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1846



22 janvier 1846 : à la demande du Préfet, le maire détaille les sommes qui ont été affectées à l’entretien de la salle d’asile de Châteaubriant :

Fonds de la commune 250,00 francs
- Souscription particulière 626,50 francs
- Don du duc d’Aumale 200,00 francs
- Total 1076,50 francs

24 janvier 1846 : voici les fournitures nécessaires à l’hospice de Châteaubriant au fur et à mesure de ses besoins :

      • 34 hl de froment à 17,50 francs/hl
      • 18 hl de blé noir à 6,00 francs par hl
      • 4 hl d’avoine à 6,70 francs/hl

30 janvier 1846 : le maire demande l’admission à l’Hôtel-Dieu de Nantes, « pour y faire ses couches », d’une malheureuse femme de Châteaubriant « en état de grossesse et sans moyens pour faire face à sa position ». Le même jour le maire demande une aide « pour un malheureux fermier de la Borderie, chef d’une nombreuse famille, victime d’un incendie ». Quelques exemples de petites gens ...

Janvier-février 1846 : Bugeaud et ses adjoints poursuivent vigoureusement leur campagne en Algérie contre Abd el Kader et un jeune chef de vingt ans, Bou-Maza, qui soulève les tribus. De nombreux chefs militaires sont engagés dans cette aventure et la plupart d’entre eux se jalousent ! Les députés s’impatientent devant les lenteurs et le coût de la conquête : malgré 100 000 hommes et 100 millions de francs, rien n’est jamais fini.

1er février 1846 : le Conseil Municipal se réunit sous la présidence de M. de la Pilorgerie, remplissant toujours, par vacance, les fonctions de maire. Celui-ci rend compte de l’adjudication négative de 29 janvier 1846 concernant le nivellement et le pavage de la place Saint Nicolas : « Un certain nombre de concurrents sérieux se sont présentés mais trois seulement ont déposé des soumissions qui se sont trouvées supérieures, non seulement au minimum cacheté [ndlr : souligné dans le texte], mais encore à l’évaluation du devis. Celui-ci présente un chiffre de 8339,88 francs et les soumissions contenaient des demandes en sus : l’un de 70 %, l’autre de 40 % et enfin la troisième de 30 % ». Le Conseil s’étonne ...

« Invités à s’expliquer, les concurrents ont formulé plusieurs objections contre la justesse des précisions du devis. Ils ont fait valoir notamment l’insuffisance des prix alloués pour le transport et pour l’extraction. Ils ont prétendu que pour obtenir un mètre-cube de pavés dans les dimensions requises, il faudrait tirer de la carrière de 5 à 6 m » de pierres, ce qui produirait, presque en pure perte, un déchet considérable ».

« Ce calcul, commente M. de la Pilorgerie, est évidemment fort exagéré et les appréhensions des concurrents sont, en grande partie, dénuées de fondement. ». Et il explique que, en s’attachant à un bon système d’exploitation, 3 m3 de pierres prises dans la carrière de la Touche peuvent, terme moyen, fournir plus d’un mètre-cube de pavés dans les dimensions indiquées.

« D’autre part la Carrière de la Touche, située précisément au bord de la route n°163, sur un point éloigné de toute autre carrière en exploitation, est avantageusement située pour fournir des matériaux d’entretien à cette route, à la distance de 4 ou 5 km de chaque côté » dit-il en ajoutant que la dite carrière est proche du chemin n° 14 [Ancenis-Bain de Bretagne] qui est « encore en sol naturel » (...) « et a le besoin le plus urgent d’une forte couche d’empierrement ». Ainsi l’emploi des pierres qui ne pourraient pas servir de pavés, est assuré.

Il propose, dans cette situation, que la ville se charge elle-même de l’extraction des quelque 400 m3 de pavés qui seront nécessaires pour la place Saint Nicolas, en attendant l’époque de la prochaine adjudication. Le Conseil Municipal vote un crédit 1500 francs à cet effet.

 Indemnisations

M. de la Pilorgerie parle ensuite des indemnités à verser aux cinq propriétaires « qui doivent être dépossédés pour l’ouverture de la rue des halles et l’amélioration de la halle actuelle ». Mais le Conseil Municipal juge leurs demandes « comme entachées d’une exagération plus ou moins grande » et propose une nouvelle négociation ou le recours au juge d’expropriation.

