- Deux castelbriantais innovent
- Le jour des mensonges
- Adresse
- Rumeur ferroviaire
- Des tonsards pour l’expo
- Courrier …
- … et train
- L’invention de la dynamo
- Maison de correction
- Garder les archives
- Appréciateur
- Palissade
- Chemin de ronde
- Un caveau pour le clergé
- On rembourse ou pas ?
- Questions financières
- Les travailleurs de la mer
Deux castelbriantais innovent
Le jour des mensonges
1er janvier 1866, commençons l’année par des vœux, ceux que l’écrivain Gustave Flaubert adresse à la Princesse Mathilde, fille de Jérôme Bonaparte, le plus jeune des frères de Napoléon.
Madame, si j’étais à Paris, j’irais déposer mon nom chez votre concierge, ce qui serait une façon silencieuse de vous faire mes compliments. Permettez-vous que je les écrive, Princesse ?
Que faut-il vous souhaiter ? Du soleil, l’hiver, pour vos promenades ; de la pluie, au printemps, pour vos gazons ; pas de maladies à vos toutous ; d’entendre la plus belle musique du monde et de rencontrer de bons livres.
Quoi encore ? Que vous manque-t-il ? Si vous avez un chagrin, qu’il s’en aille ! Un désir, qu’il s’accomplisse ! Je voudrais être dévot afin de prier le ciel pour vous, et bien qu’aujourd’hui soit le jour des mensonges, je vous prie de croire, Princesse, que je suis Votre très affectionné et très dévoué
signé : G. Flaubert.
Adresse
Depuis le décret du 24 novembre 1860, les membres du Corps Législatif ont le droit de répondre au discours de Napoléon III, par une « adresse ». En 1866 l’adresse montre les progrès de l’opposition. Les critiques des républicains ont un ton de sommation : « La France a droit à une presse libre … Elle a droit à des élections libres … Elle a droit à la liberté municipale qui est une des conditions les plus essentielles de la liberté ... »
8 janvier 1866 : le maire de Châteaubriant renvoie au Sous-Préfet le mandat délivré au nom de MEROT Anne, veuve Boisseau, à titre de secours et pour élever son enfant pendant le 3e trimestre de 1865, « pour la raison qu’elle est décédée le 28 juillet 1865 » - « Je ne saurais vous dire quelle est la personne qui possède l’enfant qu’elle a laissé en mourant », écrit le maire, « si ce n’est qu’elle habite la commune de Moisdon ».
16 janvier 1866 : Mme veuve Legrand, débitante de tabacs à Châteaubriant est nommée en qualité de débitante de poudre de chasse
17 janvier 1866 : le maire renvoie au commissaire général de l’établissement des Invalides à Paris le mandat de 30,70 frs délivré au nom de Boston Pierre, matelot de 2e classe « pour parfait paiement de solde acquise à la division de de Lorient ». Motif : les recherches faites pour découvrir la résidence de ce matelot sont restées sans résultat.
22 janvier 1866 : Napoléon III annonce aux Chambres qu’il est décidé à retirer ses troupes du Mexique où la situation s’aggrave d’heure en heure.
2 février 1866 : le maire adresse au Sous-Préfet deux actes de concession de terrain au cimetière pour MM. Bivaud Gustave (propriétaire) et Recoquillier François. (marchand de meubles).
[Ndlr : c’est nouveau ! Il semble qu’il n’y ait plus besoin d’autorisation préalable. A notre époque, les actes de concession n’ont même plus besoin de légalisation de la Sous-Préfecture à laquelle ils ne sont plus envoyés].
12 février 1866 : Ultimatum américain à la France : le secrétaire d’État William Seward ordonne à Napoléon III de retirer ses troupes du Mexique.
13 février 1866 : le maire, M. Béchu du Moulin Roul, dirige le Conseil Municipal. Il donne connaissance de l’estimation des terrains à acquérir par la commune pour continuer les travaux du chemin n°1 [de Béré au Bois Briant] : 1800 à 2400 frs l’hectare. Certains élus trouvent que c’est trop élevé. Le Conseil est d’avis de réduire l’estimation d’un quart « plus encore d’un autre quart pour la plus value ».
