Femmes de Châteaubriant
La région de Châteaubriant a toujours été marquée par les femmes.
D’abord parce que c’est un territoire celtique et que, dans la société celtique les femmes ont toujours eu une liberté et des droits aussi importants que ceux des hommes. A en croire Tacite, les Bretons ne font pas de différence entre les sexes quand il s’agit de choisir leurs dirigeants. A en juger par le Cartulaire de Redon, la femme dispose librement de ses biens
Et même dans la vie religieuse : St Colomban lui-même autorisa des « couvents doubles ». Les femmes participaient non seulement à la vie matérielle du monastère, mais aussi à la vie religieuse. Un texte irlandais du VIII° siècle parle d’un « Ordre des Saints » du temps de St Patrick, dont les moines ne repoussaient pas l’administration et la compagnie des femmes « parce que, fondés sur le Christ comme sur un roc, ils ne redoutaient pas le vent de la tentation »
Vers 515-520 des prêtres armoricains itinérants Lovocat et Catihern se firent d’ailleurs admonester par des évêques de la Province de Tours (dont dépendait l’Armorique), parce qu’ils allaient célébrer la messe dans les villages laissant « des femmes administrer au peuple le sang du Christ"
En 1101, le bienheureux Robert d’Arbrissel, qui fonda l’Abbaye de la Roë et l’Abbaye de Fontevraud évangélisait les campagnes d’Anjou et de Normandie en trainant derrière lui une cohorte d’hommes et de femmes. Et, lorsqu’il fonda l’Abbaye de Fontevraud, il mit à sa tête une femme.
TEXTE EN ESPERANTO :
VIRINOJ DE CHATEAUBRIANT
Ĉiam , la virinoj ludis gravan rolon en la regiono de CHATEAUBRIANT .
Unuflanke , ĉar temas pri kelta teritorio , kaj , en la kelta socio , la virinoj ĉiam havis liberecon kaj rajtojn tiel gravajn tiel gravajn kiel tiujn de la viroj . Laù TACITE , la Bretonoj ne markas diferencon inter la seksoj , kiam temas pri la elekto de iliaj regantoj . Laù la Ĉartaro de REDON ( 1 ) , la virino libere disponas siajn propraĵojn .
Kaj eĉ en la religia vivo . Sankta - Colomban ( 2 ) permesis monaĥejojn por ambaù seksoj , viroj kaj virinoj , sed ne miksaj . La virinoj partoprenis ne nur la konkretan vivon de la monaĥejo , sed ankaù la religian . Irlanda teksto de la oka jarcento aludas pri « Ordeno de la Sanktuloj » de la Sankta - Patriko ( 3 ) epoko . Tiutempe , la monaĥoj timis nek la regadon , nek la kunvivadon kun la virinoj , « ĉar , bazitaj sur Jesuo - Kristo kiel sur roko , ili ne timis la tentoblovadon » .
Ĉirkaù 515 - 520 , armorikaj rondvojaĝantaj pastroj LOVOCAT kaj CATIHERN estis admonestitaj de la episkopoj de la Provinco de TURANĜO ( kiuj estis regataj de Armoriko ) , ĉar ili celebris la meson en vilaĝoj , « lasante virinojn doni la sangon de Jesuo al la popolo » .
En 1.101 , la Beatulo Roberto de ARBRISSEL ( 4 ) , kiu konstruigis la Abatejon de La ROË (5) kaj la Abatejon de FONTEVRAUD ( 6 ) evangelizis la anĵuajn kaj normandajn kamparojn , postlasante post li kohorton da virinoj kaj viroj . Kaj , kiam li fondis la Abatejon de FONTEVRAUD , li nomis virinon kiel estrinon .
Innogwen
L’histoire de la région castelbriantaise remonte sûrement à 8000 ou 9000 ans avant J.C. Des tribus qui peuplaient cette région, nous ne savons rien avec certitude. Sinon, qu’elles nous ont légué quelques menhirs (des "pierres effries" comme on dit ici), quelques haches datant de l’âge de la Pierre Polie ou de l’âge de Bronze.
Comme partout en Armorique, ces tribus (qui pourraient être les derniers Atlantes, selon Y. Brékilien) ont cédé la place aux Celtes. Ceux-ci ont été colonisés à leur tour par les Romains, ont subi les invasions des Normands et les attaques des Francs, puis ont émigré en Grande-Bretagne avant de revenir s’installer en Armorique sous la direction de chefs prestigieux comme Alain Le Grand ou Alain Barbe Torte : des chefs qui se sont appelés "Duc" (du latin Ducere : conduire).
A la suite d’Alain Barbe Torte, les seigneurs bretons sont revenus s’installer sur la terre de leurs ancêtres.
