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1835 (de juillet à décembre)



1er juillet 1835 : le maire dit qu’il a fait bien des efforts pour trouver un local pouvant reloger le Corps de Garde et la Salle de police. Il vient même de trouver, pour deux ans, une maison vacante « dans la rue de la Basse Rue » pour 170 francs par an. Mais ces conditions ne semblent pas acceptables à l’autorité militaire et le maire demande au Sous-Préfet ce qu’il doit faire.

Il s’ensuit alors une polémique entre le maire et le secrétaire de la Sous-Pré-fecture à qui le maire reproche sa « suffisance ». Ce terme ne plaît pas au Sous-Préfet, Monsieur le Baron Normand. Le maire insiste néanmoins : « Si l’on n’appelle pas cela de la suffisance, j’ai eu tort de me servir d’une telle expression et lui en fais mes excuses [au secrétaire de la Sous-Préfecture] mais si cela est, il voudra bien souffrir que j’en maintienne l’expression, toutes choses restant en l’état ». Et toc !

Le 15 juillet 1835 : lettre du maire à un chaudronnier de la ville pour lui demander de détruire sa maison, sise au bas des Terrasses, parce qu’elle est à l’état de ruine.

25 juillet 1835 : procès-verbal dressé par la gendarmerie de Thourie contre un habitant de Châteaubriant, pour défaut de plaque à sa voiture.

 Machine infernale

28 juillet 1835 : à Châteaubriant le maire écrit au Sous-Préfet que, « pour ne pas distraire les habitants de leur occupation, en solennisant avec plus de pompe, l’anniversaire des Journées de Juillet, j’ai cru devoir renvoyer la fête au dimanche 2 août prochain ». Ce jour-là il y aura un feu de joie que le Sous-Préfet allumera lui-même.

En écrivant cette lettre, le maire ne sait pas qu’à Paris, à l’occasion du défilé des troupes, pour l’anniversaire des Journées de Juillet, une machine infernale a été installée par un certain Fieschi, au niveau du 42 boulevard du Temple : 24 canons de fusils fixés sur un châssis incliné et partant tous en même temps ! Une balle effleure le front du Roi Louis-Philippe et autour de lui des corps tombent. C’est surtout la foule qui est atteinte (42 tués ou blessés). Le Roi, peu ému, passe cependant la revue des troupes.

Les commanditaires de l’attentat, le bourrelier Morey et l’épicier Pépin, sont membres d’une société opposée à Louis-Philippe. Ils ont même fait trafiquer la machine pour que Fieschi soit tué pendant sa manipulation. Mais celui-ci, grièvement blessé, survit et dénonce ses complices. Les trois hommes seront exécutés le 19 février 1836. La machine a résisté : elle est aujourd’hui exposée au Musée des Archives Nationales.

L’indignation en France est immense. C’est le prétexte à des lois répressives contre les républicains qui seront prises en août.

Aucun écho n’est perceptible dans le cahier des délibérations du Conseil Municipal de Châteaubriant. Aucune envolée lyrico-patriotique de soutien au Roi. Les traditions se perdent !

Début août 1835 : le duc de Broglie dépose à Paris trois projets de loi :

Selon le premier, les accusés, présentés en cour d’assises, ne pourront plus utiliser le prétoire comme un tribune politique. Il seront jugés en leur absence s’ils refusent de se taire.

Selon le second, les jurés pourront voter la peine à la majorité simple

Avec le troisième, la presse est plus fortement muselée : création de délits nouveaux, augmentation du cautionnement et du montant des amendes. Quant aux dessins de presse, ils devront être soumis aux autorités avant publication.

14 août 1835 : le chaudronnier de Châteaubriant, mis en demeure le 15 juillet dernier, de détruire sa maison, a entrepris d’y faire des réparations. Le maire demande à un huissier de les faire cesser et de faire abattre immédiatement la masure en ruines.

30 août 1835 : la réunion du Conseil Municipal n’a pas pu se tenir car il n’a pas été possible de procéder à la nomination d’un secrétaire de séance.

