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1870, janvier à mars

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 Le zizi de Victor et la danse de la guerre

2 janvier 1870 : il y a Paris un nouveau ministère. Emile Olivier y a le titre de Garde des Sceaux. Autour de lui sont réunis un ministre de centre-droit et un de centre-gauche. On a surnommé ce ministère « le ministère des bonnes volontés ».

3 janvier 1870, le maire de Châteaubriant, M. Béchu du Moulin-Roul, écrit au Sous-Préfet qu’il y a en cette ville deux individus soumis à la surveilance de la haute police et que leur conduite n’a donné lieu à aucun reproche. L’année commence bien.

4 janvier 1870, à M. Ernoul de la Provôté, receveur d’enregistrement à Châteaubriant (et demeurant à La Mercerie) « J’ai l’honneur de vous adresser un mandat de 48,90 frs pour paiement de 326 m2 de pierre extraite dans l’un de vos champs à raison de 0,15 frs. Prix convenu entre nous. Je sais bien que par l’effet de ce tirage, votre champ se trouve amélioré et même nivelé. Les raccordements à faire sont bien en dessous de la recette et de l’avantage produits.

Cette pierre a servi au chemin du Moulin Neuf où vous êtes intéressé, et ce qui reste commence l’empierrement du chemin de la Bruère. Celui-ci n’est pas aussi nécessaire à votre propriété. Cependant il en augmentera les agréments et lui créera des communications avec les pays de Saint-Aubin et autres. Vous l’avez reconnu, Monsieur, et vous avez bien voulu céder gratuitement du terrain pour l’élargissement, lequel détruit de bonnes haies, de jeunes arbres de bonne tenue ».

« Vous avez réservé l’abandon des excédents joignant vos terres riveraines et le prix des clôtures à refaire, prix que nous avons fixé de concert à 0,25 frs les deux mètres courants. Il a été convenu que je vous adresserais une lettre d’ordre et vous l’avez demandé à M. Lacroix. Je n’ai pas encore reçu de l’administration supérieure les formules nécessaires. Mais la présente lettre peut parfaitement en tenir lieu il vous suffira de m’en accuser réception ».

6 janvier 1870, recrutement de la classe 1869. Le maire écrit au maire de Fercé au sujet d’un jeune homme Tessier Prosper, fils de René et Jeanne Hupel, né à Fercé en 1849 mais ayant pour tuteur Marcel Julien, tanneur à Châteaubriant.

Lettre aussi au maire de Loiré pour Robert Jean, fils de Mathurin et Jeanne Potiron, né à Loiré mais dont le père et la mère résident à Châteaubriant. Lettre au maire de Nozay pour Brousse Pierre.

Demande d’autorisation de mariage pour Bréard Pierre qui veut épouser Jeanne Perrine Fouchard, lingère – et pour Gasche Jean qui veut épouser Marie Leray.

9 janvier 1870 : à Paris le Corps Législatif est divisé en quatre groupes ; à droite les arcadiens (80 membres), à gauche les Républicains (40 membres) et au centre, le centre droit (108 membres avec Emile Olivier) et le centre gauche (40 orléanistes). Emile Olivier fait appel à tous les partis. « Personne, dit-il, ne peut refuser son concours à la constitution d’un gouvernement qui donne le progrès sans la violence et la liberté sans la révolution ». Mais Gambetta lui répond : « Si pour fonder la liberté, vous comptez sur notre concours, il faut vous attendre à ne le rencontrer jamais...

À nos yeux le suffrage universel n’est pas compatible avec la forme de gouvernement que vous préconisez … Entre la république de 1848 et la république de l’avenir vous n’êtes qu’un pont et, ce pont, nous le franchissons ». Le nouveau ministère est cependant bien accueilli par l’opposition libérale, les catholiques et même les protectionnistes.