Enfin M. le Sous-Préfet a transmis à la mairie un mémoire de M. de Boispéan, adressé au Préfet le 10 décembre 1845, dans lequel il annonce son intention d’appeler la commune devant les tribunaux pour faire reconnaître judiciairement que le canal servant à l’écoulement des eaux du Lavoir Saint Jean n’a été établi sur son terrain que par pure tolérance et non à titre de servitude ainsi que le Conseil Municipal l’a prétendu dans sa délibération du 17 août 1845. Quel procédurier ce M. de Boispéan !

 Envahissants

8 février 1846 : au Conseil Municipal M. Bivaud signale qu’un propriétaire a commis un envahissement au bord du chemin de Juigné « lorsqu’il a fait enclore les parties de terrain achetées à la commune sur la Lande du Drouillais ». M. Lesage rappelle « les usurpations consommées par M. Louis Provôté sur le bord du chemin de Bain ». Le Président (M. de la Pilorgerie), « afin de parvenir à la répression de tous les envahissements exécutés au préjudice de la commune et de procurer des ressources à la caisse municipale » obtient l’autorisation de recenser les terrains de toute nature, « envahis ou vagues » susceptibles d’être vendus sur l’étendue du territoire de Châteaubriant .

Ce 8 février 1846 : Pompiers : quatre citoyens, un charpentier, un meunier, un menuisier, un couvreur, sont admises pour entrer successivement et au fur et à mesure des vacances, dans la subdivision des pompiers. « Au mois de mai prochain, le Conseil s’occupera de l’augmentation du matériel de la pompe à incendie ».

Ecole communale : l’architecte M. Broët a été chargé de rédiger un projet « pour le travail d’accroissement » de la classe de l’école communale. La construction aurait lieu dans la partie orientale du jardin, au joignant de la maison principale et les frais seraient d’environ 2000 francs.

Coquerie : le Conseil Municipal poursuit la négociation avec Mme Veuve Belot pour l’ouverture partielle de la rue de la Coquerie. Coût envisagé : 900 francs.

 A bras d’homme

Revenant sur la demande de M. de Boispéan le 1er février 1846, le Conseil Municipal maintient « la solution donnée par la délibération du 17 août 1845 ».

Auguste Jacques, comte de Boispéan, insiste , il raconte que dans le passé : « le trop plein des eaux d’une marre servant de lavoir public dit de Saint Jean de Béré, s’écoulait naturellement par un vieux fossé dans la rivière de Chère, sans que la main de l’homme y eût contribué [souligné dans le texte], de telle sorte que, quand on voulait écouler et nettoyer cette marre, on était obligé de jetter l’eau dehors à bras d’homme. Le problème est que le canal d’écoulement des eaux, réalisé par la suite, s’est peu à peu rempli de vase et de détritus d’herbes aquatiques » et que M. Luette de la Pilorgerie, faisant fonction de maire, fit intimer à M. de Boispéan, par un agent de police, l’ordre de curer la rivière.

M. de Boispéan prit très mal la chose, considérant cet ordre comme « singulièrement abusif », disant qu’il voulait bien faire le curage pour être agréable aux habitants du faubourg de Béré « mais qu’il n’entendait pas le faire sur ordre et comme assujetti ». Il explique qu’il n’entend pas faire supprimer ce canal mais simplement faire reconnaître qu’il est établi en vertu de la seule tolérance, « et qu’il ne saurait fonder contre lui une servitude nouvelle ou en tout cas une aggravation de la servitude ancienne ».

 Une rue de 9 mètres

Toujours ce 8 février 1846, le Conseil Municipal demande une ordonnance royale déclarant l’utilité publique, afin de pouvoir exproprier les personnes concernées par la réalisation de la Rue des Halles. « Une rue de 9 mètres sera percée de la Place du Marché aux Grains jusqu’à la route royale n°178 [ce qui correspond à la partie nord de l’actuelle rue Aristide Briand]. L’axe de cette rue sera le même que celui de la rue approuvée par l’ordonnance royale du 16 mars 1816 et indiquée au plan général de la ville, mais avec 6 mètres seulement de largeur. Le Conseil, convaincu que cette voie, destinée à une circulation très active, serait insuffisante avec une largeur de 6 mètres, l’a portée à 9 mètres ».

