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1853 (de novembre à décembre)



Novembre 1853 - Suite à un conflit à Bethléem entre chrétiens latins (protégés par la France) et orthodoxes (protégés par la Russie) les relations entre la Russie et l’empire Ottoman s’enveniment et la Turquie déclare la guerre à la Russie le 4 novembre 1853.
En fait, cette querelle de moines dans les églises des Lieux Saints est un prétexte : l’affaire est réglée par les Turcs en faveur du clergé orthodoxe. Mais la Russie exige du sultan des garanties en faveur de tous les chrétiens orthodoxes de l’Empire : les véritables raisons sont les ambitions de la Russie, désireuse d’annexer Constantinople et les Détroits, c’est-à-dire d’accéder à la Méditerranée.

 La guerre s’annonce

Les Français et les Britanniques, puis les Sardes (Piémontais), s’allient aux Ottomans, contre les Russes. La flotte turque est détruite par l’escadre russe dans le port de Sinope, le 30 novembre 1853. La France et l’Angleterre ordonnent alors à leurs flottes de s’engager dans la Mer Noire. C’est le début de ce qu’on appellera « la guerre de Crimée ».

13 novembre 1853 - la Commission Administrative de l’Hospice a voté une somme additionnelle de 550 francs pour l’achat de céréales destinées à la consommation alimentaire de l’établissement, « l’allocation ouverte au budget de 1853 se trouve épuisée par suite du renchérissement survenu dans le prix des céréales ».

L’hospice souhaite vendre un lot d’arbres, situés sur la métairie de la Carantage (commune du Petit Auverné) qui appartient à l’Hospice.. Il joint une estimation de ces arbres, faite par un menuisier, qui se monte à 1049,42 francs.

14 novembre 1853 - le maire de Châteaubriant intervient en faveur de Mme Deluet Jeanne-Marie pour qu’elle soit admise à l’Hôtel-Dieu de Nantes pour y faire ses couches. « Cette malheureuse est dans une position affreuse d’indigence qui la met dans l’impossibilité de pourvoir à son état ».

Des baux se terminent au 31 décembre 1853 : location des places aux foires et marchés, pesage et mesurage publics, éclairage de la ville. Le Maire fait rédiger des cahiers des charges et conditions séparés relatifs à ces trois branches de services.

Par ailleurs, le maire est autorisé à vendre, même de gré à gré, deux tas de boues de la ville, demeurés dans le Pré de la Halle et sur un vague près de Paluel depuis l’époque où la répurgation a cessé d’être en régie.

 Rue du Champ de Foire

Toujours le 14 novembre 1853, M. Delourmel signale que la rue qui, située dans le bourg de Béré, descend perpendiculairement de la route de Rennes (n°163) au champ de foire, est fréquentée, lors de la tenue des foires, « par une grande foule de personnes, par un nombre considérable de bestiaux de toute espèce, enfin par des charrettes et des voitures de divers genres ». Il importe donc que cette rue ait une largeur en rapport avec la circulation qui s’y exerce. Le maire fait donc rédiger un plan d’alignement pour qu’elle soit portée, au fur et à mesure des constructions et reconstructions, à une largeur de 8 m.

Le bureau de bienfaisance demande l’autorisation de prélever 1000 francs sur les fonds en caisse, pour acheter des comestibles pour les pauvres « dont la misère va s’accroître par le renchérissement des subsistances » .

Enfin une somme de 300 francs sera attribuée au boulanger, créancier de cet établissement, pour le prix du pain qu’il a fourni jusqu’à présent à des personnes indigentes.

26 novembre 1853 - M. Delourmel, faisant fonction de maire de Châteaubriant signale au Sous-Préfet que le jeune Alexandre Boulay, 7 ans, a été abandonné par ses parents qui ont quitté la commune « sans qu’il eut été possible d’apprendre ce qu’ils sont devenus ».

« Par mesure de précaution et afin de lui procurer les aliments nécessaires, l’enfant a été "déposé" provisoirement à l’hospice, qui ne peut le garder ». Le maire demande qu’il soit admis à l’hospice de Nantes, au nombre des enfants abandonnés.

28 novembre 1853 - le maire avise le Sous-Préfet que le Bureau de Bienfaisance a voté, additionnellement à son budget, la somme de 700 francs destinée au paiement des médicaments nécessaires à l’établissement et du pain fourni aux pauvres de la commune.

« Pour ces fournitures le mode d’adjudication est impossible d’autant mieux que l’hospice essaie, chaque année mais inutilement, de trouver un adjudicataire pour la quantité de grains dont il a besoin ». « Pour les médicaments, inutile de dire que ce mode est inapplicable ».

2 décembre 1853 - le maire demande que le Préfet octroie 1000 francs pour l’achat de comestibles pour les pauvres de la commune. Accord du Préfet le 6 décembre.