10 janvier 1870 : un journal corse a fait paraître un article anti-bonapartiste qui met en colère le prince Pierre Bonaparte, neveu de Napoléon III. Le prince réplique par un article virulent y désignant les républicains de l’île pas moins comme « des traîtres et des mendiants », destinés à être massacrés et à être mis « le stenine per le porette », autrement dit : « les tripes au soleil ». Le journal La Marseillaise d’Henri Rochefort prend fait et cause pour le journal corse. Et tout s’envenime. Un duel est organisé. Le jeune journaliste Victor Noir vient demander au prince de retirer ses propos.

On ne sait ce qui s’est passé exactement, en tout cas le prince Pierre Bonaparte fit feu sur Victor Noir et le tua. Il alla aussitôt se constituer prisonnier.

L’émotion est à son comble et l’on craint une insurrection à Paris.

12 janvier 1870 : enterrement de Victor Noir. Craignant une manifestation, le gouvernement interdit que ce soit au Père-Lachaise. La foule est immense, 100 000 personnes selon la police. Après l’inhumation, la foule revient vers les Champs-Élysées qui regorgent de troupes. Les manifestants ne se séparent qu’à la troisième sommation. Napoléon III les regarde de loin, pensivement, disant : « Si ces braves gens savaient combien il est facile d’entrer ici, nous ne coucherions pas ce soir aux Tuileries ».

Le zizi de Victor

En 1891, la dépouille de Victor Noir, devenue un symbole républicain, est transférée à Paris au Père-Lachaise. Le sculpteur Jules Dalou, réalise son gisant en bronze, dans un réalisme dénué de tout ornement. La bouche est ouverte et les mains gantées, les vêtements dégrafés, le chapeau a roulé, l’oeuvre est dotée d’une virilité bien moulée par le pantalon.

Une superstition veut que les femmes en mal d’enfants touchent le gisant afin d’être rendues fertiles. Le bronze en est tout érodé. C’est surtout par cette tradition, toujours en vogue, qu’est désormais connue la sépulture de Victor Noir.

21 janvier 1870. A Châteaubriant on s’occupe d’affaires municipales. Le maire écrit à M. Curtis, Pont du Cens à Nantes. « Le 4 octobre 1869 je vous écrivais que pendant la session de novembre, le conseil municipal n’avait pas voulu s’occuper de l’éclairage au gaz, ne pensant pas qu’il y eut des possibilités en ce moment de donner une solution à cette question, et que j’avais l’intention d’en reparler à la session de mai, et que j’avais l’honneur de vous donner ces informations vous épargner des voyages inutiles »

« Vous êtes venu à Châteaubriant avec M. Rosser, (voir 11 décembre 1869) prétendant n’avoir pas reçu ma lettre. J’ai profité de votre présence pour vous mettre en rapport avec des conseillers municipaux et faire avancer l’affaire. Depuis, nous n’avons pas eu de Conseil. Nous en aurons un en février mais il faudra toujours attendre celui de mai, comme je vous l’ai expliqué.

28 janvier 1870 à Mme veuve la Touche. « La commune est en mesure de vous payer 3900 frs pour l’acquisition du jardin que vous possédiez place des Terrasses à Châteaubriant »

« Je sais, Madame, qu’au besoin vous auriez eu la bonté d’accorder à la commune une prolongation de délai et en son nom j’ai l’honneur de vous en témoigner une juste reconnaissance. Je vous transmets un mandat de 3900 frs. pour le capital et 195 frs. pour l’année d’intérêt soit 4095 frs échéant le 2 février prochain »

28 janvier 1870 le maire transmet au Sous-Préfet la délibération du conseil municipal affectant à l’achat des pompes et accessoires la somme de 1549,25 frs, « produits d’une souscription » ouverte à cet effet. « Je vous prie de bien vouloir solliciter de M. le Préfet l’ouverture d’un crédit égal afin de mettre en mesure de délivrer des mandats de paiement pour les acquisitions faites ».