Au X° siècle, c’est une femme, Innogwen, que le Comte de Rennes envoie à la limite de ses terres, non loin de la France, pour créer une forteresse de défense de la Bretagne.
- Au petit bourg de Béré (13 feux), il existait une petite église dédiée à St Pierre (voir 2)
Dame Innogwen fit édifier une motte féodale au Bois Briant (voir 1) puis fit construire le couvent St Sauveur (3), le château (3) et l’église de Béré (4)
Innogwen est veuve. Elle a du courage et de la suite dans les idées. Avec son fils, Brient, elle fait d’abord construire une motte féodale au lieu-dit « le Bois Briant » puis un monastère dans le petit bourg de Béré, sur une butte qui domine la Chère. Puis, sur l’autre rive, elle fait construire le premier château. Du couvent au château, du spirituel au temporel, les gens de l’époque font la navette, ils construisent des maisons et des commerces : ainsi naît une petite ville qui porte le nom de « Château-Brient »
- Dame Innogwen confie la construction du Couvent St Sauveur aux Moines de Marmoutiers
Ce ne sont là que quelques indications sur l’origine de Châteaubriant qui s’écrit avec un "t" à la fin, comme Castellum Brienti. voir plus loin
- Couvent St Sauveur. Au fond à droite : l’église de Béré (XIe s.)
Quant au grand écrivain François René de Chateaubriand, auteur des Mémoires d’Outre Tombe, il est issu d’une branche cadette des seigneurs de Châteaubriant. Et si son nom s’orthographie avec un "d", c’est par suite de l’erreur commise un jour par un scribe ...
Dame Sibylle
Nous sommes en 1248. Cela fait plus de 50 ans que sont commencées les Croisades, ces expéditions venues d’Occident pour reprendre aux « Infidèles » ces Lieux Saints que sont, pour les chrétiens, Bethléem, Nazareth et Jérusalem, passés sous domination islamique au VII° siècle. Depuis l’appel du Pape Urbain II, en 1095, des villages entiers se font coudre une croix sur leurs vêtements et partent "libérer la Terre Sainte", avec tous les périls et aléas que cette expédition lointaine peut comporter.
1248 : c’est la septième croisade, la première que mène le Roi Louis IX à la suite d’un vœu fait au cours d’une longue maladie. Son plan est de frapper l’Islam en Egypte puis de marcher sur la Terre Sainte. Des évêques, des nobles se joignent à lui. Parmi eux : le Sire de Joinville, le seigneur de Vitré et le Baron GEOFFROY IV, seigneur de Châteaubriant.
1250 : cela fait deux ans que Geoffroy est parti et depuis ce temps on est sans nouvelles de lui. Sa jeune femme Sibylle enfermée en son logis est en grande tristesse. Entourée de ses enfants et de ses chambrières, elle assiste aux offices religieux et brode une longue tapisserie célébrant les hauts faits de guerre de son mari.
1250 : le Roi Louis IX (dit "St Louis") marche sur le Caire et bat les Mamelouks à El Mansourah, non sans perdre de nombreux chevaliers, dont le Baron de Vitré. Mais le Nil déborde et la peste ravage son armée. Louis IX ordonne la retraite et est fait prisonnier, avec beaucoup des siens.
1252 : Dame Sibylle est triste en son château. On dit que les Croisés sont prisonniers des Infidèles. L’attente se prolonge. Seul l’espoir bataille encore avec l’angoisse.
Mais quelle est donc cette petite troupe qui s’avance du côté des Cohardières ? Bonne ou mauvaise nouvelle ? la corne d’alarme retentit au sommet du grand donjon. Une troupe de gens en armes s’avance sur Châteaubriant, par le chemin d’Ancenis. Les bourgeois de la ville montent au château par la Poterne cependant que les serviteurs se groupent autour de Dame Sibylle. Celle-ci envoie l’un des ses pages au devant de la petite troupe. La rencontre a lieu "au croisement du chemin de la Vannerie aux Fougerays".
Un page l’atteste, c’est le seigneur Geoffroy IV. Sibylle, remplie d’allégresse, revêt ses plus beaux atours et coiffe ses cheveux pour se porter au devant de son seigneur. Elle s’avance vers lui et se jette dans ses bras, défaillante de bonheur. Défaillante ? Elle pâlit, ses yeux se ferment : elle est morte : « à la rencontre et accollade, ceste bonne dame trépassa de joie entre ses bras, témoignage de la parfaite amitié qu’elle portait à son seigneur et époux » dit un historien
A la suite de ce drame, Geoffroy IV fit construire le Couvent et l’église de la Trinité et y enterra sa femme. Enfin, à l’endroit où il avait rencontré son seigneur, le page fit élever une croix que l’on appela "la Croix au Page".