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1837 (de juillet à décembre)



20 août 1837 : voilà la séance officielle du Conseil Municipal de Châteaubriant. De nouveaux conseillers ont été installés depuis le 16 juin 1837, et Martin Connesson remplit toujours « par suppléance de droit » les fonctions de maire.

Il soumet au Conseil une délibération de la Commission administrative de l’hospice civil de Châteaubriant tendant à obtenir du gouvernement l’autorisation d’aliéner le Moulin des Rivières qui lui appartient ainsi qu’une petite ferme située à Erbray appelée la Faisantière. Accord du Conseil.

Accord du Conseil aussi , suite à la proposition du 7 mai dernier, pour qu’il soit établi un méridien vertical [cadran solaire] sous l’horloge. Coût estimé à 34 francs.

Enfin le Conseil signale que, l’administration des Ponts et Chaussées ayant apporté des changements dans les pentes de la route royale d’Angers à Rennes, dans la traverse du Pont St Michel, la ville se trouve dans la nécessité de faire des raccordements indispensables.

24 août 1837 : inauguration de la ligne de chemin de fer de Paris à Saint Germain, financée par l’homme d’affaires Emile Pereire. Le gouvernement n’a aucune confiance dans ce mode de locomotion. Louis Adolphe Thiers, ancien ministre de l’Intérieur, n’a-t-il pas déclaré : « Il faut donner cela aux Parisiens comme un jouet. Jamais on ne transportera de la sorte un voyageur ou même un seul bagage ». C’est la première ligne de chemin de fer pour voyageurs, créée en France. Précédemment, à partir de 1827, il y avait eu trois modestes lignes, de quelques dizaines de kilomètres, créées pour transporter le charbon de Saint Etienne à la voie d’eau la plus proche (Loire ou Rhône) et accessoirement ouvertes au transport des voyageurs, lequel était assuré au début dans des tombereaux ouverts, dans des conditions invraisemblables d’inconfort.

25 août 1837 : suite du Conseil Municipal de Châteaubriant. Le « cassis en pavé » de chaque côté de l’avenue qui donne de la place de la Motte à l’Eperon [actuel boulevard Victor Hugo], a été évalué à 800 francs environ. Des conseillers pensent qu’il serait possible de remplacer ce cassis par d’autres moyens moins dispendieux, mais ils ne donnent pas davantage de précisions.
Le maire a cru devoir, dans l’intérêt des arbres, et pour arrêter les dévastations toujours croissantes que font les eaux, de faire combler les douves le long de cette avenue avec 118 charretées de sable que lui a données M. Bain. Il a fait supporter les frais de transport par les fonds de la promenade dont fait partie cette avenue. « Mais le sable étant très mouvant de sa nature, [je] pense qu’on peut parvenir à l’arrêter en établissant de distance en distance, avec des pierres ardoisines, des espèces de déversoirs qui assureraient l’écoulement des eaux sans endommager le fossé ». Il estime que ces travaux doivent être faits avant l’hiver. Accord du Conseil pour 50 francs.

Le Conseil note qu’en 1835 certains habitants ont fourni à la ville des prestations en nature : « quelques habitants seulement ont payé une journée de 45,80 francs. Comme il n’est pas juste qu’une partie des habitants paie, tandis que presque tous ne l’ont pas fait », le Conseil décide de rembourser les personnes qui ont payé.

Le Conseil note aussi qu’il y a en mairie une centaine de fusils en dépôt qui ne sont que causes d’embarras. « Ces armes sont couvertes de poussière ». Le Conseil suggère de solliciter du ministre l’autorisation de les remettre au directeur de l’armement à Nantes.

Enfin le Conseil établit son projet de budget pour 1838. C’est évidemment fastidieux. Relevons quelques chiffres :

Traitement du secrétaire de mairie......600
Du commissaire de police .............. 400
De l’instituteur mutuel ................900

Loyer de la mairie ......................10
Chauffage, éclairage, frais bureau......200
Loyer de la maison d’école..............130
Entretien des pavés et parapets ........165
Entretien de l’horloge .................400
Réparation chemins vicinaux ...........2000
Entretien des réverbères ...............880
Entretien de la pompe ..................200

27 août 1837 : suite du Conseil Municipal. Le Président, M. Connesson, expose au Conseil qu’il a été invité à demander un devis pour macadamiser la place du marché aux bestiaux [place de la Motte], que celle-ci fait 99 mètres de long et 32 de large et que cela coûterait 1400 francs.