3 septembre 1835 : il y a eu du tapage nocturne à Châteaubriant , les coupables sont quatre jeunes gens et la gendarmerie a verbalisé. Le maire les en félicite : « je serai toujours disposé à seconder et à applaudir à [vos] efforts, dirigés avec prudence, fermeté et intelligence pour la répression du désordre et de la désobéissance aux règlements de police et aux lois.

A ce sujet j’appelle votre attention sur l’exécution de l’arrêté de M. Le Préfet concernant la chasse et le défaut de permis de port d’armes. La loi est égale pour tous, et quiconque l’enfreint soit s’attendre à en subir les conséquences. MM. les gendarmes ne devront donc faire dans leur surveillance de distinction ni d’acception de personne et celui-là même qui, par la nature de ses fonctions, devrait être le premier à donner l’exemple, devrait en cas d’infraction n’être l’objet d’aucun ménagement ».

Que voilà de sages paroles qui restent d’actualité en l’an 2002.

 Tu veux ? ou tu veux pas ?

6 septembre 1835 : le conseil municipal de Châteaubriant est réuni en vertu de l’article 23 de la loi du 21 mars 1831 ainsi conçu : « les conseils municipaux se réunissent quatre fois dans l’année, au commencement des mois de février, mai, août et novembre. Chaque session peut durer 6 jours ».

Ce 6 septembre, le maire ne peut venir. M. Bivaud préside. Cette fois le Conseil a réussi à élire un secrétaire (M. Guibourg).

On parle de la construction du « parapet le long de la chaussée de la Torche ». L’administration des Ponts et Chaussées veut bien s’en charger « mais elle emploie des ouvriers étrangers » [à la commune]. Ce point est controversé par un conseiller qui aurait voulu que les travaux soient réalisés par la ville, avec des ouvriers du pays, « ce qui paraît plus convenable et plus économique ». Mais à 14 contre 1, l’assemblée choisit les Ponts et Chaussées « parce que la besogne sera mieux faite »

Par ailleurs des habitants du quartier réclament un lavoir public à la Torche. Une commission est nommée. Une somme de 275 francs est votée pour paver en pierres ardoisières le lavoir du bassin et lui donner une bonne pente qui permette de le nettoyer et de le vider parfaitement.

Deux autres lavoirs publics sont demandés, l’un vis-à-vis le Pont Glémois et l’autre au bas de la promenade du Bout du Monde.

Quant à la pompe à incendie « qui depuis longtemps est toujours sans solution » deux devis ont été fournis, l’un par un poëlier-pompier, l’autre par un ferblantier, tous deux de Châteaubriant . « Mais comme les prospectus (sic !) de ces messieurs n’ont pu être appréciés d’une manière suffisante pour éclairer le Conseil, un conseiller est invité à se renseigner davantage, pour donner des explications positives de nature à fixer toutes les incertitudes de l’assemblée qui a toujours le désir le plus vif de procurer à la ville le moyen de protéger les propriétés contre les ravages du feu »

Des travaux sont étudiés à l’hôtel du Boisdulier et au château pour divers locataires.

Enfin M. Guibourg expose le projet de construire une halle neuve, sur la Place de la Motte, au moyen d’une compagnie d’actionnaires, « mais à la condition que la halle actuelle , non seulement ne serait pas abandonnée mais encore améliorée si possible »

10 septembre 1835 : suite de la réunion du Conseil Municipal, toujours sous la présidence de M. Bivaud.

Voilà que l’administration des Ponts et Chaussées ne veut plus se charger de la construction du Parapet de la chaussée de la Torche. D’une certaine façon, le Conseil n’en est pas fâché, car « si elle l’avait fait faire, le parapet ne se serait élevé qu’à 60 cm en hauteur, généralement reconnue insuffisante pour prévenir les accidents ».