Par ailleurs le Conseil Municipal entend lecture d’une lettre de son excellence Monsieur le Ministre des Travaux Publics faisant connaître que le comité supérieur des chemins de fer donnera, le 17 courant, son avis sur le tracé d’un chemin de fer de Laval à la Loire. Le maire communique au Conseil une pétition qui serait adressée au dit Comité. Un membre fait valoir « qu’il serait opportun de rappeler qu’en 1856 les débordements de la Loire interdirent la communication entre Angers et Nantes et qu’on sentit dès lors la nécessité de relier Nantes à la Capitale par une voie ferrée qui fut à l‘abri de pareils désastres ».
Lecture d’une lettre du Préfet demandant, par suite de la plus value du terrain, d’élever le prix de vente du mètre de terrain situé dans la ville de Châteaubriant, rue de Couëré, et cédé à M. Pierre Le Coconnier. Le Conseil est d’avis de maintenir le prix de 12 frs le mètre primitivement fixé.
Une personne, propriétaire d’une maison située place de la Motte, demande l’autorisation de faire crépir et blanchir cette maison, d’établir dans le pignon une devanture de boutique, et, sur la Place de la Boule d’Or, un trottoir de 1,60 m avec pan coupé. Une autre personne prétend que la place de la Boule d’Or lui appartient et qu’un trottoir lui nuirait. Le Conseil acquiesce à la demande mais, bien entendu, avec réserve des droits des tiers.
Enfin le Conseil vote 100 frs pour quelques secours en faveur des victimes de l’ouragan qui a dévasté la Guadeloupe.
18 février 1866, Napoléon III propose à Maximilien, empereur du Mexique, d’abdiquer. Celui-ci refuse avec indignation, mais il n’a plus guère les moyens financiers et militaires pour se maintenir. La fin de la guerre de Sécession contraindra la France à évacuer le Mexique, livrant Maximilien aux troupes de Benito Juárez.
1er mars 1866 : le maire envoie au Sous-Préfet, à sa demande, un extrait de l’acte de naissance de Bivaud Françoise, née le 11 novembre 1829. « Cette fille a quitté la commune depuis plusieurs années et, lorsqu’elle l’habitait, sa conduite n’était pas mauvaise. Elle appartient à de bons parents ».
Rumeur ferroviaire
2 mars 1866 : (au Sous-Préfet) « M. Marchand, imprimeur, a fait distribuer dans la ville une circulaire relative au chemin de fer, ce qui a fort ému la population en raison de la bonne nouvelle qu’elle annonçait. M. Marchand affirmait que le conseil supérieur du chemin de fer avait émis, le samedi 24 février, un avis favorable à la ligne de Nantes à Laval par Châteaubriant et contraire à celle de Châteaugontier. Une lettre officielle de M. Thoinnet de la Turmelière, député, me confirme que le comité ne s’est pas réuni le 24 février et qu’il a remis au samedi 3 mars la délibération à rendre sur notre chemin de fer ».
3 mars 1866 : le maire écrit à M. Marchand : « Sur des renseignements inexacts ; erronés, vous avez publié que le comité ... » (etc, etc) « Aujourd’hui 3 mars cette délibération a eu lieu. Une dépêche télégraphique m’apprend à l’instant qu’elle nous est favorable. Cet heureux résultat nous permet d’espérer que, dans un avenir prochain, le gouvernement de l’Empereur accordera à nos désirs et à nos besoins le chemin de fer si nécessaire à la prospérité de notre pays.
Je sais combien messieurs Simon et Thoinnet de la Turmelière agissant de concert avec MM. Henri Chevreau et Bourlon de Rouvres, nos préfets successifs, ont mis de zèle et de dévouement à soutenir de leur influence et de leurs démarches incessantes les demandes et les vœux de nos populations. Nous ne saurions trop leur témoigner notre reconnaissance.
Je vous serais obligé d’insérer cette lettre dans votre journal. Ella a pour but de porter à la connaissance de nos concitoyens, l’état d’une question très importante et qui les intéresse vivement » .
5 mars 1866 : le maire répond à M. Crochard, employé chez M. Lesourd, receveur municipal de la ville de Tours : « La famille Hamon à laquelle vous appartenez, demeure à St Aubin des Châteaux. Un membre de cette famille, parent des Crochard de Rennes, habite notre ville. M. Hamon y tient l’hôtel du Pélican. Il a plusieurs enfants, entre autres un jeune homme de 20 ans qui est parfaitement bien sous tous les rapports ».