Enfin le Président présente un nouvel avant-projet pour la future maire-halle au blé, dressé par M. Chenantais. La majorité du Conseil décide que la façade de l’hôtel de Ville, sera reculée de 15 mètres du bord de la route royale.

21 février 1846 : le maire envoie au Sous-Préfet le plan des travaux à effectuer au quartier des halles à Châteaubriant :

- 1.- alignement des halles anciennes
- 2.- ouverture de la rue des halles

Il signale la nécessité d’améliorer les halles « où chaque jour de marché s’accumule une foule de vendeurs et d’acheteurs. L’insuffisance de l’espace livré au commerce est depuis longtemps évident ».

Il explique que des maisons en saillie forment, et ont formé de tous temps, un obstacle à la circulation, que l’une des maisons sera achetée et démolie mais que l’autre, ayant été réparée il y a quelques années, a acquis une valeur assez considérable. Le Conseil Municipal sollicite donc une ordonnance royale au sujet de son alignement, qui permettrait à la commune de se ménager ainsi « le moyen d’acquérir plus tard cette maison qui restera dans l’état où elle se trouve ».

La ville va aussi acheter les greniers de deux propriétaires « pour aérer et éclairer la portion de halles qu’ils recouvrent ». « Au moyen de ces diverses acquisitions, les halles anciennes présenteraient une largeur de 14 mètres environ, excepté dans la partie au droit de la maison Boutruche ».

Il explique aussi que le Conseil Municipal a décidé d’ouvrir la Rue des Halles à une largeur de 9 mètres [c’est la partie nord de l’actuelle rue A.Briand]. « Châteaubriant manque d’abords et d’entrées. La percée des halles n’est en communication directe avec aucune des entrées existantes. Il suffit de voir la gêne apportée à la circulation des marchands et des denrées dans le quartier des halles, les jours de marché, pour comprendre l’intérêt que l’on doit attacher à la prompte ouverture de la rue neuve des halles.

 Courrier : seize heures plus tôt

23 février 1846 : au directeur des Postes à Paris : « Monsieur, on affirme qu’à partir du 1er mars prochain, le chemin de fer d’Orléans à Tours sera livré à la circulation. On ajoute qu’à dater de ce moment l’arrivée du Courrier de Paris à Nantes sera améliorée de plusieurs heures. »

« Châteaubriant, chef-lieu d’arrondissement, n’a pas aujourd’hui de ( ? mot illisible) par la malle de Paris à Nantes, bien qu’il soit aussi facile de le rattacher à Angers qu’à Laval, les distances qui séparent de ces deux villes sont à peu près les mêmes. Nous osons espérer que vous voudrez bien nous faire profiter de l’amélioration que produira l’ouverture du chemin de fer. Par ce moyen nous recevrons seize heures plus tôt le courrier de Paris qui ne peut aujourd’hui être distribué que le surlendemain du départ. Il suffirait, pour nous ajouter cet avantage, que l’une des deux voitures de Châteaubriant à Angers apportât les dépêches confiées à la malle de Paris à Angers, Les mêmes voitures desserviraient Segré, autre chef-lieu de sous-préfecture, Pouancé et Le Lion d’Angers, chefs-lieux très importants de canton ».

Sortir des murailles

« L’intérieur de la ville (...) on y est trop resserré. Il faut sortir de cette étroite enceinte, il faut franchir le cercle des murailles, et, dans un esprit d’embellissement, en amener graduellement la démolition par l’appât d’un profit certain. Il faut provoquer l’agrandissement de notre ville dans les proportions que réclame l’augmentation de la population, par la multiplication des indigènes, et par l’établissement successif, déjà commencé, de nouvelles familles que ne peut manquer d’attirer notre position qui a le rare mérite d’être le point de jonction de cinq et bientôt de six belles grandes routes, ouvrant des communications infiniment précieuses » disait M. Guibourg, le 6 septembre 1835 (archives 1M6) en suggérant de construire la Halle Neuve place de la Motte.