4 février 1870 envoi au Sous-Préfet de deux délibérations de l’administration de l’hospice pour demande d’approbation du préfet. Elles ont pour but d’obtenir l’ouverture des crédits additionnels au budget de 1870. L’un de 150 frs. pour frais d’aménagement et de déménagement occasionnés par la reconstruction du bâtiment principal, l’autre de 1000 frs. pour remplacer le fourneau de fonte, fer et cuivre, posé dans la cuisine. « qu’il est indispensable d’avoir en bon état pour le service de tout l’établissement ».

4 février 1870, prestation de serment de M. Lecoconnier en qualité de membre du bureau de bienfaisance de Châteaubriant.

6 février 1870 : Le conseil municipal se réunit à Châteaubriant sous la présidence de M. Béchu du Moulin Roul. Il y est question de la modification d’une route : la route n°41 de Soulvache au Grand Auverné, partie comprise entre la ville de Châteaubriant et les limites de la commune d’Erbray.

Le maire rappelle qu’un arrêté du préfet en date du 15 octobre 1869 a nommé M. Lacroix, secrétaire de mairie, comme commissaire enquêteur à l’effet de recevoir pendant trois jours les réclamations qui pourraient être faites contre ce projet, indiquant que, pendant les 30 jours précédant l’enquête, le plan du chemin doit être déposé à la mairie de Châteaubriant « où les habitants seront appelés à en prendre connaissance par des publications et affiches dans la forme ordinaire ». Une insertion a été faite dans le Journal de Châteaubriant du 24 octobre 1869.

L’enquête a eu lieu pendant 30 jours à partir du 25 octobre 1869 et le commissaire enquêteur a reçu les 25 26 27 novembre de 12:00 à 2:00 les réclamations qui ont été faites contre le projet. Le maire donne lecture :

a) d’une réclamation longuement motivée énumérant les motifs qui, suivant les signataires, doivent rejeter la modification soumise à l’enquête ainsi que l’exécution d’un tracé "absolument opposé à l’intérêt général".
b) d’une pétition demandant au contraire l’exécution du tracé en question,
c) des conclusions du commissaire enquêteur tendant à l’adoption de la modification proposée pour ce chemin « qui paraît d’une utilité incontestable »

Le maire ne peut que donner un avis favorable au tracé mis à l’enquête. Quelques conseillers font observer que le moment ne leur paraît pas opportun pour approuver cette modification et voter l’exécution de ce chemin qui a toujours rencontré une vive opposition ; qu’il y aurait un grand intérêt pour la ville à attendre la rectification de la route impériale numéro 163 ; que d’ailleurs les finances de la ville ne paraissent pas en état de faire face à toutes les indemnités de terrain ; qu’aujourd’hui même la commune est dans l’impossibilité, à moins d’avoir recours à des moyens extraordinaires, d’agrandir la maison d’école, travail d’une utilité incontestable.

D’autres membres combattent cette opinion et font observer qu’il est évident que ce chemin sera fait tôt ou tard, qu’il est important pour la commune de le voter immédiatement pour bénéficier de l’emprunt ayant pour but de venir en aide aux communes pour l’exécution des chemins de grande communication. « Cette partie de chemin de grande communication reste seule à ouvrir dans la commune et son exécution, dit M. le maire, donnera prospérité à des exploitations agricoles, à des habitations n’ayant encore que des voies impraticables ».

 Autre chemin

Le conseil municipal du 6 février émet le voeu qu’un chemin rural sur la rive gauche de la Chère en face le pont Moulin Neuf, très encaissé, à peu près impraticable, et servant cependant aux exploitations agricoles, soit amélioré. Cela revient à prolonger de 2 à 300 m le chemin vicinal n°1 de Béré au Moulin Neuf.

 Un emprunt ?

Toujours ce 6 févier 1870, le maire consulte le conseil municipal sur l’opportunité d’un emprunt destiné à l’agrandissement de la maison d’école. Le conseil municipal est d’accord pour un emprunt de 10 à 12 000 frs.