Il constate que le sol de cette place est très solide, qu’il y a quelques creux et ravines qu’il convient de remplir de macadam recouvert d’une légère couche de sable et il estime la dépense à 100 francs. « parce que tous les ans on y emploierait quelques journées d’ouvrier pour réparer les dégradations ».

Un conseiller rappelle « l’élargissement indispensable de la rue de Rigalle, qui est une rue très importante » et dit que la proposition de 100 francs pour la Place de la Motte est raisonnable. Unanimité du conseil.

 La tour prends garde ...

Un autre conseiller a parlé de la « Rue de l’abreuvoir » (?) : « récemment deux bœufs y ont été écornés et annuellement il survient des accidents plus ou moins graves ». Il rappelle qu’il est urgent d’acheter la tour où est le dépôt de poudre de la régie afin de dégager la rue de la Planche Marguerite [actuelle rue Tournebride] et « de faire disparaître la Porte de la Torche et la Tour du Moulin ». Dans un premier temps, il est décidé l’élargissement de la « Rue de Rigalle » sur la Grand Rue.

 Histoires d’eaux et peupliers

Le Président indique par ailleurs que l’aqueduc, allant de la Rue Neuve à la Tour de M. Dupin [sous l’actuel boulevard Victor Hugo] est terminé et qu’il va faire extraire des douves du rempart de la Torche, « des vidanges qu’il va y faire conduire, ainsi que d’autres terres » pour poursuivre le comblement jusqu’au niveau du boulevard de la Motte.

Il expose ensuite « qu’à la hauteur de la promenade basse [des Terrasses] et au-dessous », la Rivière de Chère est presque entièrement encombrée par des chaloupes flottantes qui sont descendues l’hiver dernier et barrent la rivière « et qu’il est à craindre que dans les grandes eaux, elles ne descendent au déversoir et n’occasionnent une inondation comme cela a eu lieu il y a une quinzaine d’années ». Il dit que la ville a le droit de disposer de ces « chaloupes » et de les faire apporter sur le bord, pour former un terre-plein de 7 mètres de large sur lequel on planterait des peupliers. Unanimité.

 Legs de prêtres

3 septembre 1837 : nouveau Conseil Municipal. Le président Connesson soumet au Conseil un traité passé entre la commission de l’hospice et M. Renaudin, curé de Nozay, par lequel ce dernier s’engage à verser une somme de 3000 francs au moyen de laquelle lui, et ses successeurs à perpétuité, pourront envoyer un indigent pour y être logé, nourri, vêtu et soigné comme les autres pauvres. Le Conseil approuve « dans le but d’encourager de pareilles institutions dans les communes de l’arrondissement »

De son côté, M. l’abbé Peuriot, né à Châteaubriant et décédé le 27 juillet 1837 à Vieillevigne, lègue à l’hospice une somme de 300 francs à charge à l’hospice de faire dire annuellement une messe « le jour de son décès ou le jour le plus voisin d’icelui, dans la chapelle du dit-hôpital »

 Jambe de force

Ce 3 septembre 1837, le Président explique au Conseil qu’il a dû faire faire une réparation urgente à la galerie du château servant de magasin à fourrage pour la gendarmerie : il a fait placer « une jambe de force dans un tirant pourri du bout et fait faire un peu de maçonnerie pour consolider un fronton qui menaçait de s’abattre sur la galerie ». Il évalue la dépense à 15 ou 18 francs attendu qu’il y avait dans la promenade basse [des Terrasses] « une émonde déracinée qui pouvait faire une partie de la potence »

9 septembre 1837 : le maire demande au Sous-Préfet de solliciter l’autorisation du ministre de renvoyer à l’arsenal de Nantes la centaine d’armes, en dépôt dans l’une des salles de la mairie, qui sont « couvertes de poussière et demandent à être nettoyées et graissées ».

 Louis Brossays maire

19 septembre 1837 : « Nous, Sous-Préfet de l’arrondissement de Châteaubriant (il s’agit de Le Baron Normand], nous sommes transportés en la salle de la mairie . Après avoir remercié Monsieur le maire par intérim des soins consciencieux et éclairés qu’il a donnés depuis plus d’un an à l’administration de la commune, nous avons lu à l’Assemblée l’ordonnance royale du 28 août 1837 qui nomme M. Brossays Louis, maire, et M. Biolay François, adjoint de la commune de Châteaubriant » . Ces deux personnes prêtent serment : « Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume ».

Ainsi Louis Brossays devient maire, remplaçant Martin Connesson, maire par intérim, dont le Sous-Préfet ne manque pas de mettre en avant « le vrai patriotisme, l’esprit impartial et bienveillant de ce représentant capable, zélé et actif ».

