- Les guerres victorieuses de (...)
- Chapelle de Jovence
- Un frère ignorantin
- 1806
- Les grognards
- 1807
- Taxe sur les boissons
- 1808
- 1809
- De la merde dans un bas de (...)
- 1810
- Marie Louise
- Et le maire n’y est pas !
- Les premières commissions
- Un deuxième adjoint
- Le conseiller oublié
- A qui les halles ?
- La fraude
- Tenir la main
- Monnaie de billon
- Aqueduc
- Ponts
- Cavités et Lavoir public
- Encore les halles
- La friponnerie et la bêtise
Les guerres victorieuses de l’Empire
30 mars 1805 (9 Germinal an XIII) : le Conseil municipal de Châteaubriant (qui ne s’est pas réuni depuis un an ! ) enregistre un décret « de sa majesté impériale et royale » disant que les percepteurs des contributions directes jouiront d’une remise sur la recette des biens communaux. Le Conseil fixe cette remise « à deux centimes et demi par franc de la recette des biens communaux »
Il est à noter d’ailleurs que « les percepteurs des contributions directes feront la recette particulière de toutes les communes de leur arrondissement ayant moins de 20 000 francs de revenus ». Châteaubriant est vraisemblablement dans ce cas
Chapelle de Jovence
8 avril 1805 (18 Germinal an 13) : « de temps immémorial, il existait une chapelle publique dans l’endroit où le sieur de la Porte a fait une écurie ». Le Conseil Municipal de Châteaubriant n’est pas content en évoquant cette chapelle qui, d’après d’autres textes, se trouvait à l’entrée du château, près de la Porte des Champs. C’est que « le sieur de la Porte a démoli la dite Chapelle et profité des pierres et autres matériaux dicelle ». La dite chapelle était séparée d’une haie vive d’un jardin, que le sieur de La Porte a acquis en l’an V et le Conseil n’hésite pas à parler de « l’usurpation de cette chapelle de Jovence », et demande au Sieur de la Porte de rétablir cette chapelle « au même et pareil était qu’elle était » et de payer 200 francs d’amende, sans compter l’opposition à « la continuation et perfection » de son écurie.
14 juillet 1805 : l’anniversaire révolutionnaire n’est célébré par aucune cérémonie. La seule fête nationale de l’Empire sera celle de la « Saint Napoléon » le 15 août, jour anniversaire de sa naissance.
Un frère ignorantin
19 juillet 1805 : Napoléon développe quelques idées sur l’instruction du peuple : « Je préfère voir les enfants d’un village entre les mains d’un moine qui ne sait rien que son catéchisme et dont je connais les principes, que d’un demi-savant qui n’a point de base pour sa morale et point d’idée fixe. Un frère ignorantin suffit à l’homme du peuple ».
Le 4 mars 1805, au Conseil d’Etat, il dira ce qu’il pense de la religion : « Je ne vois pas dans la religion le mystère de l’Incarnation, mais le mystère de l’Ordre Social. La religion rattache au Ciel une idée d’égalité qui empêche le riche d’être massacré par le pauvre »
9 septembre 1805 : le calendrier grégorien, qui est pratiquement réapparu depuis le Concordat, est remis en vigueur officiellement à partir du 1er janvier 1806. Le calendrier républicain est remisé aux curiosités de l’histoire.
23 septembre 1805 : Napoléon fait appeler, par anticipation, 60 000 hommes de la classe 1806 et prend lui-même la tête de l’armée. Le 6 octobre, l’armée française opérant en Allemagne prend le nom de « Grande Armée »
20 octobre 1805 : l’armée française bat les Autrichiens à Ulm.
21 octobre 1805 : l’armée franco-espagnole est battue par les troupes anglaises à Trafalgar. Pendant ce temps-là les succès de la Grande Armée se multiplient en Allemagne et en Autriche.
2 décembre 1805 : victoire d’Austerlitz. Le 26 décembre, l’Autriche signe la Paix de Presbourg.