Sur la carte de gauche, datant des années 1830, la rue A. Briand n’est pas faite, la rue Michel Grimault non plus, et la vieille chapelle (église St Nicolas) est toujours debout. La rue de la Vannerie remonte vers le nord et se divise en deux branches. La première va vers la Porte de la Poterne. La seconde se dirige vers la Porte Neuve.

Sur la carte de droite, la rue Aristide Brand et la rue Michel Grimault (qui ne portent pas encore ces noms) sont ouvertes, la rue de la Poterne est devenue "Rue du Pélican", on distingue encore très bien les deux branches de la rue de la Vannerie.

 Une nouvelle église

Un mémoire de M. le curé de Châteaubriant demande au Conseil de fixer de manière irrévocable l’emplacement de l’église à construire. Le Conseil rappelle que l’hôtel d’Arimont, maintenant servant de cure, a été acquis en 1858 par la commune en prévision de la reconstruction ou de l’agrandissement de l’église ; que pour cette raison la fabrique a payé un tiers des frais d’acte, un tiers de la somme à ajouter au prix de vente .

Sur cette carte on voit la chapelle St Nicolas et l’hôtel d’Arimont
Ndlr : le 19 septembre 1858, les fabriciens de St Nicolas comprennent bien que la Fabrique doit épuiser ses ressources avant de venir demander des secours à la commune. Ils décident que le Conseil de Fabrique acceptera, dans les charges de l’opération, la part que lui imposera le Conseil Municipal. Le maire propose alors de faire entrer le Conseil de Fabrique pour un tiers dans les frais d’acquisition. Pour faire face aux charges nouvelles que cette affaire va créer à la commune, le maire propose de voter, pendant 6 ans, « une somme de 1000 frs qui, réunie au secours annuel de 500 frs que le Conseil de Fabrique met à la disposition de la ville », suffira pour amortir les 6500 frs (différence entre le prix d’acquisition de la nouvelle cure et le prix de vente de l’ancienne). Il faut aussi compter les intérêts. Le Maire propose de voter l’acquisition de l’ancien Hôtel d’Arimont pour 22 000 frs, frais compris. Le Conseil Municipal accepte à l’unanimité et vote en plus, pour le Conseil de Fabrique, « des actions de grâces pour le concours qu’il vient d’apporter à la ville ».

« Attendu qu’il revient de suivre les agissements des conseils municipaux précédents et de profiter des possibilités créées par leur prévoyance, le Conseil décide que l’église, si on peut parvenir à la reconstruire, devra être largement établie sur la place Saint-Nycolas (sic !) et dans tout le périmètre entre la propriété de M. Botton et la rue Neuve. Pour préparer l’exécution de ce plan, M. le curé fera bien d’acquérir la maison du sieur Andéol. Le Conseil n’entend pas contribuer à cette dépense mais il est toujours dans l’intention de participer par une respectable subvention à l’oeuvre de l’église éminemment communale »

Autre point de ce 6 février 1870 : Par délibération du 14 février 1869, le conseil municipal s’est engagé à acquérir une parcelle de terre située à l’est de la place des Halles. Mais, d’une lettre du sous-préfet du 27 septembre 1869, il résulte qu’il ne peut être donné suite sauf si une convention avec M. Yvon assure la cession amiable de ce terrain. Le conseil municipal invite le maire à faire des démarches auprès de M. Yvon.

M. Guérin, dans une lettre, fait remarquer qu’à peu de distance du Pont Saint-Jean la route départementale de Châteaubriant à Rennes est coupée par un canal découvert servant à l’écoulement des eaux pluviales et que chaque fois qu’une voiture passe à cet endroit le conducteur, s’il n’a pas la précaution de faire la marcher ses chevaux au pas, s’expose à rompre le ressort de sa voiture. Il dit que les Ponts et Chaussées semblent ne pas se préoccuper de cet état de choses, et que la dépense serait fort minime pour faire passer les eaux sous la route. Tout en reconnaissant que la plainte est fondée, le conseil municipal pense qu’il ne doit pas voter un crédit pour une dépense qui incombe aux Ponts et Chaussées et il invite le maire a rappelé la plainte des habitants à ce sujet.

