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Histoire du Grand Auverné (1)

(écrit en septembre 2010)

 Jacques de Kerangat

93 ans … et demi. Jacques de Kerangat fut sans doute le seul maire de la région de
Châteaubriant, à prendre la tête d’un groupe de touristes, dès 1996, pour faire découvrir sa commune. Une commune
qu’il connaît bien, pour en avoir été maire pendant 50 ans, de 1945 à 1995. Tirées de ses précieuses notes, voici quelques indications sur une belle commune, caractérisée par le schiste, et riche d’histoire.

Jacques de Kérangat
Octobre 2010

 Alverne ? Anverné, Auvernay ?

Sur la carte n°130 de Cassini, levée dans les années 1785-1787, figure le nom « Auverné ». Origine du nom ? Selon M. de Kerangat le nom de Auverné, viendrait d’une colonne d’Auvernes (Auvergnats) à la solde de l’empire romain, établie dans la région. Des étymologistes imaginent plutôt une origine liée aux arbres, des aulnes en l’occurrence. Les registres paroissiaux les plus anciens remontent à 1669 et portent le cachet « Province de Bretagne », ils concernent la commune de Auverné, voire Auvernay.

Auverné
Livre de 1673
Province de Bretagne

Le 16 juin 1607 un quartier important de la commune, Saint-Sulpice-d’Auverné, fut érigé en succursale par Charles de Bourgneuf, évêque de Nantes, en qualité d’église « subsidiaire d’Auverné ». On parlait alors de Saint-Sulpice-Feillette-d’Auverné. En 1793, une scission donnera naissance aux deux communes du Grand Auverné et du Petit Auverné.

 Doléances

En 1789 la commune d’Auverné comptait 1175 habitants en 233 « feux ». Quelques bonnes terres mais surtout beaucoup de landes et de bois. Quelques mines de fer étaient exploitées pour donner du minerai à la Forge Neuve de Moisdon. Le monde de la mine vivait totalement à l’écart du monde paysan et de la vie du village.

Le « cahier de doléances » du Grand Auverné fut rédigé le 2 avril 1789 par 39 personnes réunies à la cure, sous la présidence de Charles Bernard, notaire. Influencé par « les charges d’un bon citoyen de campagne » il est signé de René Lemaître, bourgeois.

A partir de 1793 il existe deux communes voisines : mais, chose étonnante, il y eut toujours une tension entre Grand Auverné et Petit Auverné. La séparation des deux communes est nette : elles n’appartiennent pas au même canton. Mais, de nos jours, elles sont réunies dans la même Communauté de Communes.

En 1793 on lit « Grand Anverné » dans un registre d’Etat Civil. A cette époque, en dépit des décrets des 20 et 25 septembre 1792 créant les registres d’Etat-Civil, la commune du Grand Auverné établit un registre clandestin pour les années 1794-1797.

Le Bulletin des Lois de 1801 évoque « Grand Auverné ». Les habitants actuels s’appellent des Alvernes. La commune a compté jusqu’à 1900 habitants en 1876. Le recensement de 2007 fait état de 735 habitants.

 Le centre-bourg

Construite en schiste, l’ancienne église du Grand Auverné avait un clocher fortifié comme celui de Moisdon. Pour monter aux cloches, l’escalier était fait de palis de schiste, fichés dans le mur, sans garde-corps ! Autour de l’église se trouvait un cimetière. « L’ensemble aurait 1000 ans d’âge » dit Jacques de Kerangat.

De nos jours, le cimetière a été déplacé et l’église a été démolie en 1879. A côté de l’ancienne église, l’église St Pierre/St Paul actuelle a été construite entre 1864 et 1866, avec des pierres de schiste données par M. Maire, propriétaire de la carrière du Rosaire à La Nantaie.

Sa particularité : elle est orientée vers l’Ouest au lieu de l’Est, en raison de la demande persistante de deux commerçants du bourg qui souhaitaient bénéficier de l’afflux dominical. L’un des commerçants était M. Rochereau, épicier. L’autre était M. Guérin, marchand de grains. Tous deux bons chrétiens, membres du Conseil Paroissial. En chaire le curé disait « Mes chers frères, vous me fendez le cœur ! ». C’est finalement le marchand de grains qui a emporté la décision, appuyé par l’évêché de Nantes, pour que l’ouverture se fasse vers les routes de Châteaubriant-Riaillé-St Julien de Vouvantes. La construction a coûté 112 000 francs de l’époque : 12 000 frs apportés par l’évêché et 100 000 frs par les paroissiens.

 Les routes

Manoir de la Haie

Au XIXe siècle, comme aux siècles précédents, il n’existait guère de voies de communication entre les communes. En 1840 fut commencée la route de La Turballe à Juigné (D 2) passant par La Meilleraye, le Grand Auverné et le Petit Auverné. En 1842 commença la route Ancenis-Châteaubriant par Riaillé (D14). Entre 1844 et 1847 fut faite la route reliant le Grand Auverné à St Sulpice des Landes (D111). En 1855 ce fut le tour de la route de Bonnoeuvre (D 120) passant par Basse Lande. La dernière faite fut celle du Grand Auverné à Joué sur Erdre (D 41) qui passe par La Coudrecière. Après 1945 le Conseil Municipal consacrera nombre de décisions à l’aménagement des chemins ruraux.

