Histoire municipale –1870 - Du 1er novembre 1870 au 31 décembre 1870
Levée en masse des Gardes nationaux
1er novembre 1870 : le gouvernement décide que les électeurs parisiens seront convoqués pour le 3 novembre pour répondre à la question : « la population de Paris confirme-t-elle, oui ou non, les pouvoirs du gouvernement de la Défense nationale ? ». Il y aura 321 373 oui et 53 584 non. Le pourcentage de vote dans l’armée fournira aux Prussiens des renseignements précis sur les effectifs français….
2 novembre 1870 : Gambetta organise la levée en masse dans toutes les provinces avec un objectif de 600 000 soldats à lever et à armer.
2 novembre 1870 : la commission municipale s’est réunie à Châteaubriant. Les 12 plus imposés ont également été convoqués. Etaient présents MM. Pigrée, Franco, Verron, Couchot. But de la réunion : entendre le rapport de la commission de cinq membres nommée le 27 octobre 1870. Ce rapport dit :
« Cet emprunt est nécessaire pour contribuer dans les proportions prévues par le décret du gouvernement de la Défense nationale de Tours du 22 octobre 1870, à l’équipement et à la solde de la Garde nationale de la commune. Il est également utile d’avoir des fonds disponibles pour achever l’organisation de la Garde nationale sédentaire et pour donner aux gardes nationaux peu fortunés l’uniforme et l’équipement qu’ils ne peuvent se procurer avec leurs propres ressources. Enfin il est indispensable en présence des souffrances du commerce et de l’industrie et de la situation critique que nous traversons en ce moment, de créer des travaux publics pour les ouvriers sans ouvrage et leur offrir des ressources qu’ils ne trouvent plus dans le travail particulier »
Le système des obligations au porteur est retenu. « Nous avons pensé que la coupure de 100 francs est la plus commode, qu’elle répond à tous les besoins et qu’elle permet aux personnes de toutes conditions de pouvoir concourir à cette oeuvre patriotique. Le taux d’intérêt à attribuer à cette obligation a été discuté avec l’idée de grever le moins possible les finances de la commune et de donner toutefois aux souscripteurs des avantages assez sérieux pour leur faire considérer l’emprunt comme une bonne affaire. Dans ce double but, la commission a pensé qu’un intérêt de 5 % par obligation serait suffisant mais que le titre de 100 frs. devrait émis à 95 frs et remboursé à 100 frs.
Vous avez décidé que la commune aurait besoin de 30 000 frs. En émettant des titres à 95 frs, il nous faut 316 obligations, mais comme l’emprunt aura à supporter les frais d’émission (affiches, impression des titres, indemnité au receveur), nous vous proposons d’émettre 320 obligations. Les ressources que la commune doit se procurer pour faire le service de cet emprunt, sont à ajouter à partir de 1871 au principal des trois contributions directes (foncière, personnelle et mobilière) et des portes et fenêtres. L’intérêt de 5 % sera payable le 1er novembre de chaque année et remboursable en 14 ans par tirage au sort annuel ».
Un membre a cependant fait remarquer qu’il lui paraîtrait plus rationnel que l’imposition extraordinaire destinée au remboursement de l’emprunt et au service des intérêts affecte les contributions des patentes aussi bien que les trois autres contributions mais sur l’observation qui lui a été faite que la commune était fort éprouvée par les circonstances actuelles, il n’a pas été donné suite à sa réclamation et il s’est rallié à l’opinion générale.
- Garde national 1870, avec un fusil chassepot (musée de l’armée)
4 novembre 1870, lettre au chirurgien major de la Garde nationale de Châteaubriant, signalant une circulaire du préfet qui recommande de veiller à la vaccination des gardes nationaux mobilisés. « Je vous prie de vouloir bien vous entendre avec moi pour convenir du jour, de l’heure, et du lieu où pourra se faire cette opération. Il serait à désirer qu’il y soit procédé dans le plus bref délai possible, le départ des mobilisés étant proche ».
