Article paru le 14 septembre 1988
Le cas Luciani
Dans la région castelbriantaise, il existe un guérisseur dont la réputation n’est plus à faire, même auprès des médecins. C’est M. LUCIANI qui consulte à la Prévière (Pouancé).
Qu’est-il ? Un guérisseur ? Il s’en défend : « le seul guérisseur digne de ce nom, c’est Jésus-Christ ». Alors quoi ? Disons plutôt un télépathe et un magnétiseur.
Télépathe, c’est sans doute ce qui le caractérise le mieux. Il « sent » les choses à travers diverses manifestations : physiques, visuelles ou auditives. Sa réceptivité est telle qu’il a été capable, à distance, de retrouver le corps d’une fillette assassinée à Quiberon, et de dire où il « voyait » l’assassin. Bien sûr, il n’a pas été cru par les enquêteurs venus le voir. Mais, des mois plus tard, ses révélations se sont vérifiées.
Une autre fois, ce sont des Américains qui sont venus le voir à Pouancé, dans l’espoir de retrouver leur fils porté disparu. Après une forte concentration, il a su, très brièvement, que ce jeune appellerait ses parents.... « le 4 février 1988 ». C’était un soir de novembre 87 et, en effet, le 4 février 88 le jeune redonnait signe de vie. Les parents ont écrit à M. LUCIANI pour l’en remercier.
N’est-ce pas aussi une huitaine de jours avant l’événement que M. LUCIANI a su que le Pape Jean Paul II serait victime d’un attentat ? Les gens de son quartier, à qui il en avait parlé, ont pu vérifier la justesse de ses dires. Tout ceci est bien troublant.
Alors pourquoi ? Comment ? Est-ce dû à son grand-père, un grand-père qu’il ne connaissait pas parce qu’il était resté en Italie, un grand-père qui vivait en ermite et qu’on appelait le « ressusciteur des morts » ? « Mon grand-père ne m’a appris aucun truc, aucune technique. Ce don de perception, je l’ai eu très jeune. Quand j’allais chez les gens, avec mon père, je ressentais leurs douleurs dans mon corps. Quand j’allais dans les cimetières accompagner mon père qui travaillait à la réfection des tombes, j’étais très malheureux car j’entendais les cris et les plaintes des personnes qui étaient là, sous la terre ».
A l’époque, le jeune LUCIANI n’a pas pris garde à ce « don » qui était d’ailleurs pour lui une souffrance. Jusqu’au jour où, pendant la dernière guerre, il avait 19 ans : »j’étais pris dans un tir d’artillerie, seul au fond d’un trou. Et j’ai brusquement entendu une voix me dire : N’aie pas peur, ne bouge pas. Quand je suis sorti de là, tout était labouré autour de moi, mais j’étais indemne. Depuis, c’est toujours la même voix que j’entends, dans les cas délicats ».
Et c’est ainsi que, peu à peu, le jeune LUCIANI s’est mis à l’écoute de ce don qui était en lui. Il a fait de nombreuses recherches dans les livres, et il est allé à la rencontre de son grand-père. Celui-ci l’a fait attendre 3 jours avant de le recevoir et ne lui a dit, en guise d’accueil, que ces simples mots « C’est bien lui, mais je le voyais plus grand ».
Le vieil homme n’était pas un bavard plein d’exubérance comme le sont souvent les italiens. Il restait le plus souvent silencieux. Méditatif ? Contemplatif ? Son seul enseignement, si on peut dire, a été de vérifier ce que ressentait son petit fils. « Que vois-tu ? Que ressens-tu ? » interrogeait-il. Puis il l’a laissé partir vers son destin, non sans le mettre en garde : « J’ai été l’homme de toutes les médiumnités. Mais c’est difficile. Tu souffriras souvent » lui a-t-il dit.
