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1860 d’août à décembre




 La permission de prendre femme

2 août 1860 : le maire transmet au Sous-Préfet une pétition des habitants de la rue du Lavoir dit « Le Bassin » et des propriétés voisines. « Ils se plaignent avec raison de l’état de choses actuel : les eaux se répandent sur la rue, entraînant dans le lavoir des sables et des immondices qui nécessitent de fréquents curages »

« Tout ceci résulte de ce que le caniveau qui traverse la rue, le long de la route départementale n° 3 [??], pour porter dans le canal voisin les eaux qui descendent en abondance des Terrasses, est maintenant à peu près [bouché ? Obstrué ? Mot illisible]. Le caniveau est d’un entretien difficile, et les réparations qui ont été faites à différentes reprises n’ont jamais eu une longue durée parce qu’il est en contrebas de la route »

« Il semble qu’il y aurait lieu d’apporter un système meilleur qui consisterait à supprimer le caniveau difficile pour la circulation de la rue et à le remplacer par un aqueduc à construire à l’emplacement du caniveau ».

Rue des remparts

L’administration municipale est disposée à concourir, « à réparer la rue du Lavoir, à l’assainir en couvrant le canal, à la mettre en rapport avec la hauteur de la grande route et de l’aqueduc demandé. La dépense totale peut être évaluée à 150 frs, la commune offre de payer les deux tiers et même de supporter seule l’excédent de la dépense ». Le maire signale que cette rue « a pris du développement depuis quelques années et est fréquentée par une grande partie de la population ».

(ndlr : la rue du Lavoir était sans doute la petite rue, à très forte pente, qui descendait de la Place des Terrasses, à l’emplacement de l’actuel Théâtre de Verre, vers le lavoir en contrebas sur le Rollard)

2 août 1860 : le maire de Châteaubriant envoie au Sous-Préfet « le plan d’alignement de la Rue nouvelle du Pompier » (actuelle Rue de Condé qui s’est appelée aussi Rue du Pontpied et Rue du Poulpier), qui n’était jusqu’alors que « chemin » du Pompier.

Ce même jour une délibération de la Commission Administrative de l’hospice demande l’autorisation « de faire des travaux de construction et d’appropriation à la métairie du Carantage au Petit Auverné et d’employer à la dépense la somme de 1000 frs, montant de la subvention accordée par le Préfet pour 1860 ». Elle demande notamment de faire abattre des arbres sur cette métairie « jusqu’à concurrence des besoins ».

Rue de la Ruette : le sieur Freulon Stanislas s’est rendu adjudicataire pour le pavage de la rue de la Ruette « dite du Pélican » pour 2660 frs.

Ce même jour, Théophile Mercier, tambour au 51e régiment d’infanterie, inscrit sur les rôles de la réserve et par application du décret du 16 juin 1808, demande la permission de se marier. Ce militaire est libérable le 31 décembre 1860. Ya-t-il donc urgence à se marier ? Oui, parce que le maire de Châteaubriant précise : « La position où se trouve la future nécessite, pour raison morale, que la demande soit favorablement accueillie ». La jeune fille aurait-elle donc « fauté » ?

[le 23 août, le maire fera une relance : « la raison morale qui m’a fait appuyer cette demande, nécessite une prompte solution »]

Note, les militaires n’ont obtenu le droit de se marier librement que par la loi 72-662 du 13 juillet 1972.

3 Août 1860 : le receveur du Bureau de Bienfaisance est autorisé à placer en rente sur l’Etat, à 3 %, « dans le plus court délai possible » :
une somme de 7000 frs disponible dans la caisse
et 13 000 frs provenant de la vente de la maison de la place de la Motte

10 août 1860 : le Préfet autorise l’admission à l’hôtel-Dieu de Nantes de Mlle Bonnier Victorine Ernestine « dont l’état nécessite une opération de haute chirurgie ».

« Je vous invite à la faire transporter sans perte de temps, son admission ayant déjà éprouvé des retrards regrettables » écrit le maire à M. Pierre Bonnier son père.

 Nous avons accepté la lutte

Y avait-il des tensions au Conseil Municipal de Châteaubriant. Sans doute, si on en croit la lettre suivante qui émane vraisemblablement de M. Picot de Plédran, premier adjoint :

21 août 1860 au Sous-Préfet : « Votre accueil si bienveillant lors du Conseil de Révision, nous a décidés, M. Béchu et moi, à continuer nos fonctions municipales si, comme nous l’avons fait savoir par une proclamation à nos concitoyens, leur confiance nous rappelait au sein du Conseil : nous avons résolument accepté la lutte sur le terrain électoral.