11-12 novembre 1870 le maire de Châteaubriant, M. Guérin, indique qu’il n’existe dans la commune aucun fusil modèle 1866 (fusil chassepot). Par ailleurs il lance une adjudication « pour débarrasser la voie publique de pieds d’arbres, décombres, pierres et terreaux ».
11 novembre 1870 lettre de A.Beaulieu, chef de bataillon commandant la Garde nationale mobilisée : « je vous prie de vouloir bien mettre à ma disposition le poste et le violon de la mairie, l’un pour y mettre les hommes punis, l’autre pour y mettre les hommes de garde. Je vous prie également de vouloir bien m’indiquer le nombre total des armes qui seront à ma disposition pour l’instruction. Vous n’oublierez pas que les gardes nationaux sédentaires ainsi que les pompiers peuvent être requis de rendre les armes qui leur avaient été confiées. Je suis avec respect, monsieur le maire, votre très simple serviteur ». Signé Beaulieu.
11 novembre 1870 le même écrit au maire : « Pour faciliter la formation de mon bataillon j’ai réuni les différentes compagnies à Châteaubriant. Vous voudrez bien en conséquence délivrer des billets de logement en quantité suffisante. Je vous prie, en ce qui concerne les gardes nationaux mobilisés habitants à Châteaubriant même (dans la ville) de vouloir bien délivrer à ceux-ci des billets de logement pour 15 jours chez eux-mêmes afin que ces hommes n’aient pas à loger chez d’autres gardes nationaux ».
Signé : Beaulieu.
14 novembre 1870. un nommé Renaudot, chapelier à Ancenis, a obtenu la fourniture des képis pour la Garde nationale mobilisée. Il écrit au sous-préfet de Châteaubriant : « le type adopté par la sous-préfecture est un képi en feutre à 9,90 frs. J’ai trois modèles, un képi drap à 9,75, un feutre à 9,90 et le troisième également feutre 9,25. Veuillez, M. le sous-préfet, me faire écrire si vous désirez les voir et confronter avec d’autres ».
14 novembre 1870, le maire au sous-préfet : « j’ai fait prévenir les fabricants et marchands de Châteaubriant pouvant fournir des étoffes pour confectionner des capotes et pantalons pour la Garde nationale mobile. Un seul marchand a présenté des échantillons. Ces échantillons portent un numéro d’ordre et le prix du mètre, et la quantité de mètres actuellement disponibles. Vous voudrez bien me faire connaître aussitôt que possible la solution de cette affaire afin que ce marchand sache à quoi s’en tenir ».
15 novembre 1870 au sous-préfet : « il est résulté des démarches que j’ai faites près de différentes personnes de notre ville que le nombre de lits mis à la disposition des malades et blessés de l’armée est de 44. Je vous prie de faire remarquer à l’autorité supérieure que ces lits sont offerts pour des malades ordinaires et non atteints de maladies épidémiques » [Ndlr : en réalité il n’y en a que 38, car six lits ont été comptés deux fois].
16 novembre 1870 séance extraordinaire sous la présidence de M. Guérin. Le président a déposé sur le bureau les pièces concernant les legs faits à l’hospice et au bureau de bienfaisance de Châteaubriant par M. le Pays de la Riboisière. Le testament olographe de M. le Pays de La Riboisière, daté du 13 juillet 1863 lègue à l’hospice la métairie de la Chevière et 10 000 frs au bureau de bienfaisance, la commission donne son accord.
20 novembre 1870, la commission municipale sous la présidence de M. Guérin, s’est réunie pour indiquer les travaux à exécuter pour employer des ouvriers sans ouvrage assez nombreux en ce moment
La commission a reconnu à l’unanimité la nécessité et l’urgence de trouver du travail pour les ouvriers sans ouvrage et a pensé qu’il convenait de commencer par le nivellement de la place de la Pompe mais, pour ne pas s’aventurer dans les travaux qui pourraient par trop engager les finances de la ville, il y aurait lieu de prier M. l’agent-voyer d’arrondissement de faire un devis et d’indiquer le prix approximatif des dits travaux.