Martin Connesson dit que c’est avec plaisir qu’il remet à son successeur les rênes de l’administration. Louis Brossays dit qu’il n’a consenti, qu’avec une répugnance extrême, à accepter les fonctions de maire, suite au refus de deux de ses collègues près desquels il a fait lui-même diverses demandes. « J’espère que mon zèle et ma bonne volonté suppléeront à mon inexpérience ».

Il brosse alors un tableau de la commune : « Notre cité est destinée par son heureuse position centrale à prendre de l’accroissement et à voir se développer de plus en plus son commerce déjà étendu. Réunissons nos efforts pour rendre le séjour agréable aux étrangers en leur procurant les agréments et les commodités de la vie. Polissons nos mœurs , redoublons d’urbanité, effaçons successivement les traces de nos dissensions politiques et concourons de tous nos moyens au bien-être du pays. C’est l’image du bonheur, de l’aisance et de la concorde entre tous les citoyens qui séduit l’homme encore indécis sur le lieu où il doit reposer sa tête après avoir éprouvé les vicissitudes de la vie » ;

« Je termine en réclamant, dit-il, votre bienveillance et votre appui, je dirai même votre indulgence, en échange du dévouement que je m’efforcerai de témoigner toujours à la ville que j’habite depuis bientôt 23 ans et que je considère désormais comme ma patrie adoptive »

 Analyses d’eau

8 octobre 1837 : conseil municipal sous la présidence de Louis Brossays qui rappelle qu’il a été question d’établir une pompe à la Fontaine de la Vannerie mais que le placement a été différé dans l’espérance de trouver un point plus rapproché de la ville « ce qui serait agréable aux habitants et permettrait d’exercer une surveillance plus facile ». Le maire s’est alors adressé à M. Delabothelière qui a accepté de mettre à disposition un bout de son jardin « avec tout l’empressement qu’il sait mettre à tout ce qui tend au bien » et a refusé toute indemnité pour le terrain, acceptant cependant l’offre d’un robinet pour son jardin. La dépense s’élèverait à 200 francs pour fouiller la terre, construire : puits, aqueduc souterrain, trois bornes, chaînes de fer d’une borne à l’autre .

Mais avant toute décision, le maire souhaite soumettre « à l’analise chimique » l’eau de la Fontaine de la Vannerie et celle d’un puits voisin du terrain de M. Delabothelière. Le Conseil envoie donc deux bouteilles d’eau à M. Leloup, « très bon chimiste », directeur de l’école primaire supérieure de Nantes

 Salle d’asile

Par ailleurs, le Sous-Préfet ayant écrit relativement à l’établissement d’une salle d’asile à Châteaubriant, le maire a fait ressortir les avantages d’un tel établissement « qui recevrait des encouragements considérables, tant du ministre de l’instruction publique que du Conseil Général ». Le Conseil en discute longuement, sans résultat positif, et juge « qu’il y aurait lieu d’y réfléchir mûrement »

12 octobre 1837 : M. Biolay, adjoint, se voit déléguer la police de la ville, la réparation et l’entretien des chemins vicinaux.

13 octobre 1837 : le maire répond à M. Roul-Vannier, de Senonnes, qui demande 1000 francs pour valeur de la maison servant de poudrière [près de la porte de la Torche, voir plan page précédente]. La ville est intéressée, pour élargir la rue de la Planche Marguerite, mais elle marchande à 900 francs « somme bien suffisante pour payer un terrain aussi exigu et dont les matériaux de démolition ne donneront aucune valeur »

17 octobre 1837 : le Conseil Municipal prend connaissance de l’analyse des eaux : celle du puits situé à proximité du terrain de M. Delabothelière « est de beaucoup inférieure en qualité et en pureté à celle de la fontaine de la Vannerie. Cependant elle est encore assez pure pour servir aux besoins domestiques de la population » - mais l’eau de la Fontaine de la Vannerie « est parfaite pour le goût, la pureté, et la salubrité. Elle est une des meilleures que je connaisse, dit le chimiste, sans en excepter l’eau de Seine ou de Loire filtrée ».

Le Conseil renonce donc à faire un puits dans le jardin de M. Delabothelière et décide l’achat d’une pompe pour la Vannerie.