8 décembre 1853 - un adjudicataire propose 1410 francs pour les arbres de la métairie de la Carantage [au 19 novembre dernier l’estimation était de 1049,42 francs]

9 décembre 1853 - Le maire revient sur l’affaire de " L’Aigle d’Or " : « la rue qui descend du bourg de Béré au Champ de Foire et qui sert à communiquer avec l’église de Béré, a été retracée à l’ouest du pignon de la maison dite de l’Aigle d’Or appartenant à M. Jean Cornet. Mais celui-ci paraît peu disposé à rendre le terrain objet de son usurpation, malgré toutes les démarches faites auprès de lui. Il ne reste donc pour l’y contraindre que d’avoir recours aux lois par les voies judiciaires ». Le maire demande de transmettre au Préfet sa demande d’autorisation d’ester en justice.

11 décembre 1853 - Lors de la réunion de la Commission Municipale de Châteaubriant, une lettre du Préfet rappelle que : un décret du 22 novembre 1852 a ouvert un crédit de 4 millions de francs pour être réparti entre les communes, pour encourager l’entreprise de travaux extraordinaires dans le but de procurer de l’occupation à la classe ouvrière « dont les embarras ne peuvent manquer de s’accroître en proportion de l’élévation du prix des subsistance pendant la mauvaise saison qui s’avance ».
La commune doit au préalable voter des fonds pour installer des ateliers de charité et donner le détail des ouvrages à exécuter.

« La population ouvrière de Châteaubriant est fort nombreuse et chaque hyver, surtout quand la rigueur de la saison amène le chômage dans certaines professions, la misère devient extrême. Cette année elle sera plus excessive encore à cause de la chèreté (sic !) des denrées alimentaires et la caisse municipale doit s’imposer tous les sacrifices compatibles avec ses moyens pour faire profiter, dans les plus fortes proportions possibles, la classe nécessiteuse de la munificence du gouvernement ».

 Achat de sarrasin

La Commission municipale pense cependant qu’il n’y a pas lieu de faire un nouvel appel à la bienfaisance individuelle « qui a payé largement son tribut en fournissant par voie de souscription un capital d’environ 7000 francs qui a servi à faire des achats de sarrasin, lequel, deux fois par semaine, est vendu à prix réduit, c’est-à-dire à 75 centimes le décalitre, aux familles nécessiteuses de la commune ».

« La création de ce magasin d’assistance deviendrait une vraie fiction si ceux en faveur desquels il a été formé n’en pouvaient approcher par défaut d’argent. Il faut que le salaire de leur travail leur en procure l’accès »

Or il se trouve que l’état financier de la ville a été considérablement altéré « par l’abaissement regrettable des droits d’octroi sur les boissons » qui formaient sa principale source de revenus « et qui étaient perçus sans exciter la plus légère plainte ». De ce fait la commune ne peut songer à un sacrifice supérieur à 1500 francs qui peuvent encore être prélevés sans compromettre aucun service essentiel.

Avec ces 1500 francs et la subvention que le gouvernement attribuera (...), « il y a lieu d’espérer que tous les bras pourront être occupés surtout si l’agence de la voirie vicinale, qui dispose de fonds importants, prête à l’administration un concours efficace en donnant à ses entreprises toute l’activité qu’elles réclament ».

La Commission Municipale
dresse alors la liste des travaux
qui pourraient être effectués :

1 - « déblaiement, afin de restituer au château son aspect antique, d’une portion de la douve méridionale de l’édifice, assez malheureusement comblée en 1838, lors de la rectification de la route n° 163 à travers la Place des Terrasses ». Les déblais seraient transportés à la brouette « au joignant de la promenade basse du Bout du Monde, pour compléter et affermir l’exhaussement commencé avec les matières fournies par le curage qui a eu lieu sur une portion de l’étang de la Torche. »

[ndlr : ce déblaiement des douves n’a pas été fait. C’est bien dommage !].

2 - enlèvement et transport, par des procédés analogues et dans le même but, « de décombres et terres disponibles sous les murs de l’un des jardins du château, au long du petit pré de la ville, entre le vieux donjon et la tour carrée ». Cette opération, « tout en donnant un peu d’accroissement à ce pré, formant une dépendance de la promenade », aura l’avantage de le débarrasser de broussailles d’un aspect désagréable.

3 - abaissement d’un chemin incommode à l’entrée du chemin de la Boule d’Or, l’une des voies qui conduit à la Fontaine de la Vannerie, laquelle procure l’eau potable à la population tout entière

4 - restauration du trottoir « mackadamisé » (sic !) régnant au nord de la Place de la Motte, depuis la Porte Neuve jusqu’à la Rue Neuve.

La Commission municipale « jalouse de seconder dans la limite de ses trop modiques ressources, les généreuses intentions du gouvernement » s’empresse de voter « ces propositions du chef du pouvoir municipal ».