17 novembre 1870 au préfet : un nommé Gallais Pierre, garde mobile de la classe 1868, né à St Similien près de Nantes, a satisfait à la loi sur le recrutement pour le canton de Bouaye. Mais il réside maintenant à Châteaubriant. Lors de l’appel de la garde mobile, ce jeune homme ne croyait pas être compris comme fils de veuve. « Je l’ai engagé à partir immédiatement pour Nantes et demain, le 18 il doit se présenter à la préfecture, bureau de la guerre, pour se mettre à la disposition du gouvernement ».
19 novembre 1870 au sous-préfet : « en réponse à votre lettre du 15 courant, je vous informe qu’il existait à la mairie de Châteaubriant 110 fusils à percussion. 104 seulement ont été remis aux gardes nationaux mobilisés. Les six autres étant restés aux mains des gardes nationaux sédentaires. Dans quelques jours les six derniers seront à la disposition de M. le Commandant Beaulieu ».
21 novembre 1870 à Monsieur Jeusset : « aux termes de la circulaire du gouvernement de la Défense nationale du 18 courant, je vous invite à vous présenter sans délai devant l’autorité militaire à Nantes pour être dirigé sur le dépôt de votre arme le plus à proximité ». [Ndlr : ce jeune homme, né le 20 septembre 1831, a fait partie de la classe 1851, artillerie montée. Il a été congédié en 1858 comme artificier. Il a été autorisé par le sous-préfet à rester à Châteaubriant et a été nommé capitaine de la 1re compagnie des mobilisés]
21 novembre 1870 au capitaine adjudant-major de la Garde sédentaire à Châteaubriant : « M. le sous-préfet a invité M. le Commandant des mobilisés à faire battre chaque soir à la retraite, après que ses hommes rentrent chez eux vers 8:00. Il me prie de prendre les mesures nécessaires pour qu’une patrouille soit faite, chaque soir entre 8h et 9h par la Garde sédentaire pour ramasser les mobilisés qui se seraient attardés et les signaler au Commandant du Bataillon. Je vous prie de donner des ordres pour que cette mesure soit strictement exécutée ».
21 novembre 1870 aux capitaines des trois compagnies de la Garde nationale sédentaire de Châteaubriant : « je vous prie de me faire connaître exactement quels sont les hommes de votre compagnie qui sont dans l’indigence et par suite dans l’impossibilité absolue de se procurer à leurs frais le képi réglementaire de la Garde nationale. J’ai besoin des noms et prénoms, de la profession et de la demeure de chacun de ces hommes afin de les autoriser, s’il y a lieu, à prendre gratuitement un képi chez le chapelier désigné par la compagnie ».
22 novembre 1870 : Après la défaite de Sedan et l’abdication de Napoléon III, Léon Gambetta, ministre de la Guerre du nouveau gouvernement républicain, a décidé de former de nouvelles armées et de poursuivre la « guerre à outrance ». Le général de Kératry a été chargé d’établir à la hâte un camp à Conlie, dans la région du Mans (Sarthe) et d’y rassembler les mobilisés et les volontaires de l’ouest de la France pour y former une « armée de Bretagne ».
« En fait c’est un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. On y enfonce jusqu’aux genoux dans une pâte molle et humide. Tous les jours, on enlève 500 ou 600 malades. Quand il pleut trop fort, on retrouve dans les bas-fonds des baraquements submergés, il y a même eu quelques soldats engloutis, noyés dans leur lit pendant un orage. »(description faite par Gaston Tissandier).
Voir aussi : voir le site conlie.php
Le trop célèbre et triste camp de Conlie (Sarthe) fut le théâtre d’une anecdote linguistique tragi-comique : le général de Marivault passant la revue entendit nombre de Bretons supplier : " d’ar gêr ! d’ar gêr !" Le général croyant à un accès de "patriotisme français" des Bretons, s’écria, ému : "Ces braves Bretons ! Même dans la pire misère, ils n’ont qu’un désir, se battre !" Le général, ne savait pas le breton, il ne se doutait pas que d’ar gêr signifie "à la maison !" et non pas à la guerre.