En l’absence du maire, les mardi, jeudi et vendredi, j’ai fait distribuer leurs cartes et des bulletins aux électeurs de la ville et de la banlieue.

Samedi de 8 h du matin à 4 h du soir nous avons reçu 45 votes ainsi que le constate notre feuille de contrôle. Pendant la séance, de l’avis du bureau, j’ai par un arrêté motivé sur l’état du temps et des récoltes, rappelé les électeurs au scrutin le dimanche dès 7h du matin. Cette mesure a pleinement réussi.

A l’ouverture de l’urne, le scellé y restant de la veille a été reconnu intact, les bulletins comptés, vérifiés et mis par paquets de 100 chacun, nous avons pu seulement former une table de scrutateurs puis deux et trois.

Vers 9 h et demi, voyant les scrutateurs s’esquiver et tombant de fatigue, j’ai dû bien malgré moi faire arrêter et remettre au lendemain la suite des opérations ainsi que le constate le procès-verbal. Sauf une menace d’emprisonnement que j’ai dû faire, tout s’est passé avec beaucoup d’ordre et d’entrain. Une bulletin en vers portant nos candidats et M. Poirrier n’a pas été admis : avec trois bulletins doubles il aura été brûlé après les opérations.

M. de Tugny, l’ami de M. de Civrieux, malgré le patronage de M. Poirrier, n’a pas obtenu plus de 80 voix. Je lui avais pourtant offert de figurer sur notre liste et je l’avais mis à même de se dégager de son compromettant patron.

Notre succès complet, nos 23 candidats dépassant de 70 à 80 voix le plus favorisé de nos concurrents, nous met, M. le Préfet, à votre entière disposition. Et votre sympathie, si bienveillante, nous soutiendra dans l’exercice souvent ingrat de nos fonctions municipales ».

Le procès-verbal des élections montre que le candidat qui a eu le plus de voix est M. Vauquelin (pompier) : 689 voix sur 746 bulletins exprimés (747 votants).

Viennent ensuite : Hervochon (671 voix), Ballais Jules médecin (657 voix), Gripon propriétaire (655), Picot de Plédran propriétaire (654), Béchu du Moulin Roul propriétaire (645), Durand notaire (636), Môquet Jean maître d’hôtel (635), Besnier maître de poste (630), Dolo vétérinaire (625), Pasquier maître d’hôtel (604), Dupré père mécanicien (595), Fleuriau Julien maréchal (590), Pigrée Jean propriétaire(583), Daniel-Lacombe avoué (572), Franco fondeur (560), Lemaître limonadier (547), Grimault Michel (527), Salmon banquier (520), Prodhomme Victor (511), Legal René tanneur (499), Lecoconnier Aimé (491), Noury avocat (417).

L’indication des professions qui figure sur le procès-verbal, souvent à la place du prénom, est intéressante : propriétaire, médecin, vétérinaire, notaire, avoué, banquier, maître d’hôtel, industriel (Dupré, Franco, Legal), maître de poste … Que des "notables" : gens dont on note la présence quand ils sont quelque part….

 Scellés

Six autres candidats figurent au procès-verbal, sans indication ni de prénom ni de profession : Aulnette (359 voix), Bossé (248), Deslandes (176), Lemoine (152), Tessier (129), Poirier (105)…. qui est peut-être le même que Poirrier dont il est question plus haut.

Le procès-verbal porte par ailleurs la mention suivante :

« A 10 heures du soir les scrutateurs s’étant en partie retirés il a été impossible de continuer l’opération du dépouillement. En conséquence le Président et les membres du bureau ont procédé à l’incinération des listes ou bulletins dépouillés. Les listes non dépouillées, au nombre de 463, ont été, avec la feuille de dépouillement, placées dans la boite du scrutin qui a été scellée et placée dans la grande salle de la mairie dont les ouvertures ont été également scellées et la continuation renvoyée à demain.

Et le lendemain à 8 h du matin, les Président, scrutateurs et secrétaire, après avoir reconnu que les scellés apposés sur la porte de la salle et sur la boite du scrutin sont intacts, ont continué l’opération du dépouillement des 463 autres listes trouvées dans la boite ».