 Celle qui souffre

« On espère que M. le Préfet, appréciant les sacrifices que la partie aisée de la population s’est imposés pour le soulagement de celle qui souffre, et reconnaissant au surplus que la caisse municipale fait le plus grand effort possible, voudra bien user de sa puissante influence pour obtenir que la ville de Châteaubriant soit admise à une allocation proportionnée à l’étendue et à l’urgence des ses besoins »

« Elle ose de plus appeler la sollicitude de ce magistrat sur la nécessité de terminer le chemin de grande communication n°14 dans sa portion contiguë au département d’Ille et Vilaine. Ce chemin communal depuis 15 ans déjà offre encore au point indiqué une lacune de 1000 à 1200 mètres qui est tellement impraticable qu’aucun voiturier n’ose s’y risquer et qu’il a fallu que les commissaires de l’œuvre des blés fissent venir par Derval, avec une notable augmentation de frais, des approvisionnements par eux achetés de Bain où le sarrasin se vendait à moitié prix qu’à Châteaubriant »

 Logement insalubre

Toujours le 11 décembre 1853 : la Commission Municipale lit un courrier du Sous-Préfet, en date du 10 décembre, qui lui demande d’instituer à Châteaubriant une commission de 5 à 9 membres « qui veulent bien accepter la mission définie par la loi du 13 avril 1850, relativement aux logements insalubres ».

S’associant « aux vues charitables » de M. le Sous-Préfet, la Commission Municipale désigne :
- Obalski, agent-voyer d’arrondissement, faisant fonction d’architecte
- Ernoul-Provôté, docteur-médecin
- Bouron, ancien pharmacien*
- Lemoine, pharmacien en exercice
- Legal négociant, membre du bureau de bienfaisance
- Leroux, entrepreneur bâtiment
- Pigrée Jean, propriétaire
- Biche Hyppolite, propriétaire
- Guibourg Marie-Joseph, propriétaire

[ndlr : on notera que l’amélioration des logements est conçue comme acte de charité et non pas comme une question de justice ou de dignité]

11 décembre 1853 (encore) : la Commission Municipale donne « un avis favorable à l’obtention de l’autorisation d’accepter le legs d’une rente perpétuelle de 300 francs créée au profit des Frères des Ecoles Chrétiennes établis à Châteaubriant », par le testament de feu M. l’abbé Baguet de la Rolandière, chanoine, en date du 1er avril 1848.

16 décembre 1853 - le sieur Buron Jean-Louis, boulanger, a fourni 156 rations de pain aux troupes de passage à Châteaubriant

Fin d’année 1853 - Le Ministre des Travaux Publics, Pierre Magne, dans un rapport à Napoléon III, s’enthousiasme du développement des chemins de fer : au cours de l’année se sont créées les Compagnies de l’Est et de l’Ouest.

Fin d’année 1853 - La France de Napoléon III cherche une terre nouvelle, libre de toute occupation européenne, pour y fonder une colonie pénitentiaire. Par ailleurs, la France souhaite renforcer sa présence dans le Pacifique et protéger les missionnaires et les navires de commerce français. Napoléon III ordonne donc d’occuper la Nouvelle-Calédonie où le contre-amiral Febvrier-Despointes, a organisé, le 24 septembre 1853, la cérémonie officielle de prise de possession de Balade (nom indigène de la Nouvelle Calédonie) en présence des missionnaires et des chefs locaux.

Jules Michelet : Histoire de la Révolution

Jules Michelet (1798-1874) naît dans le chœur d’une ancienne église, « occupée », dit-il, « et non profanée » par l’imprimerie que son père y avait établie en pleine Terreur. Son enfance est misérable : Napoléon 1er avait soumis la presse à un régime despotique. L’imprimerie est fermée en 1812. A défaut de pain, l’enfant est nourri de livres ! Il réussit cependant à faire des études, tout en travaillant, et on le retrouve plus tard chargé de cours à l’Ecole Normale Supérieure, chef de la division historique aux Archives nationales enfin professeur d’histoire au Collège de France à partir de 1838. Mais il refuse de prêter serment à l’Empire et Napoléon III le fait chasser de son poste. Parmi d’autres écrits (Histoire de la République Romaine, Histoire de France, Le Peuple, La Sorcière), il rédige une Histoire de la Révolution Française, entre 1847 et 1853 avec :
un acteur principal, le peuple, artisan de son propre destin, opposant sa liberté, sans cesse à défendre, face aux puissances aristocratiques et cléricales
Un principe fondamental : celui de la Justice

Un livre passionné et palpitant qui met en scène, de façon vivante, les hommes et les femmes anonymes de la Révolution depuis la prise de la Bastille (« le combat de l’avenir ») jusqu’à la Terreur (pleine du « cri des enfers ») en passant par l’enthousiasme du sacrifice au moment de la bataille de Valmy (1792).