- Gravure de Jeanne Malivel illustrant L’Histoire de notre Bretagne de Jeanne Coroller-Danio
Le 22 novembre 1870, toujours mal équipée, l’armée bretonne de Conlie, reçoit l’ordre de s’opposer à la poursuite de l’invasion prussienne. Gambetta promet des armes mais le lendemain, il interdit la livraison des armes et des munitions par peur d’un réveil chouan.
Ni oe kaset da Conlie da ober pinijenn, da zibriñ bara loued er fank hag el lagenn. Ar yenijenn, ar glac’har, an hirnezh, ar c’hleñved, à lakas meur a hini da gousked er vered.
Je fus envoyé à Conlie pour faire pénitence, pour manger du pain moisi dans la fange et le marais. La froidure, le chagrin, la nostalgie, la maladie envoyèrent plus d’un dormir au cimetière. [Chanson des Tri Yann]
22-28 novembre 1870 : reddition de Thionville, occupation d’Amiens par les Prussiens, bataille de Beaune-la-Rolande où 3 000 Français et 800 Prussiens sont tués, Bataille de Champigny (jusqu’au 3 décembre) : échec des troupes françaises : 8 000 défenseurs parisiens et 5 000 prussiens sont tués.
24 novembre 1870 au sous-intendant militaire à Tarascon. « j’ai reçu hier un extrait du registre des décès de la commune de Tarascon, délivré par M. Berlandier économe de l’hôpital, constatant le décès de M. de Fermon, zouave pontifical, à la date du 14 octobre dernier.
Il existe une erreur et il est de la plus haute importance de la faire rectifier. D’après les renseignements fournis par la famille de M. de Fermon et les pièces à l’appui, il résulte que notre jeune compatriote est vivant et fort bien portant. Voici l’explication qui vous prouvera que cet acte de décès a peut-être été fait un peu légèrement.
M. de Fermon est entré à l’hôpital de Tarascon le 4 octobre 1870 et en est sorti le 4 ou le 5 parfaitement vivant, et non le 14 comme indiqué dans l’acte. Le 7 octobre, il était à l’affaire (sic !) d’Orléans où il a été blessé. [Ndlr : occupation d’Orléans par les Prussiens].
Le 17 il est arrivé dans sa famille à Châteaubriant où il est resté quelques jours en convalescence. Le 22 octobre il est parti pour rejoindre son régiment à Tours. Le 14 novembre courant il a écrit une lettre que j’ai entre les mains, datée du Mans où il est actuellement comme volontaire de l’Ouest, 2e compagnie et 3e bataillon. Il faut croire que sa sortie de l’hôpital n’a pas été régulièrement établie et ce n’est que le 14 octobre que sa disparition a été constatée » . (voir au 3 décembre]
24 novembre 1870 au sous-préfet : « conformément au décret du 7 novembre et d’après votre circulaire du 14, j’ai fait dresser par ordre alphabétique la liste des hommes mariés ou veufs avec enfants, mobilisés par le décret précité. La première liste comprend les soutiens de famille. La seconde : les hommes mariés de 21 à 30 ans. La troisième ceux de 30 à 35 ans, enfin la quatrième ceux de 35 à 40 ans. Ces différentes listes ont été dressées avec beaucoup de soin en consultant les divers documents en ma possession ».
24 novembre 1870 : la souscription pour le drapeau de la légion des Gardes nationaux mobilisés de Châteaubriant est enfin terminée et a produit 297,20 frs.
28 novembre 1870 : le sous-préfet signale au maire de Châteaubriant que « le nommé Jalot Pierre Étienne actuellement domestique à la Psardière en votre commune, garde mobile de la 1866, numéro 39 du canton de Rougé, a trouvé moyen de se soustraire aux appels faits par la Garde mobile et la Garde mobilisée.
Je vous prie de prendre les mesures nécessaires pour que cet homme soit immédiatement (souligné dans le texte) incorporé dans le bataillon des Gardes mobilisés à Châteaubriant ». [à la suite de cette lettre, le maire a écrit à ce jeune homme].