30 décembre 1805 : sur proposition du Tribunat, Napoléon accepte d’être appelé « le Grand »
1806
18 mars 1806 : création des Conseils des Prud’hommes, pour juger les différends du travail.
4 avril 1806 : publication du Catéchisme impérial qui sera seul autorisé dans toutes les églises catholiques. On y qualifie notamment de péché mortel toute désobéissance à l’Empereur et on y insiste sur les devoirs du bon citoyen : répondre à la conscription, payer ses impôts, etc.
10 mai 1806 : création de l’Université de France, « corps exclusivement chargé de l’enseignement et de l’éducation publics ». Ses membres auront pour mission essentielle « de diriger les opinions politiques et morales »
12 juillet 1806 : création de la « Confédération du Rhin » formée par 16 princes allemands, capitale Francfort. Napoléon en est « le protecteur »
9 août 1806 : le Roi de Prusse s’inquiète de voir Napoléon dominer l’Allemagne. Poussé par ses officiers, excité par l’Angleterre, il forme une coalition avec l’Angleterre et la Russie, contre la France.
15 août 1806 : célébration de la Saint-Napoléon. Pose de la première pierre de l’Arc de Triomphe de l’Etoile
14 octobre - 8 novembre 1806 : foudroyante campagne de Napoléon : victoires de Iéna et d’Auerstaedt, prises de Leipzig, Wittenberg, Potsdam, Charlottenburg, Berlin, Magdebourg etc . Murat écrit à Napoléon, en citant Corneille : « Sire, le combat finit faute de combattants ».
21 novembre 1806 : prenant prétexte de l’ordre du Conseil Britannique, déclarant en état de blocus tous les ports et côtes de l’Elbe à Brest (16 mai 1806), Napoléon décrète le Blocus Continental le 21 novembre 1806 : « Tout commerce et toute correspondance avec les îles Britanniques sont interdits »
10 décembre 1806 : réunion à Paris du « Grand Sanhédrin » : les Juifs de France doivent reconnaître la France comme leur patrie, admettre de renoncer à la polygamie, accepter le mariage civil, le service militaire sans remplacement (pendant lequel le sabbat et les autres pratiques incompatibles sont suspendues), s’interdire l’usure et encourager leur jeunesse dans la pratiques des arts et métiers utiles.
Les grognards
Novembre-décembre 1806 : après les victoire d’Iéna et d’Auerstaedt (14 octobre 1806), Napoléon organise la « poursuite rayonnante » des vaincus. Il entre à Berlin le 27 octobre et pousse la guerre en Pologne et en Russie. Il entre à Varsovie le 19 décembre 1806 mais les armées poursuivent difficilement leurs mouvements : hommes, chevaux et canons s’enlisent dans une boue gigantesque. Dans le mauvais temps et la pénurie de ravitaillement, les soldats rouspètent ... tout en marchand. Napoléon les appellera ses « grognards ».
10 décembre 1806 : Antoine de Vischer de Celles est nommé Préfet de Loire Inférieure par décret impérial. Il sera fait membre de l’Ordre impérial de la Légion d’honneur le 10 août 1808 lors du passage de Napoléon à Nantes
C’est en 1806 aussi que Napoléon fit commencer le réservoir de Vioreau pour alimenter le Canal de Nantes à Brest qui servait au transport des charbons et des amendements destinés à l’agriculture. Le Canal était destiné à ravitailler Brest, par la voie d’eau, en raison du Blocus continental
1807
8 février 1807 : Napoléon est victorieux à Eylau, ville de la Prusse orientale. Les Russes ont perdu 30 000 hommes, mais les Français en ont perdu 25 000. Militairement, l’Empereur est vainqueur. Moralement il est perdant. Il prend ses quartiers d’hiver, attendant des jours meilleurs.
7 avril 1807 : appel par anticipation de 80 000 hommes de la classe 1808.
Taxe sur les boissons
14 avril 1807 : cela fait deux ans que le cahier des délibérations de Châteaubriant ne fait plus mention de rien. Ce jour-là pourtant le Conseil s’est réuni parce que le Préfet veut instituer une taxe sur la consommation des boissons par les particuliers.