27 février 1846 : le maire (De La Pilorgerie en fait toujours fonction), adresse au Sous-Préfet un projet de pont à construire sur la Rivière de Chère, pour l’ouverture de la Rue des Halles [il s’agit du pont, qu’on ne voit plus, qui se trouve tout-à-fait à l’extrémité Nord de l’actuelle rue Aristide Briand)

16 mars 1846 : le maire envoie au Sous-Préfet les plans, devis et cahier des charges dressés par M. Broët (architecte et entrepreneur à Châteaubriant ) pour l’agrandissement de l’école communale. Il indique que cet agrandissement est souhaité depuis longtemps, « les cours d’adultes très nombreux qui s’y tiennent chaque hiver, mettent surtout cette nécessité en évidence ». De plus, l’adjonction d’un sous-maître, décidée l’an dernier par le Conseil Municipal, exige que l’école soit divisée en deux sections, ce que ne permet pas le local actuel.

 Devant ou dessus

Le maire rappelle que « l’école communale a été construite sur un terrain qui n’a de largeur que la longueur du bâtiment actuel. Le désir du Conseil et le mien auraient été d’acquérir à l’Est et à l’Ouest de l’école un espace suffisant pour un prolongement. Mais le propriétaire du terrain à l’Ouest s’est montré si exigeant que le Conseil Municipal n’a pas voulu subir ses conditions. Il est probable que le propriétaire du terrain à l’Est n’eût pas été plus accommodant. D’où la nécessité de construire soit au devant, soit au dessus de l’école »

17 mars 1846 : le maire adresse au Préfet le plan général de la ville et signale que « le principal commerce est concentré dans le quartier des halles. Chaque jour de marché il existe sur ce point central une agglomération de personnes et de choses qui y rendent la circulation très difficile. Dans le plan de 1816, de la halle à la route royale n°178, aujourd’hui n°163, se trouve tracée, comme vous le verrez, une rue de 6 mètres. Le Conseil l’a judicieusement portée à 9 mètres. Ce large accès pénétrant au cœur de la cité y portera la vie tout en reliant le quartier de la Torche, séparé jusqu’ici de la ville par les anciens fossés, aux parties commerçantes de Châteaubriant ».

« Le plan de 1816 n’avait pas statué sur la largeur et les alignements des halles. Cette omission, nous la payons aujour-d’hui bien cher, en achetant des greniers ou maisons qui, sans cet oubli, seraient tombés en vétusté ».

28 mars 1846 : le maire écrit à l’ingénieur de l’arrondissement de Châteaubriant pour lui indiquer que la ville a été autorisée à extraire une quantité assez considérable de pavés dont elle a besoin pour la place principale de la ville, d’une carrière située à 6 km par la route de Châteaubriant à Angers. « Ce travail lui laisse comme résidu peut-être 700 à 800 m3 de pierres dures bien propres à l’entretien des routes. On m’assure que l’administration des Ponts et Chaussées manque complètement de matériaux. Nous pourrions lui offrir le moyen de renouveler son approvisionnement. La carrière est sur le bord même de la route, près de l’étang de la Touche. Le mètre-cube, tous frais compris, nous revient à 1,13 francs »

2 avril 1846 : le bureau de Bienfaisance a pris une délibération le 27 mars 1846 en réponse aux objections de Préfet au projet de Bail de l’école des Filles pauvres (sise rue de la Porte Neuve), destinée à devenir provisoirement la Maison d’Arrêt. « cette délibération longuement motivée est appuyée du devis des réparations à faire à la Maison de la Boule d’Or » [malheureusement, nous n’en savons pas davantage].(La Boule d’Or, était située à l’une des extrémités de la rue de la Vannerie, à proximité de la Place de la Motte. Il en reste une maison qui a pris, comme commerce, les noms successifs de « La Botte d’Or », et « Le Casque d’Or ». C’est en 2003 un magasin de mode).

9 avril 1846 : le maire signale au Préfet le cas d’une jeune sourde et muette dont il demande l’admission à l’école d’Auray. « Cette jeune fille, qui semble très intelligente, appartient à une famille très pauvre. Si le bienfait de l’éducation ne lui est pas donné gratuitement, elle en restera privée ».