2 décembre 1870, la remise du drapeau des Gardes mobilisés aura lieu le dimanche 4 courant à 2h dans le champ de manoeuvres situés route de Fercé. On se réunira à la mairie à une heure et demie pour se rendre à la sous-préfecture et de là au champ de manœuvres. Les pompiers et la Garde nationale sédentaire sont convoqués à cette cérémonie, musique en tête.
3 décembre 1870 au commandant de la brigade de Châteaubriant : un nommé Montereau Louis, âgé de 27 ou 28 ans, ancien garçon chez monsieur Coirre propriétaire à la Galissonnière, appartient au bataillon des Gardes mobilisés de Châteaubriant. D’après les renseignements recueillis, ce jeune homme serait domestique à Ancenis. Il ne s’est pas encore présenté devant le commandant du bataillon mais il est peut-être incorporé dans le bataillon d’Ancenis ce qui reviendrait au même en produisant un certificat de présence. Je vous prie M. le commandant de bien vouloir communiquer cette lettre à votre collègue d’Ancenis en le priant de faire rechercher cet homme et me faire renseigner sur sa position actuelle.
3 décembre 1870 à l’officier comptable de l’hospice de Tarascon. « je vous retourne l’acte de décès du sieur Vermond et le billet d’hôpital de M. de Fermon. Le nom Vermond est écrit de manière à lire Fermond surtout quand il est suivi des prénoms des père et mère de celui-ci. Votre lettre indique suffisamment comment l’erreur a été commise. C’est par légèreté que M. de Fermon a été fait mort, il est à désirer pour sa famille que cette erreur regrettable déjà ne devienne pas une réalité.
3 décembre 1870 aux membres du conseil d’administration de la Garde mobile à Nantes : j’ai fait remettre aussitôt réception au garde mobile Grandin René, le congé de convalescence de trois mois que vous m’avez adressé.
3 décembre 1870, M. Foutrel-Gaugy, notaire à Châteaubriant est nommé par le préfet membre de la commission administrative de l’hospice de Châteaubriant en remplacement de M. Lecouvette démissionnaire.
5 décembre 1870 : même si la levée des hommes est massive, on compte un certain nombre de réformés pour défaut de taille (17 hommes), faiblesse générale (15), hernie (10), myopie, cataracte, borgne (6), varices (4), psoriasis, bégaiement, obésité, phtisie (4), perte de doigts (3), mauvaises dents (3), calvitie (3), varicocèle (3), scrofules (3), divers (3). Les deux agents-voyers, les quatre commis des contributions directes, les trois facteurs, le commissaire de police et sept soutiens de famille sont dispensés. Il reste 356 hommes réquisitionnés.
8 décembre 1870 lettre du préfet au maire : « Veuillez me faire connaître avant le lundi 12 courant le nombre des gardes nationaux restant actuellement dans votre commune, s’il vous a été délivré des fusils et combien »
9 décembre 1870 au sous-préfet : « je vous adresse un tableau de renseignements concernant les jeunes gens que vous me signalez comme insoumis ».
8 - 10 décembre 1870, l’armée de la Loire est battue à Beaugency (Loiret).
9 décembre 1870, le gouvernement de Défense Nationale, abandonne Tours pour fuir vers Bordeaux. Le 13, panique générale à Tours, où toute la population s’enfuit, y compris les militaires avec leurs chefs, retour des autorités le 15.
10 décembre au préfet : « le nombre de Gardes nationaux sédentaires restant actuellement dans la commune est de … (non indiqué !). Il n’a été délivré que 40 fusils. Depuis longtemps nos gardes nationaux réclament des fusils et sont plus que jamais impatients d’en recevoir. Je suis assuré que tous ces braves gens, bien armés, pourront rendre de grands services ».