Avec quelque ironie, le Conseil « applaudit au zèle de Monsieur le Sous-Préfet » mais observe qu’il ne peut souscrire à la demande du Préfet pour trois raisons qu’il détaille :
1) « il serait très difficile de percevoir cette taxe. Elle entraînerait des visites et des frais de régie que le Conseil veut éviter »
2) « Elle augmenterait les charges du propriétaire qui paie déjà la contribution foncière »
3) « Elle pèserait sur les consommateurs peu fortunés dont il faut adoucir le sors au lieu de lagraver »
Il estime qu’une taxe sur les boissons des débitants, « sans distinction de celles provenues de leur cru » « parais préférable, puisqu’il suffirais de faire à la fin de chaque mois le relevé des boissons vendues par les débitants » (oh l’orthographe ...). Le Conseil décide alors de percevoir le dixième du produit de la vente de toutes les boissons sans distinction « qui seront vendues par les débitants de cette citée et de ses faux-bourgs »
A ce propos, le Directeur des Droits Réunis dresse l’état des quantités d’hectolitres de vin et de cidre qui ont payé le « droit de détail » à Châteaubriant, entre le 1er juin et le 31 décembre 1806 :
Vin vendu au détail 1300 hectolit.
Vin vendu au demi-droit(*) 12 hectolit.
Cidre au détail 1420 hectolit.
Cidre au demi-droit (*) 21 hectolit.
Bières au détail 9 hectolit.
Eau de vie au détail 35 hectolit.
On s’aperçoit que la consommation de vin est très proche de celle du cidre. La bière est peu goûtée
6 juin 1807 : La Grande Armée est remise en route. Le 14 juin verra sa victoire à Friedland. Napoléon entre à Tilsitt le 19 juin 1807
19 juin 1807 : l’assemblée municipale de Châteaubriant fait l’état des dépenses prévues pour 1807 (en francs) :
Secrétaire de mairie 500 Concierge-héraut-tambour 100 Papier, encre, plumes 50 Réverbère 72 Ponts-levis 60 Registres Etat-Civil 150 Chauffage et lumière 75 Logement de la mairie 150 Dépenses d’impression 40 Logement et jardin du curé 250
Les prix n’ont pas changé depuis la dernière fois. Absence d’inflation ? Ou ignorance du coût réel des choses ?
7 juillet 1807 : signature du traité de Tilsitt entre la France et la Russie. 9 juillet : signature du traité de Tilsitt entre la France et la Prusse.
27 juillet 1807 : Napoléon est de retour à Paris après 10 mois d’absence. Ceux qui le revoient le jugent plus autoritaire, tolérant moins la contradiction.
19 août 1807 : Napoléon supprime le Tribunat. Le sénat et le Corps Législatif ne seront plus que des chambres d’enregistrement.
3 septembre 1807 : le Corps législatif ordonne une nouvelle édition du Code Civil sous le nom de « Code Napoléon »
11 septembre 1807 : publication du Code du Commerce
16 septembre 1807 : loi instituant la Cour des Comptes.
27 octobre 1807 : signature d’une convention secrète entre la France et l’Espagne pour le partage du Portugal. Napoléon disgracie le Maréchal Brune qui a parlé de « l’armée française » au lieu de « l’armée de sa Majesté impériale et royale ». L’Empereur fait occuper le Portugal pour l’obliger à respecter le blocus des îles Britanniques. Et bientôt sa volonté expansionniste le pousse à déclarer la guerre à l’Espagne.
24 novembre 1807 : le Ministre des Finances fait savoir à Châteaubriant, par l’intermédiaire du Préfet, que l’octroi sur les boissons, demandé par le Conseil le 14 avril dernier est approuvé et qu’il ne s’agit plus que de régler le tarif.
Le Conseil « croit s’être conformé aux intentions de son excellence le ministre des finances dans la nature de son octroi et le mode de le percevoir et a choisi le mode de perception le moins onéreux aux contribuables » à savoir le dixième du produit de la vente de toutes les boissons.