9 mars 1866 : M. Guimené, qui a vendu du terrain à la ville, pour le chemin n°1 [de Béré au Moulin Neuf] pour 27,36 frs, demande à être payé avant tout travail sur sa propriété. Le maire lui répond : « en agissant avec la plus grande célérité, la commune ne peut être autorisée à acquérir, à payer avant plusieurs mois et cependant nous avons besoin de travailler immédiatement sur votre propriété. Pour couper court à cette double difficulté, j’ai l’honneur de vous transmettre la somme de 27,36 frs à titre d’avance, par moi faite au profit de la commune. Quand vous voudrez, monsieur, vous m’enverrez un reçu de cette somme qui me sera remboursée lorsque le contrat que vous serez appelé à signer aura été passé, approuvé, et que vous en aurez touché le montant »
Des tonsards pour l’expo
21 mars 1866 : au sujet de l’exposition universelle de 1867, prévue à Paris, lettre est faite par le maire à M. Darnux, secrétaire de la sous-commission des tissus et vêtements, 10 rue de Breda à Paris.
C’est que M. Jeusset, jeune homme sortant de l’armée, a formé depuis 4 ans un établissement de mégisserie à Châteaubriant. Il travaille seul encore. Pendant la campagne de Crimée, il a vu les bons usages de la peau de mouton. Pour tirer le meilleur parti de ce qu’il appelle les tonsards, c’est-à-dire des peaux de mouton ayant de la laine repoussée depuis la tonte opérée un ou deux mois auparavant, il a eu l’idée d’en faire des habillements et d’utiliser ainsi cette renaissance de laine jusqu’ici perdue.
« A cet effet, il assouplit les peaux et, au gré de l’acheteur, leur donne imperméabilité et couleur. Les vêtements confectionnés ne sont pas d’un prix élevé , ils donnent profit au fabricant, sont chauds et avantageux pour le consommateur. Ils peuvent indifféremment se porter laine au-dedans ou laine au dehors » écrit le maire en ajoutant : « Ils conviendraient surtout pour les pays froids et les quelques personnes de Châteaubriant qui en ont, se trouvent bien de leur usage. C’est un de ces vêtements que M. Jeusset demande à exposer ». [On ne sait pas la suite !]
21 mars 1866, à Mlle Hermeline, directrice d’une troupe de comédiens à Carcassonne : « je vous donne la permission que vous me demandez. La Halle au blé, spacieuse et close, est le seul local que je puisse mettre à votre disposition. Il s’y tient un marché toutes les semaines mais il vous sera facile d’organiser votre théâtre, de façon à laisser une place suffisante ».
22 mars 1866 : par un arrêté du 19 mars, M. le Préfet a nommé directrice de la salle d’asile de Châteaubriant, Mme Belloir, sœur de St Thomas de Villeneuve, en remplacement de Mme Sartre, religieuse du même ordre, qui a été obligée, pour cause de maladie, de cesser ses fonctions.
22 mars 1866 : Mme Galivel Renée, voiturière à Châteaubriant, verse 32 frs au receveur des finances de Châteaubriant « pour prix des herbes des promenades publiques de cette ville »
24 mars 1866 : M. Jarzebowski demeure à Châteaubriant depuis plus de 20 ans. Il y exerce, et y a toujours exercé la profession de cafetier et rien d’autre. Mais depuis l’année dernière, « il a fait connaître qu’il était inventeur d’un excellent procédé pour rendre imperméables les cuirs et les tissus. Il demande à exposer des échantillons pour parvenir à tirer parti de ces inventions, suivant lui fort utiles. Je vous envoie deux de ses prospectus pour vous mettre à même d’apprécier sa position », écrit le maire à un commissaire de la future exposition universelle de 1867.