Et c’est vrai que ce fut difficile, d’autant plus que nul n’est prophète en son pays. Fils d’immigrés Italiens, élève de l’école publique, et détenteur d’un « pouvoir » que les médecins stigmatisaient et dont les gens se moquaient. « j’ai vécu beaucoup d’hostilité, d’humiliations, de souffrances morales » reconnaît-il. Mais maintenant personne ne conteste sa « puissance » comme on dit.
Son cabinet de consultation est à la Prévière, dans une antique maison qui fut autrefois l’Auberge du Cheval Blanc. La salle d’attente, murs blanchis à la chaux, carreaux de terre rouge, s’organise autour d’une cheminée noircie. Seul élément moderne : un radiateur de chauffage électrique. Au mur, un avertissement : « je n’ai pas de collège, pas de disciple ».
La plupart des gens qui viennent le trouver ont des raisons médicales. Quelquefois une simple rage de dents ou un zona. Souvent des maladies chroniques : cancers, maladies pulmonaires ou respiratoires. Mais M. LUCIANI « soigne » tous les malades qui se présentent à lui. « Je suis un télépathe, un récepteur émetteur. Je reçois le message profond révélé par la personne et j’essaie de lui communiquer ma force. Par la prière et la concentration, par l’imposition des mains, je veux déclencher un mécanisme de guérison, conforter la volonté de guérir du patient, et remobiliser toutes les ressources qu’il a en lui. En fait, je ne guéris pas, c’est le malade qui se guérit lui-même. Mai j’aide à sa guérison, je lui apporte la force morale, la conviction qu’il doit guérir ».
Parmi ses moyens d’actions, M. LUCIANI emploie le regard, intense, à la limite de l’hypnose, et l’imposition des mains, « pour faire passer le fluide, la force que je sens en moi » dit-il, sans oublier l’importance de la parole : « la parole est suggestive. La suggestion et l’autosuggestion sont très importants dans le processus de guérison ».
« On ne peut que vouloir du bien aux gens ».
L’action de M. LUCIANI se produit aussi à distance. « Il suffit qu’on m’apporte un jalon, quelque chose qui puisse m’aider à « voir » la personne : ce peut être une photo ou une mèche de cheveux, ce peut être aussi un parent qui me parle de lui, qui me donne une image de lui. C’est pourquoi je n’ai pas besoin de me déplacer pour soigner les gens » dit-il encore. Mais comment soigne-t-il, quelle est cette force ? Pour lui c’est une force divine ou cosmique comme on veut : il n’impose pas sa foi en Dieu, il sert d’intermédiaire. C’est difficile à comprendre. Pourtant, d’autres que lui ressentent des phénomènes étranges : « Dans les cas difficiles j’entends une voix qui me dit comment procéder. D’autres fois, des images défilent très vite devant mes yeux, comme dans un rêve éveillé. D’autre fois, je détecte, dans mon corps, la maladie de l’autre, quelque fois même avant qu’elle ne se déclare ».
Comment apprend-on ces techniques, comment devient-on, télépathe, avons-nous demandé, intrigués. « On ne l’apprend pas. C’est une mission que l’on reçoit. On ne cultive en soi que ce qui s’y trouve déjà ». Avec cette réserve importante : on ne peut que vouloir faire du bien aux gens. « Quand j’étais jeune, j’ai voulu prouver mes capacités aux incrédules en leur infligeant quelque désagrément. Alors mon pouvoir de télépathie s’est arrêté. J’ai alors compris que seul l’Amour, pouvait guérir ».
La lettre d’Amérique Cher Monsieur Luciani Un petit mot pour vous dre que vos prédictions se sont révélées exactes ... à la date précise ! Vous m’aviez dit en novembre que notre fils Michel nous appellerait au téléphone au plus tard le 4 février 1988 et ... vous me voyiez pleurer de joie. Le 4 février à une heure 1/2 du matin notre fils a appelé de Nouvelle Zélande. Inutile de vous décrire la joie d’entendre "Allo Maman". (Lettre de Tampa, USA, expédiée le 10 février 1988) |
Médecins du ciel
Mais quoi, n’est-ce pas de la blague tout ça ? Les télépathes ressentent-ils effectivement les souffrances des autres ? « Voient-ils » au-delà du physique ? Entendent-ils « des voix » comme Jeanne d’Arc ? Faut-il se moquer ? Faut-il admettre ?