Énfin le Conseil veut témoigner à M. Malgogne toute sa satisfaction pour le courage qu’il a montré dans l’arrestation d’un malfaiteur qui jusque-là avait échappé aux recherches de la gendarmerie et qui était accusé d’une tentative d’assassinat. M. Malgogne, maçon, est dans l’indigence. Le Conseil lui vote une somme de 25 frs.

10 février 1870 : le gouvernement français accepte le projet anglais de désarmement et se déclare prêt à réduire le contingent de 1870 de 10 000 hommes. Bismarck, chancelier de la Confédération de l’Allemagne du Nord, refuse.

11 février 1870 le maire précise au Préfet que, à Châteaubriant, les boissons sont seules soumises à l’octroi.

 Vaccine et charités

22 février 1870 : envoi au Sous-Préfet du registre des vaccinations opérées gratuitement à Châteaubriant par M. Deourmel de la Picardière, vaccinateur spécial pour l’année 1869. (il s’agit de vaccine).

[Ndlr : La vaccine, aussi appelée « variole de la vache », est une maladie infectieuse des bovidés (Cowpox) et des équidés (Horsepox). Le virus, proche de celui de la variole, fournit un vaccin qui permet d’immuniser l’homme contre cette dernière. Le vaccin de la vaccine n’est cependant plus utilisé de nos jours car la variole est éradiquée depuis 1980]. (source : wikipedia)

12 février 1870  : Lettre au Sous-Préfet.
« La société de charité maternelle [fondée en 1839 par M. Brossays, maire], est administrée par M. Picot de Plédran, premier adjoint délégué à cet effet. Trois dames patronnesses dont l’une est présidente de l’oeuvre recherchent, chacune dans le quartier spécialement destiné à ses soins, les femmes qui ont le plus besoin d’être secourues. Les charités seraient plus étendues et plus larges si les ressources, souvent dépassées, le permettaient ».

Le nombre des femmes assistées est en moyenne de 40 à 50. Elles reçoivent gratuitement les soins d’une sage-femme, les remèdes nécessaires, les quantités spécifiées d’épicerie, des draps, des chemises leur sont prêtées. Une layette complète est donnée pour l’enfant.

Ces dépenses absorbent et au-delà les recettes ordinaires :
- subvention de la commune 200 frs
- subvention du département 200 frs
- subvention de l’État 200 frs
- et souscriptions 200 à 300 frs.

28 février 1870 demandes de prolongation pour le jeune Louis Cadorel qui est en "congé de semestre", renouvellement pour six mois car ce jeune est d’une grande utilité à sa famille. Même demande pour Jean-Jacques Hubert : « ce jeune homme ayant une très bonne conduite, très bon ouvrier, est indispensable à sa vieille mère abandonnée par son mari depuis longtemps ».

3 mars 1870 au Percepteur de St Gildas des Bois. « Jean-Marie Claveau a été reçu à l’hospice en qualité de partenaire payant. Le prix de la pension devant être compté d’avance, je vous serais reconnaissant d’adresser à Mme la supérieure le montant du trimestre courant »

 Quartier de la Vannerie

5 mars 1870 envoi au sous-préfet du dossier de l’enquête publique au sujet du chemin numéro 41 de Soulvache au Grand Auverné, partie comprise entre la ville et les limites de la commune d’Erbray. [il s’agit de l’actuelle rue Michel Grimault]

Ce dossier fait problème, le maire explique :

« L’opinion publique s’est intéressée à cette affaire avec raison. La ville doit gagner, à l’ouverture de cette voie, un nouveau quartier, des constructions, des communications avec Ancenis et les pays intermédiaires. Le quartier de la Vannerie, au midi de la ville, est le seul quartier de Châteaubriant qui n’ait pas encore bénéficié de nouvelles voies. Il y a justice distributive à lui accorder part aux faveurs, aux travaux, à l’emploi des deniers publics. Il a souffert longtemps de l’attente et il ne sera appelé que le dernier au progrès.