29 mars 1866 : lettre au maire de St Aubin. « Le Conseil Municipal, dans sa séance du 29 novembre 1865, a émis le vœu que le chemin de petite vicinalité de Béré à La Mercerie, à la Bruère, fut prolongé jusqu’à la limite de la commune et que, dans la suite, le chemin fut continué sur la commune de Rougé et jusqu’à St Aubin, pour établir dans toute cette contrée, une communication nécessaire, sur la rive droite de la Chère. Ce vœu, Monsieur le Maire, est sagement émis et nous espérons que vous reconnaîtrez, et que votre Conseil Municipal reconnaîtra les raisons qui rendent désirable l’établissement de ce chemin. Veuillez je vous prie soumettre cette question à votre Conseil et l’inviter à prendre une décision favorable. C’est la première démarche à faire afin d’assurer dans l’avenir le succès de cette affaire importante ».
30 mars 1866 : le montant de la rétribution scolaire au 1er trimestre 1866 est de 380 frs pour les élèves appartenant à la commune et de 210 frs pour les élèves qui sont étrangers.
2 avril 1866 au Sous-Préfet. « Les individus soumis à la surveillance de la Haute Police sont au nombre de trois : Guerchais Jean, Pelé François et Roussel François. Leur conduite n’a été l’objet d’aucune remarque »
« Destais Isidore, que vous aviez autorisé à continuer de vendre les jours de foires et marchés dans plusieurs communes de l’arrondissement, a quitté Châteaubriant par suite de mésintelligence avec sa femme. Des renseignements recueillis, il résulte que Destais serait aujourd’hui au lieu de son origine dans le département de la Manche : les Loges-Marchis »
2 avril 1866 au préfet maritime de Toulon : « un nommé Babonneau Jean Baptise a satisfait au tirage de la classe de 1865 où il a obtenu le numéro 46 qui, sans aucun doute, sera compris dans le contingent à fournir pour le canton de Châteaubriant auquel il appartient (le nombre de jeunes gens du canton s’élève à 111). Il réclame l’exemption comme frère du nommé Babonneau Célestin, à bord du Météore actuellement en station à Alger. Veuillez bien, Monsieur le Préfet, avoir l’extrême complaisance de me faire parvenir un certificat de présence à bord afin que le réclamant puisse justifier d’une manière légale de sa position sous le rapport du recrutement »
4 avril 1866 : il y a 1232 électeurs dans la commune de Châteaubriant .
5 avril 1866 : lettre au Sous-Préfet : « le concours entre les élèves des écoles communales du canton ne pouvait produire que de bons effets. Quarante francs suffiraient pour les prix à distribuer et c’est aussi l’avis de Monsieur l’inspecteur des écoles primaires. Je prends l’engagement de fournir cette petite somme. Au mois de mai, lors du règlement des budgets, je proposerai au Conseil l’ouverture du crédit nécessaire et, à défaut, j’aurai recours à une souscription particulière ».
9 avril 1866 : le maire demande au Ministre de la Marine à Paris, un extrait de l’acte de décès du sieur Beautrais Alexandre, matelot de 3e classe, mort à Saïgon le 20 janvier 1861. « Ce marin apparaît dans le rapport de recrutement de la classe 1855 et avait satisfait au tirage pour le canton de Châteaubriant où il avait obtenu le numéro 16. L’un de ses frères, aurait besoin de cette pièce pour justifier son droit à l’exemption »
Courrier ….
10 avril 1866 : la municipalité a adressé une pétition au directeur général des Postes, tendant à obtenir un courrier sur Bain [de Bretagne] : « le courrier existait et depuis sa suppression il y a de nombreuses plaintes sur les longueurs de transmission des dépêches entre Châteaubriant et Bain ; plusieurs fois il en a été question au Conseil Municipal et nous avons fait des réclamations qui n’ont pas obtenu de succès. Le nouvel établissement de la gare de Bain-Lohéac donnant de plus en plus de facilités et promettant de meilleures combinaisons, nous a portés à nous adresser de rechef (sic !) à Monsieur le Directeur Général ».