28 octobre 1837 : le maire écrit à Mlle Ernoul-Provôté pour lui parler du terrain qu’elle a consenti à céder à la ville pour détourner le chemin qui sépare les deux cimetières « et mettre la ville à même de clore d’une manière décente le champ qui sert depuis des siècles de sépulture à nos aïeux ». Il demande une baisse du prix de vente du terrain, surtout pour les parties « qui ne sont couvertes que de broussailles » en faisant valoir l’exiguïté des revenus de la ville. Parallèlement, il écrit au notaire que Mlle Ernoul Provôté « est d’une grande charité et j’aime à me flatter qu’elle ne se refusera pas à faire un geste en faveur de la ville »

12 novembre 1837 : le Conseil achète une portion du « Champ du Bourgérard » pour agrandir le marché aux bestiaux.

Le Maire informe le Conseil du projet de l’administration des Ponts et Chaussées de faire passer la grande voirie par la rue du Dos d’Ane.

 Cour de la Coquerie

Ce 12 novembre 1837, le maire informe le Conseil de l’état de l’escalier qui conduit de la place St Nicolas à la Cour de la Coquerie : « les marches sont usées, les pieds glissent et il en résulte des accidents assez fréquents ». Un maître maçon pense qu’il est possible de retourner les marches, mais qu’il faut changer la direction de l’aqueduc qui tombe d’une hauteur trop élevée et éclabousse les passants. Accord du Conseil pour 23 francs.

Un conseiller observe que ce passage est si étroit « qu’il présente l’aspect d’un coupe-gorge et qu’il conviendrait d’y placer un bec de lumière ». Accord : 10 francs pour l’achat et 27 francs pour l’éclairage annuel.

 Délabrement

Le Maire signale aux Conseillers qu’il manque du mobilier pour la salle du conseil, « qu’il n’y a qu’un chandelier de cuivre toujours couvert de vert de gris, pas de chenets, pas de soufflet. La tapisserie est toute délabrée, le carrelage est froid surtout quand les séances sont longues ». Si le bâtiment [ situé à la Porte Neuve ] appartenait à la ville, il n’hésiterait pas à proposer de parqueter cette salle et de la boiser mais, étant locataire, il a demandé au propriétaire, M. Connesson, d’effectuer lui-même le changement, moyennant une augmentation de loyer. Le propriétaire est d’accord pour 33 francs de plus par an.

 Sage-femme et vieilles plumes

Ce 12 novembre 1837,

Deux regards, placés sur la Motte, contre les murs de ville, devront être couverts, « vu qu’ils exhallent pendant l’été des émanations putrides qui peuvent compromettre la santé publique ».

Le radier de l’aqueduc, sous le pont de la Porte Neuve, a été fait en 1824 au dessus du cours naturel de l’eau du ruisseau, ce qui fait que malgré l’exhaussement du pavé du bassin du lavoir public, il est devenu impossible de le vider complètement. Le maire propose d’abaisser ce radier en coupant les pierres ardoisines qui le composent. Accord du Conseil.

Pompiers : le maire fait valoir que dans toutes les villes, les sapeurs pompiers sont exempts de logement militaire. Le Conseil, en considération des services qu’ils sont appelés à rendre à chaque instant, accepte qu’il en soit de même à Châteaubriant.

Sage-femme : le Conseil refuse une indemnité à Mme Grosman, sage-femme, « pour les délivrances gratuites qu’elle a faites en cette ville depuis 30 ans ». Ce n’est pas sympa !

L’école d’enseignement mutuel est au complet depuis la rentrée

Un cours du soir, de 4 heures et demi à 8 heures et demi a été ouvert par M. Anger (instituteur privé) : lecture, écriture, arithmétique pour les ouvriers. C’est un cours gratuit qui a commencé le 2 novembre 1837.

Plumes : le maire dit qu’il existe à la mairie quelques vieilles plumes hors service qui encombrent les armoires, qu’il en offre 20 centimes la pièce. Un membre observe qu’il n’en voudrait pas pour rien ! Le Conseil engage le maire à en retirer ce qu’il pourra.

 184 enfants

19 novembre 1837 : Une commission, au sein du Conseil Municipal a réfléchi sur le projet d’institution d’une salle d’asile à Châteaubriant et en a reconnu l’utilité. Mais elle fait remarquer que 7 femmes ou filles se livrent à l’instruction primaire dans la ville et reçoivent 184 enfants de 2 ans et demi à 7 ans :

81 enfants de moins de 6 ans :

    • 42 garçons
    • 39 filles

103 enfants de plus de 6 ans :

    • 32 garçons
    • 71 filles

« Il y a donc 81 enfants en bas âge qui sont reçus, gardés, soignés journellement au prix de 50 centimes par mois, plus ou moins bien payés et cinq institutrices y donnent particulièrement leur soin et méritent des encouragements ».