Il est entendu que les employés aux Droits Réunis constateront la quantité des boissons vendues à la fin de chaque mois et donneront aux débitants un état des droits à acquitter qu’ils iront solder chez le percepteur.
Le Conseil confie les fonds provenant de cet octroi à son receveur (c’est-à-dire au percepteur). De toutes façons, qui voudrait se charger de cette tâche ? : « les faibles émoluments qu’il retire du produit de la recette ne peuvent exciter l’avidité »
Le Conseil « supplie (supplie ? à ce point-là ?) le gouvernement d’enjoindre aux employés du service des Droits Réunis de Châteaubriant de remettre au receveur un double des états qu’ils sont tenus de faire pour la perception des droits »
1er décembre 1807 : s’est-il donc passé quelque chose ? La réunion de ce 1er décembre 1807 comporte 5 lignes et c’est tout : juste les noms des présents et il reste des pages blanches sur le cahier des délibérations de Châteaubriant .Il faudra attendre la fin du mois de mars 1810 pour retrouver des compte-rendus suivis.
Il y a pourtant eu des décisions prises : par exemple, le 30 mai 1809 le Conseil a listé les chemins vicinaux à refaire et fixé à un franc la journée de travail. Et le 12 septembre 1809 il a voté un crédit de 2400 francs, par an, pour l’établissement d’une école secondaire à Châteaubriant, se réservant le droit, au bout de 2 ans, de supprimer ces fonds si la dite école ne répondait pas aux vœux du public.
1808
1er mars 1808 : Napoléon crée la noblesse impériale : des princes, des ducs, des comtes, des barons, des chevaliers. Les nouveaux nobles sont autorisés à constituer sur la tête de leur fils aîné, un « majorat » qui rendra le titre héréditaire. La Révolution de 1789 est bien loin ! Jusqu’en 1815, Napoléon créera 4 princes, 33 ducs, 452 comtes, 1500 barons et 1474 chevaliers.
17 mars 1808 : Décret organisant l’Université Impériale
23 mars 1808 : la guerre d’Espagne débute par l’entrée de Murat à Madrid, qui provoque un soulèvement de la population, suivi d’une répression extrêmement violente entraînant l’insurrection générale du pays. le peintre Goya immortalisera les combats de rue dans son tableau « Le dos de Mayo » (Le 2 mai) « où la seule fraternité possible demeure celle des cadavres sous les pieds des chevaux ». Dans « Le Tres de Mayo » Goya montrera les exécutions des émeutiers par Murat.
Le 5 mai, Napoléon force le roi d’Espagne à abdiquer. Joseph Bonaparte devient roi d’Espagne. Mais pas pour longtemps : les Français doivent capituler à Beylen le 22 juillet 1808. Napoléon reprend lui-même la tête de l’armée d’Espagne.
22 octobre 1808 : sur les monnaies de France on écrit désormais « Empire Français » au lieu de « République Française ». C’est la mort officielle de la Première République.
4 décembre 1808 : Napoléon reçoit la capitulation de Madrid et remet son frère Joseph sur le trône d’Espagne, « Roi par la grâce du diable » disent les Espagnols. « Tu règneras en Espagne, mais sur les Espagnols, mais ! » disent-ils à Napoléon.
1809
De la merde dans un bas de soie
28 janvier 1809 : en l’absence de Napoléon, Talleyrand et Fouché complotent. A son retour à Paris, Napoléon apostrophe Talleyrand en plein conseil : « Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi ; vous avez toute votre vie trompé, trahi tout le monde. Oh, tenez, VOUS ETES DE LA MERDE DANS UN BAS DE SOIE ». Napoléon commet cependant la plus lourde faute de son existence : il ne brise pas Talleyrand. Celui-ci va trouver Metternich, ministre des Affaires Etrangères du roi d’Autriche, et se vend fort cher comme conseiller et comme espion.