Pendant l’enquête, quelques propriétaires traversés ne voulant pas l’être et pour cette raison ne comprenant pas les avantages de l’ouverture de la voirie, ont déposé une pétition. Émus par cette pétition, les autres propriétaires intéressés et les habitants ont énoncé leurs voeux, demandant au conseil municipal d’exécuter le chemin, de persister dans le tracé dont le mérite lui appartient et qu’il a voulu pour agrandir la ville et donner suite à la rue qui la traverse du Nord au Sud [c’est-à-dire l’actuelle rue A.Briand]

La question ainsi préparée a été soumise au conseil municipal, toutes les opinions ont été soutenues et, après longue délibération, une très grande majorité a donné un avis favorable au projet mis à l’enquête. Ce tracé est désiré par la population, par des hommes habitués aux affaires publiques, M. de la Pilorgerie ancien maire et conseiller général et M. de la Picardière ancien maire et actuellement conseiller général. Il est demandé depuis bien longtemps. Si M. le Préfet veut lui donner une solution favorable, la décision suprême sera accueillie avec reconnaissance ».

Mars 1870  :
L’archiduc Albert frère de l’empereur d’Autriche arrive à Paris pour étudier avec Napoléon un plan de campagne commun aux deux Etats et à l’Italie. Il est décidé que l’armée française envahirait l’Allemagne du Sud. L’empereur d’Autriche réunirait son armée en Bohême et n’interviendrait que lorsque la France serait déjà en guerre. Ce n’était donc qu’une alliance défensive.

10 mars 1870 : demandes de légitimation d’un enfant naturel. Le 21 février dernier Anne Marie Guérin tailleuse, fille-mère soutenue, demeurant en cette ville, a contracté mariage avec M. Louis Yves Le Puil, cloutier. Demande d’allocation de 60 frs.

21 mars 1870 Hippolyte Geslin demande un emploi de cantonnier. Le sous-préfet écrit à son sujet : « les renseignements fournis sur le compte du postulant sont satisfaisants. Par sa profession de maçon, il conviendrait parfaitement pour remplir un emploi de cantonnier mais il n’existe actuellement aucune place dans le personnel de ces agents. Toutefois je vous prie M. le maire de vouloir bien faire part de ce qui précède au sieur Geslin et lui faire connaître qu’il a été pris bonne note de sa pétition et l’engager à travailler avec les cantonniers afin qu’il persévère dans sa demande et puisse être présenté à la nomination de M. le Préfet lorsque les circonstances le permettront ».

21 mars 1870 : dans une lettre officielle à Émile Ollivier, Napoléon III annonce une réforme du Sénat et charge Émile Ollivier de faire un projet de sénatus-consulte qui partagerait le pouvoir législatif entre les deux chambres et restituerait à la nation sa part de pouvoirs constitutionnels.

 La bonne chanson

J’allais par des chemins perfides,
Douloureusement incertain.
Vos chères mains furent mes guides.
Si pâle à l’horizon lointain
Luisait un faible espoir d’aurore ;
Votre regard fut le matin.

Nul bruit, sinon son pas sonore,
N’encourageait le voyageur.
Votre voix me dit : « Marche encore ! »

Mon cœur craintif, mon sombre cœur
Pleurait, seul, sur la triste voie ;
L’amour, délicieux vainqueur,

Nous a réunis dans la joie.
Verlaine

La Bonne Chanson est un court recueil regroupant 21 poèmes écrits entre août 1869 et mai 1870. C’est un recueil assemblé comme un florilège des meilleurs morceaux de la correspondance de Verlaine avec la jeune Mathilde Mauté, qu’il épousera en août 1870. La Bonne Chanson évoque presque chronologiquement les événements de sa vie depuis sa rencontre avec Mathilde jusqu’au mariage Les meilleurs poèmes sont sans nul doute ceux où il décrit avec sensibilité les paysages qui ont été le décor de son amour. Considéré par la critique actuelle comme une œuvre mineure, ce recueil est regardé par son auteur, à la fin de sa vie, comme sa production favorite.