11 décembre 1870 la commission municipale s’est réunie sous la présidence de M. Guérin, les douze plus imposés ont été convoqués, quatre sont présents : MM. Couchot, Rivaud, Franco et Pigrée. Lecture est faite d’une lettre du sous-préfet disant qu’il a reçu, le 1er décembre, copie d’une dépêche par M. le ministre de l’intérieur au préfet de Loire-Inférieure. Le ministre dit qu’il ne peut donner son approbation à la délibération de la commission municipale du 12 novembre dernier par laquelle la commission municipale a voté un emprunt de 30 000 frs. pour contribuer à l’organisation des gardes nationales mobilisées et sédentaires et pour assurer du travail aux ouvriers sans ouvrage.
La commission a prévu une imposition extraordinaire pendant 14 ans de 15 centimes additionnels au principal des trois contributions directes, foncière, personnelle et mobilière pour assurer en intérêts et principal le service de l’emprunt mais a exempté les contribuables soumis à la patente. Le ministre dit qu’il est « impossible d’accueillir l’exemption votée en faveur des patentables ». Les membres de la commission, après lecture de cette lettre, ont délibéré sur la question de savoir s’il y avait lieu de maintenir purement et simplement la délibération du 12 novembre 1870 ou s’il n’était pas préférable de faire contribuer les patentables au paiement de l’emprunt.
À l’unanimité moins deux voix la commission a décidé de « maintenir ladite délibération pour les motifs indiqués qui avaient été mûrement pesés et examinés avant de proposer en faveur des patentables cette exemption qui se trouve imposée par la force des circonstances et les souffrances exceptionnelles du commerce. Cette exemption n’est, du reste, d’après ce qu’ont pensé les membres présents, en opposition avec aucun texte de loi. Le président est mandaté pour obtenir l’autorisation nécessaire pour procéder sans retard à l’emprunt »..
Ce même 11 décembre 1870, le Président de la commission municipale fait connaître que six personnes ont demandé, en temps utile, leur radiation de la liste du Jury.
[Ndlr : une loi des 16-21 septembre 1791 a créé un tribunal criminel départemental, composé de citoyens et de juges. Il s’agit sans doute du Jury cité ci-dessus. Le 20 décembre prochain, le maire en enverra la liste au sous-préfet en indiquant qu’elle contient 264 citoyens].
Le président donne lecture d’une pétition revêtue de la signature d’un grand nombre de citoyens demandant le changement du bureau de la garde montante et de la garde descendante au poste de la mairie. La commission a pensé à l’unanimité qu’il convenait de laisser au président de la commission toute latitude pour se prononcer sur ce point, de concert avec le commandant de la garde nationale sédentaire.
Une autre pétition demande un réverbère à l’angle Nord-Est du château de la Trinité. La commission se prononce pour son ajournement.
Le président de la commission est autorisé à prendre sur les fonds mis à sa disposition, telle somme qu’il jugera utile pour fournir gratuitement des bons de soupe aux ouvriers nécessiteux et sans ouvrage. La dépense sera faite sur la somme affectée à l’établissement d’un atelier de charité.
12 décembre 1870 au sous-préfet : « conformément à votre circulaire du 30 octobre dernier, j’ai requis les citoyens de ma commune qui possédaient des havresacs [Sac à dos dans lequel un fantassin enfermait les effets à son usage] de les remettre à la mairie en leur faisant con-naître qu’ils seraient ultérieurement indemnisés ». Résultat : 10 havre-sacs déposés à la mairie.
12 décembre 1870 au sous-préfet au sujet de l’emprunt de 30 000 frs. : « il y a lieu d’insister près de M. le préfet pour qu’il veuille bien autoriser sans retard l’emprunt demandé, on nous fait attendre plus d’un mois une réponse à notre délibération du 2 novembre. Si nous ne sommes pas autorisés de suite à faire l’emprunt précité, il nous sera impossible de satisfaire aux obligations qui nous sont imposées par le décret du 22 octobre et nous allons nous trouver dans une situation déplorable en face d’ouvriers sans ouvrage et sans ressources pour eux et leur famille. Je n’exagère rien quand je dis que des désordres pourraient en résulter. Plus on attendra à nous autoriser à faire cet emprunt, plus les difficultés seront grandes pour le réaliser ».