 Un adversaire à combattre

Les archives de Châteaubriant recèlent des trésors, comme cette lettre confidentielle (oui confidentielle) adressée au maire le 4 juin 1858 à l’occasion d’élections pour le renouvellement partiel du Conseil Général et des conseils d’arrondissement. Nul doute qu’elle reste d’actualité deux ans plus tard, ce qui expliquerait les efforts faits par M. Picot de Plédran (voir sa lettre du 21 août). Donc, le 4 juin 1858, le Préfet disait ceci :

« Vous n’aurez selon toute apparence qu’un adversaire à combattre : c’est l’indifférence ou l’apathie des électeurs. Ne négligez rien pour vous en rendre maître. Usez de toute votre influence et de l’ascendant que vous avez sur les populations qui vous entourent pour les déterminer à se rendre au premier tour de scrutin (…). Faites leur sentir qu’il est de leur intérêt d’éviter de nouveaux déplacements dont le moindre inconvénient est toujours de leur enlever du tems (sic) qu’ils consacrent à leurs travaux » (…)

« Ne perdez pas de vue également que si la loi exige impérieusement que le scrutin soit ouvert à 8 h du matin, au plus tard, rien ne s’oppose à ce qu’il soit ouvert plus tôt et que vous conservez toujours la faculté de commencer vos opérations à 6 heures, soit à 6h1/4, soit à 6h1/2 , soit à 7 h du matin de manière à recevoir, sans nouveau déplacement pour eux, les votes de tous les habitants qui se rendent à la première messe ».

La lettre précise qu’il n’est pas question cependant de fermer plus tôt. Mais revenons à 1860.

 Chasse précoce

23 août 1860 : M. Buron, boulanger, réclame le paiement qui lui est dû (voir au 3 juillet). Régulièrement on constate que l’armée ne se presse pas à payer le pain de ses soldats !

24 août 1860 : le maire écrit au Préfet : « Sur la foi d’un journal de Nantes, on a fait à Châteaubriant courir le bruit que l’ouverture de la chasse était fixée au 12 septembre prochain. Plusieurs propriétaires ont exprimé leurs craintes à ce sujet ».

En effet, « l’état des récoltes dans notre arrondissement où la culture du sarrasin est encore très répandue, ne permettra pas aux cultivateurs de terminer leurs récoltes avant les premiers jours d’octobre. Si malheureusement le temps ne change pas, elles ne seront ni rentrées ni battues avant le 15 » [ndlr : le blé noir se sème fin mai et se récolte en octobre].

« Dans ces conditions une ouverture de chasse aussi précoce que celle dont on parle, aurait le double inconvénient de détruire des perdreaux volant à peine et de fouler des récoltes sinon pendantes encore, au moins gisantes dans les champs »

 L’admirable conduite

31 août 1860 : lettre du maire au Préfet :

« Je suis heureux de signaler à l’autorité supérieure l’admirable conduite d’un habitant de Châteaubriant, M. RENAUD Pierre, Cultivateur et maître d’Hôtel à l’Etoile du Nord, Faubourg St Michel.

Le lundi 27 août il a fait un acte de courage et de dévouement qui mérite d’être non seulement publié, mais je crois, encore dignement récompensé.

Le nommé Chailloux Denis, d’une taille athlétique et d’une vigueur peu commune, prévenu de l’assassinat d’un sieur Chrétien, trompant, au moment où de la chambre d’instruction on le réintégrait à la maison d’arrêt, la surveillance des agents préposés à sa garde, s’élançait dans la campagne avec la résolution d’un homme qui n’a rien à perdre et tout à gagner, suivi de loin par les clameurs de ses gardiens.

M. RENAUD, oubliant et son âge et ses forces amoindries, inspiré, soutenu par l’idée du devoir, barre résolument le chemin du malfaiteur malgré la violence d’un coup qui lui brise une dent et le fait trébucher. Il s’attache à Chailloux. Atteint de violents coups de pied, renversé, il se cramponne à ses jambes, se laisse entraîner par le fugitif au risque de succomber dans cette lutte inégale et désespérée : par ses cris il appelle l’attention et le secours de M. Vauquelin, lieutenant de nos sapeurs-pompiers qui, lui venant en aide, concourt avec les gendarmes à l’arrestation de ce dangereux malfaiteur.

Dans notre pays où le courage est si répandu, les sentiments généreux des populations sont satisfaits quand l’auteur d’un acte de dévouement reçoit une récompense.