17 Mai 1809 : Napoléon annexe les Etats Pontificaux
22 mai 1809 : pendant des mois la bataille fait rage en Autriche, en Hongrie. Les troupes de Napoléon sont victorieuses à Abensberg, Landshut, Eckmühl, Ratisbonne, Straubing. Le 22 mai 1809 Napoléon est vaincu à la bataille d’Essling, non pas par les Autrichiens mais par sa propre témérité contre les forces naturelles : une crue subite du Danube a rompu le pont. Cette bataille, présentée par l’ennemi comme une grande victoire, aura un terrible retentissement en montrant que Napoléon n’est pas l’Invincible.
10 juin 1809 : le pape Pie VII excommunie Napoléon. Celui-ci le fera arrêter dans la nuit du 5 au 6 juillet
6 juillet 1809 : victoire de Napoléon à Wagram. On a parlé à ce sujet d’un chef d’œuvre des batailles tactiques. Mais à quel prix ! Les Autrichiens ont 25 000 hommes hors de combat. Mais les Franco-Allemands ont près de 27 000 tués ou blessés. On dit Napoléon frappé par « la boucherie de Wagram ». Celle-ci sera la dernière grande victoire de son règne. L’Autriche accepte de signer le Traité de Vienne, le 14 octobre 1809, non sans de vives résistances.
15 décembre 1809 : Napoléon divorce de Joséphine de Beauharnais. Par une bizarrerie de l’histoire, celle qui était la maîtresse de Barras, et de tant d’autres depuis son mariage, devient pour une partie de l’opinion publique le symbole de la fidélité ! Les grognards diront en 1812 : « il ne fallait pas qu’il quittât sa vieille. Elle lui portait bonheur et à nous aussi ».
1810
29 janvier 1810 : Napoléon réunit un conseil de la couronne pour recueillir son avis : faut-il qu’il épouse une grande-duchesse russe, une archiduchesse autrichienne, une princesse saxonne ou une Française ? Son but : avoir une postérité. « J’épouserai un ventre » dit-il crûment.
Marie Louise
7 février 1810 : signature à Paris du contrat de mariage provisoire de Napoléon avec Marie-Louise de Habsbourg, fille de François 1er , empereur héréditaire d’Autriche. La population parisienne, par fidélité à la révolution, se méfie de toute « Autrichienne » d’autant plus que Napoléon forme la maison de la future impératrice en s’inspirant de la maison de Marie Antoinette (épouse de Louis XVI) à Versailles. Marie-Louise est d’ailleurs la nièce de Louis XVI, par alliance.
3 mars 1810 : Napoléon rétablit les « prisons d’Etat », vingt ans après la prise de la Bastille !
Mars 1810 : à Châteaubriant on s’occupe des travaux les plus urgents, en particulier du chemin qui mène de Châteaubriant à Ruffigné au lieu-dit Le Ponceau, près de la métairie de Saint-André. Cela fait longtemps qu’on en parle, depuis le 30 septembre 1800, mais cette fois, il ne s’agit plus seulement d’empierrer « il est nécessaire de construire une arche en pierres pour procurer l’écoulement des eaux au travers du chemin, d’exhausser les terres au niveau du chemin et de faire un empierrement sur le tout » .
Le Conseil décide d’extraire et d’acheter des pierres, et de faire réaliser la construction du pont sur les fonds de la commune, « mais les remblayements des terres seront faits par prestations en nature ainsi que les charrois et transports de marchandises ». Et puis il faut l’autorisation du Préfet pour faire les travaux.
2 avril 1810 : mariage de Napoléon avec Marie-Louise. L’empereur est follement amoureux.
10 avril 1810 : la réparation du Ponceau coûtera 1408 francs et 22 centimes. Le Conseil envisage de prendre 600 francs sur les fonds municipaux, « le reste par voie de prestation en nature » (finalement la décision de faire les travaux sera prise le 22 mai 1810)
Le même jour, il est question de réparations au quai de l’Eperon, c’est-à-dire au rempart ouest de la ville de Châteaubriant. Le sieur Vauverey est adjudicataire des travaux et a fait extraire de la pierre sur les terrains de quelques propriétaires mais ceux-ci n’ont pu obtenir aucune indemnité de sa part. Pour régler les choses, le Conseil déclare se charger d’indemniser les propriétaires.