Le Conseil estime donc qu’une salle d’asile qui pourrait accueillir 100 à 120 enfants serait l’objet d’une dépense importante et qu’il serait fort difficile de trouver à affermer un local convenable même au prix de 200 francs. Qu’il faudrait compter 800 francs de plus pour une directrice, une servante, chauffage et menus frais.

Le maire Louis Brossays explique alors qu’il y aurait des subsides du ministère et du Conseil Général et que la dépense serait « compensée par le bien qu’on ferait à la classe indigente et à la moralité de l’enfance ».

Un conseiller rétorque qu’en confiant cette salle s’asile à une seule personne, on ôterait le pain aux femmes qui prennent ce soin et qui n’ont pas d’autres ressources.

Le maire met la question aux voix : la salle d’asile est rejetée à une très forte majorité.

Pour conclure la réunion, le Conseil insiste sur la nécessité d’acquérir 30 à 32 cordes de prés (soit 18 à 20 ares), à Mlle Ernoul-Provôté pour réunir le cimetière et le cimetière Saint-Vincent (cimetière des pauvres) en un seul cimetière dans lequel on pourrait faire toutes les concessions de terrain désirables. Finalement le Conseil accepte d’acheter ce terrain à 100 francs l’are et de commencer les clôtures (prévues pour un coût global de 3000 francs).

20 décembre 1837 : le maire écrit à M. Dorange marchand de bois, qui a commencé des travaux à sa maison rue de Couëré : « Cette maison n’est plus dans l’alignement, et si elle s’y fut trouvée vous deviez, avant de commencer les travaux, demander une autorisation à l’administration municipale ». Le maire l’invite « et au besoin lui fait sommation » de cesser les travaux et de se conformer au plan d’alignement. Comme quoi, dès cette époque, on ne pouvait pas faire n’importe quoi en matière d’urbanisme : il fallait une autorisation.

21 décembre 1837 : au détour d’une page du cahier 1 D 18 des délibérations du Conseil Municipal, on découvre qu’une ordonnance du roi a été prise le 21 décembre 1837 « sur le rapport du Comité de législation et de justice administrative ». On croit comprendre qu’il y a eu des élections municipales le 13 juin 1837 dans la section A de la commune (mais pas dans les sections B et C), que ces élections ont été contestées et même cassées par le Conseil de Préfecture du 7 juillet 1837. L’ordonnance du roi annule cet arrêt du Conseil de Préfecture ce qui fait que les six conseillers élus le 13 juin 1837 sont confirmés dans leurs fonctions et sont donc appelés à prêter le serment traditionnel de fidélité au Roi des Français (qui est toujours Louis-Philippe), d’obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume.

 Débrouillez-vous !

31 décembre 1837 : la ville de Châteaubriant, comme de nombreuses villes de France à l’époque, est salie de nombreuses « boues » : boues qui dévalent des talus lors des orages, boues qui se mélangent aux déjections des animaux courant en liberté dans les rues, crottin des chevaux, bouses des vaches du marché hebdomadaire, boues résultant des excréments humains déversés par les latrines dans les ruelles, ou produits directement dans la rue ou sous les halles. Il est peu de dire qu’à la saison chaude la ville ne sent pas la rose.

A Paris, qui fut longtemps « capitale de l’ordure et du pissat » un poète anonyme dénonce :

Elixir d’excréments pourris
Maudites crottes de Paris,
Bran de damnés abominables
Matière fécale d’enfer,
Noires gringuenaudes du Diable
Le Diable vous puisse étouffer !

(cité par le livre « Les Lieux » de R.H.Guerrand, Ed. La Découverte)

Ce 31 décembre 1837 le maire n’a trouvé aucun adjudicataire pour les boues de Châteaubriant. Il indique que, moyennant quelques modifications, il trouverait un habitant qui traiterait volontiers et qu’il en trouverait également un qui se chargerait « moyennant peut-être un léger payement », de « l’enlief » journalier des matières fécales sous les halles et dans les ruelles. (enlief = enlèvement)



Sources :

- Archives municipales série 1 D 18 et 2 D 9

- Histoire de la France et des Français
par A. Castelot et A. Decaux
(Editions Robert Laffont)
- Histoire du peuple français,
par Pierre Lafue et Georges Duveau
(Ed. Nouvelle Librairie de France)
- Les Rois de France, fiches Editions Atlas