13 décembre 1870, pendant la guerre, la vie quotidienne se poursuit. Le maire de Châteaubriant adresse au sous-préfet, en double minute, quatre actes de concession de terrain au cimetière.
14 décembre 1870 au sujet de Julie B. aliénée. Le maire envoie au sous-préfet un certificat du percepteur, l’extrait de naissance de l’aliénée et un certificat constatant la position de l’aliénée et de son frère, seul membre de sa famille restant actuellement. Sans être dans l’indigence, M. B. n’est pas dans une position à supporter la charge complète de la pension de sa sœur à l’asile Saint-Jacques de Nantes, si elle y est admise.
17 décembre 1870 au préfet, le maire rappelle sa lettre du 15 novembre sur les lits destinés aux blessés de l’armée. « Nous sommes depuis longtemps en mesure de recevoir des blessés et il n’en est pas encore venu. La commune est forcée d’accepter l’indemnité de un franc par jour et par blessé que la Société de Secours offre de payer, ses ressources ne lui permettant pas de subvenir aux besoins des blessés ».
Appel du maire de Nantes
17 décembre 1870 lettre du maire de Nantes à Messieurs les membres du conseil municipal à Châteaubriant : « la ville de Nantes est devenue aujourd’hui un centre de fabrication de munitions et d’engins de guerre, canons et mitrailleuses, de premier ordre. A quelques kilomètres en aval de la Loire, on rencontre l’usine nationale d’Indret, l’un des plus grands établissements militaires de France sinon le premier. A l’embouchure de la Loire, Saint-Nazaire, agrandi, comme port maritime, par des travaux qui ont coûté des sommes immenses, renferme des valeurs maritimes qui se comptent par millions. Les entrepôts de Nantes contiennent des richesses commerciales. Nantes enfin est la clef de la Vendée et de la Bretagne.
Les mouvements de l’armée prussienne qui paraît suivre le Val de Loire semblent indiquer que l’ennemi lui aussi attache à l’occupation de Nantes une importance particulière. Cette ville pourrait en cas d’insuccès de nos armées, devenir son objectif.
Nantes a l’énergique volonté de se défendre. Des dispositions stratégiques sont prises. Mais si le mouvement de l’ennemi, en se dessinant davantage, rend le danger plus pressant, il devient évident que, livrée à elle seule, la ville devra succomber, n’ayant pu sauver que son honneur.
Il nous paraît donc une irrésistible nécessité que, pour mettre la Bretagne et la Vendée à l’abri d’une invasion qui, partout où elle pénètre, sème la dévastation, la ruine et fait du pillage, de l’incendie, de l’assassinat et du viol un système, ces vastes contrées s’unissent par un pacte de mutuel secours et forment une étroite alliance, afin de réclamer avec la plus pressante assistance auprès des comités de défense locaux, auprès des autorités civiles et militaires qui peuvent avoir une utile action, auprès du gouvernement lui-même, la création d’un système
embrassant l’ensemble de la défense, appropriant les combinaisons aux dispositions naturelles
du terrain qui seront utilisées ou perfectionnées.
Ce qui nous a encore semblé important d’obtenir c’est la concentration de la direction de
la défense et de ses éléments dans des mains armées de tous les pouvoirs nécessaires pour
accomplir une œuvre, qui pourvoie au salut de tous, tout en sauvegardant particulièrement un pays qui a pourvu largement, en hommes et en ressources diverses, à la défense nationale, alors qu’une partie de la France s’agitait dans des querelles violentes et stériles.
Nous vous demandons, puisqu’il faut qu’une ville, qu’un groupe d’hommes prennent cette initiative, d’unir vos efforts aux nôtres et, après avoir adhéré à notre proposition, d’agir avec nous pour arriver à l’organisation résolue et énergique d’une défense qui profitera à la patrie autant au moins qu’à nos intérêts régionaux ».
C’est signé du maire de Nantes Waldeck-Rousseau et de ses adjoints.
