Ecrit le 19 décembre 2007
Le Noël de la femme qui va avoir un petiot
Les cloches essèment au vent La joi’ de leur carillonnée, Qui vient me surprendre, rêvant, Dans le coin de ma cheminée ; Noël ! Noêl ! c’est aujourd’hui Que Jésus vint sur sa litière Noël ! Mon ventre a tressailli Sous les plis de ma devantière.Noël ! Noël ! Cette anné-ci
Le froid tua les blés en germe.
Tous nos ceps ont été roussis :
Le jeteux d’sorts, sur notre ferme,
A lancé son regard mauvais
Qui fait que sont " péris’s " mes bêtes,
Que mes pigeons se sont sauvés
Et que mon homme perd la tête.Tous mes gros sous, à ce train là,
Ont filé de mon bas de laine,
Quand reviendront ? Je ne sais pas !
Mais, à la récolte prochaine,
J’espère voir les blés meilleurs
Et meilleure aussi la vendange,
Pour mon bonheur et le bonheur
De l’enfant dont j’ourle les langes.Refrain
O toi qui va, dans mon sabot,
Me descendre, avec un petiot,
De la misère et de la peine,
Noël, Noël, si ça se peut
Attends encore ! Attends un peu !...
Attends jusqu’à l’année prochaine !
de Gaston Coûté , poète mort en 1911