Dans un livre récent (« Médecins du Ciel, médecins de la Terre » Editions Robert Laffont), une femme, Maguy LEBRUN raconte à son tour des choses troublantes : un rapport facile et simple avec l’au-delà, des « conversations à bâtons rompus » avec des êtres morts et enterrés depuis des années, des guérisons inexpliquées et inexplicables, attestées par des médecins, des magistrats et des prêtres.
Comment se fait la guérison : la magnétiseuse, Maguy LEBRUN, est assistée de « médecins du ciel » et de personnes qui lui parlent comme Etty, une héroïne de la Résistance dans le Massif du Vercors ou comme le Curé d’Ars. Avec son mari médium, elle a constitué un « groupe de prière » qui est en même temps un groupe de « guérison spirituelle ».
Nous avions dans notre groupe une petite fille née avec une anomalie des yeux. Le spécialiste a dit aux parents qu’elle serait aveugle. Impossible de soigner une telle anomalie par magnétisme. Etty nous dit : « C’est trop triste ; nous allons tenter une opération spirituelle ». Pendant des mois, nous avons attendu « le feu vert ». La maman a dû prendre son bébé nu sur sa poitrine et prier de toute son âme. Une grande fatigue s’est abattue sur elle et nous avons bien ressenti qu’on puisait également de l’énergie en elle. Cécile a maintenant neuf ans. Elle porte des lunettes teintées, a quelques problèmes de vision, mais elle suit une scolarité normale, dans une école normale, et je l’ai vue un jour « courir après une fourmi » ! (Extrait du livre de Maguy LEBRUN : « médecins du ciel, médecins de la terre » (Ed. Robert Laffont) page 157) |
Etrange, non ? Et pourtant des faits troublants sont attestés par des médecins.
De tels « groupes de prière » (sans aucun rapport avec une religion précise), existent à Nantes, Rennes ou Angers. Nous avons rencontré des castelbriantais qui y participent.
De même, près d’Issé, un jeune couple est parti à la découverte des « Robes de Lumière » : « Chacun de nous est entouré de plusieurs halos lumineux qui s’interpénètrent et peuvent s’étendre jusqu’à 1,80 m ou 2 m de l’épiderme. Ils sont colorés et la couleur est significative : un rouge vif est signe de dynamisme, un rouge rosé marque la nervosité, un rouge profondément brunâtre révèle la formation d’un cancer. Le bleu ciel témoigne de l’honnêteté, le bleu foncé s’exhale des être volontaires. Le jaune safran est l’indice d’une haute spiritualité, etc. ». Un scientifique soviétique aurait réussi à mettre en évidence cette « aura », marquant la présence d’une énergie émanant d’un corps. On nous a parlé d’un dentiste soignant l’aura d’une dent avant que la carie n’atteigne le corps physique. On nous a expliqué que nous avions un corps physique et un corps « éthérique » et que cette connaissance pouvait être une méthode de guérison : « l’incision éthérique consiste à pratiquer momentanément une brèche dans le corps éthérique, brèche par laquelle on s’efforcera d’insuffler l’Energie de Vie au cœur même de la zone malade ». Cette « incision étéhrique » se pratique évidemment avec les mains. Une sorte de médecine aux mains nues.
La marche sur le feu
L’énergie, les énergies divines ou cosmiques. Les énergies se bloquent et produisent la maladie. Les énergies qu’il faut découvrir en soi pour se guérir et guérir les autres.
Dans la région castelbriantaise, il existe un groupe de recherche sur « Guérison et Alchimie du Feu » et il va se tenir à Casson (près de Nort sur Edre), les 26-27 novembre prochain, un stage sur le thème : « Comment maîtriser votre énergie alchimique pour accéder à la puissance intérieure ».