Une longue discussion s’engage alors. Faut-il employer les ouvriers du pays ? En sont-ils capables ? « Divers expédiens ont été proposés pour éloigner de l’atelier des incapacités locales ». Le Conseil vote 400 francs et décide une adjudication « sous la condition que le parapet aura 18 pouces de large à la base (46 cm), 14 pouces à son couronnement (36 cm) et que la hauteur sera de deux pieds et demi (80 cm environ), et que le mortier sera composé de deux-tiers de bon sable et d’un tiers de bonne chaux, et que si le mur est mal fait, il sera refait aux frais de l’entrepreneur »

 Dégoûtée

En ce qui concerne l’éclairage, le conseil enregistre des plaintes des habitants notamment pour le réverbère sous la halle. Il est mis en cause « la négligence apportée par l’autorité municipale à donner suite à plusieurs procès-verbaux rédigés à l’occasion de contraventions de ce genre par la gendarmerie qui, dégoûtée de voir les rapports mis au néant, est décidée à ne plus s’occuper de cette branche de la police locale. »

Enfin, la commission chargée d’un rapport sur les lavoirs de la Torche et du Pont Glémois, décide qu’ils devront faire 18 pieds (près de 6 mètres), « et être composés de deux rangs de marches recouvertes de pierres ardoisières et de deux pilastres garnis de tablettes en mêmes pierres ». Coût envisagé : 52 à 53 francs. Le propriétaire de l’étang de la Torche ne voit aucun obstacle à l’exécution d’un lavoir. Un conseiller suggère de songer à rétablir un autre petit lavoir au bout Sud-Est du Pont de la Torche.

20 septembre 1835 : continuation de la séance ordinaire du conseil municipal, sous la présidence de M. Bivaud, adjoint.

Le Conseil décide de supprimer les 400 francs versés à M. Dalimier : « Ce professeur est, non pas l’instituteur communal, mais le chef d’une institution privée que la ville a cru devoir encourager dans le commencement de son établissement afin de lui donner les moyens de se fonder et de marcher plus tard avec ses propres moyens ». Le Conseil, qui estime que la ville fait de grands sacrifices pour l’entretien de son école d’enseignement mutuel où les pauvres sont inscrits gratuitement, ne voit plus l’utilité de verser les 400 francs annuels car : « les temps critiques du début étant passés, l’institution doit être maintenant consolidée, si elle est susceptible de prospérité ».

En ce qui concerne l’enseignement mutuel, le Conseil demande qu’il n’y ait pas de vacance dans l’occupation des places gratuites et que l’instituteur prenne des mesures pour que la cour commune dans lequel le bâtiment de l’école est placé, ne serve pas de champ de recréation aux élèves, soit avant soit après les cours. « la pratique d’un système contraire gêne les voisins sous le rapport du bruit et amène du danger pour tous, sous celui du jet inconsidéré de pierres contre les personnes ou les propriétés ».

Le Conseil admet le chiffre de 180 francs pour l’entretien des promenades de la ville et propose que « pendant l’hyver prochain », les arbres du boulevard de l’Eperon (actuel Bd Victor Hugo) soient « taillés en éventail du côté de cette route, afin de prévenir des ordres peut-être contrarians d’élagage de la part de l’administration des Ponts et Chaussées ». Estimant que la racine des mêmes arbres peut souffrir des ravins profonds pratiqués par la violence des eaux dans le fossé, le Conseil propose d’établir en aval de chaque pied « une petite maçonnerie ou, mieux, peut-être y placer de champ une pierre de dimensions convenables avec la saillie nécessaire, afin d’empêcher l’entraînement des sables et de maintenir une profondeur à peu près invariable du fossé ».

Dans un autre domaine, le Conseil considère que la ville fait face au nettoyage et au graissage de 98 fusils existant sans emploi à la mairie et décide de réduire à 30 fusils. De même les tambours ne seront salariés qu’autant qu’ils seront de service car « leur service est devenu simplement accidentel, sauf dans les jours de fêtes »

 La pompe

Pour la pompe à incendie, celle du poêlier-ferblantier de Châteaubriant se compose « de deux corps de 4 pouces et demi de diamètre, d’une caisse en cuivre renfermée dans une caisse en bois de chêne munie d’une soupape en dessous, contenant 500 à 560 hectolitres d’eau et pouvant lancer environ 200 litres d’eau à la minute à une hauteur de 80 pieds (26 mètres), d’un chariot à deux roues peint en vert, d’un récipient en cuivre faisant jonction avec les deux corps de pompes, d’écumoirs en cuivre, de grilles en cuivre, d’un balancier en fer forgé, d’une lance, d’une paire de leviers, d’une hache, de 50 pieds de boyaux cousus au fil ciré avec deux nœuds de raccordement, de trois clefs pour monter et démonter la machine et enfin de 50 paniers d’osier doublés en bonne toile ».