18 décembre 1870 le chef de bataillon de la garde nationale de Châteaubriant au président de la commission municipale : « J’ai l’honneur de vous inviter au nom des officiers de la Garde nationale sédentaire à un punch d’adieu qui sera offert aux officiers de la Garde mobilisée de Châteaubriant lundi 19 décembre à 8h du soir à l’hôtel de la mairie » et c’est signé Ch. de Tugny.
18 décembre 1870 la commission municipale se réunit sous la présidence de M. Guérin qui donne communication d’une lettre du comité de défense, demandant si la commission municipale était d’avis que la ville de Châteaubriant dut opposer une résistance énergique à la marche de l’ennemi et si elle autorisait le comité à prendre toutes les mesures commandées par les besoins de la défense. La commission est d’avis à l’unanimité de faire une défense énergique tout en faisant observer qu’une défense purement légale, eu égard à la situation de la ville, était matériellement impossible.
« Châteaubriant est décidée à concourir de toutes ses forces à une résistance sérieuse mais est persuadée que cette défense ne peut devenir efficace qu’autant que la Bretagne tout entière prendra part sous un commandement unique auquel tous les pouvoirs seront donnés sur les personnes et sur les choses. Elle fait des voeux pour que ce commandement soit accordé dans le plus bref délai à un homme énergique et sûr ».
19 décembre 1870 dans la grande salle de l’hôtel de ville, les officiers et délégués des cantons de Châteaubriant, Derval, St Julien de Vouvantes, Moisdon, et Rougé, convoqués régulièrement, se sont réunis sous la présidence de M. Guérin. En effet, M. Beaulieu vient d’être appelé à d’autres fonctions par M. le Général commandant supérieur des Gardes nationales de Loire-
- French Garde Nationale – par anonyme
Inférieure. En conséquence il y a lieu de pourvoir à son remplacement.
Sur 73 votants, M. Mammès, capitaine adjudant-major du bataillon, a obtenu 60 suffrages. Il a donc été proclamé chef de Bataillon, commandant le premier bataillon de la légion des Gardes nationaux mobilisés à Châteaubriant.
20 décembre 1870 : les Prussiens bombardent la ville de Tours : 6 morts.
21 décembre, échec sanglant d’une tentative de sortie de l’armée de Paris au Bourget et à Neuilly.
21 décembre 1870 à Châteaubriant le sieur Pierre B. ne veut signer aucun engagement de payer une part de la pension de sa soeur Julie B à l’asile Saint-Jacques de Nantes. Motif : il ne fait aucun travail depuis quelques temps et sa position ne lui permet pas de contribuer à cette charge pour quoi que ce soit.
21 décembre 1870 au maire de Nantes : envoi de la copie de la délibération prise par la commission municipale dans sa séance du 18 décembre. « Comme vous le voyez, M. le maire, nos idées sont conformes à celles du conseil municipal de la ville de Nantes ». Envoi aussi au président du Comité Républicain de Nantes : « nous partageons vos idées sur les moyens de défense de la Bretagne ». Envoi également au président de la commission de défense nationale à Châteaubriant.
22 décembre 1870 le sieur Leroy Victor, boucher à Châteaubriant a été déclaré adjudicataire de la fourniture de viande à faire à l’hospice en 1871, à raison de 80 centimes le kilogramme. Comme les années précédentes aucune soumission n’a été présentée et d’autres fournitures. Le 31 décembre, le Préfet autorise MM. Les administrateurs à procéder par voie de régie à l’exécution des autres fournitures.
29 décembre 1870 : rôle de la rétribution scolaire pour le 4e trimestre de 1870 :
élèves de la commune : 340 frs
élèves étrangers : 114 frs
élèves gratuits : 51 frs. Total 505 frs.
Sources :
Archives de la mairie de Châteaubriant,
1 D 19 (Conseil Municipal) et 2 D 11 et 2 D12 (courriers) – 2 D 3 – et 3 H5
Internet et notamment Wikipédia
Histoire de la France et des Français par
André Castelot et Alain Decaux
voir le site santostefanocarlosalberto