Une médaille d’honneur, une mention honorable sont des titres que les plus pauvres transmettent avec orgueuil (sic) à leurs enfants !
Je crois donc M. Le Préfet que les nobles sentiments que vient de montrer M. RENAUD seraient, dans sa position aisée quoique modeste, bien mieux récompensés par une médaille d’honneur, si vous l’en jugez digne, que par tout autre témoignage de satisfaction de l’Empereur ».

[ndlr : M. Renaud décédera le 10 septembre 1860]

31 août 1860 : le maire transmet au Sous-Préfet le contrat, signé par M. du Boispéan, en vertu duquel ce propriétaire consent à acquérir, moyennant la somme de 88,08 frs, une parcelle de terrain réunie depuis 2 ans à sa propriété, sise sur le bord de la route n° 178 dans le faubourg de la Torche.

3 septembre 1860 : la commission administrative de l’hospice propose de faire construire une maison pour le logement du fermier de la Carantage [il s’agit de la ferme du Petit Auverné]. Voir au 20.02.1862

4 septembre 1860 : chaque année la dame veuve LETORT, née Peuriot Victoire, sollicite et obtient un secours du gouvernement « comme récompense due aux services éclatants et honorables de son mari ». Le maire appuie sa demande : « Cette veuve est dans une situation malheureuse et jouit d’une très mauvaise santé ».

 Encore le télégraphe

10 septembre 1860 : lettre au Préfet.

Le directeur divisionnaire des lignes télégraphiques a écrit au maire de Châteaubriant qu’il était disposé à procéder sans retard à la construction de la ligne de Nantes à Châteaubriant et lui a demandé de signer et retourner une convention entre l’Etat et la commune.

Le maire demande l’avis du Préfet : « Vous savez M. le Préfet que la commune ne possède pas de local convenable à l’établissement d’une station puisque c’est à votre bienveillante initiative qu’elle doit celui que le Département met à sa disposition dans le château. Avant que la commune pût prendre aucun engagement vis-à-vis de l’Etat, il faudrait, je crois, que le Département lui eut affermé la partie du château nécessaire à l’établissement du poste télégraphique. Elle pourrait alors prendre l’engagement que lui demande M. le Directeur divisionnaire.

Je compte comme toujours, M. le Préfet, sur votre sollicitude éclairée pour mener à bonne fin cette affaire si intéressante pour Châteaubriant ».

Le même jour le maire explique au directeur divisionnaire que « le département, moyennant une subvention annuelle de 250 frs, doit mettre à la disposition de la commune plusieurs appartements restés sans emploi » - « M. Le Préfet a même eu l’obligeance de promettre qu’il ferait exécuter les travaux de réparation et d’appropriation nécessaires, sans que la commune, qui ne peut, tout au plus, être que locataire du poste télégraphique, eut à s’en préoccuper. La signature et l’envoi de la pièce que vous me demandez seront donc, je pense, le complément des dispositions que vous aurez arrêtées d’accord avec M. le Préfet ». Et c’est signé : « Votre très humble serviteur, Picot de Plédran »

10 septembre 1860 : « M. Renaud a succombé hier soir à la rupture d’un abcès interne déterminé par la violence des coups reçus dans la lutte inégale qu’il avait soutenue avant tant de résolution et de courage contre un dangereux malfaiteur » écrit le maire au Préfet. « Il n’y a plus lieu malheureusement de donner suite à la demande de récompense que je vous ai adressée le 31 août dernier ».

13 septembre 1860 : M. Lesage, procureur impérial à Châteaubriant est décédé. « Cet honorable et regretté magistrat a succombé à une bien courte maladie. Atteint dimanche vers 4 h du soir, il est décédé mardi 11 septembre à 10 h du matin. Le maire prévient le Procureur Général près la Cour Impériale de Rennes.

Du 17 au 19 septembre : Visite de Napoléon III à Alger. Il reçoit un accueil réservé de la part de la population française, qui n’avait pas voté en sa faveur lors de son élection en 1851. Il souhaite garantir la protection des terres arabes contre l’avidité des colons.
Se méfiant des civils, il préfère renforcer les prérogatives de l’armée

18 septembre 1860 : le maire renvoie au Sous-Préfet la convention concernant l’établissement d’un bureau de télégraphie à Châteaubriant. La commune n’aura aucune autre charge que le paiement annuel de 250 frs à titre de loyer, le Département devant prendre pour son compte la dépense de l’appropriation du local.

18 septembre 1860 : M. Hanet Louis, après avoir prêté serment d’obéissance à la constitution et de fidélité à l’Empereur, est installé membre de la Commission Administrative de l’hospice.