Le conseil en décide l’achat, à l’unanimité, pour 1420 francs.

 Apostille

Toujours ce 20 septembre 1835, le Conseil prend connaissance d’une pétition « revêtue de 43 signatures, émargée de l’apostille de deux médecins et tendant à obtenir le curage de la douve située au nord de la ville, entre le Moulin de Couëré et le Moulin de la Torche, afin de prévenir par là, l’invasion d’une épidémie ». La même pétition demande l’ouverture de deux nouvelles brèches dans le parapet qui borde cette douve. Cette demande fait naître une discussion qui n’a pas eu de suite car la sortie de deux conseillers a réduit l’assemblée à un nombre de membres trop faible pour délibérer.

22 septembre 1835 : les Conseillers, une nouvelle fois réunis, reviennent sur cette question de la douve. Les uns pensent que le curage doit se réduire à une très faible extraction des vases « surtout que les eaux qui ont été lâchées pour rendre praticables des réparations aux murs, venant à être retenues de nouveau, dans un très court délai, délayeront les matières corrompues et les rendront inoffensives ».

D’autres disent qu’il y a nécessité à enlever ces boues, même si leur masse est légère, partout où il s’en trouve, tant en amont qu’en aval du Pont Saint Jean « là où se trouvent en dépôt des débris exhalant des vapeurs malfaisantes ».

Enfin les conseillers se demandent si les frais de curage ne devraient pas retomber en tout ou en partie, à la charge des propriétaires des moulins qui se prétendent aussi propriétaires du fond de la douve. Finalement il est décidé d’employer 30 francs pour effectuer, en tant que de besoin, le curage des dépôts dangereux de vases.

Lavoirs : La demande d’ouverture de nouvelles brèches dans le parapet de la douve du rempart de la Torche est rejetée, parce que quatre brèches existent déjà et qu’il deviendrait dangereux pour la sûreté des passants, la nuit, de les multiplier. « Et si les quatre brèches ne suffisent pas comme lavoirs, le lavoir qu’on va faire établir au Pont Glémois suppléera à cette insuffisance avec l’avantage d’offrir de l’eau plus belle »

Par ailleurs, le petit lavoir qui existait autrefois au coin Sud-Est du grand Pont de la Torche sera rétabli sur le crédit de 400 francs ouvert pour l’établissement du lavoir à créer « proche la casse de l’abreuvoir et pour le raccordement de cette casse avec la route »

Le Conseil vote par ailleurs 60 francs pour diverses réparations demandées par le locataire de l’hôtel du Boisdulier (plancher défoncé, croisée neuve garnie d’une espagnolette en bois).

Cimetière : le Conseil autorise l’acquisition par la ville, jusqu’à concurrence d’une étendue de 32 cordes (2000 m2 environ), une partie de la propriété de Mlle Ernoul Provôté, afin d’agrandir le cimetière et d’établir un chemin neuf en remplacement du chemin actuel dont une grande partie se trouvera comprise ultérieurement dans l’enceinte du dit cimetière.

Halle : le Conseil se demande s’il ne devrait pas acheter « afin d’en exhausser convenablement le plancher qui est maintenant un obstacle pour le passage de voitures chargées de foin, paille, fagots etc » un local situé au-dessus de la halle au blé. Une négociation est entamée avec les propriétaires.

Pavé : deux hommes de l’art ont évalué à 450 francs les frais de démontage et rétablissement du pavé « trop bombé et par là impraticable et extrêmement dangereux pour les chevaux » qui se trouve dans la partie de la rue de Couëré, située entre la halle et l’embranchement de la rue Basse. Accord du Conseil.