Le document d’appel interroge : « Savez-vous que dans votre profond intérieur sont enfouies des richesses inouïes dont vous ne soupçonnez pas l’existence ? Savez-vous que vous pouvez élargir votre champ de conscience et accéder à un niveau de conscience supérieur et découvrir une nouvelle dimension de vous-même » nous a-t-on dit en nous parlant de ce stage qui se termine par LA MARCHE SUR LE FEU.
Les braises sont étalées, le tapis large d’un mètre rougeoit d’abord, puis devient gris (il atteint alors entre 680° et 840°). La chaleur est insupportable, et nous sommes là, à attendre. A attendre qu’un fou se lance dans l’aventure. Et curieusement, l’un d’entre nous s’avance déjà, se présente face à la braise, le visage rougissant à cause de la chaleur. Après une inspiration, il lève le pied, je me hurle qu’il va se brûler, que tout se terminera peut-être maintenant, que l’illusion entretenue pendant ces deux jours va tomber au moment où il posera son pied, pour le retirer de la braise cruellement brûlé. Mais non ! Sidéré, je le vois tranquillement avancer. Derrière lui, un autre se présente puis un second, puis un troisième, le quatrième ? Ce sera moi. J’ai été surpris de me voir marcher vers le brasier, de moins ressentir la chaleur. Après une seconde de silence, j’ai très naturellement fait le premier pas et les suivants. J’ai alors ressenti la chaleur de la braise, les angles pointus et brûlants du charbon de bois, et je me suis retrouvé sur l’herbe fraîche. J’ai pu alors libérer toute ma tension. Le groupe est ainsi passé au milieu des encouragements et des applaudissements, effaré et ravi d’avoir franchi ce tapis brûlant. (paru dans Presse-Océan du 19.7.88). |
Les saints guérisseurs
De tout temps les fontaines naturelles ont joué un rôle important dans les grands événements de la vie : ablutions, baptêmes, thérapeutique populaire. Le culte des fontaines s’est développé avec la religion celtique et les druides accordaient des vertus curatives et bienfaisantes à certaines sources. Des siècles plus tard, ne reconnaissons-nous pas les bienfaits de quelques sources thermales ?
Dans la région, il existe quelques fontaines guérisseuses. Les plus célèbres sont celles de « Girioux » au bord du Don, à St Julien de Vouvantes. Dans la première on se plonge pour la guérison de la fièvre. Dans la seconde on s’ablutionne pour les yeux malades ou « chassieux ». L’eau de la troisième guérit de la gale.
A Joué sur Erdre, on connaît aussi la source St Léger. Partout dans la région, des habitants continuent à aller en pèlerinage à Lourdes et rapportent de l’eau bénite.
Mais venons-en au culte des saints guérisseurs : les pèlerinages organisés ont disparu, mais par contre, les habitants de la région y ont toujours recours « en secret », un peu comme on va voir le guérisseur ou le magnétiseur.
A Joué sur Erdre, on invoque « St Mainboeuf », protecteur et guérisseur des bovins. A Grand Auverné, des fidèles se rendent au Calvaire « de la Bonne Croix » érigé au siècle dernier par une habitante « Louise DAUFFY ». Ce pèlerinage a pour but de demander la guérison de toutes espèces de maux. La coutume est d’y aller en pleine nuit car la croyance veut que les premières grâces accordées soient plus efficaces que celles des « hautes heures ».
A Abbaretz, la Chapelle Notre-Dame des Croix a été démolie. On continue néanmoins d’aller en pèlerinage individuel à la croix élevée sur son emplacement, pour guérir les enfants débiles, les malades souffrant de problèmes intestinaux et pour détruire les insectes nuisibles à l’agriculture.