Et le maire n’y est pas !
8 mai 1810 : que se passe-t-il ? d’après le « Décret de sa majesté impériale et royale du 14 février 1806 » le Conseil Municipal doit se réunir le 1er mai de chaque année. Et on est déjà le 8 mai. Les Conseillers sont là mais le maire, René François Dauffy, n’y est pas alors qu’il avait promis de venir. Il y a de la contestation dans l’air. Un membre demande s’il est ainsi permis au maire d’empêcher la réunion du Conseil à l’époque fixée par la loi, ou si le Conseil a la liberté de délibérer en l’absence du maire.
Le Conseil décide que le plus âgé des membres fera fonction de Président et que le plus jeune sera secrétaire mais, dans l’espoir d’arranger les choses, « voulant épuiser envers Monsieur le Maire tous les procédés honnêtes » il renvoie la réunion au jeudi suivant.
Les premières commissions
10 mai 1810 : cette fois le maire Dauffy est là. Le Conseil décide de former trois commissions (c’est apparemment la première fois que cela se produit).
La première commission est chargée de faire un rapport sur l’administration municipale, sur la nécessité de compléter le Conseil et de nommer un deuxième adjoint et sur la question de « faire maintenir la commune dans la propriété des halles »
La deuxième commission s’occupera des moyens d’améliorer l’octroi et s’interrogera sur les motifs pour lesquels « on accorde des fonds sur les deniers de la commune sans l’avis du Conseil » (tiens donc !)
La troisième commission est chargée de faire un rapport sur les travaux communaux. Et il y en a : réparer le pont Glémois et le Pont de l’hôpital, supprimer le pont-levis de la Porte St Jean, construire un conduit souterrain pour l’écoulement des latrines qui se déchargent dans la Grand Rue, empêcher les eaux du ruisseau de la Vannerie de refluer dans la fontaine publique, réparer et aplanir la place du marché aux bestiaux, etc .
Il y a telle urgence que les commissions doivent faire leur rapport dans 5 jours.
Un deuxième adjoint
15 mai 1810 : « malgré tout le zèle de Monsieur le Maire pour le bien public, ses occupations ne lui permettent pas d’entrer dans tous les détails qu’exige sa place. Il est urgent de nommer un deuxième adjoint auquel Monsieur le Maire pourrait confier le soin d’apprécier le pain et la viande, de faire nettoyer les rues, d’empêcher les particuliers de mettre des charrettes et voitures sous les halles, d’encombrer les rues et places publiques et d’obliger les aubergistes d’éclairer leurs maisons quand il s’y trouve des voitures et de les fermer aux heures fixées par les règlemens pour réprimer la débauche »
Le conseiller oublié
Il est aussi utile de compléter le Conseil Municipal de Châteaubriant qui doit désormais compter 20 membres. Oui mais, la dernière fois « par oubli, il n’en a été nommé que 19 ». Il en manque donc un. Et puis « Monsieur de la Fosse ne peut plus, depuis deux ans, sortir de sa maison en raison de son âge et de ses infirmités et Monsieur Gautier qui ne sait ni lire ni écrire ne vient point depuis deux ans au Conseil ». Et puis il faut remplacer M. Guérin aussi, mais on ne sait pas pourquoi. Bref, le Conseil charge le Maire de désigner au Préfet quatre personnes.
A qui les halles ?
Les halles de Châteaubriant appartenaient autrefois au Prince de Condé à qui elles servaient notamment d’auditoire, et de marché. De ce fait, elles sont devenues des « Biens Nationaux » et ont été attribuées .... aux hospices de Nantes ! Le Conseil considère que cela fait 12 ans révolus qu’il en réclame la propriété : « Elles sont en fait des rues servant de communication aux habitans de la cité et aux voyageurs pour se rendre d’Angers à Rennes, à Laval et Vitré ». La Commune estime que ces halles lui appartiennent « puisqu’elle en a toujours réparé le pavé et fait enlever les immondices par son adjudicataire ».