12 avril 1846 : il y a eu une enquête commodo-incommodo sur le projet d’ouverture de la rue des halles [partie nord de l’actuelle rue Aristide Briand]. Aucune réclamation ou observation n’a été présentée.

16 avril 1846 : en se promenant en forêt de Fontainebleau, le roi Louis Philippe est victime d’un nouvel attentat (le sixième !). Un demi-fou du nom de Lecomte, atteint de la folie de la persécution, tire un coup de fusil sur le roi par dessus un mur. Cet attentat réchauffe un peu l’ardeur des Français.

17 avril 1846 : la ville de Châteaubriant désire depuis longtemps établir un ponceau sur le cours d’eau qui descend de l’étang de Choisel et traverse le chemin se rendant de la Trinité à Belêtre. Elle demande un plan et un devis à l’agent voyer du canton de Châteaubriant .

17 avril 1846 : les propriétaires riverains de la Rue du Dos d’âne ont consenti la cession d’une partie de leurs terrains, nécessaires à la nouvelle traverse de la Route Royale n° 163 par les rues de St Michel et Dos d’âne. Mais il y a quelques problèmes au sujet des indemnités à leur accorder.

2 mai 1846 : un entrepreneur de Châteaubriant, le sieur Hubert, qui intervient sur le chemin de grande communication n°14, conduisant à Erbray, désire prendre des pierres à la carrière de la Touche (proche la Carrière de Beauchêne), au prix de 1 franc le mètre cube.

4 mai 1846 : le bail pour la maison destinée à servir provisoirement de maison d’arrêt est signé [il s’agit de l’ancienne école des petites filles pauvres, rue de la Porte Neuve].

14 mai 1846 : au Conseil Municipal de ce jour, M. de la Pilorgerie annonce que « après certains tâtonnements inséparables d’une opération de ce genre, les ouvriers employés à la Carrière de la Touche sont parvenus à découvrir une veine de fort beaux pavés. Plus de 320 mètres formant à peu près les deux-tiers de la quantité nécessaire sont actuellement extraits et une grande économie a été obtenue sur le chiffre de la dépense présumée à l’époque de la rédaction du devis. Le complément de l’approvisionnement demandera plus de frais ». Le Conseil accède à la demande du sieur Hubert (voir au 2 mai 1846).

Le sieur Salmon, voiturier à Châteaubriant s’engage à transporter les pavés, dans un délai de deux mois, au prix de 2,50 francs le mètre-cube. M. de Boispéan dit qu’en provoquant la concurrence on pourrait sans doute obtenir de meilleures conditions. Il propose de se charger lui-même du transport avec un rabais de 50 centimes du mètre-cube. [notons qu’il a proposé 3,38 francs le 12 juin 1845, et 3,50 francs le 10 août 1845. !]

 Gué de la Vannerie

Toujours le 14 mai 1846, le Conseil Municipal rappelle qu’il est question depuis plusieurs années d’améliorer le passage à gué de la Vannerie, par la construction d’un pont. M. Defermon offre l’abandon gratuit du terrain nécessaire pour élargir et rectifier le chemin sur sa propriété et propose en outre la fourniture et le transport gratuit de tous les remblais dont il y aura besoin, ainsi que le charroi des matériaux qui entreront dans la construction du pont.

De son côté M.Voiton, propriétaire d’un terrain situé à l’ouest du ruisseau, consent à faire l’abandon d’une parcelle de 90 centiares, moyennant 100 francs, y compris les frais de rétablissement des clôtures. La dépense globale pour ce pont est évaluée à 678,50 francs. Le Conseil Municipal donne son accord. M. Guibourg demande le maintien d’un lavoir à la Vannerie.

Mon vieux quartier revêche
mon vieux quartier de Vannerie
a tiré ses volets.
Carrosse sous le bras
revenaient les laveuses
roulant brouettes
et le linge essoré suintait sur le trottoir (...)
On a muré le vieux lavoir
aux bulles de savon
Savoir pour qui
Pour quoi »

(poème d’Yves Cosson)

 Cocquerie

Toujours ce 14 mai 1846, pour l’ouverture partielle de la Rue de la Coquerie, Mme Belot consent à céder à la ville, pour 1200 francs, les terrains occupés par sa cour et son mur de clôture, ainsi que les bâtiments servant d’écurie et de cellier situés au nord de l’escalier actuel de la Coquerie. « Quoiqu’incomplète, cette rue, substituée à rune ruelle tortueuse, coupée par un escalier fort dangereux en certaines saisons, et néanmoins toujours très fréquentée, sera un bienfait notable ».