19 septembre 1860 : l’hospice accueille Jeanne Marie COLLET, née à Martigné-Ferchaud, « moyennant l’abandon qu’elle consent à faire d’une somme de 600 frs et de son mobilier consistant en linge et vêtements ».

24 septembre 1860 : pour le 3e trimestre 1860 la rétribution scolaire est de
- 166 frs pour les élèves appartenant à la commune
- 68 frs pour les autres

27 septembre 1860 : une subvention de 350 frs a été accordée dans le budget départemental 1859 pour l’entretien de la salle d’asile de Châteaubriant . Cette subvention n’a point été consommée avant la clôture de l’exercice de la dite année. Normalement elle aurait dû être perdue. Mais le Préfet informe qu’il va ouvrir au budget de 1861 de la commune de Châteaubriant, « un crédit de pareille somme » c’est-à-dire 350 frs.

3 octobre 1860 : le maire repousse au printemps prochain les travaux de pavage de la rue de la Ruette. Mais ce retard d’exécution n’est accordé au sieur Freulon [adjudicataire] qu’aux conditions suivantes :
- 1. Il devra, pendant l’hiver, s’approvisionner de tous les matériaux nécessaires pour être prêt à commencer au premier ordre
- 2. « les travaux commencés seront poursuivis avec activité et sans aucune interruption »

Sans doute peut-on en conclure qu’il y avait quelques problèmes …

5 octobre 1860 : 2,16 frs ont été accordés à titre de secours aux voyageurs indigents munis de passe-ports.

11 octobre 1860 : Suite au décès de M. Lesage Joseph, il faut renouveler un membre à la Commission Administrative de l’hospice. Le maire présente plusieurs candidats « tous propriétaires, animés de l’esprit de charité et d’un grand dévouement » et il précise que, comme d’habitude, « le candidat porté en tête de liste est toujours celui que l’administration désire voir nommer et je dois vous dire que la commission administrative le verrait avec bien du plaisir [devenir] l’un de ses collaborateurs ».

Ce sera Eugène Vauquelin, lieutenant de la Compagnie des sapeurs pompiers.

28 octobre 1860 : installation du Conseil Municipal élu les 18-19 août derniers. Et prestation de serment « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur ». Le maire est de nouveau M. Béchu du Moulin Roul.

4 novembre 1860 : M. Franco démissionne, il fait connaître « son refus formel de faire partie du Conseil Municipal ».

Les archives : avec force d’inertie

4 novembre 1860 : au Conseil Municipal il est lu une lettre du Sous-Préfet réclamant, au nom du Ministre de l’intérieur, le dépôt aux archives départementales des registres des délibérations de la Fabrique de St Jean de Béré. Le Conseil Municipal se déclare « froissé d’une mesure privant la commune de titres aussi intéressants pour elle ». Il engage M. le Maire « à opposer une grande force d’inertie à l’exécution de cet acte d’autorité qu’il ne peut s’empêcher de considérer comme une spoliation »

Ce même jour le Conseil Municipal vote une somme de 1000 frs destinée à la création d’un atelier de charité « devant fournir aux ouvriers inoccupés de la commune une précieuse ressource dans les temps de chômage ».

150 frs sont votés pour parfaire l’entretien des promenades publiques.

185 frs pour les dépenses patriotiques

170 frs pour améliorer l’éclairage public

100 frs pour l’horloge mais le Conseil Municipal note que l’emplacement est mauvais et « l’installation deffectueuse (avec deux f) » et qu’il faut chercher un autre emplacement dans la tour de l’église.

170 frs pour les pompes nouvellement installées

Le maire est autorisé à vendre les boues provenant de la répurgation de la ville et à faire procéder par voie de régie à la construction du pont du ruisseau de Choisel sur le chemin n° 3 (ce chemin est, de nos jours, la rue Jean Jaurès)

 Des histoires de terrains

Ce même 4 novembre 1860, le maire informe que des démarches ont été faites auprès de M. YVON au sujet de terrains dont la ville a besoin pour régulariser les abords des Halles. M. Yvon a d’abord reconnu comme suffisantes les offres de l’administration municipale puis, sans consulter le Conseil de Famille de ses enfants mineurs, il a introduit, de sa propre autorité, dans la requête adressée au Tribunal civil, « des aggravations tellement exagérées, au détriment de la commune, qu’il paraîtrait plus avantageux de recourir à l’expropriation ».