Pour régler définitivement cette affaire, le Conseil offre de payer 1200 F (prix estimé de la charpente) « pour ne pas priver les habitans de la propriété d’une chose qui existe dans leur commune et qui ne peut être utile qu’à cette commune »
Et puis il faut tenir compte du fait que l’une des halles, celle qui sert à la vente des grains, est couverte par les bâtimens des héritiers Baguet, tandis que l’autre est en si mauvais état qu’elle « pourrait s’écrouler et occasionner des accidens funestes » au point que le Conseil charge le maire d’en obtenir la démolition.
La fraude
Concernant la comptabilité de la commune de Châteaubriant, la commission remarque que les recettes proviennent de trois sources :
. des centimes additionnels sur les contributions directes
. des biens communaux affermés et de l’adjudication des boues de la ville
. du droit d’octroi sur les liqueurs consommées dans la commune.
« Ce droit d’octroi est la principale ressource mais son produit dépend beaucoup du plus ou moins de zèle que l’on met au recouvrement de ce droit »
La commission ne se dissimule pas que son produit diminue chaque mois, « par les fraudes multipliées et journalières qui se commettent tant par les habitans que par les consommateurs qui transportent des liqueurs d’un lieu à un autre, sans les déclarer ou en voiturant plusieurs boissons par le même congé ». La commission évoque d’autres moyens de fraude et se scandalise « que des particuliers se vantent de frauder et ne sont pas recherchés, impunité qui engage les autres à imiter cet exemple »
Tenir la main
C’est pourquoi le Conseil souhaite « que les Employés des Droits Réunis surveillassent avec plus d’exactitude la perception du droit et fissent des recherches convenables pour découvrir les fraudes ». Il invite le maire à écrire au « Controlleur principal en cette ville pour l’engager à tenir la main à la perception du droit d’octroi »
Monnaie de billon
De plus, le Conseil n’est pas content parce que le Receveur principal des Droits Réunis exige rigoureusement des particuliers l’acquit « en monnaie d’argent » et cependant, à chaque versement à la caisse municipale, « il verse les deux tiers en monnaie de cuivre ou de billon ».
Par ailleurs le Conseil rappelle fermement à son maire qu’il ne peut disposer à sa guise des deniers de la commune sans son avis, et pourtant « différentes sommes ont été accordées sur la demande seule de monsieur le maire. Cette démarche est vicieuse et pourrait être source d’abus »
Aqueduc
« Une des choses qui peut contribuer le plus à la salubrité de l’air et à l’agrément des habitans, serait la construction d’un aqueduc sous le pavé de la Grand Rue, dans lequel se déchargeraient toutes les latrines des maisons latérales et que nettoyerait le ruisseau de la Vannerie qui coule dans la partie supérieure » : on imagine à quel point les rues de Châteaubriant devaient sentir « la rose » en ce temps là !
Ponts
Décidément, il y a bien des travaux à faire à Châteaubriant : voilà que le Pont Glémois, et le Pont de l’hôpital, qui se trouvent côte à côte sur la Chère, tout près de la Porte St Jean, menacent ruine. La commission des travaux suggère de les réunir en un seul à plusieurs arches sur l’alignement de la rue de Couëré. « Il n’y aurait pour cela qu’une seule maison de peu d’importance à abattre ».
Quant au Pont-Levis de la Porte St Jean, « il gêne régulièrement la circulation des voitures et piétons et plus d’une fois a été cause d’accidens malheureux »
L’apogée, le plus haut degré de puissance de Napoléon, est atteint en 1810. Comme Charlemagne (Charles le Grand), Napoléon Le Grand est maître de la moitié de l’Europe. C’est aussi en cette année 1810 que Napoléon épouse l’archiduchesse Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche. Mais l’Empire de Napoléon n’est pas solide. Et le blocus continental, s’il gêne l’Angleterre, gêne aussi l’Europe où quantité de denrées de première nécessité n’arrivent plus, comme le sucre et le café. Le mécontentement s’accroît ...