 Mon écurie pour un poulet

Le maire, ou celui qui en fait fonction, est chargé de se renseigner sur une drôle d’histoire. : « sur le mérite d’un titre communiqué par Mme Veuve Le Pays de la Riboisière » . Ce titre, en date du 6 décembre 1748, contient afféagement par le Prince de Condé, à M. Jean Baptiste Dubreil du Chastelier, [l’un des ancêtres de Mme Veuve Le Pays de la Riboisière], d’une quantité de terre de 72 pieds de longueur sur 24 pieds de largeur, située à l’Occident et au joignant du jardin de Dame Françoise Le Ray, veuve du Sieur de Villandry, « afféagement fait autrefois à Jean Sauleau, joignant d’un bout les murs de la ville de Châteaubriant et d’autre le chemin, avec faculté de faire bâtir des écuries dans le dit emplacement en laissant un passage libre à l’eau qui vient le long des murs de la dite ville »

Afféager c’est concéder des parties d’un domaine
(souvent des terres non cultivées)
contre une redevance en nature ou en argent
(ici : un poulet).
Cette concession peut être définitive (vente)
ou pour un temps donné

Face à cette demande, le Conseil Municipal se trouve dans « une perplexité insurmontable » car, depuis près d’un siècle, les lieux ont changé. Il relève toutefois qu’il existe une note en marge, qui paraît avoir été écrite de la main de l’afféagiste « et qui serait peut-être de nature à mettre sur la trace du véritable état de chose ». Cette note est ainsi conçue : « afféage-ment de mon écurie près la Tour du Four, pour "un poulet " » [ndlr : un pied fait 0,324 m]

 Ténuité

M. l’abbé Laheu, chef d’une maison d’éducation sise au faux-bourg de la Torche, offre un concours de 50 francs en argent « pour qu’il soit établi au puits de ce faux-bourg une pompe estimée environ 500 francs et qui serait très utile pour la maison où il se fait une grande consommation d’eau » [il s’agit du Pensionnat Sainte Marie, créé par "les frères quatre bras" des Ecoles Chrétiennes, où se trouvent de nos
jours la police municipale et l’école de musique, route de Vitré]. Le Conseil Municipal, eu égard à la grande profondeur du puits « et à la ténuité du concours offert » a sursis à statuer après les travaux de redressement de la côte de la Torche. « Jusque là on ne peut savoir quel sera le sort du puits ».

17 mai 1846 : poursuite du Conseil Municipal. On y trouve le traitement du secrétaire de mairie (800 francs), du commissaire de police (600 francs), de l’instituteur communal (600 francs), du sous-maître d’école (300 francs) et la somme réservée pour les prix décernés aux élèves de l’école communale (90 francs). Il est décidé aussi d’embaucher un expéditionnaire pour la mairie.

18 mai 1846 : il y a des travaux à faire à l’hospice civil : le logement des dames, des cellules pour les aliénés de passage et une salle de bains. « La pénurie de notre budget a retardé jusqu’ici l’adjudication des travaux ».

21 mai 1846 : le Conseil Municipal accepte la proposition de M. du Boispéan de transporter les pavés à raison de 2 francs du mètre-cube. La ville accepte de céder du terrain à Mme Bouron, rue de Couëré, pour une question d’alignement. Mais à quel prix ? Il est dit que 20 francs ce ne serait pas trop élevé mais, considérant qu’il y a lieu d’imposer à Mme Bouron l’obligation de rebâtir la façade de sa maison afin d’arriver à l’embellissement du quartier, le Conseil Municipal est d’avis de modérer le prix « et de le fixer à 12 francs par mètre superficiel ».