Par ailleurs, avant d’ouvrir les chemins n°3 et 4, établis sur les terrains appartenant à Mme Veuve de Virel, le maire a fait auprès d’elle des démarches qui n’ont abouti à aucun résultat … ni consentement aux offres de l’administration municipale … ni aucune opposition aux travaux en cours d’exécution. Le maire est alors autorisé, par le Conseil Municipal, à acquérir, « au besoin par expropriation forcée », les terrains destinés à faire :
- Une place de dépôts
- Un boulevart (avec un t)
- Un abattoir
- Une maison d’école

Le Conseil Municipal dit qu’il importe de réaliser cette acquisition « plusieurs fois étudiée par ses devanciers, dont il éprouve à cet égard les décisions si prévoyantes »

 Nuisances

Ce même 4 novembre 1860 le maire communique les plaintes que lui ont portées l’un contre l’autre MM. Houizot et Dudouet, propriétaires habitant la Grand Rue, au sujet du mauvais état d’une conduite d’eau qui déverse, en passant sous le pavé de la Grand Rue, dans le ruisseau du Rollard, les eaux pluviales venant des égouts de la propriété de M. Houizot. Affaire reportée

Comme est reportée la solution à donner au projet d’amélioration de l’entrée du chemin du lavoir de la Vannerie.

 Chemin de Fer

Toujours le 4 novembre 1860, au sujet du projet de chemin de fer destiné à relier directement Nantes et Laval, le maire s’exprime ainsi :

« Le 11 juin 1856, jour mémorable, l’Empereur [Napoléon III] passait à Châteaubriant. Le Maire, à la tête du Conseil Municipal remit à sa majesté une pétition demandant un chemin de fer de Nantes à Laval ».
En effet, l’Empereur visitait lui-même les inondations de la Loire afin de prescrire les mesures immédiates propres à en prévenir le retour … mais s’est trouvé dans l’impossibilité de reprendre le chemin de fer d’Orléans à Nantes envahi par les eaux, coupé en plusieurs endroits ! Il ne pouvait rentrer à Paris qu’en suivant la grand route de Nantes à Laval par Châteaubriant.

« L’Empereur traversait et voyait ce pays, grand producteur de grains et de bétail, couvert de bois et de forêts, contenant d’inépuisables minerais de fer, des forges, des mines de houille, des bancs calcaires largement exploités et des ardoisières rivales de celles d’Angers. Aussi, sur son parcours, l’Empereur dit à une population accourue pour saluer sa Majesté : Vous avez besoin d’un chemin de fer, il vous sera accordé »

« Depuis, des plans de chemin de fer ont été dressés et déposés au ministère des travaux publics. Les populations ont dit leurs besoins. Les Conseils Municipaux ont pris des délibérations, les Conseils d’arrondissement et généraux ont exprimé des vœux.

« Cette année les populations que l’attente rend plus impatientes, sont soutenues par les paroles de l’Empereur disant dans le programme du 5 janvier : " l’un des plus grands services à rendre au pays est de faciliter le transport des matières premières, nécessité pour l’agriculture et l’industrie. Son excellence le ministre des Travaux Publics fera exécuter le plus promptement possible les voies de communication, routes et chemins de fer qui auront pour but d’amener la houille et les engrais sur les lieux où les besoins de la production le réclament " ».

Dans le département de la Mayenne un comité a demandé, carte à l’apppui, un chemin de fer de Cherbourg à Bordeaux, rejoignant les idées de Napoléon 1er qui avait voulu, ordonné et fait exécuter une route impériale de 1re classe de Caen aux Sables d’Olonne pour unir la Manche à l’Océan, établissant une communication intérieure et nécessaire d’une mer à l’autre. « C’est une idée qu’il appartient à l’Empereur Napoléon III, s’inspirant du génie de son oncle, de perfectionner selon les progrès de la civilisation, les possibilités qu’ont amenées les inventions nouvelles et la prospérité publique ».