Cavités et Lavoir public
15 mai 1810 : A Châteaubriant « l’enlèvement des bouses sur le marché aux bestiaux a occasionné des dégradations préjudiciables et des cavités très incommodes » qu’il faudrait combler. La commission des travaux juge aussi utile de combler le fossé qui a été fait au pied de la Tour du Four Banal.
Au lavoir public « les eaux y sont d’une extrême saleté parce qu’on n’a pas soin de le vider de temps à autre pour le nettoyer et parce que le fossé dans lequel se déchargent les eaux est encombré par les gravois qui y sont jettés continuellement » .Le Conseil demande 50 francs au Préfet pour nettoyer ce lavoir « et le dessous de la Porte Neuve » et invite le maire à « rendre une ordonnance de police pour obliger les propriétaires contigus au dit ruisseau et ceux dont les latrines s’y déchargent, à curer les parties qui les avoisinent »
3 juin 1810 : Napoléon chasse Fouché du Ministère de la Police. Il se débarrasse ainsi d’un homme qui ne correspond plus à l’évolution réactionnaire de l’Empire.
10 juin 1810 : Napoléon et Marie-Louise sont reçus solennellement à l’hôtel de ville de Paris d’où on a enlevé, pour l’occasion, le bonnet phrygien et où l’on a fait badigeonner l’inscription restant sur la façade : « Unité, indivisibilité de la République, Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort »
9 juillet 1810 : Napoléon réunit la Hollande à l’empire français.
Encore les halles
10 septembre 1810 : encore les halles. Le Conseil de Châteaubriant insiste sur leur évaluation, 1200 francs, en disant que celle-ci ne peut porter que sur la charpente en bois, et non sur l’emplacement « parce qu’il serait injuste et odieux de faire payer des rues publiques. »
27 septembre 1810 : le Ministre de l’Intérieur demande que le Conseil de Châteaubriant formule des projets de tarifs pour les places sous les halles et pour les marchés. Le Conseil ironise, il reconnaît les avantages et la nécessité de ce tarif, mais refuse de s’en occuper parce que, depuis des années, il réclame la propriété des Halles, il a démontré qu’elles sont propriété de la commune et même, pour éviter toutes espèces de difficultés, « il a soumissionné ». Il rappelle qu’elles se détériorent de jour en jour et que le défaut de surveillance et de réparations rendra bientôt leur location impossible ! Bref il demande au Préfet « de faire accéder la commune à la propriété des halles ». Après quoi il s’occupera du tarif.
10 décembre 1810 : Napoléon annexe le nord de l’Allemagne (jusqu’à Lübeck) et la République du Valais. L’Empire fait alors 750 000 km2 (un tiers de plus que la France actuelle). L’Empire comprend la France, la Belgique, la Hollande, une partie de l’Allemagne du Nord et de l’Italie. 130 départements et 44 millions d’habitants. Les Pyrénées, les Alpes, le Rhin ne sont plus les « limites naturelles ». Autour de la France se trouve une ceinture d’Etats « protégés » par Napoléon : la Confédération du Rhin, le royaume d’Italie (dirigé par le vice-roi Eugène De Beauharnais), le royaume de Naples (gouverné par Murat, ancien général de Napoléon), le royaume de Westphalie (gouverné par Jérôme Bonaparte), le Grand Duché de Varsovie, etc. Seule l’Espagne résiste. Elle va tenir jusqu’à la débâcle de la fin de 1813.
La friponnerie et la bêtise
En janvier 1806, la situation financière de la France est si mauvaise que le Ministre du Trésor, Barbé-Marbois, offre sa tête, c’est-à-dire sa démission. Napoléon réplique : « Ta tête, que veux-tu que j’en fasse, grosse bête ? ». Le Ministre du Trésor proteste qu’il n’est pas un voleur. « Je le préférerais cent fois ; la friponnerie a des bornes ; la bêtise n’en a point » commente Napoléon.