Ecole : le directeur de l’école d’enseignement mutuel demande une augmentation de l’allocation ordinaire de 20 francs pour les prix et récompenses à ses élèves. Le Conseil porte la somme à 30 francs pour 1836, « à charge au directeur d’allumer le poêle de la classe aussitôt que le froid se fera sentir ce qui n’a pas toujours été le cas jusqu’à présent ». Le maire est chargé de faire des démarches pour que la ville « ne soit pas oubliée dans le partage des fonds du ministère pour encouragements aux écoles ». Enfin 6 conseillers sont chargés de faire de nouveau la liste des enfants pauvres susceptibles d’être inscrits comme candidats à l’école d’enseignement mutuel.

Pompe : un conseiller renouvelle la demande d’établissement d’une pompe à la fontaine de la Vannerie « qui fournit à peu près toute l’eau de bonne qualité qui est consommée dans le pays ». Il est chargé de recueillir des éclaircissements sur le genre, la force, le prix du moteur hydraulique dont il est question.

Gendarmerie : un autre conseiller propose l’établissement d’un conduit en métal pour mener dans une fosse morte (à établir) les eaux de l’évier de la chambre occupée par le maréchal du logis de la Gendarmerie au château, « lesquelles eaux demeurent actuellement croupissantes sous la fenêtre du greffe ». (le conseil votera 45 francs, le 17 septembre)

Poudre : un conseiller signale l’inconvénient du dépôt de poudre qui existe dans un petit bâtiment « situé en ville au joignant du Pont de la Torche » et dit que, pour des raisons de sécurité, il pourrait être transporté dans un édifice que l’on construirait, à peu de frais, dans l’angle formé, derrière le préau de la prison, sur le mur de clôture du château, du côté de la Terrasse et du logement du chef de la gendarmerie. Il ajoute que le local actuel de la poudrière devrait être démoli pour élargir le passage vers la rue de Rigale. Il insiste aussi pour que cette rue soit élargie du côté de la Grand Rue « afin de la rendre praticable et de prévenir des malheurs »

27 septembre 1835 : Pour l’achat du bâtiment sous les Halles, les propriétaires ne sont pas d’accord pour traiter de gré à gré. On parle d’expropriation.

M. Le Baron Normand, Sous-Préfet, demande que la ville fasse des travaux au local qu’il habite au château. Le Conseil envisage plutôt un vaste plan de restauration, mais accepte quand même des améliorations partielles.

Martin Connesson demande la reconstruction des têtes orientales du vieux Pont de l’hôpital qui tombe en ruines mais qu’il serait utile de conserver comme pouvant rendre de grands services « surtout dans le cas où la circulation ne pourrait s’exercer temporairement sur le Pont Glémois ».

En ce qui concerne la pompe à la Vannerie, le Conseil vote 210 francs. Elle sera composée d’un corps en cuivre fondu, de 3 lignes à 3 lignes et demi d’épaisseur , et de 3 à 4 pouces de diamètre [ ndlr : la ligne représente la douzième partie du pouce, le pouce fait 2,54 cm. Le système métrique, qui a le mètre pour base, et qui a été institué en France le 7 avril 1795,et rendu obligatoire à Paris le 23 septembre 1795, n’est guère utilisé, on en reste aux antiques mesures !]. Le piston sera en cuivre, la soupape aussi mais doublée de fort cuir, les tuyaux seront en cuivre rouge, soudé à la soudure de cuivre, étamés en dedans comme en dessus. Le balancier et la ferrure seront de fer forgé. L’aiguille du balancier roulera sur deux pivots en cuivre fondu. Enfin la pompe sera attachée par 3 colliers de fer à la charpente nécessaire, laquelle se trouvant comprise dans le prix de la dite pompe. Le Conseil est d’accord. Il envisage par ailleurs la construction d’un pont sur le ruisseau de la Vannerie « et le comblement de la marre à l’Est ».