Le val

« Pratiquement, dit l’Abbé Trochu historien du Grand Auverné, de 1840 à la fin du siècle, il y eut beaucoup de chantiers de routes sur la commune ». Et si on y ajoute les travaux du petit train de Châteaubriant à Ancenis (vers 1910-1912), on peut voir que l’amélioration des communications a été importante. Est-ce pour cela que les habitants sont partis ? Pas seulement …

 Les carrières

Grand Auverné doit sa prospérité passée aux carrières d’ardoise exploitées à partir de 1789 par un homme du pays nommé François Lemaitre, sur la route de St Sulpice des Landes, en face « Le Grand Chemin ». En février 1815, il épousa Reine Corgnier, nièce du maire du Grand Auverné et, en juin 1838, il obtint de celui-ci la location du chemin de la Nantaie pour exploiter la carrière « Le Soleil » près du ruisseau de la Fontaine St Père. En 1839 les carrières de la Nantaie appartenaient à Lorinais et Cie de Candé, et celle du Soleil à Gaillard, tandis que « Le Rosaire » restait à François Lemaître. Vers 1863, François Lemaitre céda ses carrières à M. Maire. L’exploitation des carrières de schiste prit un essor considérable après la guerre de 1870. C’était une extraction à ciel ouvert, employant 300 à 400 perreyeux, la plupart du temps recrutés sur place [mais on trouvait aussi des Bas-Bretons].

La Rivière

En 1896, le terrain fut acheté par les Ardoisières d’Anjou : le tréfonds et tous les chemins donnant accès aux carrières. Un tramway de 1000 m était en projet, reliant les carrières à la Forge Neuve de Moisdon. Le Conseil Municipal de l’époque y était favorable. Mais, prétextant des travaux trop importants, et un filon ardoisier de moins bonne qualité, la société cessa l’exploitation en 1899, licenciant 200 ouvriers carriers. Jalousement, elle conserva la propriété du terrain, empêchant ainsi la reprise de l’exploitation des ardoises et aussi la construction de maisons, et le développement du bourg dans cette direction. La cheminée qui reste est le témoin des installations de ventilation, du temps où il y avait des machines à vapeur dans le fond.

Des carrières il ne reste que d’importants amas de petits débris et le souvenir qui émane des vieilles maisons de la commune utilisant ce matériau. Et des clôtures en palis encore nombreuses.

Au centre-bourg, dans les années 1950-1960, il y avait de nombreux commerces et artisans et des paysans en grand nombre et les foires annuelles étaient très fréquentées : la place de l’église était noire de monde. Contrairement à beaucoup d’autres communes, il reste encore un tissu commercial : restaurant, supérette, coiffeuse, gîte rural, couvreur, orchestre, comptoir agricole, société d’informatique, ferronnier d’art, plombier-électricien-chauffagiste et autres, qu’on peut découvrir sur le site internet de la commune.

Et une association culturelle dynamique : le Relais Accueil Proximité.

 Trois Seigneuries

A la veille de la Révolution, on dénombrait trois seigneuries au Grand-Auverné : la Haie, le Val et la Rivière qui avaient une juridiction assez réduite (équivalent d’une justice de paix) et en particulier le droit de donner un acte d’émancipation aux enfants mineurs qui se mariaient sur leur territoire. Chaque seigneurie avait son petit tribunal et rendait ses sentences dans une salle spéciale appelé l’auditoire, au Grand Bourg d’Auverné. Le juge s’appelait « le Sénéchal » et le défenseur des droits de la seigneurie s’appelait « procureur fiscal ». Le nombre d’affaires était trop peu important pour faire vivre ces fonctionnaires mais rien n’empêchait ceux-ci de faire partie de plusieurs tribunaux. C’est ainsi qu’on pouvait être à la fois sénéchal de la Haye, du Val et de la Rivière.

Grand Auverné, une ferme

Seules ces trois seigneuries avaient vraiment le titre de maisons nobles. Ce titre était attaché à la maison et surtout à la terre. C’était le lieu noble qui faisait la noblesse du propriétaire.

En plus des seigneuries, il y avait des résidences ou propriétés de gens de petite noblesse, appartenant à la petite ou moyenne magistrature, ayant un droit plus ou moins régulier de se faire appeler « nobles hommes » parce qu’ils étaient ou avaient été des petits fonctionnaires dépendant du roi. De nos jours, c’est avec surprise qu’on peut lire, dans les registres paroissiaux (par exemple en 1673), que « honorable femme Marie Guillon et honorable homme ... » ont été mariés, que « noble homme Bernard …, sieur de ... a espouzé et reçu la bénédiction nuptialle en l’église parroissiale » - et, à côté, que « Grégoire, fils de … a espouzé Jeanne fille de ... » . Certains avaient donc droit à un titre de noblesse quand d’autres devaient se contenter de leurs prénoms.

Pour suivre :

Article de La Mée
15 septembre 2010