… et train
Le maire poursuit : « Nous croyons que le chemin de fer de l’Ouest a intérêt à établir un service de Châteaubriant à la gare de Bain-Lohéac pour le transport des personnes et des marchandises pour Rennes, Redon, Nantes, etc. Ce service, partant de Châteaubriant à 8 heures du matin, rentrant à 8 heures du soir, serait bien avantageux à notre localité. Nous croyons qu’il pourrait économiser les dépenses du courrier de Châteaubriant à Redon, que ces économies seraient loin d’être absorbées par la subvention à la Compagnie de l’Ouest »
« Nous désirons que MM. Les inspecteurs des Postes de Nantes et de Rennes soient consultés sur l’objet de nos demandes et que la Compagnie de l’Ouest soit appelée à faire connaître son intention que nous avons lieu de penser favorable à nos désirs. S’il y a entente, si l’administration des Postes, avec l’intelligence et le dévouement dont elle a donné tant de preuves, parvient à organiser cette affaire, nous lui en témoignons d’avance notre reconnaissance ».
16 avril 1866, le maire demande au Préfet maritime de Toulon, un certificat établissant la présence à bord du yacht impérial L’Aigle, de M. GERARD Pierre, matelot appartenant à la classe de 1861. « Cette pièce a pour but de servir à justifier le droit à l’exemption du sieur GERARD Auguste son frère, qui fait partie de la classe de 1865 et qui a obtenu au tirage le n°67 pour le canton de Châteaubriant ».
16 avril 1866 : selon le décret impérial du 31 mars 1866, la commission administrative de l’hospice civil de Châteaubriant est autorisée à accepter le legs fait par le sieur Anger, prêtre, d’après son testament olographe du 29 mars 1862, consistant dans la nue propriété de ses biens estimée à 4205 frs environ.
La société de secours mutuels est autorisée à accepter le legs de 100 frs de M. Anger. [Rappel : M. Anger avait aussi fait un legs au Conseil Municipal de Châteaubriant : « une somme de 200 frs avec pouvoir d’en disposer à votre volonté »].
25 avril 1866 : le célèbre compositeur Rossini demande au pape Pie IX l’autorisation de « faire entrer des voix féminines dans le chœur des églises ».
1er mai 1866 : « la session de février étant terminée lors de la réception à la mairie du dossier relatif à l’acquisition du terrain nécessaire à l’agrandissement de la prison, je n’ai pas pensé qu’il y eut lieu de réunir spécialement le Conseil Municipal pour cette affaire sans urgence et ne faisant pas obstacle à l’exécution des travaux » écrit le maire au Sous-Préfet à propos du projet de création d’un chemin de ronde à la prison.
1er mai 1866, le maire s’adresse au receveur principal de la ville, au sujet du compte de gestion et de l’article 3 du décret impérial du 27 janvier 1866 portant modification dans la forme des comptes de gestion des receveurs des communes, établissements de bienfaisance. Cet article 3 est ainsi conçu : « les comptes seront, avant d’être soumis aux Conseils Municipaux, ou aux Commissions Hospitalières, vérifiés et certifiés exacts par les receveurs des finances ». Mais le receveur principal de Châteaubriant n’en a pas tenu compte.
« Ayant omis de soumettre à cette formalité exigée, ceux que vous avez eu la complaisance de déposer au secrétariat de la mairie, je vous invite à y remédier sans perte de temps et à me les retourner ensuite avec les pièces justificatives afin que je puisse le plus promptement possible réunir le Conseil Municipal pour les examiner »
3 mai 1866 : à la demande du maire de Versailles, le maire de Châteaubriant envoie un extrait d’acte de naissance « de la nommée Geslin Victoire née le 22 septembre 1793, comme étant nécessaire pour l’admission de cette femme à l’hospice de votre ville »
L’invention de la dynamo....
En 1831, Michael Faraday a découvert e principe de l’induction électromagnétique : une bobine et un aimant en mouvement créent un courant électrique. En 1832 apparaît la première machine utilisant ce principe : une magnéto mue par une manivelle.
En 1866, l’aimant de l’appareil est remplacé par un électro-aimant : Werner Siemens établit le principe de la dynamo électrique et en 1877, il obtient le brevet du haut-parleur électronique. En 1879, il fait rouler la première locomotive électrique.
… et de l’écologie …
Le terme écologie (du grec oikos, demeure, et logos, science) est proposé par Ernst Haeckel en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent .
Maison de correction
18 mai 1866 : le maire envoie au Sous-Préfet un extrait d’acte de naissance de la nommée Rouesné Lénaïde, née le 13 décembre 1851, « condamnée à six ans de détention dans une maison de correction ». [Noter que la jeune fille a 15 ans et qu’elle sera donc détenue jusqu’à sa majorité]
18 mai 1866 : le maire demande une prolongation de congé, de six mois, pour le sieur Alizon Célestin, apprenti-marin. « Ce jeune homme est toujours l’unique et indispensable soutien de sa famille ».
Ci-dessous : la signature du Premier adjoint : M. Picot de Plédran
Garder les archives
Ce 27 mai 1866, le maire expose au Conseil qu’il a envoyé à la préfecture un inventaire des archives de la commune, que cet inventaire, malgré le soin apporté à sa rédaction, n’a point été approuvé et que M. l’archiviste du département lui propose, moyennant l’envoi successif des dossiers, de parfaire régulièrement le dit inventaire. Le Conseil est d’avis que « la commune ne peut et ne doit en aucun cas se dé-saisir de tout ou partie des actes et dossiers composant les archives, que plus que tout autre, elle a intérêt à conserver. Ces archives font partie du patrimoine de la commune ».
27 mai 1866 : le Conseil Municipal se réunit à Châteaubriant. M. Henri Picot de Plédran est secrétaire de séance. Il s’agit tout d’abord de nommer un directeur à la Caisse d’Epargne « en remplacement du regrettable M. Morisson, décédé ». Le Conseil porte son choix sur M. Lecoconnier.
M. ARTUR Célestin doit prendre à la voie publique, chemin n°41, au droit du Moulin de la Garenne, 270 m2 estimés à 12 centimes le mètre. Il propose donc la somme de 32,40 frs que le Conseil accepte.
Sur la proposition du maire, le Conseil Municipal s’associe à la manifestation, éminemment nationale, du rachat de la tour où fut emprisonnée Jeanne d’Arc à Rouen. et vote 25 frs.
Appréciateur
Ce 27 mai 1866, lecture est faite d’une lettre de M. Lucas-Delaunay, instituteur communal, « et d’un rapport sur les fruits qu’a rapportés le cours des adultes ». Le Conseil Municipal, « juste appréciateur du dévouement et des soins apportés par M. Lucas-Delaunay à l’accomplissement de sa laborieuse mission », vote la somme de 200 frs pour couvrir les avances faites pour l’installation de ce cours.
Palissade
Ce 27 mai 1866, le Conseil reconnaît la justesse des plaintes formulées par Mme Renaud au sujet de la palissade séparant son jardin de celui de l’école communale. Il autorise Monsieur le Maire « à faire au plus tôt les urgentes réparations réclamées par cette Dame ».
Il vote par ailleurs la somme de 30 frs pour acheter des prix à décerner lors du concours annuel des meilleurs élèves du canton. De plus, M ; de la Pilorgerie s’engage à fournir une médaille d’argent de la valeur de 20 frs qui sera distribuée comme prix d’honneur à l’élève le plus méritant.
Chemin de ronde
Le Département fait des offres à la commune au sujet d’un terrain joignant l’enclos de la maison d’arrêt. Le Conseil Municipal accepte cette offre. Il considère en effet, d’une part, que la création d’un chemin de ronde autour des préaux est fort utile, d’autre part que le département tolère l’usage d’une pièce basse de la prison à titre de dépôt municipal et que, de plus, les concessions de la commune sont de nature à entretenir celles que veut bien lui faire le département.
29 mai 1866, suite du Conseil Municipal où il est voté une subvention de 250 frs à la musique des pompiers, « à charge à ces messieurs de justifier ces dépenses ».
Le Conseil Municipal autorise en outre M. le Maire à leur verser, selon les besoins, des gratifications ne devant pas dépasser une somme de 100 frs qui sera prélevée sur les fonds alloués aux fêtes publiques.
Un caveau pour le clergé
Ce 29 mai 1866, le Conseil Municipal vote 230 frs pour couvrir l’excédent des frais de construction d’un caveau spécialement destiné à la sépulture du chargé des paroisses et convie les Fabriques de St Nicolas et de St Jean de Béré à concourir au solde de la dépense.
On rembourse ou pas ?