 Foyers d’infection

Il est décidé que, dorénavant, il sera accordé une remise au profit de tous les propriétaires à qui il sera concédé des terrains par l’effet d’alignement, « sous condition que les façades seront reconstruites dans un style régulier et surtout avec suppression des pignons au bord des rues, ce qui amènera naturellement la suppression successive des ruelles qui, comme dépôts d’ordures et foyers d’infection, méritent l’attention de la police et sont recommandées à la surveillance de l’autorité municipale ».

M. de la Pilorgerie suggère de faire dresser un nouveau plan d’alignement de la ville, qui remplacerait celui de 1813. Le Préfet pousse dans le même sens. Le Conseil Municipal se renseigne des prix.

25 mai 1846 : le maire adresse au Sous-Préfet les plans et devis d’un ponceau sur le ruisseau de la Vannerie : « le passage de ce ruisseau dangereux et difficile à quelques époques de l’année, deviendra aisé en tous temps ».

25 mai 1846 : cela fait 6 ans que Louis Napoléon Bonaparte est enfermé au Fort de Ham. Au mois de mai 1846, d’importants travaux de maçonnerie entrepris dans cette forteresse provoquent nombre d’allées et venues. Le prince décide d’en profiter pour s’évader par ses propres moyens. Pour ce faire, il "emprunte" les frusques d’un ouvrier maçon. Le quidam s’appelle Badinguet : sous le Second Empire, ce nom sera donné par les adversaires du régime à l’ancien prisonnier devenu Napoléon III, et il passera à la postérité.

Le 25 mai, ainsi vêtu, Louis Napoléon complète son déguisement en se frottant le visage de rouge et en coiffant une perruque. Mais cette histoire est contestée : on évoque un dessin de Gavarni paru dans le Charivari (journal satirique) représentant un personnage plus ou moins désinvolte, que l’artiste a décoré du nom de hasard de " Badinguet ". Ce mot populaire signifie tout simplement un "plaisantin" et aurait été attribué à Napoléon III.

17 juin 1846 : le local de la mairie étant trop exigu, le Conseil de Révision aura lieu au château avec l’accord du Duc d’Aumale qui a mis une salle à disposition.

Lettres et arts

Y avait-il une vie culturelle à Châteaubriant en ce milieu du XIXe siècle ? Rien ne nous permet encore de l’affirmer ou de l’infirmer. On imagine que la classe ouvrière, qui avait besoin pour survivre, des « ateliers de charité », n’avait sûrement pas de temps à consacrer à des loisirs. (La limitation à 8 heures du temps de travail des enfants de 8 à 12 ans, ne date que de 1841). Les cahiers du Conseil Municipal parlent toutefois de comédiens de passage pour quelques représentations dans une salle de la mairie.

Les personnes plus aisées de Châteaubriant avaient, elles, la possibilité de se rendre à Nantes, Rennes ou Paris. Y allaient-elles au spectacle ?

Ces années-là étaient riches, c’était le temps de :
- Stendhal (Le Rouge et le Noir, 1830 ; la Chartreuse de Parme, 1839),
- Balzac (Le Père Goriot, et Eugénie Grandet 1833),
- Prosper Mérimée (Colomba 1840,
Carmen 1845),
- Edgar Poë (histoires extraordinaires,
1840-1846),
- Andersen (Contes, 1835),
- Victor Hugo (Notre-Dame de Paris, 1831),
- Charles Dickens (Oliver Twist, 1837),
- Eugène Sue (Les mystères de Paris, 1842),
- Alexandre Dumas (Les trois Mousquetaires, et Le Comte de Monte-Cristo, 1842)
- Gogol (histoire d’un fou, 1835)
- Michelet (Histoire de France, 1834-44)

C’était aussi le temps où Wagner composait le Vaisseau fantôme (1843) et Tannhäuser (1845 ), où Chopin composait ses Préludes (1839) et Liszt ses Rhapsodies hongroises (1840-1880) tandis que Daumier croquait Les gens de justice (1840) et que Delacroix exaltait « La Liberté guidant le peuple ».



Sources :

Archives municipales série 1 D 18
1 D 19 , 2 D 9 et 2 D 10 et 1 M6
- Histoire de la France et des Français
par A. Castelot et A. Decaux
(Editions Robert Laffont)
- Rois de France, Ed.Atlas
- Itinéraires Littéraires, Ed Hatier


Quelques points d’orthographe de l’époque : projetter, marre