Et le maire de Châteaubriant poursuit : « Du point de vue de l’agriculture, de l’industrie et du commerce que l’Empereur Napoléon III développe avec une si prodigieuse activité dont il veut faire une des gloires de son règne, il est évident que cette ligne de Cherbourg à Bordeaux, où elle se relie à toutes les lignes du midi et de la méditerranée, rayonnant sur son parcours avec les lignes du centre, se reliant à Nantes avec celles d’Orléans à Paris, St Nazaire et les lignes de l’Ouest de Laval à Brest, Redon et le littoral de la Bretagne, de Laval à Paris avec les lignes de Normandie et du Nord de la France, que cette ligne faisant communiquer entre eux tous les ports de l’Océan et de la Manche, mettant le midi et le nord à même d’échanger leurs produits différents et de satisfaire à leurs besoins, créerait un immense commerce, développerait sur son parcours les ressources de l’industrie et amènerait l’agriculture à un degré de prospérité qu’elle ne peut atteindre dans des pays n’offrant ni facilité ni économie dans les moyens de transports »

Le Conseil Général, invoquant aussi les paroles impériales a, dans sa session de 1860, fortement exprimé des vœux. La ville de Nantes, les Chambres de Commerce de Nantes, de Bordeaux sans doute et de tous les pays traversés, avides du bienfait s’agitent avec ardeur. Les Conseils Municipaux prennent des délibérations…..

« Le Conseil Municipal de Châteaubriant, renouvelant ses délibérations précédentes et confiant dans le Génie de l’Empereur, dans le dévouement, l’énergie et l’activité de son gouvernement, sollicite l’approbation du Chemin de Fer de Cherbourg à Bordeaux par Laval, Châteaubriant, Nantes, demande et espère sa prochaine exécution ».

On ne fait pas plus chaud plaidoyer pour le train :

6 novembre 1860 : aux USA le républicain Abraham Lincoln est élu président des États-Unis après avoir fait campagne contre l’esclavage et pour le maintien de l’Union. De ce fait, le 24 décembre la Caroline du Sud fera sécession, ne pouvant accepter un président au programme anti-esclavagiste.

21 novembre 1860 : un décret de l’empereur nomme Jules Ballais chirurgien dans la compagnie de sapeurs pompiers de Châteaubriant .

24 novembre 1860 : Le ministère de l’Algérie et des Colonies est supprimé et le poste de gouverneur général de l’Algérie est rétabli. Il est attribué au maréchal Pélissier. Napoléon III, conseillé par Ismaël Urbaïn, un Saint-Simonien converti à l’islam, professe des idées égalitaires qui provoquent des réactions négatives de la part de Pélissier, puis de Mac-Mahon …

27 novembre 1860 : les crédits ouverts au budget de l’hospice sont épuisés. Pour ne laisser « aucun service en souffrance » il manque 1300 frs pour acheter de la farine et de la viande.

150 ans que la Terre se réchauffe

C’est de 1860 qu’on date la fin du Petit âge glaciaire. Les glaciers dans les Alpes reculeront sur la période (1860-1960). Et ça continue de nos jours !

Le recul des glaciers de l’île de Baffin (Canada) a été de 3 m par an à partir de 1860

L’Ile de Baffin est la plus grande île du Canada, et la 5e du monde. Elle compte 508 000 km2 (presque autant que la France) et seulement 12 000 habitants.

Dans la petite ville de Pond Inlet (1200 habitants), la température annuelle moyenne est de —15°, avec un minimum de –32° l’hiver et de + 6° l’été. Trois dômes glaciaires, à proximité de cette ville, ont perdu la moitié de leur surface entre 1958 et 2002

 Impressible et frustratoire

5 décembre 1860 : le maire écrit à ses collègues de Cherbourg, Caen, Vire, Domfront, Mayenne, St Lo, Laval, Craon, Pouancé, Nantes : « Un comité s’est formé à Châteaubriant pour appuyer le projet de chemin de fer de Caen et Cherbourg à Nantes et Bordeaux. Nous avons fait imprimer à 500 un rapport et nous avons essayé de résumer les principales raisons que l’on peut invoquer en faveur de ce grand projet ». Le maire joint 2 exemplaires à chaque lettre et demande aux maires combien d’exemplaires il doit leur envoyer pour « que vous puissiez faire parvenir aux journaux, Chambres de commerce, etc ». « Nous espérons que votre Conseil Municipal voudra bien prendre une délibération motivée à ce sujet »

7 décembre 1860 : M. Roinet, propriétaire, proteste contre l’occupation du terrain nu et bâti qu’il doit fournir à la commune pour le chemin n° 3 (actuelle Rue Jean Jaurès). Le maire lui répond qu’il ne peut prendre en compte sa protestation : « Vous avez confondu l’art. 15 de la loi du 21 mai 1836 avec l’art.16 de la même loi et par suite d’une première confusion vous semblez assimiler l’élargissement à l’ouverture et au redressement.