M. Delourmel propose au Conseil Municipal de prélever sur les fonds libres du dernier exercice, une somme de 4000 frs pour solder par anticipation un terme de l’acquisition Boutruche, dans le but de faire profiter le trésor communal de la différence de 2 % entre l’intérêt touché et celui versé par la ville. M. de la Pilorgerie fait observer qu’il y a peut-être plus grand intérêt, pour la commune, à conserver la libre disposition de ces fonds qui pourront ailleurs trouver un emploi utile.
Questions financières
Ce 29 mai 1866, toujours, le Conseil Municipal, sur les observations de M. Salmon, considère que, depuis l’ordonnance royale du 28 novembre 1818, fixant les limites de l’octroi de la ville de Châteaubriant, celle-ci a pris une extension notable « par suite de laquelle un certain nombre d’habitants sont soustraits au poids des charges supportées par la majorité ». Le maire est donc engagé à poursuivre une demande d’extension des limites communales.
A la suite d’observations de plusieurs membres du Conseil Municipal, l’assemblée décide qu’il y a lieu, dans l’intérêt des finances municipales, de tenter une adjudication générale de divers services urbains exploités en régie. [Ndlr : une amorce de privatisation !].
Il est aussi question d’instituer un garde champêtre. Mais diverses observations, pour ou contre, n’amènent aucun résultat.
Le traitement de « quatorze cents francs » alloué par la ville au commissaire de police, paraît à plusieurs membres devoir être l’objet d’un dégrèvement au profit de Châteaubriant : « cette dernière commune et celle de Rougé supportent seules les frais de son traitement. Les sept autres communes des deux cantons n’y contribuent en rien ». Le Conseil Municipal demande qu’on répartisse équitablement sur les communes de Soudan, St Aubin des Châteaux, Ruffigné, Noyal, Villepôt, Fercé et Soulvache, « une partie des charges qui leur incombent ».
La commission des comptes municipaux engage M. le Maire à contrôler plus sévèrement l’entrepreneur de l’éclairage, « tant sous le rapport de la durée que sous celui de l’intensité des feux ». Le Conseil s’associe à ce vœu et décide en outre l’installation de cinq nouveaux réverbères :
- - Milieu de la Grand Rue
- - Place des Terrasses à l’intersection des trois voies
- - Pont de la Torche
- - Boulevard de l’Eperon
- - Rue de la Vannerie.
Il vote également l’établissement d’une pompe à l’entrée du Faubourg de Couêré.
Le Conseil Municipal réduit à 300 frs l’allocation attribuée au professeur de chant des écoles municipales et des frères de la Doctrine Chrétienne.
Enfin il vote une somme de 500 frs et fait appel au dévouement des habitants et des propriétaires désireux de s’associer à la formation d’un comice agricole « en raison des services qu’il peut rendre, dans le canton de Châteaubriant, encore dépourvu de cette utile et bienfaisante institution ».
31 mai 1866 : Napoléon III annonce le retrait des troupes françaises du Mexique.
Les travailleurs de la mer
Roman publié par Victor Hugo en 1866 en hommage à l’île de Guernesey, « au rocher d’hospitalité et de liberté » où il est exilé. « Dans cette histoire de navire sauvé et de mariage refusé, se mêlent au combat d’un homme contre l’élément une révolte contre les dogmes et la superstition comme dans Notre-Dame de Paris, une protestation contre les lois et les préjugés comme dans Les Misérables » écrit Pascale Arguedas
« La mer était extraordinaire. Il semblait que l’eau fut incendiée (…) Une lueur blême frissonnait sur l’eau. Ce n’était pas l’incendie, c’en était le spectre (…).
Les câbles des ancres paraissent des barres de fer chauffées à blanc. Les filets des pêcheurs semblent sous l’eau du feu tricoté. Une moitié de l’aviron est d’ébène, l’autre moitié, sous la lame est d’argent. En retombant de la rame dans le flot, les gouttes d’eau étoilent la mer. Toute barque traîne derrière elle une comète. Les matelots mouillés et lumineux semblent des hommes qui brûlent. On plonge sa main dans le flot, on la retire gantée de flamme ; cette flamme est morte, on ne la sent point. Votre bras est un tison allumé. Vous voyez les formes qui sont dans la mer, rouler sous les vagues à vau-le-feu. L’écume étincelle, les poissons sont des langues de feu et des tronçons d’éclair serpentent dans une profondeur pâle »