 Pour les voitures, pas pour les bœufs

En ce qui concerne les routes, le Conseil note que les travaux de réfection de la route d’Angers sont commencés. « L’aspect des parties terminées inspire tout à la fois un sentiment de satisfaction et de regret. On jouit de l’idée que plus tard cette route sera empruntée par le grand roulage et par les messageries et qu’elle deviendra une source de prospérité pour notre pays. Mais d’un autre côté on déplore qu’elle soit tout à fait impraticable pour les voitures d’exploitation qui, toutes, sont attelées avec des bœufs, en sorte qu’on l’évite pour se jeter sur les chemins latéraux et qu’elle n’est pour nous qu’une belle inutilisable. Cet état de chose durera inévitablement jusqu’au moment où le gros roulage arrivera pour la broyer et l’aura broyée, à moins que l’administration des Ponts et Chaussées ne se décide à y exécuter la même opération que sur la route d’Ancenis à La Chapelle Glain »

« Là aussi une longue ligne d’empierrement existait à peu près sans interruption et aucune charrette du pays ne pouvait s’y engager. Frappée de ce grave inconvénient et déterminée aussi, m’a-t-on affirmé, par les réclamations des autorités riveraines, l’administration des Ponts et Chaussées a fait répandre, le printemps dernier, du sable et de la terre. Au moyen de cette opération les pierres se sont promptement liées et affermies, la route s’est adoucie et il n’y a plus d’embarras pour les transports avec les charrettes à bœufs qui, comme chez nous, sont l’unique attelage de la campagne »

« Il conviendrait que la même opération eut lieu sur la route d’Angers par laquelle nous arrivent, avec les divers approvisionnements et produits de l’agriculture, toute la chaux qui est employée, même à plusieurs lieues de chez nous, dans le département d’Ille et Vilaine et comme engrais, et comme élément de construction ».A la suite de ces observations, le maire est invité « à faire les plus vives instances auprès de qui de droit »

En fin de réunion, le Conseil fait la liste des 96 jeunes garçons indigents, susceptibles d’être admis à l’école d’enseignement mutuel « comme élèves gratuits pendant toute l’année scholaire » (sic !) . A remarquer qu’il n’est pas question des filles : pour elles il n’y a que de rares institutions privées.

22 novembre 1835 : il y a un mois, au conseil du 20 septembre 1835, la municipalité a décidé de supprimer les 400 francs qu’elle versait à M. Dalimier, celui-ci étant, « non pas l’instituteur communal, mais le chef d’une institution privée ». M. Dalimier proteste. Le maire, (qui est toujours M. Félix Lebreton), en tant que Président de séance, estime que le Conseil devrait revenir sur sa décision et engage les membres du Conseil à faire les observations qu’ils jugent convenables

 Zizanie

C’est alors qu’éclate un incident : M. Guibourg commençe à prendre la parole, quand le maire lui demande s’il a la parole, s’il en a fait la demande et s’il l’a obtenue : « Je dois vous préciser, ajoute-t-il, que dorénavant aucun membre ne pourra prendre la parole sans l’avoir demandée au Président et sans l’avoir obtenue. Le même membre pourra l’obtenir une seconde fois pour répliquer s’il y a lieu. Après cette seconde fois, il ne l’obtiendra plus sur le même sujet ». Le maire ajoute que c’est le moyen de terminer les affaires et de ne pas les rendre « si longues comme cela a eu lieu tant de fois » - « que c’était ainsi qu’on procédait dans les corps délibérans » (écrit comme ça)(*). Le maire engage donc les membres qui voudraient avoir la parole à la lui demander, disant qu’il la leur accordera.

M. Ballais se lève alors et dit qu’il n’appartient pas au Président d’imposer un règlement, que c’est au Conseil de le faire et qu’à défaut de règlement on devrait procéder de la manière accoutumée et ne pas se conformer à une semblable « exigeance. » (*)

Le maire rétorque qu’en l’absence d’un règlement, c’est à lui de décider la manière dont on doit procéder dans les réunions de Conseil et qu’il persiste à maintenir ce qu’il a décidé. Le Conseil s’incline.

Revenons donc à la demande de M. Dalimier. M. Guibourg, ayant obtenu la parole, dit que rien n’a changé depuis le Conseil du 20 septembre dernier et qu’il n’y a pas lieu de revenir sur la suppression des 400 F alloués à M. Dalimier. Un autre membre propose de différer cette question et de passer à l’ordre du jour prévu.

Le maire met la question aux voix « par boules blanches et par boules noires » et engage le secrétaire à faire l’appel des membres « présens pour pouvoir votter ». Quelques membres se récrient, disent que cette manière de procéder n’est pas celle accoutumée !