S’il s’agissait d’ouverture ou de redressement vous auriez parfaitement le droit de réclamer l’intervention du jury d’expropriation, si vous n’aviez pas voulu suivre la voie amiable. Mais comme dans le cas présent il n’est question que d’un simple élargissement, l’indemnité qui vous est acquise ne peut être réglée qu’à l’amiable ou à défaut par l’intervention du juge de paix.

Or par déclaration du 25 novembre 1859 vous avez choisi la voie amiable en nommant purement et simplement un expert en la personne de M. Robert. Celui-ci a opéré contradictoirement le 15 février 1860 avec l’expert nommé par l’administration. Toujours amiablement et d’un commun accord ces deux experts ont fixé l’indemnité à 850 frs plus les matériaux qui doivent être enlevés par vous et à votre profit. (…)

Il est donc bien évident que vous ne pouvez plus aujourd’hui évoquer l’art. 16. Je le répète, tout a été réglé à l’amiable d’une manière définitive car il est impressible (sic) que vous souteniez sérieusement que l’appréciation de votre expert doive pour devenir définitive être approuvée par vous » (…)
[Ouf ! Quel style !]

Et la lettre poursuit : « Les observations que je vous adresse sont dictées par le désir de vous faire éviter les frais frustratoires qui ne manqueraient pas de tomber à votre charge si vous suiviez plus longtemps la voie périlleuse dans laquelle vous êtes malheureusement entré ».

21 décembre 1860 : la rétribution scolaire s’élève à 486 frs pour le 4e trimestre de 1860

21 décembre 1860 : l’impôt pour la cure de Châteaubriant (dans l’ancien hôtel d’Arimont dont la commune a pris possession en novembre 1858) se monte à plus de 100 frs par an. L’ancien propriétaire ne veut pas payer pour 1859, la commune non plus.

Le percepteur, agissant comme receveur municipal, a porté cette imposition dans l’état des cotes irrécouvrables et cet article a été admis par MM. les répartiteurs. Mais le Préfet n’est pas d’accord et réclame la somme à l’ancien propriétaire parce que l’acte d’acquisition est du 18 avril 1859 et que la mutation de l’hôtel d’Arimont n’a pas encore été faite par le contrôleur des contributions et est, de ce fait, toujours au nom de l’ancien propriétaire. La demande de décharge pour 1859 devra remonter jusqu’au ministre ….

24 décembre 1860 : le Préfet ouvre au budget de 1860 de l’hospice de Châteaubriant les crédits supplémentaires suivants :
- 1300 frs pour achat de farine et de viande
- 200 frs pour achat de comestibles
- 150 frs pour achat de bois

27 décembre 1860 : le sieur Buron Jean-Louis a fourni 143 rations de pain

aux troupes de passage pendant le 4e trimestre de 1860. Le prix du kg de pain valant 0.306 frs au mois d’octobre, il lui est donc dû 32,89 frs (ce qui correspond à une ration de 750 g).

A noter que la ration de pain, qui était
à 0,175 frs en juillet 1859,
est passée à 0,2175 frs en juillet 1860 (soit + 24 % en un an)
et à 0,23 frs en décembre soit encore + 5,7 % en six mois …

31 décembre 1860 : la vente des boues de la ville a rapporté 1339 frs en 1860

31 décembre 1860 : le sieur Klein Jacques, boucher, a été reconnu adjudicataire pour la fourniture de viande à l’hospice en 1861, à raison de 0,63 frs le kg.

On notera :
- 0,306 frs le kg de pain
- 0,63 frs le kg de viande.
La viande seulement deux fois plus chère que le pain !]

Pour le bois et le grain, l’hospice est « sans espérance » de trouver un adjudicataire et demande que l’économe soit autorisé « à traiter de gré à gré et par voie d’économie pour ces fournitures comme pour les achats de linge, de comestibles et d’une infinité de menues denrées »

Boites et ouvre-boites

Les boites de conserve ont été inventées en 1826 mais l’ouvre-boîtes ne date que de 1858, né de l’astuce de Ezra Warner.

L’ouvre-boîte simple que nous utilisons de nos jours avec une roulette de coupe a été inventé deux ans après et la seule modification au brevet initial est l’ajout d’une molette dentelée.


Sources :

- Archives municipales séries 1 D 19
- 2 D 11 (courriers)
- Histoire de la France et des Français
par A. Castelot et A. Decaux
(Editions Robert Laffont)