torche (et donc de la moitié de la rivière). Désormais, grâce à l’amabilité des propriétaires, la ville a pu acquérir une bande de 5 m de large, sur l’autre rive (300 mètres de long environ). Le nettoyage de la berge a été fait, une barrière rustique en croisillons de bois a été posée et les castelbriantais peuvent se promener sur cette rive nord et profiter d’un point de vue inconnu sur le Château et sur la Chère. Car la Chère est belle, savez-vous ?