24 mars 1870 montants de la rétribution scolaire établie par M. Delaunay :
- élèves de la commune 360 frs
- élèves étrangers 104
- élèves gratuits 62

28 mars 1870 au sous-préfet suite à sa lettre du 25 août : « Parmi les jeunes de la commune appartenant à la garde nationale mobile classe 1864, Ménard Auguste seulement a contracté mariage à Saint-Aubin-des-Châteaux en novembre 1967. Quant aux autres, ils sont tous vivants et n’ont pas été condamnés »

28 mars 1870 au sous-préfet : l’hospice dispose d’une propriété à Châteaubriant qu’il loue pour 700 frs. La commission administrative de l’hospice accepte l’offre de monsieur et madame Halbert. « il résulterait par l’effet de la vente un avantage de 2000 frs et plus au profit de l’hospice ». « Il vaut mieux que cette propriété entre dans la circulation générale que de rester bien de main morte »

28 mars 1870 le maire demande au président du conseil d’administration du 4e régiment des chasseurs à Colmar, un certificat de présence sous les drapeaux de M. Gauchet Victor : « pour conférer l’exception à son frère qui fait partie de la classe de 1869 ».

30 mars 1870 : M. Jean Giboire demande une place de cantonnier.

30 mars 1870 : L’Etat de New York est le dernier à ratifier le XVe amendement de la Constitution, proposé le 26 février 1869 par le Congrès, dans les ricochets de la fin de la Guerre de Sécession (1861-1865). Il stipule que les anciens esclaves jouiront désormais du droit de vote, affermant qu’aucun État américain ne pourra plus retirer ou nier à tout citoyen les dits droits « pour des raisons de race, couleur, ou de condition antérieure de servitude ».


 La danse sauvée par la guerre

La Danse est un groupe de personnages sculpté par Jean-Baptiste Carpeaux dans le cadre d’une commande d’œuvres destinées à orner la façade de l’Opéra Garnier à Paris. Il montre un jeune homme souriant dressé debout jouant du tambourin et plusieurs femmes tournant et dansant nues autour de lui. Mise en place en 1869, cette oeuvre provoqua tout de suite un énorme scandale en raison de la nudité des personnages du groupe : Dans la nuit du 26 au 27 août 1869, une main anonyme lança un encrier rempli d’encre noire sur le groupe.

L’opinion publique demanda le retrait de l’œuvre. Garnier proposa de déplacer la statue et de l’installer au foyer de la danse, mais les demoiselles du corps de ballet s’y opposèrent en signant une pétition. Napoléon III était sur le point d’accepter en faisant commander une nouvelle sculpture à Gumery, mais la guerre de 1870 sauva l’œuvre.

L’original est transféré au Louvre en 1964 pour le protéger de la pollution, puis au musée d’Orsay en 1986. C’est une copie réalisée en 1963 par le sculpteur Jean Juge (1898-1968), qui se trouve à sa place sur la façade de l’Opéra.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) est né à Valenciennes d’un père maçon et d’une mère dentellière qui déménagent en 1838 à Paris. Le jeune garçon y étudie tôt le dessin, l’architecture et le modelage à la Petite Ecole royale, gratuite, avant d’entrer dans l’atelier de François Rude et d’être admis à l’école des Beaux-Arts. Ayant obtenu la possibilité d’aller à Rome, il découvre Michel-Ange, un de ses grands modèles.

Sources :
- Archives de la mairie de Châteaubriant, 1 D 19 (Conseil Municipal) et 2 D 11 et 2 D12 (courriers) – 2 D 3
- Internet et notamment Wikipédia
- Histoire de la France et des Français par André Castelot et Alain Decaux

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