A Béré (paroisse de Châteaubriant) il y avait autrefois, sur le mur extérieur de l’église, une Notre-Dame de Pitié sur un autel. On y roulait les enfants malingres ou qui tardaient à marcher ou à parler. Depuis peu, une statue a été érigée à Ste Rita, patronne des causes désespérées et une dévotion très grande y est portée : les cierges qui brûlent devant en sont la preuve incontestable.
A Derval, St Clair guérit les maux d’yeux et la cécité. A Erbray, on invoque St Loup pour protéger le menu bétail et St Roch pour les enfants atteints de la « râche » (croûtes de lait).
A Louisfert, au pied du calvaire mégalithique, on trouve un St Martin protecteur des campagnes et St Mainboeuf « où l’on va pour le bœuf » selon l’expression locale.
A Lusanger, une statue est vénérée pour la guérison des « clous » (furoncles). C’est évidemment la statue St Cloud.
A l’abbaye de la Meilleraye, voici une vingtaine d’années encore, les moines recevaient, le jour de la St Jean, dans une chapelle dénommée « St Jean des vers » qui guérissait tous ceux qui étaient tourmentés par les vers intestinaux.
A Moisdon la Rivière, on mettait une statue à Ste Emerance dans le but de combattre les hémorragies. A St Vincent des Landes, on vénérait St Antoine et St Sébastien qui avaient le pouvoir de faire chuter la fièvre et on dit que la chapelle de La Madeleine est toujours le but de nombreux « voyages » de guérison.
A Soudan, en la chapelle du Dougilard, on invoque St Barthélémy pour obtenir guérison de la « râche » et autres maladies de peau. On y amène aussi les enfants débiles. A Teillay, en la chapelle de St Eustache, on invoque le saint pour toutes sortes de maux. Mais, de tous les lieux de pèlerinages, le plus fameux était celui de St Julien de Vouvantes : à un pilier, au bas de l’église, étaient appendus une chaîne et un carcan que les croyants se passaient au cou pour être préservés de la fièvre durant leur vie, et dont ils se frottaient les membres atteints de douleurs.
A côté du culte des saints guérisseurs, Joseph CHAPRON évoque aussi le culte des tombes : la tombe des Fontbroyeux en pleine forêt de Juigné et « la tombe de la fille » en forêt de Teillay : les pèlerins viennent y demander guérison de toutes espèces de maux et les mères y amènent leurs petits enfants pour qu’ils marchent de bonne heure et acquièrent force et santé.
On peut constater que les motifs les plus fréquents de ces « voyages » concernent des symptômes ou des maladies devant lesquels la médecine moderne est impuissante : retard de la parole ou de la marche par exemple. Les saints guérisseurs donnent de l’espoir aux malades, et l’efficacité thérapeutique semble d’autant plus grande qu’il y a contact entre la partie malade et le saint, et que le nom du saint a un rapport étroit avec le nom de la maladie...
Nous voilà donc rendus très loin, au delà des guérisseurs traditionnels et modernes, au delà de la médecine scientifique. Et encore, nous n’avons pas évoqué la sophrologie ou les groupes de « pensée positive comme il en existe à Nozay, Nort sur erdre ou Bain e Bretagne. Pour ceux que cela intéresse, nous donnons ci-dessous une bibliographie.
Alors, pour ou contre ? LA MEE ne tranche pas. A chaque lecteur de choisir son système de pensée, de savoir à quoi il croit, à quoi il est prêt à croire. Mais si tous ces gens avaient raison, chacun dans son domaine ? S’il y avait encore des découvertes scientifiques à faire sur des phénomènes qui nous paraissent encore « surnaturels », occultes ? La vie n’est-elle pas évolution ? Et la santé n’est-elle pas, comme dit le Docteur TREVIS : « Un cheminement vers un état de bien être qui passe par l’état de conscience » ?