Le maire, qui n’est décidément point commode ce jour-là, persiste. Le vote a lieu . Sur 17 « présens » :

- 7 n’ont pas pris part au vote
- 3 ont mis des boules blanches en faveur de l’ordre du jour
- 7 ont mis des boules noires

donc le Conseil continue à débattre sur la question des 400 F. Mais M. Guibourg conteste le vote précédent, disant que l’opération n’est pas légale. Le maire maintient qu’elle est valide. Des membres demandent que l’on ne vote par boules blanches et par boules noires que lorsque 3 à 5 membres en font la demande. Un autre conseiller prétend qu’une seule demande suffit « puisqu’à la Chambre des Députés, composée de 400 à 500 membres, 5 voix suffisent pour obtenir le vote par boules blanches et par boules noires ». Finalement le Conseil ne se décide pas sur cette question.

Revenons à M. Dalimier. Le maire soumet au vote de l’assemblée, par boules blanches et par boules noires, la question suivante : « Continuera-t-on d’accorder à M. Dalimier, pour 1836, les 400 francs qui lui étaient accordés précédemment ? ».

M. Guibourg proteste contre l’opération qui va avoir lieu et demande que le scrutin se fasse par « assis et lever ». Le maire n’en tient pas compte et appelle les conseillers à déposer leurs boules. Alors 7 conseillers quittent la salle. L’assemblée n’ayant plus le nombre de membres nécessaire, le maire lève la séance !

 On change la façon de voter

28 novembre 1835 : les conseillers ont été convoqués par lettre du maire en date du 25 novembre. Six membres se présentent. Après une heure d’attente, la séance est remise. Laissons les esprits se calmer

1er décembre 1835 : on s’explique à nouveau sur les motifs d’accorder, ou non, les 400 francs à M. Dalimier. Puis le maire propose un vote par boules blanches et par boules noires.

Un premier conseiller s’exprime disant que ce genre de vote « occasionne souvent des méprises » et il demande « le scrutin au bulletin secret ».

Un second conseiller « trouve le système par boules blanches et par boules noires tellement vicieux » qu’il se prononce formellement contre et que « le vote par assis et lever doit être employé »

Un troisième conseiller se prononce contre ce genre de vote et cite des exemple qui ont eu lieu : « des conseillers soumis à l’influence, qui se levaient ou restaient assis selon que tels autres membres le faisaient et qui, lorsque le scrutin était secret, votaient selon leur conviction dans un sens tout contraire ».

Un quatrième conseiller émet le vœu qu’à la demande d’un seul, on puisse obtenir le vote par boules blanches et par boules noires.

Le maire met aux voix la question suivante : « Substituera-t-on le vote par bulletin secret oui et non, à celui par boules blanches et par boules noires ? ».

A peu près la moitié des conseillers se lèvent. Quelques-uns d’entre eux s’assoient au moment où le maire s’assure de quel côté est la majorité. Un membre s’écrie alors : « Levez-vous donc ! ». Bref, c’est le plus grand cafouillage.

Le vote n’ayant pas eu lieu légalement et à nombre à peu près égal, est déclaré nul. Ce qui fait dire à un conseiller : « Voilà l’effet de cette manière de voter »

Le maire remet alors au scrutin secret, par boules blanches et par boules noires, la question précédente. 17 membres déposent leurs boules : 9 blanches et 8 noires. En conséquence le scrutin secret par oui et non est adopté et sera désormais employé tant que le conseil ne reviendra pas sur cette décision.
On revient alors à la question des 400 F alloués ou non à M. Dalimier : 8 oui, 9 non. En conséquence M. Dalimier n’aura pas ses 400 F

31 décembre 1835 : par courrier, le maire envoie au Sous-Préfet le registre des vaccinations organisées gratuitement dans la commune de Châteaubriant, par M. Delourmel, médecin (et conseiller municipal), vaccinateur spécial.




- Archives municipales 1 D 18, 2 D 8 et 2 D 9
- Histoire de la France et des Français par A. Castelot et A. Decaux(Editions Robert Laffont)
- Histoire du peuple français, par Pierre Lafue et Georges Duveau (Ed. Nouvelle Librairie de France)
- Les Rois de France, fiches Editions Atlas