Y a du v’lin dans tout
C’est une petite dame fort charmante qui nous reçoit, un soir, dans la cuisine d’une ferme, en plein cœur de la région castelbriantaise. Elle parle le patois de son enfance, et nous conte comment elle guérit « la râche », les zonas, le feu, les velins. La « râche » est une maladie de peau voisine de l’impétigo. Le velin (prononcez v’lin) est le nom donné à toute espèce de serpent.
Cette dame (appelons-la Mme D.), a toujours su qu’elle pouvait « toucher le feu » : elle est née un Vendredi-Saint et cela lui donne une force particulière. Un jour, elle avait 23 ans, un couvreur qui travaillait chez elle lui raconte combien sa petite fille souffrait : « je suis allée la voir. J’ai trouvé une pauvre petite fille avec les bras attachés à son lit pour qu’elle ne se gratte pas. Alors j’ai soigné sa râche, sur la figure et sur les bras, mais pas sur le reste du corps car je n’ai pas osé demander qu’on la déshabille. Mais quelques jours plus tard les parents sont revenus me chercher pour que je la guérisse tout à fait ».
Mme D. est-elle donc une guérisseuse ? Point du tout ! Elle se contente de rendre service autour d’elle, quand on le lui demande : cela peut-être parfois à 11 heures du soir. « Pour les zonas, je passe la main dessus, plusieurs fois. Et c’est tout. Cela calme la douleur. Pour les brûlures, il faut faire trois fois le tour de la plaie avec la main, en tournant dans le sens contraire du soleil et en disant cette prière : « Feu, apaise ta chaleur, comme Judas a changé de couleur en trahissant Notre Seigneur. » Pour les v’lins, c’est la même chose : on dit « v’lin, apaise ta chaleur, etc. » Autrefois, quand j’étais jeune, il fallait faire 9 fois le tour de la brûlure mais c’était embrouillant. Maintenant c’est 3 fois et ça réussit aussi bien.
Mais Mme D. soigne d’autres choses, les dartres par exemple : « la première fois qu’on m’a demandé cela, j’ai dit que je ne savais pas. Puis je me suis pensé : y a du v’lin partout. Alors j’ai fait le même traitement que pour les v’lins. Et ça a réussi ! » Même chose pour faire disparaître les boutons de quelqu’un qui a eu une forte intoxication alimentaire. Même chose pour les douleurs à un genou. « Mais vous savez, c’est un traitement très efficace. Et dur aussi, il y a des malades à qui ça porte sur le cœur et qu’il faut faire vite asseoir » nous a-t-elle expliqué.
Puis elle nous a parlé d’une de ses amies, « qui est très forte », qui peut même faire obtenir un succès à des examens et aussi à des élections (y compris aux dernières législatives, mais oui !). Cette personne est si cotée que les gendarmes de la ville de... y ont recours, et que les médecins de... et de... lui envoient des patients. On nous a même parlé d’un ophtalmologiste qui lui recommande ses malades atteints d’un zona dans la région de l’œil. Après tout pourquoi pas ? Si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal !
Notre dame D. va même rendre ses services à l’hôpital de Châteaubriant quand la famille fait appel à elle. « Vous savez, nous pouvons rendre des services » nous explique-t-elle avec un visage qui respire la bonté et la simplicité.
Et pour finir, un bon truc qu’elle nous a donné : savez vous comment évitez les crampes ? Il suffit de dormir avec une savonnette dans le lit et quand la crampe s’annonce, « mettre le pied dessus, ou le gras de la jambe ». C’est efficace paraît-il. Il y a même un monsieur qui nous a dit : « C’est vrai, ma femme et moi nous avons toujours une savonnette entre nous. »
Sur ce, nous ne vous dirons pas le nom et l’adresse de ces personnes, parce qu’elles craignent les poursuites de l’Ordre des médecins et du Fisc. Mais si vous avez besoin d’elles, renseignez-vous autour de vous : vous trouverez toujours quelqu’un pour vous aider. Les « toucheurs » sont légion dans la région castelbriantaise.
Article paru le 14 septembre 1988